Mapplethorpe. Michel-Ange?

 

 

Mapplethorpe au Musée Rodin, ou les leçons de Michel-Ange

 

Dans l’introduction à Mapplethorpe on s’était interrogé : « la petite salle aux photos de sexe et de SM montre-t-elle une face obscure ? Je ne suis pas sûr que les photos de « la petite salle » du Grand Palais vaillent en tant qu’«universel vu » de Stieglitz! Alors que les photos de sexe, de pénis, et de corps en exultation exposées au Musée Rodin en seraient !

La différence, c’est ce qui sépare la photo documentaire, la prise de note, la capture d’image pour album et la photo « d’art » où, comme en peinture, comme en sculpture, et partout où œuvre un artiste, il faut simplifier, il faut abstraire et éliminer tout ce qui n’est pas absolument utile à la représentation essentielle du monde réel. C’est justement cette dimension très « terre à terre », « très jouissance à jouissance », qui manque dans les deux expositions et, singulièrement, qui manque à la mise en communion avec Rodin. On entend ou on lit ici ou là qu’on n’a pas montré le vrai Mapplethorpe, celui des photos de la petite salle … Bien dommage, sauf que pour bien comparer ce Mapplethorpe-là à Rodin il aurait fallu apposer aux photos de l’un les dessins érotiques de l’autre (dont un musée suisse, il y a quelques années, avait exhibé une accumulation parfaitement indigeste). Aux photos de scènes de sexe de l’un,  les carnets de croquis érotiques (comme on disait à l’époque) de l’autre! Aux prises de vue hasardeuses et crapoteuses, les brouillons en rut crayonnés à la va vite. Notre siècle aime les brouillons, le vite crayonné, le soi-disant non cadré, le prétendu vite-shooté comme témoignages de la vie, de la vérité, de la sincérité. Il fut un siècle, pas si vieux, qui se complaisait dans la figure trop léchée d’une Rome dite de la décadence ou dans les baisers sirupeux d’un cupidon mignard déposée pudiquement sur la figure effarée d’une jeune vierge laiteuse. Les siècles ont tous leurs mauvais goûts et les imbéciles qui les chantent.

Mapplethorpe est-il Canova, au Grand Palais? Au musée Rodin, c’est de son côté Michel Ange qu’on parlerait. Autant, le mouvement, le temps, paraissent figés dans une beauté de convenance chez Canova, autant, ils semblent jaillir du marbre et du bronze chez Michel-Ange : on ne peut pas ne pas entendre les cris des géants de l’Académie cherchant à s’arracher au marbre qui les retient. L’idée de mettre Mapplethorpe et Rodin en parallèle est une excellente idée …. Qui me parait trop bonne ou pas assez prudente.

Robert Mappelthorpe n’est pas simplement un passionné de la forme au sens qu’on donne souvent à cette passion : statique, figée, campée dans le beau comme la vie dans la banquise. Les photos, dans ce contexte de coexistence « Rodin-Mapplethorpe », qui sont montrées là, insistent sur l’inscription du corps non plus seulement dans l’espace mais aussi dans le temps. « On sait bien, au moins depuis Bergson, que le langage articulé ne peut guère décrire le temps qu’en termes d’espace » dit Gérard Genette… Il en est de même pour la sculpture, il en est de même pour la photographie. Corps tendus dans un mouvement de torsion, jambes étirées à l’extrême dans un mouvement de départ, jeux de drapés, et jeux de sexe, images de pénis en érection, tout dit que cette recherche du beau s’inscrit dans le temps des corps et des muscles qui s’animent. Même immobiles, les corps frémissent et surtout quand par un jeu de mains ou de bras, il ne reste plus du corps que le dos, comme un marbre poli.

La comparaison entre Rodin et Mapplethorpe use le plus souvent des esquisses en argile et en plâtre, petits formats où le sculpteur s’entraine à de nouvelles idées, de nouvelles formes, de nouveaux groupes. Ce sont des brouillons et il est étrange de les mettre en parallèle avec ces œuvres pleines et entières et abouties que sont la plupart des photos exposées. Mais aussi, parfois, les comparaisons sont portées à l’excès et lorsque Mapplethorpe, photographie des miches de pain, le rapport est faible avec des torses masculins de Rodin.

Il reste que s’il n’est pas évident que Robert Mappelthorpe ait connu les œuvres de Rodin, les comparaisons « torse à torse », « sexe à sexe » , « figures voilées à figures voilées », « hommes en mouvement à hommes en mouvement » sont fortes. Elles le sont par ce qu’elles expriment d’obsessions chez les deux artistes … et pas seulement eux: celle de l’espace et de son inscription dans le temps : le mouvement ; celle de la vie dans son aspect le plus primordial, le corps et le sexe.

Ces deux obsessions conduisent presque directement vers les photos « nature morte », fleurs et formes. Photos où la pureté des lignes est indication du mouvement, où l’inscription dans l’espace parle non pas d’immobilité et de pureté mais de tensions qui ne sont que les formes du désir et de l’attente.

« I completly immerse myself in that flower. I love my pictures of flowers more than I love real flowers ». Ces mots sont une des clefs de la pensée de Robert Mappletorpe.

On rappellera que Weston, exceptionnel photographe du nu féminin, fût aussi, un exceptionnel photographe des fleurs, des coquillages, arbustes… hasard ? Ou tension du même ordre ?

 

 

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