Les tribulations de Martenchon et Mélinez, Mars 2022.

La guerre dans les métavers

Martenchon qui n’en était pourtant qu’au tout début de l’apéritif du soir, faillit avaler de travers son whisky préféré et les quelques cubes de glace qu’il se tolérait au mépris de toutes les règles en la matière. Une apparition venait de faire son apparition (si on peut s’exprimer ainsi) : un être du genre humain, doté d’énormes lunettes, venait d’entrer et, sans un mot, était en passe de s’installer dans le fauteuil de Mélinez comme s’il était chez lui.


Martenchon marmonna une remarque désobligeante de ce type : « Que-diantre-faites-vous-dans-ce-fauteuil-qui-ne-vous-est-pas-affecté-que-je-sache ? »
Pour toute réponse, il dut subir un énorme éclat de rire parfaitement similaire aux manifestations de gaité de 
Mélinez.


Martenchon comprit qu’une fois de plus Mélinez s’était joué de lui et, par mesure de rétorsion, lança,
« Le tuba et le lance-harpon ne sont pas de la partie ? » et il s’enfonça profondément dans son fauteuil.


« 
Martenchon, mon ami, il faut se mettre à la page et déclencher contre l’infâme Poutine le feu des armes les plus nouvelles sur les nouveaux théâtres d’opération.


Martenchon « Et dans ce théâtre nouveau, tu seras un nouvel acteur ? » retorqua l’intéressé un brin ironique.


Mélinez ne releva pas et se lança dans les nouveautés polémologiques.


« Nous avons réussi à attirer Poutine dans un métavers du nom de « Panrussie » avec un surnom : gloire à la grande Panrussie ! Ce métavers a été bâti sur un concept simple : un grand lit virtuel aux draps de soie virtuels, des personnages tirés de vrais bordels les plus luxueux de la planète et dont les filles de joie réelles avaient accepté que leurs avatars fussent mis à la disposition d’autres avatars pour des jeux sexuels avec d’autres avatars, surnommés « les clients ».

L’espace virtuel « Panrussie » était conçu comme un métavers ouvert, (un Métouvert), prêt à accueillir des expériences venant d’autres métavers soit individuels (les proches de Poutine) soit des métavers de groupes (les Tchétchènes, les Syriens). Bien caché, dans l’univers réel, se tenait un groupe de commando lourdement équipé. Quand le métavers « Poutine » a commencé à fusionner avec le métavers « panrussie » et ses filles de joie, nos amis, ont foncé vers un métavers « transport panrusse » qui a fusionné avec les métavers Poutine et panrussie et quelques métavers des proches de Poutine lesquels commençaient à bien s’amuser. Les gens présents autour de Poutine, dans le monde réel, étaient stupéfaits de le voir comme s’il était « ailleurs », se dépouillant de ses vêtements, prenant des postures indécentes accompagnées de sourires extatiques. Nos hommes étaient prêts. Ils ont flingué Poutine. En vrai c’est son avatar qui s’est effondré dans les bras de l'avatar d'une pulpeuse jeune fille qui s’est écriée « kalinka ».

Mélanchon enthousiasmé s’écria « Et alors ? Poutine a été effacé ? »


Mélinez, penaud, expliqua « Il s’agissait d’un entrainement, ils ont flingué l’avatar de Poutine, le vrai Poutine était dans son bureau, roucoulant, sautant comme un cabri et hurlant «  encore, encore ».

« Il nous faut maintenant améliorer le jeu mais ne t’inquiètes pas, c’est pour bientôt ».

 

Les imbéciles volent en escadrille

 

Et si tout était lié !

Ici on veut discuter des macro-évènements. Seraient-ils comme les emmerdements ? Rappelez-vous cette belle pensée de Jacques Chirac : « ils volent en escadrille ».

 

Commençons par les macro-événements qui viennent des airs : le blockbuster de Boeing cloué au sol. Un grand coup sur les doigts des surdoués de l’industrie. Un macro-événement très embêtant : le brexit ou les « gilets jaunes » version anglaise, sur fonds de classe politique inconsciente et incompétente. Un grand coup sur les doigts de la démocratie.

 

Et l’inévitable : les gilets jaunes qui commencent en « longue plainte venue du plus profond de nos bourgades françaises » et s’achèvent en série genre netflix : « Pour le prochain WE, une énième séance! Que vont nous proposer les gilets jaunes ?. Vont-ils nous offrir une apothéose sacrificielle : Drouet, Nicolle, Priscilla, entourés de leurs plus fidèles des fidèles, lanceraient un défi pareil aux dévots du temple du soleil ; ils se crameraient sur un bûcher installé en haut de l’Arc de triomphe tout en dansant une bourrée endiablée ».

 

Ajoutons quelques menus évènements : l’Inde et le Pakistan à deux doigts de dégainer leurs armes nucléaires. Les défenseurs de la planète qui assignent la France en justice pour n’avoir rien fait pour l’environnement durant les 2000 dernières années. On aura-là une belle brassée de macro-évènements qui devraient nous parler de quelque chose : de l’avenir du monde, du sort de l’humanité et aussi du coût du chauffage des « sam’suffit » des banlieues françaises.

 

Est-ce abuser que de lier tous ces évènements qui n’ont pourtant rien de commun ? Ils sont tellement insensés qu’on ne peut pas faire « comme si » tout n’était qu’écoulement naturel du temps et de la vie. Un exemple : passer ses journées sur des ronds-points déguisé en poussin est aussi peu naturel que de faire l’anti-vax à Trafalgar Square ou à la porte de Brandebourg ? Pour être aussi largement répandue l’imbécillité ne peut pas ne pas avoir un sens profond.  

 

Et voilà que le Président Poutine s’est présenté sur la scène du monde avec, dans sa tête, la démonstration qu’un sens profond unit toutes ces imbécilités. Il a dit que la bible a été rédigée par Popov ; que Saint-Pierre de Rome est une église à bulbe détournée (on est allé planter les bulbes en Hollande) ; que les démocraties sont des inventions du diable (qui n’est pas russe), la preuve, les Ukrainiens sont des drogués et des néo-nazis ; que l’homme sera sauvé par l’Homme Russe, animé par l’esprit de la Sainte-Russie.

 

 L’homme russe ne se connait pas toujours en tant qu’être exceptionnel. Les « démocrates » le prennent pour un moujik incapable d’autre argument qu’un grand coup de poing sur la figure de son interlocuteur. Les « démocrates » n’imaginent pas que l’Homme Russe est dans le droit chemin, maintenu qu’il est dans la naïveté et la pureté de ses origines par ses dirigeants. Ne suffit-il pas de remonter l’histoire pour le retrouver ce Russe des origines, cet homme « démocracy free » ?

 

Ne suffit-il pas d’interroger le Russe de base au détour d’un achat au marché ou au sortir d’une banque ? Ne dit-il pas ce Russe-là qu’il a confiance dans son chef, le Président Poutine ?

En Russie, les imbécillités ne volent pas en escadrille, c’est un solo magnifique et sanglant que les moujiks ont tout intérêt à applaudir.

 

 

Radio-Moscou a livré une information glaçante :« Ils ont tué Jaurés »

 

« Les occidentaux ont tué Jaurès ». Se répétant ces mots sans cesse, Mélinez, allait et venait dans le salon où se réunissent les deux amis dont les aventures intellectuelles sont hebdomadairement narrées dans ces colonnes.
 

Martenchon interrompit cette déambulation qui devenait fatigante. « Jaurès est mort depuis bien longtemps. Tu es en train de tomber dans le panneau de la propagande russe. Elle manie le mensonge de façon éhontée à ce point que même un homme intelligent et cultivé s’y laisse prendre ».
 

Mélinez surpris essaya d’argumenter : « Martenchon, les Russes ne sont pas qu’une collection de Moujiks abrutis, ils connaissent l’histoire… »
 

Martenchon s’énerva : « C’est justement pour piéger ton esprit critique. Ils te balancent des milliers d’inepties et les digues intellectuelles qui protègent ton bon sens et ta raison contre la bêtise et le mensonge finissent par sauter. Tu découvres alors que c’est beaucoup plus simple de croire des monstruosités que d’essayer de départir le vrai du faux. »
 
Mélinez
, après un temps de réflexion, lâcha : « Donc, on ne peut pas dire que les occidentaux viennent de tuer Jaurès ? ».
 

Martenchon, rassuré, appuya le propos d’un « Exactement ».
 

Mélinez, sourit et de bonne humeur lâcha : « Quand même, ils ont embastillé Raoult. On ne l’entend plus. Même dans des plateaux télé. Comme tu le sais, dans la tradition française, pour faire taire on embastille, et on embastille toujours avant de guillotiner. Donc, il faut s’attendre à ce que, sous peu, dans les rues de Paris, on entende résonner ce cri : Ils ont tué Raoult ! ».
 
Martenchon rétorqua d’un ton inquiet : « Mais Mélinez ! Raoult n’est pas embastillé ! En plus, il ne dit plus rien, il n’intéresse plus personne ! ».
 
Mélinez, triomphait : « Et voilà, tu t’es contredit! Pour un intellectuel de la dimension de Raoult, il est insupportable, pire que la mort, qu’on ne s’intéresse pas à lui. C’est un anéantissement intellectuel. Donc, pourquoi ceux qui n’hésitent pas à exécuter Raoult, auraient-ils hésité à tuer Jaurès ? »
 
Et il ajouta « tu vois Martenchon, il t’arrive de te tromper. Entre amis, je ne te recommande pas de persister dans l’erreur: on pourrait dire que tu le fais exprès et que, politiquement, tu n’es pas net ».

 

Tous contre un
 

L’émission politique venait de s’achever, des flaques de sang et des masses de cheveux étaient répandues ici et là. Les dernières secondes de l’émission avaient pris les allures d’un carnage organisé. Un corps gisait sous la table, un micro portatif enfoncé dans la bouche, un sac en plastique enserrant son visage, les yeux vitreux comme ceux des malheureux dont le pronostic vital est sérieusement engagé…
 

Martenchon poussa un cri.
Et se réveilla d’un cauchemar affreux.
 

Mélinez s’était précipité. Son ami, les yeux révulsés était encore sous un choc terrible. Mélinez lui apporta un verre whisky avec deux gros glaçons. Ils eurent l’effet qu’il en attendait. Martenchon, sortit de son hébétude, considéra le liquide « ambré » comme aiment à l'écrire les auteurs de romans policiers et, finalement, l’ayant goûté sourit d’aise. Il était sauvé.
 

Mélinez l’interrogea immédiatement. Que s’était-il passé ? Quelles informations véhiculées par les journaux télévisés avaient provoqué ce brutal accès d’horreur et cet appel au secours. Il aurait bien multiplié les questions quand il s’aperçut que son ami ne l’écoutait pas, concentré qu’il était sur son verre, cherchant de la main quelque gâteaux pour accompagner l’excellent breuvage qui lui avait été servi. Puis, Martenchon, maintenant en pleine forme, ouvrit lentement la bouche et commença encore plus lentement à raconter:

Il s’était endormi pendant l’émission. Les organisateurs avaient réussi à rassembler les 12 candidats autour d’une table, une place était libre au centre. Le présentateur avait signalé qu’elle était bien réservée mais qu’un contretemps empêchait temporairement la venue du douzième candidat.
 
Néanmoins, il ouvrit les débats. C’est à ce moment-là justement, après que Valérie Pécresse se fut exprimée et sûrement à cause de cela, qu’il s’était endormi. Est-ce le son de la télévision ? En tout cas, à peine endormi, des scènes odieuses commencèrent à occuper son sommeil et à virer au cauchemar. Il comprit en effet que le candidat absent n’était autre qu’Emmanuel Macron, il venait juste d’atterrir à Charles de Gaulle venant d’Ukraine où il avait rencontré les dirigeants du pays. Il était en retard.
C’est alors que le cauchemar devint épouvantable. Les autres candidats étaient furieux, ils avaient réservé chacun 4 mn30 de débats en tête à tête avec le Président Macron et voyaient bien que cette entrevue serait déplacée. Les imprécations commençaient à fuser. Le mépris du Président était dénoncé. Et même, s’exclamèrent certains, des accusations de trucage étaient lancées. Emmanuel Macron aurait tout organisé pour ridiculiser les candidats rassemblés sur le plateau.
Sur ces entrefaites, comme par enchantement, le Président se trouva assis à sa place, souriant, un peu farceur comme à son habitude et lançant un « alors on y va ? » joyeux et juvénile comme il aime le faire même dans les moments les plus graves.
A ce moment même, les candidats commencèrent à l’injurier. Puis, un premier coup frappa le Président. L’organisateur de l’émission reçut une bouteille d’eau pétillante sur le nez et s’effondra. Le sang appelle le sang, ce fut la curée. Le président s’effondra sous les coups. Les candidats hurlaient « tu ne veux pas débattre? eh bien au moins essaie au moins de te battre! » et ils donnaient qui, un coup dans le ventre, qui, sur la tête, jusqu’au moment où deux d’entre eux s’acharnèrent pour le tuer. Ils hurlaient, « il n’y aura pas de débat, on aura tous une chance ».
C’est là que je me suis réveillé.

Mélinez avait écouté et maintenant méditait.

"Tu sais 
Martenchon, ton cauchemar est prémonitoire. Les candidats n’ont pas de programmes si ce n’est d’expliquer que le Président à tout mal fait et qu’il faut le dénoncer. Pour ça, il faut débattre. Mais voilà la frustration : le Président leur dit, pas de débat tant que vous n’aurez pas présenté vos programmes.
Au fond c’est un peu comme le prof qui demande aux élèves de présenter leur travail à la maison.
Ils ont peur que Macron leur tape sur les doigts devant le corps électoral".

 


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