Benign Neglect

 

A force d’être complètement incapables de définir une politique de change suivie et stable et à faire des changes flottants le nec plus ultra de toute politique économique dans ce domaine, les Européens, qui n’ont pas de vision politique homogène et les américains, par opportunisme, laissent leurs monnaies fluctuer sans d’autres interventions que molles ou verbales. On dira de cette façon de faire, de cette « méthode », que c’est le résultat du « Benign neglect ».

 

Une politique de “ Benign Neglect ” n’est pas à l’origine, une politique du « Laissez-faire », ni une politique « Ponce-Pilate ». Elle s’apparente davantage à une politique de l’atermoiement.

 

Dans le langage courant, celui des hommes politiques et des journalistes, « Benign Neglect” est en général associé à l’attitude des Etats-Unis vis-à-vis de la valeur de dollar. Sa formulation la plus célèbre se retrouve dans cette déclaration du secrétaire d’Etat aux Finances Américain, John Conally « le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème ». (Une autre paternité est attribuée à Paul Volker Gouverneur de la FED). Quel qu’en soit l’auteur, cette formule est contemporaine de la création du régime des changes flottants dans lequel le monde s’est installé depuis que l’Administration Nixon décida de suspendre la valeur or-du dollar, donc les changes fixes et la convertibilité en or. Ce faisant, les Etats-Unis, produisant la seule monnaie de réserve à valeur internationale, pouvant régler leurs dettes par le moyen d’une monnaie dont ils étaient les maîtres ne disaient pas autre chose aux pays du monde, que la valeur des créances en dollar ne serait pas un sujet de préoccupation américain et qu’il appartiendrait aux autres pays de s’en préoccuper eux-mêmes et de défendre les parités qu’ils jugeraient bon de soutenir.

 

Les attitudes ou les choix politiques de type Benign Neglect ne datent pas des « changes flottants » et de la période économique qui a vu l’Administration Nixon prendre des décisions dont l’impact fut essentiel pour la vie économique du monde durant le demi-siècle qui a suivi.

 

Aux Etats-Unis, la politique de Benign Neglect connut une consécration politique à la suite de rapports et de déclarations dus au sénateur démocrate de New York, Daniel Patrick Moynihan. A la fin des années 60, en tant que conseiller aux affaires urbaines dans le Cabinet de Nixon, il suggéra d’opter pour une politique de « Benign Neglect » dans l’application d’un certain nombre de dispositions relatives aux questions raciales et à la lutte contre la ségrégation, s’opposant aux tenants de l’application pure et dure des textes. Il ne s’agissait pas de ne pas les mettre en œuvre mais de laisser comme on dirait maintenant «  du temps au temps ». Dans le cas d’espèce, Patrick Moynihan suggérait de se conformer à un courant d’opinion qui donnait à penser que les incendies dans les banlieues « colored » étaient plus fréquemment volontaires que dans les autres banlieues. On ne sera pas étonné que la prise de position de P.Moynihan lui ait attiré l’hostilité des Afro-américains de New York.

 

En Angleterre, on ne parlait pas de Benign Neglect mais de Salutary Neglect : la première fois où cette expression semble avoir été formulée remonte au XVIIIème siécle.  On l’attribue à Horace Walpole. Dans le contexte de la Guerre avec la France (Guerre de sept ans), les lois qui devaient contraindre les colonies anglaises et en particulier les colonies américaines, ne furent pas « enforced ». Certaines lois qui avaient pour objectif une forme de préférence coloniale ne furent pas promulguées ni, si elles l’avaient été, appliquées. Les habitudes ainsi créées s’ancrèrent fortement chez les « colons américains ». (Déjà, les « avantages acquis !!! »). Après la victoire sur les Français, la politique de Salutary Neglect fut interrompue conduisant … à la Déclaration d’Indépendance, les colons de la Nouvelle Angleterre s’opposant à la mise en œuvre de nombreuses mesures qui les contraignaient sur le plan politique et économique !

Les politiques de Benign Neglect ne sont donc pas, à proprement parler des politiques de laissez-faire : elles sont, dans les cas cités, contemporaines de mesures décidées ou votées mais dont le pouvoir responsable de leur application choisit de les mettre en œuvre en fonction de l’appréciation qu’il fait de l’urgence ou de la dangerosité du contexte politique, social ou économique.

 

Dans le cas monétaire, la politique Américaine, répondait à une fronde de certains pays occidentaux  face à sa conception impériale du pouvoir et à sa désinvolture en matière de financement des besoins « impériaux ». La France n’avait-elle pas donné la mesure de cette fronde en demandant la conversion en or des dollars qu’elle accumulait ? Plus tard, le coup de grâce fut donné par l’Allemagne de l’Ouest qui était devenue totalement réticente à une accumulation sans fin de dollar dont la valeur finissait par être problématique. La réponse des Etats-Unis ne se plaça pas sur le terrain de la valeur du dollar mais sur celui de la valeur des autres monnaies par rapport au dollar. Dans ces conditions, sans énoncer qu’ils se souciaient de la valeur du dollar comme d’une guigne, les Etats-Unis prévenaient leurs partenaires qu’il leur appartiendrait à de gérer leurs monnaies et que la politique américaine ne se sentirait directement concernée que dans des cas exceptionnels.

 

 

La politique de Benign Neglect est maintenant la politique de changes menée par l’ensemble des pays du monde ! L’Union Européenne ne veut plus prétendre régler la valeur de sa monnaie contre Dollars, les Etats-Unis contestent la prétention de la Chine à décider de la valeur du Yuan, de façon administrative et sans discussion avec les autres pays internationaux, l’or est revenu massivement dans les réserves des pays excédentaires…. Ce n’est pas faute pour les uns et les autres de prétendre que c’est un statut transitoire et que la santé des économies mondiales requiert que les changes fassent l’objet d’une vraie gestion et non d’une gestion « lointaine ». 

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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