MOI-PRESIDENT veut utiliser le capital artistique de la France pour rembourser les dettes.

Ces notes sont une nouvelle parution des faits et dits de Moi-Président. Ils sont imaginaires. Les personnages aussi, parfois. Tout n'est que fiction? Moi-Président avait demandé qu'une réunion du CICCDFP investigue le thème suivant « Contribution de l’art, des artistes et des œuvres d’art à la lutte contre la crise et les déficits 

Le reste du compte-rendu se lit dans les Echos.fr en 1972. Il est toujours d'actualité. 

Depuis 1972, les ministres ont changé. On a cependant conservé ce texte tel que publié dans les Echos. Le problème budgétaire est toujours le même. 

 

L’Art, la monnaie et le budget de la France

 

 

Les lignes qui suivent sont issues de notes prises lors de trois réunions du Comité Interministériel Contre la Crise et le Déficit des Finances Publiques (CICCDFP).

Moi-Président avait demandé que ces réunions du CICCDFP investiguent le thème suivant « Contribution de l’art, des artistes et des œuvres d’art à la lutte contre la crise et les déficits »

Réunion 1 (on s’est interdit de donner les dates ces réunions sont couvertes par le « secret-défense »)

 

Moi-Président a introduit la séance. Les notes sont reportées telles qu’elles ont été prises.

 

Moi-Président : « Je viens de terminer la Vie et les œuvres de Picasso ».

 

Silence.

 

«  Beaucoup de choses intéressantes là-dedans». Le Ministre de la Culture, intervient sur le mode interrogatif. « Sa peinture ? ». Moi-Président est agacé. Il n’aime pas qu’on l’interrompt pour des balivernes. « Picasso battait monnaie. C’est ça qui est intéressant ! ».

 

Silence. Puis intervention du Ministre des Finances « Je crois… des médailles frappées à la Monnaie… ». Moi-Président l’interrompt plus agacé encore: « mon histoire n’est pas terminée ! »

 

Silence.

 

« Quand Picasso voyageait à l’étranger, il n’emportait pas d’argent avec lui. Il avait dans sa poche un carnet à dessin et plusieurs crayons. Pour payer, il faisait un dessin. Un petit pour les petites dépenses, un gros avec un peu de couleur pour les plus grosses dépenses etc.…et il signait. Comme sur les billets de banque. Sauf que lui ne mettait pas de chiffres ».

 

Silence.

 

« Monsieur le Ministre des Finances. La Banque de France ne peut plus émettre de la monnaie. Or il est indispensable que le Trésor ait quelques recettes de poche.  Je veux qu’on convoque nos peintres français contemporains. Je veux qu’on leur demande un acte solidaire. Ils sauront le comprendre. Ce sont des artistes, ils sont donc de gauche comme sont tous les artistes. Je veux qu’ils créent de la monnaie. Vous les installerez là où ils voudront…Attention : le plus discret possible. Angela met son nez partout. Il faut se méfier. »

 

Moi-Président s’est tu à cet instant en regardant les uns et les autres avec cet air rayonnant comme quand il a fait une bonne blague. La Ministre Ecologique a éclaté de rire et répété plusieurs fois « Elle est très drôle votre histoire !».

 

Moi-Président a dit d’un ton sec : 

 

« Il vaut mieux des actes qui rapportent que des idées qui coûtent ». La Ministre Ecologique a aussitôt plongé dans ses dossiers.

 

Réunion 1 bis : suivi  de la réunion (CICCDFP) n°1.

 

Moi-Président : « les artistes sont là ? ». Le Ministre des Finances : « dans le petit bureau à coté de l’antichambre ». Le Président a l’air surpris « Ils vont tous tenir là-dedans ? ». Le Ministre de la Culture : «  Ils sont trois ou quatre, ils tiennent sans se serrer. Moi-président : « trois ou quatre ? Les artistes français contemporains ? ». La Ministre de la culture : « ceux qui comptent !». Moi-Président : « et les autres ? ». Le Ministre des Finances : « Les autres, non ! Ça ferait fausse monnaie »

 

Réunion 2 du (CICCDFP). Convoquée par les soins du Ministre des Finances.

 

Le ministre introduit la réunion: « sur la demande de moi-président, pour contenir les dérives budgétaires, cette réunion destinée à évaluer une proposition délicate.»

 

Moi-président a interrompu la présentation : « faisons bref ! Nous avons besoin d’argent. Bruxelles nous empêche de multiplier les prélèvements sur les riches. Ils disent « dépossession, spoliation, expropriation, nationalisation, atteinte à la propriété… ».  Il faut trouver autre chose. J’ai trouvé autre chose. Notre patrimoine culturel.

 

Moi-Président : « J’ai longuement parlé aux Espagnols. Ils vont mettre en vente quelques œuvres d’art. Ils pensent à Guernica. Les enfants des écoles espagnoles ne comprennent pas pourquoi on parle tant de cette ville. C’est plus petit que Madrid et même que Barcelone. Il y a aussi la Sagrada familia. Cela fait plus de 100 ans qu’ils essaient de la terminer. Ça n’avance pas. Ils pensent la débiter en numérotant les pierres avec un certificat d’authenticité. L’Escurial : ça c’est un gros morceau. Ils ont preneur pour le tout, musée, œuvres et gardiens. Cash, sans discount pour paiement comptant, payable en dollar mais avec une couverture de change à prix canon. »

 

« J’ai essayé d’appeler Mario Monti. Trop occupé en ce moment…Le patrimoine culturel, ce n’est pas ça qui manque chez eux. Ils pensent aussi à vendre du spectacle vivant ou une installation. Berlusconi dans un banga-banga. En duo avec DSK ? Si oui, on serait associé à l’opération. Ceci ne me plait qu’à moitié. Je veux dire l’association avec les Italiens. Je ne sais pas… »

 

Le Premier Ministre fait signe qu’il veut dire quelque chose « On est déjà associé avec les Italiens. Dans l’Euro ! Alors, une deuxième fois. »

 

Moi-Président a souri « …ce serait une fois de trop ? ». Le Premier Ministre a souri lui aussi.

 

Moi-Président reprend la Parole. « Voilà, il y a des idées. J’attends les vôtres. »

 

La Ministre de la Culture. « Le patrimoine culturel est inaliénable… ». La Ministre Ecologique surabonde « c’est comme le patrimoine naturel. On ne pourra pas vendre le cirque de Gavarni pas plus que le Cirque Medrano »

 

Le Premier ministre lui envoie un regard furibard. La Ministre Ecologique plonge dans ses dossiers.

Moi-Président au Premier Ministre: « Remarque, ce n’est pas idiot cette histoire de Gavarni. On creuse tout autour pour le dégager et le livrer à un acheteur. Du coup, on a un deuxième cirque un peu plus grand que le premier. Des poupées russes à l’envers. De plus en plus grandes. De plus en plus chères, par conséquent. Il faut y réfléchir ». Il fait son bon sourire à la Ministre Ecologique qui ne voit rien : elle est dans ses dossiers.

 

Moi-Président fait le tour de la table. « Alors… les idées ? ». Les ministres regardent attentivement le plafond, leurs ongles ou remontent avec vigueur leurs montres à quartz…

 

Moi-Président hausse le ton « les Idées ! Ça vient ? ».

 

Le Ministre des Affaires Etrangères. « Moi-Président, le commerce des antiquités,  j’en connais un rayon ! Tu sais, Papa… ». Moi-Président « au fait ! Laurent. Au fait ! On ne va pas parler boutique et commerce de détail. Puisque tu es compétent, la Joconde, ça ferait combien ? »

 

Le Ministre des Affaires Etrangères a mal dégluti. Quelque chose avalé de travers. Il a vite bu de l’eau, beaucoup. Pour faire passer. Maintenant, il crie : « Moi-Président… il ne faut pas ! Pas la Joconde ! Surtout pas ! Surtout pas elle! L’image. Pense à l’Image ».

 

Moi-Président affiche son sourire narquois. Comme s’il avait fait une farce : « La Joconde, c’est une peinture, Laurent, pas une image… ». Il se tourne vers les autres participants « et pas une image Pieuse… ». Là, il a son sourire blagueur. Tout le monde rit. Même la Ministre Ecologique qui n’a rien compris parce qu’elle était plongée dans ses dossiers.

 

Le Ministre des Affaires Etrangères est redevenu calme et très solennel : « Ce qu’un François a Acheté, un autre François ne peut pas le Vendre. Même avec 600 ans d’écart. Ce serait une image très négative ! »

Moi-Président est devenu rouge-pivoine après être passé de rose-farceur à blanc-livide.

 

« Ecoutez tous, vous avez une semaine pour me trouver des œuvres d’art à vendre qui n’auront pas été achetée par un quelconque François premier ou dernier. Notre pays est une mine de vieilles choses. Je vous invite à vous creuser vite la cervelle. »

 

La Ministre Ecologique. « Et si on vendait nos compétences ».

 

Moi-Président hausse les épaules, il ne veut plus supporter les fariboles des illuminés.

 

Réunion 2 bis : suivi  de la réunion (CICCDFP) n°2.

 

Les participants ont approuvé l’idée d’envoyer les dix plus belles œuvres du Louvre en prêt sur 150 ans au Louvre d’Abou Dhabi avec le droit de les promener où bon lui plaira. Pour 50 milliards d’euro. Ça paiera les intérêts de la dette pour 2013.

 

Réunion 2 du (CICCDFP). Convoquée par le Ministre des Armées.

 

Moi-Président : «  On ne perd pas de temps comme la fois dernière. On a besoin d’argent. Donc, messieurs, vite, vite ! »

 

Le Ministre des Armées. « Nous avons confirmation pour Venise et Bruges ».

 

Moi-Président, sévère, aux intervenants : « Nos voisins se remuent et vous vous regardez les trains passer ». La Ministre de l’écologie a ouvert la bouche. Moi-président dit brutalement « On ne parle pas des vaches, ou des passerelles pour grenouilles, mais du pognon…et ce ne sont pas les idées… ». Il s’interrompt tout d’un coup. On entend murmurer. « Du calme, Moi, du calme ».

 

Le Ministre des Armées. « Nos services secrets confirment : Venise a été vendue à un consortium sino-saoudien. Ça devrait rembourser la moitié de la dette italienne. Bruges : on est sûr que c’est vendu à un fond d’investissement mené par les Russes alliés à des Américains. La gestion sera déléguée à Disney Resort. On ne connait pas encore le prix de vente ». D’autres villes sont en cours de cession. Nous revoyons notre périmètre de défense en conséquence.

 

Moi-Président à tous: « Alors ? On continue à musarder, à herboriser… » Il a prononcé ce dernier mot sur un ton glacial. La Ministre Ecologique, sans prévenir, lance : « Eze ! ». Moi-président : « quoi Eze ? ». On pourrait leur vendre Eze village, c’est charmant, complètement défiguré par  toute une clique de propriétaires riches, on les vendrait avec… ».

 

Moi-Président « C’est idiot ! Eze, c’est de la menue monnaie. Ça fera des clopinettes. Moins que Le Puy du Fou, même si on met le fou comme paquet-cadeau. Il vaudrait mieux vendre des répliques de Vaux le vicomte dans des grandes sphères en verre où on peut faire neiger…. »

 

Moi-Président cesse ses propos venimeux. On entend murmurer. « Du calme, Moi, du calme ».

 

Le Premier Ministre a parlé. Il veut être positif. On sent la chaleur de son élocution. Il est passé de glacé à tiède. « Il y aurait Sarlat. Le produit est au point. Le centre-ville fait vraiment moyenâgeux. C’est bourré de touristes. Beaucoup d’Allemands en short. Les Chinois arrivent. Ils remplacent les retraités anglais. Ceux-là se sont réfugiés dans la banlieue où on sert de la soupe populaire ».

 

Moi-Président se tourne vers le Ministre des Affaires Etrangères « Sarlat, ça pourrait faire un bon prix sur le marché de l’antiquité ? ».

 

Le Ministre fait ça moue inimitable de grand spécialiste de l’antiquité : « Il en faudrait plusieurs pour atteindre le Score de Venise ».

 

Moi-président « plusieurs… »… A ce moment précis, la ferveur des participants a brutalement pris cette proportion si émotionnante qu’on ne trouve qu’à Gauche. Les uns proposent : « Uzès, c’est vieux…et on l’a bien refait ». « La Rochelle, on pourrait y remettre des protestants et installer quelques bûchers pour aller avec ». Un autre s’écrie : « Il y a le vieux Lille ». Moi-Président sourit de toutes ses dents et précise : « mettez tout dans le paquet Lille, le grand et le petit, le centre et la périphérie et tous ses bijoux et ses monuments, ses petits métiers et ses grands politiques ». Et tous de rire de bon cœur. Le rythme est trouvé.

 

Réunion 2 bis : suivi  de la réunion (CICCDFP) n°3.

 

Les participants ne sourient pas.

 

Moi-Président : « Alors ? »

 

Le Premier Ministre « invendables »…sauf Eze « Un farfelu qui habite à Oman. Il a acheté les riches qui vont avec »

 

« En fait, ils veulent autre chose.

 

Moi-président, sombre.

« Que veulent-ils ? »

 

La réponse claque « Versailles ! ».

 

« La ville ? »

 

« Non, le Château ».

 

 

Moi-Président a écrasé une larme avant de signer.  

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