Les tribulations de Mélinez et de Martenchon, Janvier 2024

Les prix se haussent-ils ou se gaussent-ils ?

 

Mélinez et son compère Martenchon aimaient à se promener dans les lieux que la foule fréquente pour acheter, pour calculer et, finalement, pour se plaindre de l’inflation devant les caméras-piétons et les micros-trottoirs. C’est la vie se disaient-ils, la vraie, celle qui voit les Français se colleter avec leurs portes-monnaies et en déduire de sévères opinions à l’égard de « nos gouvernants », plus spécialement à l’égard du Président de la République.

Mélinez, se laissa aller à une réflexion désabusée qu’il pensât ironique : « Depuis qu’elle a renoncé à la guérison des écrouelles, la République est incapable de soulager les peines du peuple qui souffre ».

Martenchon, morose lui aussi, crût pouvoir en rajouter. S’arrêtant devant une Porsche garée à deux pas, il lâcha en sifflant de mépris : « Ces bagnoles, leurs prix ont encore flambé »

Mélinez se posa, hautain, devant une devanture scintillante de la place Vendôme « Tout ce bling bling, cette quincaillerie pour riche… Les prix, mon cher Martenchon, ont tout simplement explosé rendant parfois difficile un cadeau de noël ou d’anniversaire ».

Martenchon ne ralentit pas dans les dénonciations : « L’immobilier explose, les prix sont devenus insensés. … »

Mélinez, l’interrompit « Cela ne touche pas grand monde franchement, tu sais bien que 60% des français sont propriétaires de leur logements. Quant aux loyers, leur évolution n’est pas liée à l’inflation… »

Martenchon convint de mauvaise grâce que l’inflation ne touchait qu’une part limitée de la population aussi bien dans ce dernier exemple que dans les deux précédents. Il revint à la charge cependant : « Le prix de smartphone a fortement progressé ».

Mélinez repoussa l’argument : « A-t-on besoin de changer de smartphone tous les ans ? ».

Martenchon réattaqua : « Et les médicaments ? Le prix des médicaments a flambé ! »

Mélinez un peu désinvolte « Comme ils sont remboursés à 100%.... »

Martenchon revint avec un nouvel argument : « Le pain… »

Mélinez ne le laissa pas achever son propos:; il compléta : « les Français en consomment de moins en moins, c’est comme le vin et le beurre, sans parler de la viande… »

Martenchon, épuisé : « Pourtant ne dit-on pas que l’inflation fait des ravages »

Mélinez, lui aussi épuisé : « Si elle ne touche que 10% des citoyens ne serait-il pas judicieux de ne s’intéresser qu’à ceux-là ?"

Tous deux conclurent que, décidément, on ne peut rien attendre de gouvernants qui luttent contre la pauvreté sans se demander, si tout le monde, sans exception, est frappé par ce nouveau mal : l’inflation.
 
 

Neandertal, un jour, a eu un coup de chaud

De temps en temps, les deux amis, s’offraient un regard sur le monde d’aujourd’hui, ses bonheurs (assez rares ces derniers temps) sa pluie (permanente depuis près de 6 mois) et ses guerres. La télé s'ouvrait comme une fenêtre au balcon de laquelle Martenchon et Mélinez se penchaient. Leurs têtes balançaient un peu au souffle des tempêtes balayant les côtes du Nord. Ils protégeaient aussi leurs oreilles contre le bruit infernal des obus russes frappant les pauvres ukrainiens…

Mélinez n’attendit pas longtemps pour s’exclamer que le monde allait mal et l’humanité avec lui. Martenchon se montra sensible à ce propos tout en ajoutant que ce qu’on voyait et ce qu’on entendait pouvait n’avoir qu’un lointain rapport avec la vérité.


Mélinez sursauta : « Tu veux dire qu’on nous ment ? et qu’en vérité tout va beaucoup mieux que ce qu’on nous montre ».

Martenchon, réfléchit puis lâcha « Les études montrent que les peuples ne se souviennent que des évènements négatifs. Par exemple, ils ne remarquent pas que le taux d’inflation vient de redescendre à 3% dans tous les pays d’Europe et même en Amérique : ils continuent de se plaindre contre les effets pervers d’une inflation à deux chiffres ».

Mélinez ne pouvait pas laisser dire pareilles choses : « Les peuples se souviennent des marques sur leurs corps et des cicatrices qu’y laissent les grandes blessures sociales qu’elles soient économiques ou politiques ».

Martenchon, d’humeur combative, rétorqua « Que les grandes blessures sociales varient d’un pays à l’autre et que, pour prendre un exemple commode parce que facilement accessible, en France, la sensibilité à la douleur y est infiniment plus grande qu’à Haïti où il vaut mieux se cuirasser que de gémir au premier coût d’éventail » .

Mélinez se fit caustique : « L’homme ne serait donc pas unique, ni en tant qu’esprit ni en tant qu’espèce ! »

Martenchon rattrapa le propos au vol : « Voilà enfin une remarque censée : bien sûr qu’il n’est pas unique. En Europe, c’est devenu clair, les sapiens que nous prétendons être ne sont pas de purs individus, des diamants d’humanité : il y a du Neandertal chez nous. Et dans la rue quand tu rencontres un individu trapu, de petite taille et portant la barbe pour dissimuler son absence de menton, tu sais à coup sûr, que tu es en face d’un descendant plus ou moins pur du primitif qui nous a précédé.

Mélinez : « Tu réinventes la théorie des races sans risque : qui ira prendre la défense de Neandertal, dont tu viens de faire une description à rendre les nains de Blanche Neige beaux comme des Adonis ? Le pauvre type est éteint depuis longtemps… »

Martenchon, énervé : « Là n’est pas le sujet : nous évoquions la sensibilité à la douleur et son degré plus ou moins variable suivant les individus, leur culture, voire leur nationalité ! Neandertal, nous laisse une leçon : adapté au froid, il aurait été très malheureux en cas de réchauffement de la planète. Il se serait plaint. Il aurait manifesté et aurait interpelé les gouvernants en leur reprochant de ne rien faire. Il aurait sûrement bloqué les sentiers en y roulant des menhirs invendus. Trop sensible au chaud et en souffrant malheureusement, il n’aurait pas vu que celui-ci a des vertus céréalières. Il n’aurait pas vu arriver Sapiens. Et aurait disparu.
Auparavant, il aurait semé ses gènes ici et là, utilisant la principale qualité de sapiens, sa relative insensibilité au chaud.


Martenchon acheva son envolée par ces mots : mais on le plaint sans savoir et ce qu’on montre de ses souffrances, n’est qu’une illustration presque pure de l’incapacité de la télévision à se mettre au niveau de la vérité.
 

Applications des mathématiques à la compréhension du monde

Nos deux amis, comme les deux amis de Flaubert, Bouvard et Pécuchet, se passionnaient pour les sciences. Ce n’est pas sans un brin de tristesse qu’ils pensaient à l’erreur commise il y a bien longtemps : ils n’étaient pas entrés à l’Ecole Polytechnique. Fort heureusement, la science ne se réduit pas à des concours qu’on a négligés de passer. Aussi, animés d’un optimisme à toute épreuve, ils avaient entrepris de combler quelques lacunes en mathématique, ils avaient progressé dans la géométrie, et savaient dire quelques mots de trigonométrie. Ils avaient aussi approfondi la loi des corrélations inverses, émus jusqu’aux larmes lorsque la rigueur de la pensée se déployait dans l’élégance des courbes mathématiques.

Le dialogue qu’on va dévoiler et qui n’a jamais craint la profondeur de la pensée que de petits esprits assimilent à des abymes insondables, sera une illustration des progrès réalisés par les deux compères dans le monde de l’abstraction pure.


Mélinez, challenging : « Songe Martenchon mon ami comme la vie humaine est semée de paradoxes! Un peu, tu en conviendras, comme le chemin dans la campagne est parsemée de nids de poule ».

Martenchon qui sortait à peine d’un léger sommeil postprandial, grommela, « Ne me refais pas le coup de la poule et de l’œuf, je pensais cette question réglée depuis l’humeur numéro 491»

Mélinez sourit et, indulgent, se fit explicite : « Je pense aux corrélations inverses dont l’abondance dans l’univers est tel qu’on ne saurait, apparemment, y échapper ».

Martenchon aiguillonné : « Ne me dis pas que tu veux remettre en cause cette loi, aussi fondamentale que celle de la constante de Plank ».

Mélinez, agacé : « Je veux, au contraire, en toute simplicité, la montrer dans sa pure et radicale beauté… comme la figure géométrique du cercle, qui dit tout de l’univers, sans se perdre dans des démonstrations oiseuses ».

Martenchon ironique : « Alors je dis « go » comme on dit lorsque les marines passent à l’attaque »

Mélinez sur un ton sans appel : « La consommation de vins dégringole en France, et pourtant, se multiplient sans cesse les boutiques spécialisées dans ce breuvage, baptisées de noms plus ou moins rigolos ».

Martenchon, amusé mais touché. « Bravo, A la fin de l’envoi je touche » !

Mélinez « Plus étonnant : Les banques ferment leurs agences, les boutiques qui vendent du chocolat haut de gamme, prennent leurs places. Or, il y a à peine 50 ans on avait assisté à l’inverse, mais, toujours suivant une corrélation inverse, plus les banques prospéraient, moins il y avait de boutiques « la comtesse de Ségur ».

Martenchon perplexe : « En somme, à un moment de l’histoire du monde, les corrélations inverses peuvent s'inverser ».

Mélinez, le ton grave, pareil à celui des grands découvreurs, déclara qu’à l’instant la dynamique de l’Univers venait à de perdre tous ses mystères.

La Papouasie-nouvelle Guinée est en feu

 

Le champ de perception géographique de Mélinez et Martenchon n’est pas très vaste : un peu d’Europe, quelques brins d’Amérique du Nord, des gouttes d’Asie du Sud Est… pas plus. Donc, quand les deux compères ont manifesté de l’intérêt pour un pays fort lointain, la Papouasie-Nouvelle Guinée, quelques lecteurs se sont demandé s’ils ne confondaient pas.

Suivons leurs propos et, sûrement, nous comprendrons leur brutal intérêt pour ce pays des antipodes.


Mélinez venait d’achever la lecture de la presse. Un entrefilet de quelques lignes lui avait appris que la Papouasie Nouvelle-Guinée venait d’entrer en ébullition. Il haussa les sourcils et, se penchant vers Martenchon qui somnolait, s’enquit de la place qu’occupait la Nouvelle-Guinée sur le globe.

Martenchon, toujours prêt à faire progresser l’humanité dans la voie de la connaissance si ce n’est de la sagesse, répondit brièvement : « N.E de l’Australie, laquelle est à l’autre bout du monde ».

Mélinez prit bonne note et poursuivit : « Il y a eu de graves évènements là-bas ».

Martenchon qui commençait à s’assoupir prit un air vaguement interrogatif.

Mélinez se fit explicite : « Des nuits et même des jours d’émeute, très violentes, avec pillages, destructions et incendies ».

Martenchon, qui ne se sentait pas concerné par la Papouasie-Nlle Guinée, ronchonna « Ah bon ! »

Mélinez, étonné par sa passivité, poursuivit sur un ton un peu plus ardent : « Des foules ont déferlé dans les grandes surfaces et les ont pillées ».

Martenchon fit « Tiens donc !!! ».

Mélinez, énervé par son indifférence, compléta la description: « La police est intervenue ; les policiers ont été agressés ; ils ont été obligés de se barricader dans les commissariats ; les portes du ministère de l’environnement ont été démolies à coup de pelleteuses, il y a eu des morts… ».

Martenchon, réveillé, scrutait Mélinez avec une attention soutenue. Il lâcha: "Comment pouvait-on voir qu’il s’agissait d’émeutiers et non pas seulement de bandes de voleurs et de pilleurs ?"

Mélinez répondit sèchement « Facile. Les émeutiers portaient des gilets de sécurité ! »

Martenchon compléta « Jaunes, je suppose »

Mélinez surpris acquiesça : « Tout juste… »

Martenchon totalement réveillé, riait : « Tu confonds tout : ton histoire, c’est en France qu’elle s’est déroulée et, en fait de papous, c’est des gilets jaunes qu’il s’agissait ».


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