David Hockney
dans l’espace Louis Vuiton
David Hockney n’est plus tout jeune. 87 ans. Peut-on dire de lui comme on le dit souvent qu’il faut se méfier des vieux : n’ayant plus rien à perdre, ils peuvent tout se permettre ? Pas sûr, tant son œuvre donne le sentiment d’un retour vers l’ancien monde, ses codes, ses obsessions et ses thèmes.
Pour décrire cette admirable exposition, on doit prendre sur soi et essayer d’arracher tous les filtres qui pourraient gêner le regard et l’esprit. On doit en premier lieu, louer, le centre Louis Vuitton pour avoir organisé, une fois encore, ce très beau travail de présentation d’une œuvre originale et d’envergure internationale.
Le mérite de l’exposition, on vient de le dire, est de montrer comme un artiste, un créateur, a évolué et comme il est devenu une « star de l’art » avec beaucoup d’argent à la clef sans parler des qualificatifs laudateurs et des génuflexions des critiques d’art.
Il est évident que dans cette chronique, on évacuera où le lecteur le voudra, les orientations affectives de l’artiste : on ne voit pas très bien ce que cela apporterait à la compréhension de son art. (pas davantage que pour Léonard de Vinci, Caravage, François Villon, et du Bellay et autres héros de l’art de tous les temps).
En revanche, l’autre mérite de cette exposition est aussi de montrer, qu’à trop durer, l’inspiration s’épuise. Ce n’est pas si rare. Certains artistes n’ont pas pu se montrer égaux à eux-mêmes pendant des dizaines d’années. Les instants de création sont, malheureusement, parfois, suivis de longues années banales, ou pire, répétitives. Le pire est en fait lié à l’argent. Quand on a trouvé un « truc » qui marche (qui se vend) il est bien difficile de l’abandonner sur les bas-côtés de la création artistique pour suivre une nouvelle façon de faire, pour un regard qu’on espère neuf ou pour une idée nouvelle qui séduit. L’exemple le plus triste étant celui de Chirico, qui trente ans après avoir abandonné sa verve surréaliste au profit d’un retour vers le style baroque, l’a retrouvée opportunément.
Dans le cas de Hockney, que dire de la mauvaise surprise, qu’il réserve aux regardeurs, une fois passée l’ensemble dit des « splashs » et des quelques œuvres qui suivent. Et c’est à cet instant qu’on a envie d’arracher tous les cribles du regard, tout ce qui laissait à penser, que le regard sur la piscine était le début de quelque chose. Il est vrai que cette série, renouvelle complètement la façon de faire de la peinture et participe au retour du « réalisme » dans un monde qui avait atteint la plus parfaite saturation d’art abstrait ou d’art souffrant (cobra et autres tendances nord-européennes à l’auto-flagellation).
Simplification des couleurs, simplification de la mise en page, « ligne claire », jeux clairement vagues de la perspective. Ces œuvres étaient nouvelles, fortes et marquaient regards et mémoires. Et puis, il y aura ces paysages où les routes se déploient à leur gré après avoir accepté pourtant la règle commune, et ceux aussi où les paysages sont faits de puzzles agrestes, les champs se découpant et leurs couleurs se combinant pour qu’ils deviennent des tableaux.
Ça c’est le Hockney qu’on nous livre sempiternellement : le regardeur de la piscine parait condamné à cette contemplation pour l’éternité tant il est reproduit, tant il nous est imposé pour vendre des soupes, des constructions de piscine et des exemples de modernité picturale.
Et puis, passant les œuvres dont on vient de parler, on en vient à un monde qu’on a vraiment du mal à comprendre. Un monde coloré à la Hockney, certes, avec les verts et les bleus « Hockney ». Un monde où rien ne bouge, le temps ayant été préalablement aboli. Un monde vaguement perspectivé, sans conviction : il faut bien en effet que les champs se déploient dans l’espace, et, en général, les gens qui peignent des champs ont bien conscience que celui-ci est à deux dimensions, clos et fermé par une perspective. Et les ciels sont bleus pour l’éternité (comme dans les retables des anciens temps).
Les temps de la journée ne sont pas oubliés et si les matins ne paraissent avoir aucune primauté, il arrive que les nuits et leurs ombres viennent rompre les éternelles journées printanières dans lesquelles l’artiste se (com)plait. Reconnaissons cependant que les nuits peintes par Hockney sont vraiment des nuits où on ne voit pas grand-chose malgré les maigres flots de lumière lunaires.
L’artiste, on l’a dit, est très attaché aux couleurs et tout particulièrement au vert de la Normandie et des pays au sud de la Grande Bretagne, pourtant, il n’hésite pas à appuyer aussi sur le rouge, ce qui se traduit par de grandes machines, célébrant des paysages de montagnes rouges. Il y a aussi des villages assez classiques dans leur facture rouge et des maisons aussi.
On saura aussi que l’artiste s’est essayé au portrait. Il y a des panneaux gigantesques qui lui sont réservés. Il vaut mieux passer. Ce n’est manifestement là que sont talent s’exprime le mieux.
Finalement, à nouveau, je me suis souvenu de cette remarque un peu sinistre sur la comparaison que voulut provoquer je ne sais plus quel musée entre Van Gogh et Munch : il était sûrement très triste de se souvenir que la production du génie que fut Van Gogh s’est trouvée trop tôt interrompue et, dans le même temps, on pouvait se demander si Munch n’avait pas vécu trop longtemps.
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