Toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Les lieux emblématiques devraient toujours n’accepter d’être habité que par des hommes et des œuvres emblématiques. La fondation Louis Vuitton au jardin d’acclimatation, fait partie de ces lieux emblématiques. Voulue par l’emblématique Bernard Arnault (quand même l’homme le plus riche du monde !), dessiné par le non-moins emblématique architecte à la renommée mondiale, Frank Gehry, cet espace muséal (on n’ose plus dire musée de nos jours car, dit-on, les Muses se sont retirées) se doit de ne montrer que des œuvres emblématiques.
Est-ce le cas, actuellement ? Peut-on dire que les deux expositions présentées jusqu’au 9 septembre 2024 sont emblématiques. En d’autres termes, sont-elles les signes d’un moment, d’une idée ou d’une réalisation qui méritent attention voire admiration.
En toute honnêteté, j’ai eu le sentiment d’être l’objet d’une manœuvre un peu « tricky » quand je suis arrivé au sein de l’emblématique bâtiment. Je venais rencontrer Matisse et son grand-œuvre, annoncé ubi et orbi par la critique docte et obéissante, et je me suis trouvé avoir à choisir entre un Américain que je ne connaissais pas et l’honorable Matisse, peintre emblématique s’il en fût, emblème d’une modernité en marche, artisan même de la progression de cette modernité.
Revenons sur le côté « tricky » : Matisse, c’était clair, ne pouvait remplir toutes les cimaises muséales puisqu’il ne s’agissait après tout que d’exposer le « Making off » d’une œuvre qu’on a dit emblématique dans sa conquête de la modernité : « l’atelier rouge ». L’exposition a été quelque peu diluée sur une sympathique succession de panneaux. Comme on n’aurait pas pu remplir l’espace muséal total avec « l’atelier rouge », ses commencements, sa réalisation (ah ! le rouge vénitien !) et ses suites documentées, on est allé chercher un des nombreux américains censés avoir apporté du neuf dans la peinture mondiale. Evidemment, le peintre en question, Ellsworth Kelly, s’il se réclamait de Monet (what else ?), ne pouvait en aucune façon, prétendre à une affinité ou une parenté artistique quelconque avec Matisse. On va dire qu’il a joué dans cette affaire le rôle de « l’idiot utile ». Ce n’est pas un commentaire très positif. On s’en expliquera. Revenons sur « l’affaire » en elle-même : celle de l’exposition dénommée « Matisse, l’atelier rouge ».
On sait qu’initialement, il n’était pas rouge. Il l’est devenu parce que Matisse, à un moment de l’élaboration du tableau, a décidé de recouvrir en rouge tout ce qui portait représentation de l’Atelier en tant que lieu de travail : instruments, diverses tables et tabourets, en somme, tous les détails de la vie d’un peintre. Il a, en une certaine manière, effacé ce qui le faisait peintre pour ne laisser passer que ce qui le faisait artiste. On a envie de citer Prévert qui fait s’écrier le gardien de phare qui ne peut plus supporter que la lumière attire et tue les oiseaux de mer « tant pis, je m’en fous, et il éteint tout ». Matisse, aurait, dans ce grand mouvement de réduction à l’essentiel, tout effacé et tout recouvert de rouge, couleur de la passion, de la vie et du désir. Mais aussi et surtout, « couleur ». Or, c’est bien la couleur qui va guider l’œuvre de Matisse.
S’il en fallait une illustration : parmi les quelques tableaux exposés dans le cadre de cette mise en perspective de l’œuvre du peintre, ce sont des bleus de toutes les nuances qui serviront de thèmes et de toile de fond.
Ceci étant dit, l’exposition n’a pas grand-chose à montrer si tant est qu’une exposition de peinture ne gagne pas particulièrement à exposer des factures, des photos de peintres ou des copies de commentaires critiques de l’époque ; c’est pourquoi, on a dit que l’exposition a été « diluée ». Les images, les textes et les œuvres ne se bousculent pas. La surabondance viendrait plutôt des fameux « cartouches » livrant des observations fines et des remarques profondes qu’on ne peut vraiment lire qu’en se contorsionnant entre les lecteurs.
En conclusion : On ne dira pas qu’on peut s’abstenir. On dira seulement qu’un battage médiatique ne compense jamais les insuffisances de contenu. Et puis, s’il faut une raison pour y aller, on dira que ce sera utile dans les dîners en ville quand il faudra trouver autre chose que l’éternelle question « Vous êtes Saint Cloud ou Saint Nom ? »
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