Une crise européenne, l'affaire de la crise grecque de 2011 et un essai uchronique sur le billet de banque euro

- La crise des billets de Banque. 1 ère partie: Le cas grec. (les 2ème et 3ème parties ont aussi été publiées dans les Echos)

La crise des billets de Banque. 2 ème partie: l’épidémie européenne

 

- La Crise du Billet de Banque. 3 ème partie: Sortir de la Crise en libérant les Billets.

1 La crise des billets de banque. Le cas grec.

Ceci est un essai de Science-fiction économique. C'est une pure fiction. Comme l'arrivée des Martiens vue par Orson Welles.Dans cette hypothèse, un euro ne vaut plus un euro. On traite donc un d'un cas très rare de dévaluation intérieure à un pays de la Zone euro par dévalorisation de la monnaie scripturale contre la monnaie fiduciaire. Mais aussi, on verra les risques induits par les erreurs de la Bundesbank.

 

Le pire était craint. La Grèce sortirait-elle de l’euro ? Ou non ?
On avait entendu les appels à la raison et au calme. « Il n’y a pas de risques d’extension », « les marchés ont anticipé », « les banques, qui ne sont pas folles, ont provisionné l’intégralité de leurs engagements sur la Grèce ».  Le marché des changes avait été calme. Les messages d’apaisement habituels qui auraient dû passer en boucle n’avaient pas même été mis dans les machines. La scène monétaire était parfaitement calme. Tout était normal. Si tant est que la sortie de la Grèce ait pu passer pour normale !

Les retraits des déposants grecs avaient créé une pénurie de billets.


Et puis, tout d’un coup, un SMS a semé la panique. Une erreur de tir ou d’adressage ? Un esprit malintentionné ? En fait, un vrai raté, venant en direct de l’Allemagne. La découverte d’une gaffe monumentale a été l’étincelle. Pour bien saisir l'évènement et en comprendre le déroulement, il convient de faire un retour en arrière. 

Le gouverneur de la Banque de Grèce avait demandé à sa consœur la Bundesbank de lui envoyer du papier fiduciaire. Du papier pour faire des billets de banque. On l’avait plus ou moins appris. Ça circulait sur le net. Quelle importance en fait ? Tout le monde savait que les Grecs, de plus en plus convaincus qu’il y avait quelque chose à redouter du côté de leurs banques, retiraient leurs économies. Ce n’était pas un bank run: les dépôts bancaires étaient tranquillement convertis en billets, la monnaie scripturale en monnaie fiduciaire. 1 ou 2 milliards, filaient ainsi, bon jour, mauvais jour. Parfois plus. Parfois, le mouvement se calmait puis revenait comme la mer va et vient, flux et reflux. Cela avait créé des problèmes de liquidité pour les banques grecques. Elles s'étaient débrouillées . Vaille que vaille.

Au fil du temps, un problème technique survint: les imprimeries de la Banque Nationale de Grèce s'étaient trouvées à court de papier fiduciaire.

C’est avec ce genre d’histoire un peu ridicule qu’on déclenche des émeutes. La loi des marchés, cette loi d’airain qui avait déjà eu pour effet de pousser la Grèce vers la sortie de l’Euro, la loi de l’offre et de la demande donc, annonçait au Gouverneur que des risques de dévaluation de la monnaie de banque, c'est-à-dire la monnaie scripturale, étaient à craindre.

Il faut revenir vers quelques bases en économie: lorsque les choses deviennent rares, elles deviennent chères. C’est un mécanisme économique que tout le monde comprend depuis la nuit des temps.

Une monstruosité économique : La monnaie scripturale se dévalorisait contre monnaie la fiduciaire !

Or, les billets de banque étaient devenus rares. Ceux qui en avaient les stockaient jalousement. Ceux qui voulaient échanger leurs dépôts en banque, qui détenaient par conséquent de la monnaie scripturale, faisait monter la pression. Désirant si fort convertir leurs dépôts en banque en billets de banque, c'est-à-dire en monnaie fiduciaire, certains acceptèrent de payer les billets plus chers que leur valeur faciale. Par exemple, un billet de 50 euros était acheté 55 euros en monnaie scripturale! Ainsi, progressivement,  se mettait en place un processus de dévalorisation des dépôts en Banque ! Une dévaluation de la monnaie scripturale contre la monnaie fiduciaire ! 

Les autorités monétaires et politiques grecques se sont vite rendu compte que si le manque de papier peut avoir des effets néfastes sur la tranquillité publique, la perte de la parité entre billets de banque et dépôts bancaires allait déclencher une révolution. Les banquiers firent valoir que la sécurité de leurs employés était en jeu et, accessoirement, celle de leurs bâtiments.

Donc, les Grecs firent tout ce qui était en leur pouvoir pour pallier la rupture d’approvisionnement en papier fiduciaire. Les Allemands sollicités avaient répondu positivement à l’appel des Grecs: l’hyperinflation des années 1920 leur avait appris qu’il faut toujours avoir du papier en réserve pour imprimer des billets de banque. Ils avaient du papier fiduciaire en abondance... 

C’est justement là que le problème s’est noué. Le papier envoyé à leurs confrères était pré-imprimé. Prêt à l’emploi en quelque sorte. Il ne restait plus qu’à apposer la signature des responsables grecs de l’émission monétaire.  On ne pouvait pas faire plus accommodant. Le reste était un jeu d’enfant. Et la production de billets "grecs" a commencé très vite pour des montants susceptibles de calmer le marché et, ainsi, empêcher que la dévaluation de la monnaie scripturale, cette monstruosité théorique et pratique, s’amplifie et crée la panique.

Les Allemands à la rescousse avaient commis une énorme bourde.


C’est là que le fameux SMS a provoqué un séisme économique, politique et social.

Le papier envoyé par les Allemands, était, on l’a indiqué plus haut, pré-imprimé. Le montant, le numéro, les mentions obligatoires. Rien de bien remarquable là-dedans, tous les billets sont absolument les mêmes dans la Zone euro! Tout est venu du numéro ! Le numéro pré-imprimé des billets transmis à la Banque nationale de Grèce comportait le fameux « X » qui dit que le billet est émis par la Bundesbank. Pour la Grèce, c’est « Y ».  Pour la France, « U ». Chaque membre de la Zone euro est identifié par une lettre de l’alphabet. Personne ne s’était aperçu de cette notation. A priori, il n’y avait là rien qui puisse déclencher des émeutes !

Sauf que les Allemands ont été pris de panique quand ils se sont aperçus de l’erreur. Leurs juristes firent comprendre que des billets marqués « X » étaient des billets allemands, reconnus à la Bundesbank. Donc des créances contre elle ! Les Grecs étaient donc en train de convertir toute leur monnaie scripturale, c'est-à-dire leurs créances contre les banques, en monnaie fiduciaire allemande. La Bundesbank, si on laissait faire, allait devenir débitrice à l’égard de Grecs fuyant leur système bancaire.

Un SMS absurde et envoyé à la mauvaise adresse a mis le feu aux poudres


Un SMS fut alors rédigé : « la Bundesbank ne reconnaîtra pas les billets marqués « X » à partir du numéro « a » jusqu’au numéro « z » ». Au lieu de se retrouver sur le portable du Président Grec, le SMS atterrit sur celui d’un obscur journaliste anglais qui déferla dans le bureau de son patron. Le reste est connu. Une panique folle en Grèce. Le cours des billets en question s'effondra. Au risque d'une dévaluation de la monnaie scripturale contre la monnaie fiduciaire, on avait ajouté le risque d'une dévaluation des billets libellés en euro entre eux!

Les porteurs de Billets « X » mirent le feu à l’Ambassade d’Allemagne. Un mouvement de destruction de tout ce qui était allemand directement ou indirectement se répandit dans toute la Grèce. Quelques citoyens allemands furent rudoyés. Certains échappèrent de peu au bûcher.

Il fallait bien que les Allemands fassent un effort pour calmer les esprits. Ils expliquèrent que ce SMS n’était qu’une invention parmi les milliers que commettent les tabloïds anglais. Ils affirmèrent solennellement que les billets « X » Grecs seraient honorés comme les Billets « y » ou les billets « Z » etc. Du coup, la parité de change entre les billets « X » grecs et les autres billets de la Zone euro, dont les  « Y », fut restaurée. Un euro se mit à valoir un euro à nouveau. 

 

Cette affaire a évidemment laissé des traces. Les cendres de la catastrophe sont encore rougeoyantes. L’affaire des Billets continue son chemin souterrainement, sans bruit. Personne n’a intérêt à faire trop de publicité ou de communication sur ce qu’on devrait appeler des manipulations de monnaie.  C’est maintenant, un problème rampant dans toute l’Europe. L’affaire des billets n’est pas finie.


2 La crise des billets de Banque : l’épidémie européenne

Dans une précédente contribution, un essai de Science-fiction monétaire, on a montré qu'un euro "scriptural" peut ne pas valoir un euro "fiduciaire". On a soulevé incidemment la question des "marques" que portent les billets de banque. Un billet de cent euros pourrait bien, dans des conditions extrêmes, ne pas pouvoir être échangé contre deux billets de cinquante. Absurde? Vous avez dit absurde?

 

Le cas Grec est riche d’enseignement car on a pu expérimenter. Pas de Science digne de ce Nom, sans expérimentation. En science économique, science humaine par excellence, l’expérimentation est un évènement rarissime. Grâce aux Grecs, il a été possible de mettre en valeur des absurdités que la philosophie traditionnelle ne manquera pas de réprouver : une chose peut-être tout et son contraire en même temps.  En effet, dans la précédent contribution, on a montré que l’Euro pouvait avoir une valeur différente selon qu’il était scriptural ou fiduciaire (on n’a pas voulu pousser l’expérience trop loin en introduisant l’euro divisionnaire dans l’expérience, soit sous sa forme d’usage courant, en métal vulgaire, soit sous sa forme métallique noble, or ou argent).

 

Absurde ? Vous avez dit absurde ?


Mais aussi, au sein des absurdités, on a glissé l’émergence de celle-ci : «  les billets « X » (allemands) émis par les Grecs perdirent une bonne partie de leur valeur contre les autres billets y compris contre  les billets « Y » (grecs) »! Donc, dans le système euro, des situations du type, « un euro fiduciaire ne vaut pas un euro fiduciaire », sont possibles ! Ce n’est pas une absurdité. C’est la conséquence d’un point technique qui est rarement mis en valeur : les billets en euro sont marqués d'une lettre identifiant la banque centrale émettrice....par conséquent, il est faux de dire qu’un billet « euro » vaut un billet « euro ». Il serait vrai de dire que, dans les conditions habituelles, un billet euro « X » vaut la même valeur faciale qu’un billet euro « Y ». Dans des conditions particulières, cela peut être inexact, ou dans des proportions infinitésimales, ou durant des laps de temps très courts (voir la précédente contribution sur la crise du billet de banque).

 

L’absurde en économie comme dans les Sciences exactes n’émerge pas pour le plaisir de tromper. C’est le signe que ce qui était habituel et normal vacille. C’est un moment où la pensée est challengée. Rappelons que pour Newton, la pomme qui tombe est la manifestation d’une vérité absolue : la force gravitationnelle. Pour Einstein, c’est un cas particulier d’un problème général. En d’autres termes, la pomme pourrait ne pas tomber vers la terre… et même en être expulsée. Il faut garder ce point en tête : l’émergence des situations absurdes est le signe qu’il faut changer la façon de penser la nature ou la société.

Pour revenir sur une situation absurde : Un euro « X » peut ne pas valoir un euro lorsqu’il est exprimé en « Y ».  Les marques « X » et « Y » peuvent conduire à des attitudes discriminatoires.

 

La Course au billet de Marque.


Imaginons qu'un "bank runner" distrait et peu au fait de l’actualité ait bourré son matelas de billets marqués "V" (Espagne) ou pire "Y"(Grèce), il est, si on prend au sérieux cette discrimination potentielle, en  risque de perdre plus de 30%. Imaginons maintenant que notre distrait ait pris connaissance des évolutions récentes et des absurdités de la Zone euro : il est évident qu’il va prendre les mesures qui s’imposent.

 

S’il convertit la monnaie scripturale dont il dispose en monnaie fiduciaire, c’est par peur des faillites bancaires. La dislocation redoutée de la Zone euro ce sont des banques qui risquent de ne pas pouvoir rendre les dépôts. Mais au stade de réflexion qui est le sien, notre « ancien distrait » a acquis une information précieuse : tous les euros fiduciaires ne se valent pas et, par exemple, les Euros « Y » pourraient bien ne rien valoir. Il doit donc déployer une stratégie précise : quittant la monnaie scripturale affaiblie, il doit atterrir dans une monnaie fiduciaire « solide ».

 

Faut-il qu’il se précipite sur les Billets "X" (allemands) ? Ce serait recommandé! Cependant, à se comporter ainsi, le risque n’est-il pas, si les distraits sont légions,  de faire monter leurs cours ? De fait, le volume de la demande de billets « X » se traduirait par une rareté (or « ce qui est rare est cher » voir la précédente contribution)  laquelle conduirait à une modification du niveau des prix. Ainsi, un billet "U" (français) ne s'échangerait plus à parité contre un Billet "X" mais avec une décote de 5% ou pire. Un euro ne vaudrait pas nécessairement un euro. Ce qu’on avait observé entre monnaie scripturale et monnaie fiduciaire en raison de l’insuffisance de papier-monnaie, on le retrouverait à l’intérieur même de la monnaie « fiduciaire ». C’est l’équivalent d’un tsunami ou de l’explosion d’une bombe atomique pour un système bancaire et monétaire européen !

 

Un euro ne vaut pas un euro


Continuons à imaginer. La conséquence immédiate de cette situation serait la suivante : les porteurs de billets menacés "V", "Y" et même "U" (France), se rueraient (Bank notes run) vers les billets "X", les poussant ainsi à la hausse.

 

Il faut s’interrompre un instant à cet endroit car les contradicteurs pourraient dénoncer une parodie de raisonnement économique ou un détournement abusif des mécanismes fondamentaux de la théorie des marchés.

 

Pourtant, si on fait le tour des mécanismes fondamentaux qui pataugent, il existe bien des taux d’intérêts négatifs ! Ça, c’est une absurdité pour la théorie économique classique ! Un taux négatif ne peut pas, en principe, survenir. Les courbes d’offre et de demande ne peuvent pas se croiser en territoire négatifs.  Ou bien, la situation est celle d’une hypothèse incroyable : les courbes d’offre et de demande de monnaie ne se rencontrent pas! Les demandeurs ne demandent rien et même rendent la monnaie pendant que les offreurs n’offrent rien et conserve leur monnaie dans des bas de laine ou se moquent de savoir si leur argent sera rémunéré. Ils acceptent même l’idée de payer pour mettre leur argent quelque part.  On dira que «ce n’est pas possible. Cela n’existe pas !» Et pourtant, le Trésor allemand a négocié des intérêts négatifs pour quelques emprunts dans les derniers mois de 2011 et, plus récemment, des intérêts « Zéro » pour des emprunts à 5 ans !

 

Explosion ou révolution des idées.


On l’a signalé plus haut, l’absurde est possible en économie et les démonstrations sur la parité de conversion des billets en euros entre eux, tout en paraissant absurdes, sont de l’ordre de la réalité économique non augmentée : dans une période de trouble monétaire en zone Euro, la seule certitude résidant dans la force de la Bundesbank, la demande de créances sur cette dernière , les billets « X », pourrait exploser.

 

On devrait y voir tous les signes préludant à l’explosion de la Zone. Certains, les plus fortunés, se précipiteraient sur les emprunts du Trésor allemand, faisant plonger les taux d’intérêts dans le rouge.  Il y aurait aussi tous ceux qui empliraient leurs portefeuilles de titres de sociétés allemandes poussant la bourse allemande vers des valeurs sans commune mesure avec le potentiel des entreprises. Ils se précipiteraient vers les obligations privées allemandes, les taux deviendraient progressivement négatifs. Il y aurait ceux, moins confiants dans les valeurs mobilières ou ne disposant pas d’une épargne suffisante pour se porter en Bourse, qui achèteraient des billets « X », convaincus que  ceux-là, et seulement eux, seront échangés contre un nouveau « Mark ».

 

On dessine ici les contours d’une sorte de cataclysme où tout ce qui se ressemblait se brise en morceaux multiples, où tout ce qui paraissait unique et commun est renvoyé au rang de pièces détachées et éparpillées d’un mécanisme compliqué qui se serait brutalement grippé ?

 

Pourtant, on a dit plus haut que les situations absurdes sont celles où un état de la pensée est challengé, un moment où il faut réviser les idées habituelles et courantes. Pourrait-on voir dans ces événements absurdes quelques choses positives ? N’y aurait-il pas là un système qui se mettrait en place, subrepticement, sans qu’on s’en rende compte. L’économie est une activité humaine, la monnaie un instrument fort utile dans la vie des sociétés.  Les moyens de l’économie et des échanges n’attendent pas toujours qu’on les ait pensés pour germer, pour se développer et se substituer aux vielles techniques? Un peu plus tard viendront de nouvelles formulations théoriques.


Il faut y penser sérieusement : l’Europe mérite mieux qu’une succession d’absurdités

 

3 La Crise du Billet de Banque. Sortir de la Crise en libérant les Billets.

Dans une précédente contribution, un essai de Science-fiction monétaire, on a montré qu'un euro "scriptural" peut ne pas valoir un euro "fiduciaire". On a soulevé incidemment la question des "marques" que portent les billets de banque. Un billet de cent euros pourrait bien, dans des conditions extrêmes, ne pas pouvoir être échangé contre deux billets de cinquante. Absurde? Vous avez dit absurde?

 

Le cas Grec est riche d’enseignement car on a pu expérimenter. Pas de Science digne de ce Nom, sans expérimentation. En science économique, science humaine par excellence, l’expérimentation est un évènement rarissime. Grâce aux Grecs, il a été possible de mettre en valeur des absurdités que la philosophie traditionnelle ne manquera pas de réprouver : une chose peut-être tout et son contraire en même temps.  En effet, dans la précédent contribution, on a montré que l’Euro pouvait avoir une valeur différente selon qu’il était scriptural ou fiduciaire (on n’a pas voulu pousser l’expérience trop loin en introduisant l’euro divisionnaire dans l’expérience, soit sous sa forme d’usage courant, en métal vulgaire, soit sous sa forme métallique noble, or ou argent).

 

Absurde ? Vous avez dit absurde ?


Mais aussi, au sein des absurdités, on a glissé l’émergence de celle-ci : «  les billets « X » (allemands) émis par les Grecs perdirent une bonne partie de leur valeur contre les autres billets y compris contre  les billets « Y » (grecs) »! Donc, dans le système euro, des situations du type, « un euro fiduciaire ne vaut pas un euro fiduciaire », sont possibles ! Ce n’est pas une absurdité. C’est la conséquence d’un point technique qui est rarement mis en valeur : les billets en euro sont marqués d'une lettre identifiant la banque centrale émettrice....par conséquent, il est faux de dire qu’un billet « euro » vaut un billet « euro ». Il serait vrai de dire que, dans les conditions habituelles, un billet euro « X » vaut la même valeur faciale qu’un billet euro « Y ». Dans des conditions particulières, cela peut être inexact, ou dans des proportions infinitésimales, ou durant des laps de temps très courts (voir la précédente contribution sur la crise du billet de banque).

 

L’absurde en économie comme dans les Sciences exactes n’émerge pas pour le plaisir de tromper. C’est le signe que ce qui était habituel et normal vacille. C’est un moment où la pensée est challengée. Rappelons que pour Newton, la pomme qui tombe est la manifestation d’une vérité absolue : la force gravitationnelle. Pour Einstein, c’est un cas particulier d’un problème général. En d’autres termes, la pomme pourrait ne pas tomber vers la terre… et même en être expulsée. Il faut garder ce point en tête : l’émergence des situations absurdes est le signe qu’il faut changer la façon de penser la nature ou la société.

Pour revenir sur une situation absurde : Un euro « X » peut ne pas valoir un euro lorsqu’il est exprimé en « Y ».  Les marques « X » et « Y » peuvent conduire à des attitudes discriminatoires.

 

La Course au billet de Marque.


Imaginons qu'un "bank runner" distrait et peu au fait de l’actualité ait bourré son matelas de billets marqués "V" (Espagne) ou pire "Y"(Grèce), il est, si on prend au sérieux cette discrimination potentielle, en  risque de perdre plus de 30%. Imaginons maintenant que notre distrait ait pris connaissance des évolutions récentes et des absurdités de la Zone euro : il est évident qu’il va prendre les mesures qui s’imposent.

 

S’il convertit la monnaie scripturale dont il dispose en monnaie fiduciaire, c’est par peur des faillites bancaires. La dislocation redoutée de la Zone euro ce sont des banques qui risquent de ne pas pouvoir rendre les dépôts. Mais au stade de réflexion qui est le sien, notre « ancien distrait » a acquis une information précieuse : tous les euros fiduciaires ne se valent pas et, par exemple, les Euros « Y » pourraient bien ne rien valoir. Il doit donc déployer une stratégie précise : quittant la monnaie scripturale affaiblie, il doit atterrir dans une monnaie fiduciaire « solide ».

 

Faut-il qu’il se précipite sur les Billets "X" (allemands) ? Ce serait recommandé! Cependant, à se comporter ainsi, le risque n’est-il pas, si les distraits sont légions,  de faire monter leurs cours ? De fait, le volume de la demande de billets « X » se traduirait par une rareté (or « ce qui est rare est cher » voir la précédente contribution)  laquelle conduirait à une modification du niveau des prix. Ainsi, un billet "U" (français) ne s'échangerait plus à parité contre un Billet "X" mais avec une décote de 5% ou pire. Un euro ne vaudrait pas nécessairement un euro. Ce qu’on avait observé entre monnaie scripturale et monnaie fiduciaire en raison de l’insuffisance de papier-monnaie, on le retrouverait à l’intérieur même de la monnaie « fiduciaire ». C’est l’équivalent d’un tsunami ou de l’explosion d’une bombe atomique pour un système bancaire et monétaire européen !

 

Un euro ne vaut pas un euro


Continuons à imaginer. La conséquence immédiate de cette situation serait la suivante : les porteurs de billets menacés "V", "Y" et même "U" (France), se rueraient (Bank notes run) vers les billets "X", les poussant ainsi à la hausse.

 

Il faut s’interrompre un instant à cet endroit car les contradicteurs pourraient dénoncer une parodie de raisonnement économique ou un détournement abusif des mécanismes fondamentaux de la théorie des marchés.

 

Pourtant, si on fait le tour des mécanismes fondamentaux qui pataugent, il existe bien des taux d’intérêts négatifs ! Ça, c’est une absurdité pour la théorie économique classique ! Un taux négatif ne peut pas, en principe, survenir. Les courbes d’offre et de demande ne peuvent pas se croiser en territoire négatifs.  Ou bien, la situation est celle d’une hypothèse incroyable : les courbes d’offre et de demande de monnaie ne se rencontrent pas! Les demandeurs ne demandent rien et même rendent la monnaie pendant que les offreurs n’offrent rien et conserve leur monnaie dans des bas de laine ou se moquent de savoir si leur argent sera rémunéré. Ils acceptent même l’idée de payer pour mettre leur argent quelque part.  On dira que «ce n’est pas possible. Cela n’existe pas !» Et pourtant, le Trésor allemand a négocié des intérêts négatifs pour quelques emprunts dans les derniers mois de 2011 et, plus récemment, des intérêts « Zéro » pour des emprunts à 5 ans !

 

Explosion ou révolution des idées.


On l’a signalé plus haut, l’absurde est possible en économie et les démonstrations sur la parité de conversion des billets en euros entre eux, tout en paraissant absurdes, sont de l’ordre de la réalité économique non augmentée : dans une période de trouble monétaire en zone Euro, la seule certitude résidant dans la force de la Bundesbank, la demande de créances sur cette dernière , les billets « X », pourrait exploser.

 

On devrait y voir tous les signes préludant à l’explosion de la Zone. Certains, les plus fortunés, se précipiteraient sur les emprunts du Trésor allemand, faisant plonger les taux d’intérêts dans le rouge.  Il y aurait aussi tous ceux qui empliraient leurs portefeuilles de titres de sociétés allemandes poussant la bourse allemande vers des valeurs sans commune mesure avec le potentiel des entreprises. Ils se précipiteraient vers les obligations privées allemandes, les taux deviendraient progressivement négatifs. Il y aurait ceux, moins confiants dans les valeurs mobilières ou ne disposant pas d’une épargne suffisante pour se porter en Bourse, qui achèteraient des billets « X », convaincus que  ceux-là, et seulement eux, seront échangés contre un nouveau « Mark ».

 

On dessine ici les contours d’une sorte de cataclysme où tout ce qui se ressemblait se brise en morceaux multiples, où tout ce qui paraissait unique et commun est renvoyé au rang de pièces détachées et éparpillées d’un mécanisme compliqué qui se serait brutalement grippé ?

 

Pourtant, on a dit plus haut que les situations absurdes sont celles où un état de la pensée est challengé, un moment où il faut réviser les idées habituelles et courantes. Pourrait-on voir dans ces événements absurdes quelques choses positives ? N’y aurait-il pas là un système qui se mettrait en place, subrepticement, sans qu’on s’en rende compte. L’économie est une activité humaine, la monnaie un instrument fort utile dans la vie des sociétés.  Les moyens de l’économie et des échanges n’attendent pas toujours qu’on les ait pensés pour germer, pour se développer et se substituer aux vielles techniques? Un peu plus tard viendront de nouvelles formulations théoriques.


Il faut y penser sérieusement : l’Europe mérite mieux qu’une succession d’absurdités

 

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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En collaboration: Institut de l'Iconomie

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