La Défense entre sommets et plages

Je n'étais pas allé sur la fameuse "dalle" de la Défense depuis des années. Une exposition "street art" y était installée. Pas de chance, je suis arrivé avec trois jours de retard. Tant pis. Au lieu de street art, une visite tout à fait banale devenait possible: escalader la "Grande Arche" par la face Nord !!! ou tout bêtement monter tout en haut, comme pour les tours Eiffel, Montparnasse et même l'Arc de Triomphe. Je n'y étais jamais allé. Cela devait sûrement être splendide. Voir Paris et la voie impériale qui conduit de la Défense au Louvre ne pouvait pas être autre chose que spectaculaire et grand.

 

Ce n'est pas mal en effet. Pas aussi étonnant qu'on l'imagine. Peut-être un peu trop de flou, dû à la brume (mais il faisait très beau) ou à la pollution (mais il y avait beaucoup de vent, en haut comme en bas). Ou peut-être, très simplement, ce fait esthétique qu'en dehors de cette voie impériale, royale ou républicaine, en dehors des immeubles qui la bordent et qui sont souvent réussis, il n'y a pas grand chose d'intéressant ou de beau à contempler. On voit loin certes, mais ce qui se perd dans le lointain au nord, au sud ou ailleurs n'est pas très passionnant! Beaucoup de constructions des années 1970, les pires avec celles des années 1950 (mais en 1950, on avait l'excuse d'un manque catastrophique de logement).

 

Allons ne décourageons pas les curieux et les amoureux des tours de grande hauteur. On peut y aller. Cela va assez vite et, à l'arrivée, l'étage suprême ne manque pas d'étonner par sa taille, par ses escaliers surprenants et par son toit ultime, tranquille, bien que dépourvu de focs.

La Grande Arche, cube monumental, création absolue pour tous les temps à venir (qui a vu des cubes évidés au temps des Égyptiens ou des Grecs et même des Romains?) est une source d'étonnement pur. Coup de génie artistique, folie totale sur le plan technique, non-sens radical sur le plan économique, la Grande Arche est la parfaite incarnation de ce que les Français aiment dans l'art et dans les monuments: magnifique et inutile. 

 

J'aime par dessus tout les imprévus qui ont fait de la Grande Arche un système massif et fragile alliant la dynamique de la vie et la pesanteur des grandes sculptures. Il y a dans la Grande Arche une combinaison surprenante de vision pour l'éternité et de bidouillage pour tous les jours. Le fameux "nuage" parait une sorte de libellule croisée d'un scarabée, opportuniste outil à détourner les vents. Combiné avec un ascenseur qui ne sert plus sinon à montrer qu'on pourrait monter si haut et si fort qu'on en crèverait les planchers du sommet . Ferraille contre béton, tenseurs contre piliers, claire-voie contre remparts, toile d'araignée monstrueuse et ténue contre les dessins parfaits d'escaliers que personne ne descend .

 

Décidément, tout dans cette arche est absurde. Tout n'est qu'art: quand on veut faire utile, on ne peut s'empêcher, de dessiner des nuages.  

La Grande Arche est-elle un art français? Un art où les envolées les plus hautes n'empêchent pas les modestes pensées? On aime installer des balançoires pour enfants dans des jardins dessinés par le Nôtre. On sait maltraiter la reine en installant à Versailles des objets informes mais énormes venus d'Inde . Le patrimoine n'est-il pas pour tous, pour le plaisir et l'intérêt de tous. Rien n'est trop beau pour les citoyens et ce qui est beau ne doit pas être ni arrogant, ni intimidant. 

 

La Grande Arche, si grande, n'est-elle pas une sorte de menace à notre sens inné et obsessionnel de la liberté et de l'égalité et finalement de la fraternité? Ne doit-elle pas être, ne serait-ce que symboliquement, ramenée à notre dimension? N'est-elle pas, si on y réfléchit bien, qu'une sorte de gigantesque sellette où poser le peuple et ses citoyens dans toute leur gloire.

 

Il faut monter tout en haut. Sur le toit du toit. On y accède par des volées d'escaliers impressionnants et vides. On parvient sur le toit non pas du monde mais au moins de Paris. Un gigantesque espace ouvert à tous vents. On aurait pu, tout en haut, imaginer qu'un architecte fou aurait parsemé des sculptures mues par l'air et les tempêtes. On aurait pu imaginer qu'une musique des cubes aurait été rendue ici possible et aurait dialogué avec la musique des sphères que les Grecs nous ont transmise. On aurait pu penser à un lieu de culte, orné de marbres mystiques. 

 

Eh bien non! Nous sommes en France. Dans la France qui sait respecter "les petits, les obscurs et les sans-grades". Dans la France qui sait ouvrir ses plus beaux bâtiments à tous ses enfants. C'est pourquoi on a disposé sur le toit de l'arche, des Transat en bois et toile, rayés comme sur les plages populaires, des chaises un peu modernes pour rappeler que, même assise, la France sait être moderne. Il y a aussi des matelas. "Sur les toits de l'Arche, on s'envoie en l'air, lanlaire"  se gaussent les critiques de la droite la plus imbécile qui ne savent que déverser leur bile en plaisanteries douteuses. 

 

Quand j'y suis passé, les amoureux étaient enlacés, un peu plus loin, sur des transat., brunissaient quelques adorateurs du soleil et, dans des recoins protégés des vents, des chaises longues attendaient au milieu de massifs de fleurs de jardins publics. 

 

Tout en bas, sur la dalle, le vent avait fait éclore des papillons jaunes. 

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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