Rentier. Faut-il euthanasier tous les rentiers?

 

 

 « Il faut euthanasier » pour Keynes, le rentier est un agent économique qui prélève sa dîme sur les flux monétaires. L’argent qu’il détourne est précipité dans la « trappe à liquidité » où il est congelé.

Aujourd’hui, pas un gouvernant ne se lancerait dans une défense et illustration du rentier « prudent ». Parmi les effets économiques de la crise du covid, l’accumulation d’épargne en substitution d’une consommation sans cesse repoussée est en première ligne. Pour les gouvernants, la « mobilisation » de ces masses d’argent s’impose.

 

Mobiliser l’argent des rentiers ?

Le covid vaincu, suffira-t-il de siffler la fin de partie pour faire sortir l’argent de ses cachettes ? Les flux monétaires seront-ils enfin reconstitués ? La trappe à liquidité se refermera-t-elle ?

 

Dans ces conditions, point ne serait besoin de procéder à l’euthanasie des rentiers ? Il parait cependant qu’aujourd’hui ces derniers ont opté pour la wallet en lieu et place du matelas. Depuis quelques années, ils accumulent bitcoin et autres alt-coins. Ils en veulent tant que les prix montent. La capitalisation de ces monnaies vient de dépasser 2000 milliards de dollars soit 20% de la valeur des stocks d’or mondiaux ! Autant que la capitalisation du CAC 40 ! Or, les fameuses « autres-monnaies », bitcoin en tête, ne servent pas de monnaie. Détournées des flux financiers et monétaires, ces monnaies représentent, comme toute thésaurisation, une menace pour l’efficacité de la circulation des flux financiers. Ce sont des trappes à monnaie nouveau style.

 

Il faut porter le regard vers les politiques de stimulation économique destinées à rompre l’enchainement délétère induit par la pandémie. Aux Etats-Unis, 1900 milliards de dollars seront injectés dans l’économie. Autant que la capitalisation des monnaies cryptées ! Vient alors, une question sur les effets réels de cette injection monumentale d’argent : peut-on être sûr de la transmission de ses effets via les fameux multiplicateurs keynésiens ? Le risque n’est-il pas que, comme l’épargnant « geek » américain y a déjà procédé, une part considérable de ces flux monétaires ne soit détournée allant nourrir la spéculation sur des monnaies qui n’en sont pas ou des actifs financiers qui ne représentent rien. Cette injection ne finira-t-elle pas en hyperliquidité comme ce qui s’est passé ces 10 dernières années et, par voie de conséquence, en spéculation sur les monnaies cryptées.

 

L’hyperliquidité et le Krach à venir

Hyperliquidité ! Si on peut s’attendre à ce que ce mot fâche les économistes, on doit aussi en attendre des conséquences économiques et des comportements financiers dangereux.

 

L’abondance de liquidité est accompagnée d’un accroissement de la préférence pour le risque. On aura tendance à penser que cette préférence est d’abord le fait des institutions financières. Or, l’exemple des monnaies cryptées et l’accès facile aux spéculations les plus extrêmes qu’elles ont ouvert aux « geeks » et autres petits spéculateurs, se retrouvent sous la forme de techniques d’investissement jusque-là restées en arrière-plan.

 

L’explosion des SPAC (special purpose acquisition companies) illustre ce propos. Ces entreprises lèvent des fonds sur les bourses de valeur sans autre motif que l’engagement de les investir rapidement dans des entreprises à « fort potentiel » non identifiées au moment de l’appel de fonds et d’offrir aux souscripteurs un important retour sur investissement. Elles profitent de l’abondance de monnaie et d’un climat positif pour la prise de risque en tous genres. Leur impact sur les valorisations conduit à rendre légitime que des entreprises deviennent « milliardaires en dollar » sans avoir simplement commencé à exister. Les valorisations hyperboliques conduisent à penser que l’abondance d’argent entraine une indifférence grandissante à la valeur des actifs.

 

On retrouve ici l’aventure des Initial Coins Offerings

et l’effondrement des espoirs mis en eux pour la création et le lancement de nouvelles entreprises. Par la même occasion, on retrouve les monnaies cryptées support privilégié des ICO et les milliers d’alt money qui peuplent le paysage financier moderne.

Ce qu’on va surtout trouver, c’est une pyramide redoutable, le produit de l’argent déversé sans légitimité et l’accumulation de risques systémiques considérables. Son effondrement suivra l’exemple du précédent. Les cours des petites alt-money provoqueront le dégagement de « petits spéculateurs » et l’impossibilité de rembourser leurs petits « effets de leviers ». Ces mauvais signes s’amplifieront des investissements aussi douteux que ceux de bon nombre d’opérations d’ICO.  

 

Pour protéger leurs avoirs, les rentiers digitaux, essaieront de se dégager, avec les conséquences qu’on devine.

Avant que les rentiers aient joué le rôle néfaste qu’on vient de décrire, ne serait-il pas bon d’opérer ex-ante à leur euthanasie comme Keynes le recommandait ? Ex-post, cela remettrait les multiplicateurs dans le bon sens.

 

 

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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