Soliloques sur le Vaste Monde, Décembre 2020

Le détournement de votes : un progrès de la démocratie

             

« Achat de votes à Corbeil-Essonnes : 2 ans de prison pour Bechter, ancien maire et bras droit de Dassault »

On aurait envie de continuer cette information : elle aurait claqué au vent comme une oriflamme. La justice a fait son œuvre et a frappé, sans tenir compte des partis et surtout sans tenir compte du parti de l’argent. Car c’est bien aussi de cela qu’il s’agit. Punir les gros, non pas parce qu’ils sont gros mais parce que la justice ne saurait avoir la moindre indulgence vis-à-vis de gens à qui leur fortune impose des devoirs. Punir les gros et montrer aux petits qu’être gros n’est pas une garantie d’impunité.

C’est beau comme l’antique et on sent planer au-dessus des têtes des justiciables les grands jurisconsultes qui ont façonné notre âme sociale et juridique. Les juges qui ont décidé de cette culpabilité sont bien loin de la déclaration insoutenable du prélat, abbé de Cîteaux, légat du pape, qui lança « tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». La justice d’aujourd’hui sait distinguer le bon grain de l’ivraie et emprisonner le marchand qui croyait que l’argent est au-dessus des lois.

« Mairie de Marseille : Samia Ghali valide l’option Benoît Payan. L’ancienne sénatrice socialiste apportera ses voix au candidat du Printemps marseillais, qui doit succéder, lundi, à Michèle Rubirola, démissionnaire ».

En somme, l’option Benoit Payan, qui ne pouvait convenir aux électeurs, revient par la petite porte, celle du trucage électoral. Achat de votes ? Peut-on imaginer que Benoit Payan ait suborné, Michèle Rubirola ? « Vas-y, les gens t’aiment mais pas moi, une fois élue, tu me repasseras le job. Bien vu, bien connu. Ton élection c’était le peuple au pouvoir, ma nomination, c’est le peuple qui reste au pouvoir .

Il n’en reste pas moins que cette « manip » est la même que celle qui conduit M.Bechter en prison. La différence? M. Payan n’avait pas un rond pour acheter des votes. Sa stratégie de conquête de pouvoir ne pouvait passer que par une tromperie au candidat. Tout le monde savait que la Michèle, ne tiendrait pas la longueur. Le tout était qu’elle tienne le coup quelques mois.

La différence avec les amis de M. Dassault ? Ceux-ci achetaient des votes, sachant que les électeurs qui ne voulaient pas vendre les leurs, ne recevraient rien. Le deal était net et clair. Pas d’embrouille. Pas de tricheries. Un contrat avec ses obligations réciproques entre des hommes libres.

Le socialiste Payan, a truqué et trompé. Son élection était impossible. Il a passé un accord occulte, sous la table, comme quand on trafique de la drogue ou des influences. Il a négocié le détournement de la votation en faveur de l’ex-mairesse. Comprenons que la contrepartie est occulte. Elle s’est fait élire pour qu’il le soit. Elle a fait la réclame d’un produit en sachant qu’elle en refilerait un autre. Elle a rassemblé des innocents en son nom et les a repassés à quelqu’un que ses électeurs n’auraient jamais choisi.

Cela fait penser à ces dérives de libertins quand, dans la société un peu leste du XVIIème et XVIIIème siècle, une jeune fille acceptait de laisser pénétrer un séducteur dans sa chambre. Il arrivait que, profitant de l’obscurité de la chambre, du silence absolu qu’il fallait observer et de la sidération sexuelle du moment, le séducteur vint avec un de ses copains… et que, après avoir profité de la belle, il se retirât au profit de ce dernier qui participait ainsi à un doux festin… trompant une innocente donzelle!

Dans le cas Marseillais, la jeune fille, c’est le peuple, séduit par un discours charmeur et qui s’attendait à être comblé.

Si on était inconvenant, on ne pourrait pas ne pas penser qu’il s’est fait b… (évitons les gros mots) couillonner deux fois. Il est toutefois une différence avec l’histoire égrillarde qui précède : la donzelle, ne s’était peut-être pas aperçu de la manigance! En revanche, le peuple marseillais, a été couillonné au vu et au su de la France tout entière.

Sous les yeux même de la Bonne Mère.

Moments héroïques et vie de tous les jours

Les grands moments de l’histoire montrent toujours, lorsqu’on les raconte, des peuples entiers tendus dans la lutte pour la victoire ultime. Ce sont aussi de petits groupes qui se battent au nom de principes éternels et se font tous tuer animés qu’ils sont d’un esprit pur et d’une volonté intraitable.

Mais hélas, même lors des grands moments de l’histoire, il faut compter avec la vie de tous les jours. Elle est rarement grandiose. Elle peut prendre des aspects éloignés des grandes ambitions et de la noblesse des combats.

Aujourd’hui la grande affaire c’est la Covid. Sera-ce un jour considéré comme un grand moment de l’histoire ? J’ai peine à le penser tant nos concitoyens démontrent à qui veut le voir que tout ça n’est rien que la faute au gouvernement qui n’a pas su écouter les gens censés (qui ne sont pas dans le gouvernement).

Imaginons cependant qu’aux générations futures on raconte la lutte de l’humanité contre un épouvantable fléau, reléguant Attila au niveau d’un touriste un peu bruyant. Il faudra dire que tout un peuple s’est levé et a fait front contre le virus que des asiates pervers avait perfidement diffusé dans le monde doux et paisible des peuples démocratiques. Il faudra avancer que des bataillons de professeurs Raoult ont porté leur aide spontanément aux autorités en place, parfois débordées. On montrera que sur les plateaux-télé, héroïquement posés au plus prés de la pandémie, des slogans combattants furent lancés par des centaines de sachants partageant gratuitement leurs connaissances et même celles qu’ils n’avaient pas.

On dira aussi avec quelle spontanéité les commerçants de tous genres, petits et grands, s’opposèrent aux personnes infectées à la déambulation saccadée, mécanique et distordue, fermant leurs devantures sous leurs nez, bloquant tous contacts et cantonnant les risques de diffusion de l’épidémie. Cette geste sera enrichie par l’attitude héroïque des grandes surfaces qui s’attachèrent à rester ouvertes malgré tous les risques que leur personnel encourait. On racontera comme Amazon sut, en bon ordre, se replier sur ses entrepôts et, à partir de ces bases solidement approvisionnées, lancer des escouades de francs-tireurs porteurs de biens essentiels à la barbe de la soldatesque virale.

Voilà comme on parviendra à faire de cet évènement chaotique et imprévisible un grand moment de l’histoire, bien que, sur le moment, celui de la vie de tous les jours, cela ne parut pas clairement. Un manque d’enthousiasme populaire ici et là ? Mais, le marché noir cessa-t-il du jour où De Gaulle s’écria sous les voutes de Notre Dame que la France était libérée ? Des ricanements face aux hésitations des stratèges gouvernementaux ? Mais, Pasteur ne fût-il pas l’objet de la risée des grands professionnels de la médecine de son temps ? Des commissions d’enquête sur les désordres administratifs lancées au pire moment de la pandémie ? Mais Clémenceau eût plus souvent à se battre contre les partis politiques français que contre les armées assoiffées de sang du Kaiser !

La vie de tous les jours est comme ça ! Elle n’est pas nécessairement en phase avec l’éternité. L’homme de tous les jours ne vit pas que de grandes idées. Il faut bien qu’il s’assume lui-même, corps ployant sous les forces de la gravitation, esprit occupé à la gestion du quotidien.

Il ne faut surtout pas qu’on attente à ses besoins essentiels. Il demande de la paix, de l’air, de l’espace. De la liberté donc. La vie de tous les jours, quand les temps sont dramatiques, ne doit pas interdire les échappées ni remettre en cause les conquêtes sociales les plus utiles au moral et à la continuation de l’effort contre la pandémie.

C’est pourquoi, il faut ouvrir les stations de Sport d’Hiver.  

Ma gueule et moi on est de sortie (Johnny)

 

Ils le disent tous ! "Ils", ce sont les communicants, les gens qui savent comment on doit parler aux gens : si on veut que ça passe, il faut cogner et cogner fort. L’image la plus forte, on la doit à Balzac. « Il faut entrer dans cette masse d’hommes comme un boulet de canon, ou s’y glisser comme une peste ». Pour ce qui est de la peste (le covid évidemment) on a déjà commenté. Pour ce qui est du boulet, on va le faire.

 

Le boulet moderne de la communication n’est pas tiré d’un canon à moins qu’on ne considère le canon ancien comme l’ancêtre du media moderne. Ce n’était pas le canon qui tuait autrefois mais le boulet qu’il projetait. Aujourd’hui, où est le boulet ?

Le boulet d’aujourd’hui, c’est le « coup de gueule ».

Morbihan : le coup de gueule d'une agricultrice contre un conducteur de 4X4 coincé dans son champ fait le tour du web.

 

L’expression est née dans les rédactions des journaux de tous les jours qu’ils soient en ligne, à la télé, ou sur papier. Le coup de gueule, c’est le truc qu’ont trouvé tous les stagiaires journalistes pour faire remarquer leur prose et faire oublier, fautes d’orthographes, déviances syntaxiques et incapacité à manier la concordance des temps. Le coup de gueule vit sa vie langagière avec des petits boulets, avec la mitraille, avec les petits calibres. Ils se nomment « glaçant », clivant », grinçant ». Ils viennent ponctuer un évènement, assez anodin en général et rendent publiable ce qui était illisible.  Le lecteur reçoit un uppercut qui lui donne envie d’aller voir le texte puis, on ne sait jamais, il pourrait rendre un coup de gueule bien senti dans « donnez-nous vous commentaires ».

 

Le coup de gueule de Herrera : Il est monté au créneau sur les réseaux sociaux pour pointer du doigt le manque de réactivité du gouvernement espagnol face à la nouvelle crise provoquée par la nouvelle souche de coronavirus apparue au Royaume-Uni.

 

Qui est donc ce monsieur espagnol qui fait le « coup de gueule » sanitaire international entre Espagne et Angleterre. C’est un footballeur. Un buteur certainement qui balance des boulets. Le coup de gueule efface tout ! Un journaliste passait par là, il a vu M.Herrera. « Alors M.Herrera, rien à dire sur tout ça ? ». Herrera qui n’avait rien à dire pousse un coup de gueule…. Le journaliste complète les points de suspension.

 

On notera que M.Herrera avait , en juillet dernier poussé un coup de gueule contre « les haters ». Peut-être en remontant dans le passé….

 

C’est là, l’avantage du coup de gueule en termes de stylistique journalistique : tout le monde comprend. Il est acclimaté. En plus, gueule est une partie du corps qui parle (dans tous les sens du terme). On peut avoir une tête à correctionnelle avec le délit de sale gueule, mais on peut aussi s’envoyer « plus près de toi mon dieu » avec une « gueule d’ange ». Sur le plan social, il vaut mieux avoir de la gueule même si elle est cassée.

Tout le monde peut pousser son coup de gueule :

Nouvelle pollution des lacs de l’Essonne : le coup de gueule des pêcheurs. Et même dans le Morbihan : A Nivillac, le directeur du cinéma pousse un coup de gueule.

 

Le Coup de gueule ignore les différences sociales. Bien que le Président, n’ait pas officiellement poussé son coup de gueule contre, allez, Boris ou Angela ou Mélanchon, cela n’a pas empêché un fidèle lecteur d'info-chalon.com, de pousser son coup de gueule.

 

L'avantage compétitif du coup de gueule sur les autres manifestations passionnelles : pas besoin de cause ou de raison, ce qui est important n’est pas qu’on pousse un coup de gueule « contre », « à cause », mais bien qu’on pousse un coup de gueule tout court et qu’un journaliste soit là pour le transmettre à la foule.

 

La preuve ?

 

Jean-Marie Bigard : son coup de gueule en pleine émission.

Il n’a absolument rien à dire sur n’importe quoi. Eh bien, en pleine émission, il trouve le moyen de pousser un coup de gueule sur n’importe quoi !

Quand même, tout n’est pas sombre : il est des façons de faire qui honore et la profession de journaliste et les gens qui reçoivent stoïquement les coups de gueule des grands et des sans-grades.

Ici, il nous faut faire béret bas : un coup de gueule de Jean-Pierre Pernaud, ça n’a aucun intérêt, mais quelle gueule !

 

Fureur et violence sans risque

 

Black block ou blac bloc. Violence pure, pour la violence pure. En France, c’est cette forme que revêtent les jeux de bagarre de rue qui passionnent les Anglais, où des abrutis vont faire la baston contre d’autres abrutis, plus ou moins alcoolisés. Eventuellement, lorsque la police essaie de calmer le jeu, c’est contre elle que les bandes s’allient après s’être violemment entre-cognées.

 

La différence, peut-être, avec la France réside en cela que les black block "français" ont besoin d’un quitus moral. Ils ne présentent par leurs violences, destructions, incendies comme un jeu entre copains de bandes « ennemies ». Ils se revendiquent défenseurs et activistes des torrents d’idées altruistes, pleurnichardes et gnan-gnantesques brandies comme des oriflammes par les Associations de défense des pauvres, des malheureux, des souffrants ou les ONG auto-proclamées défenseuses des divers, des migrants, de première, deuxième ou troisième génération, et des femmes (il ne faut jamais oublier de penser aux femmes) et des enfants pédophilisés (il faut penser à la mairie de Paris qui fait tout ce qu’elle peut pour évacuer les collaborateurs qui ont fauté).

 

Les black blocks sont proclamés ultra-gauche par une presse qui informe à coup de stagiaires et d’intérimaires : ultra-gauche ça fait aristocrate de la politique comme autrefois les « ultra » antirévolutionnaires. Ultra-gauche, ça fait gauche qui pense direct comme les coups de poing du même nom.

 

Il n’y a pas si longtemps, on a pu dire que la France avait la gauche la plus bête du monde. Elle a renoué avec les nervis communistes, ceux qui venaient avec des barres à mine depuis les charbonnages dans le Nord ou depuis les usines sidérurgiques de l’Est pour casser du CRS-SS. Les black-blocks, ne sont pas autre chose que cette continuation de la violence au mépris de la démocratie.

 

On pourrait se dire qu’il ne faut pas se plaindre ; c’est un phénomène du samedi soir. C’est un sous-produit de la société de sécurité sociale. On cogne en début de week-end et si on est cogné, heureusement l’hôpital est gratuit et anonyme. Il faudrait tenter l’expérience suivante: si un pouvoir un peu créatif décidait que black block = 0 sécurité sociale, 0 APL, 0 RSI etc... il y aurait fort à parier qu'il y aurait infiniment moins de candidats à la castagne et à l’incendie purificateur.

 

A partir de l’exemple des black blocks, soyons créatifs : pourquoi, plutôt que de priver de liberté sous forme de peines de prison des pauvres types qui ne sont que des paumés, des gens qui ont du mal à la société, des malheureux qu’il faudrait arroser d’un revenu minimum garanti sans travail, pourquoi donc, ne pas les punir par le portemonnaie ? Pourquoi ne pas supprimer toutes ces subventions pendant des laps de temps fonction de la gravité des faits reprochés. Ce serait doublement économique : moins de dépenses pénitentiaires et diminution des dépenses supportées par les divers organismes de sécurité sociale, d’assistance familiale etc… et moins de douleur mentale supportées par suite des incarcérations. (C'est important la douleur mentale).

 

Pour que cela fonctionne, il ne faudrait pas que cette créativité soit mise en cause par les divers responsables de la vie publique, les maires de gauche par exemple, dont l’affection pour l’ultra-gauche est à peine voilée. Ces maires, à Paris tout particulièrement, s’attachent à maintenir des formes de violence, nécessaires selon elles à une subtile excitation et animation de la vie urbaine.

 

Tout récemment, une sorte de « black block party » s’est déployée à Paris avec la bénédiction de la mairie sous la forme d’un défilé grotesque de « gros cubes ». Près d’un millier d’abrutis sur leurs Harley, Triumph, Kawasaki et autres motos du même genre. Fumées puantes, débauche de hurlements de cylindres, klaxon provocateurs, blocage d’une avenue entière. Pourquoi ? Pour pouvoir stationner! Voilà. Manif, autorisée par la mairie. Elle a été contente la mairie! Enfin des black bloks qui ne cassent pas ! Il faut reconnaître que quand on a une moto à 20 000 euros, on est prudent. On ne sait jamais, elle pourrait être abîmée.

 


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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