Consensus


- Consensus de Washington

- Consensus boursier


Le Consensus de Washington.

Les dégradations multiples auxquelles se livrent les Agences de notation avec pour conséquence les appels au rééquilibrage des budgets publics, à la diminution des dettes publiques, à la libéralisation systématique des économies ; les programmes quasi-imposés de privatisations, dénationalisation d’entreprises et de services publics, de luttes contre les monopoles, de réforme des marchés de l’emploi, de réduction des dépenses publiques, du nombre des fonctionnaires et de leurs salaires, tout conduit directement à faire ressurgir et mettre au goût du jour, ce qu’on a appelé le « consensus de Washington ».

L’ultra-libéralisme en pratique

Il s’agit d’un corps de préceptes et de principes en dix points (ou Commandements, comme un fait exprès !!!) qui fut posé par un économiste américain, John Williamson. Celui-ci, s’est efforcé de définir les principales caractéristiques que doit revêtir une organisation sociale et l’action politique qui est menée pour aboutir à une économie équilibrée, juste et soutenable aux yeux des « gens de Washington ». Dans l’esprit de Williamson, sous l’expression « les gens de Washington », il fallait reconnaître le « tout Washington » du Congrès, de l’Administration Fédérale, des grandes institutions financières fédérales et internationales au premier rang desquelles on comptait évidemment, la Federal Reserve, le FMI, et la Banque Mondiale. L’expression est née à l’occasion des médications administrées par ces instances gouvernementales et internationales dans l’exercice de leurs missions pour répondre à des problèmes aigus de financement rencontrés par des pays.

Les idées contenues dans ce fameux « consensus » sont nées dans le courant des années 80 lorsque les crises de paiement et d’hyperinflation se sont multipliées dans l’ensemble des pays en voie de développement et, tout particulièrement, en Amérique Latine. Pour assurer le redressement de ces économies et faire en sorte que les fonds des grandes institutions internationales soient utilisés au plus près de l’efficacité à court terme, un corps de doctrine s’est mis en place. Pure expression d’une doctrine ultralibérale, le « consensus de Washington » est aussi contemporain de l’effondrement des idées dirigistes néo-keynésiennes et de la mise en cause de plus en plus forte des principes marxistes, jusqu’au moment où l’effondrement de l’Union Soviétique, acheva d’en ruiner la crédibilité.

Les « dix commandements » du Consensus de Washington

Sont les suivants :

  1. Discipline budgétaire : car les déficits sont source d’inflation et d’endettement public. Ces déséquilibres aboutissent à des crises de change et une perte de confiance des investisseurs internationaux.

  2. Réorientation des dépenses publiques. A la fois dans l’esprit de l’équilibre budgétaire, de la diminution des charges fiscales mais aussi de la réduction des inégalités sociales et de l’efficacité de ces dépenses.

  3. Action sur les taux d’intérêt par l’intermédiaire d’une politique monétaire équilibrée : il s’agit à la fois de rompre avec les facilités de monétisation de la dette publique, de stimuler l’investissement de l’épargne locale dans des projets efficaces et porteurs d’avenir ainsi que d’attirer les investisseurs.

  4. Un taux de change unique et compétitif, pour que les exportations se développent et pour que les investisseurs étrangers soient intéressés à des implantations de longue durée.

  5. Libéralisation de l’économie et, en particulier, suppression de toutes les entraves à la liberté du commerce en général et du commerce extérieur par-dessus tout. Les corps et les règles intermédiaires ne sont que sources de coûts inutiles et de freins à l’initiative entrepreneuriale.

  6. Ouverture aux capitaux et investissements étrangers afin que l’économie profite de la compétence et des ressources technologiques des entreprises étrangères.

  7. Une fiscalité, mieux répartie entre les agents de l’économie, gestion rigoureuse, diminution des taux les plus élevés mais élargissement de la base imposable.

  8.  Dénationalisations systématiques qu’il s’agisse de monopoles ou de simples participations : l’Etat est inefficace, incompétent, voire corrompu…au surplus le produit de la privatisation permet le désendettement.

  9. Abolition des barrières à l'entrée ou à la sortie sur les marchés de biens et de capitaux.

  10. La  propriété privée et la propriété intellectuelle doivent être promues et protégées.

    Les FMI boys se sont déployés sur toute la planète pour répandre, au gré de leurs interventions, cette bonne parole. Leur réputation en est devenue progressivement détestable. Appliquant ce corps de doctrine « ubi et orbi » sans tenir compte des caractères propres à bon nombre de pays en voie de développement, déniant la place du politique et du culturel au nom d’une soi-disant « vérité absolue » des principes du « consensus », ils ont souvent fait beaucoup de dégâts et provoqué les effets inverses de ceux qui étaient escomptés. Dénigrant le rôle de l’Etat dans l’organisation sociale et économique, ils ont aussi rompu des solidarités qui trouvaient en lui le moyen de s’exprimer.

    Un des « dommages collatéraux » du Consensus de Washington : la réputation du FMI qui ne s’en est pas trouvée grandie. On ne saura pas si l’exécrable réputation du FMI a porté atteinte au magistère que ses pères fondateurs lui avaient attribué. Néanmoins de nombreuses études menées sur le terrain ont conclu à l’efficacité toute relative de ses interventions et des passages, en hôtel quatre Etoiles de ses « missi dominici ».  Le FMI fut pendant un temps conduit à modifier sa façon d’intervenir, très marginalement…et à limiter ses prêts à quelques happy few « solvables ».

    Ce ne sont pas tant les principes que contient le « Consensus » qui sont en défaut, que leur application au nom d’une vérité : celle de l’économie libérale et des mécanismes naturels qui s’y déploient. Cette vérité, « laissez faire la nature, elle vous donnera de la bonne économie », fondée sur des théories économiques à prétention scientifique reviendrait via les Agences de notation.

    On doit se souvenir que les services rendus n’ont pas été à la hauteur des promesses et des annonces tonitruantes de l’ultra-libéralisme !


Consensus


Le prototype du mot passe-partout. On peut le mettre à absolument toutes les sauces : « le consensus, pense, estime, a décidé », « leurs opinions sont le fait d’un consensus », « il faut que la décision soit un consensus solide ».

Le Consensus produit de base de la cuisine boursière

C’est un ingrédient assez banal dans les arrière-cuisines de la Bourse et des marchés financiers. Le consensus boursier est une espèce d’opinion commune qui est agitée sous les nez de la veuve de Carpentras quand elle se demande où placer ses économies. Elle cherche, elle analyse, pour se faire une opinion. Mais évidemment ses moyens sont limités.  Alors elle va s’enquérir des pensées des gens dont c’est le métier que de chercher et d’analyser. Comme elle est prudente, évidemment, elle ne fiera pas aux opinions d’un seul. Et comme, elle n’a pas envie de perdre son temps à chercher les opinions de plusieurs hommes séparément et de se faire une opinion moyenne à partir de toutes les opinions qu’elle aurait pu rassembler, elle va chercher l’opinion du « consensus ». C’est un produit d’information qu’on trouve dans toutes les vitrines de trader, de sociétés de gestion ou de plateformes de négociation. Le consensus boursier, c’est une moyenne des opinons d’un certain nombre de personnes ou d’institutions sur le cours d’une action, les dividendes qu’une société va verser (ou les pertes qu’elle va faire). Le consensus indique à quel point il faut vendre, à quel moment il faut acheter, s’il n’est pas préférable de conserver… le consensus donne des notes aussi bien. Du moins, certains consensus aiment cette formule. D’autres, lui préfèrent des qualificatifs du type « un peu, beaucoup, passionnément ». Les consensus disent quels objectifs de prix ils visent ; les cours qui leur paraissent plausibles dans six mois, un an, deux etc.

Dans ces conditions, les consensus seraient, selon les observateurs, d’autant plus pertinents que les participants à la formation de l’opinion d’un consensus sont nombreux : la Veuve ne peut pas trouver rassurant un consensus à deux, avec des intervenants qui ne représentent qu’eux-mêmes. Elle appréciera sûrement de savoir que, parmi les membres du consensus, se trouvent un ou deux ténors. Si elle aime la diversité culturelle, il ne lui sera désagréable de reconnaitre parmi les membres du consensus un fanatique du chartisme et un amoureux des chandeliers japonais. Parfois, elle ne sera pas troublée par tel consensus qui préfère garder l’anonymat de ses membres. Entre transparence et indépendance, il faut parfois se livrer à des choix dramatiques ! Le seul inconvénient pour la Veuve est qu’il y a de nombreux « consensus », presqu’autant qu’il y a de chapelles dans l’univers de la psychanalyse. Faut-il alors choisir, entre les consensus…laissons ici la Veuve prendre ses décisions en toute indépendance.

L’étrange nature du Consensus.

Et résumons : le consensus est un animal étrange. Il aurait tendance à nous laisser penser qu’au fond les prix du marché ne sont pas les meilleurs indicateurs de ses tendances, contrairement à ce qu’un vain peuple de financier ultralibéraux, de quants et de chartistes penseraient. Donc le consensus, ou plutôt, les Consensus, seraient des moyens plus pertinents que les prix pour guider les décisions d’investissements. La veuve, n’aurait qu’à comparer entre les consensus, ceux des banques, des compagnies d’assurance, ceux des journaux, et des agences de notation… et prendre sa décision : n’est-on pas en pleine finance comportementale ? Ou en pleine organisation de processus moutonnier. Imaginons que toutes les veuves de France s’alignent sur l’opinion positive à l’achat de tel ou tel « consensus ». Il y aurait là une opinion auto-réalisatrice. Dans ces conditions, il faut abandonner l’imperium des marchés et des prix ou rejoindre la psychologie des foules et le mimétisme.

Le consensus, sous ses allures de vérité scientifique en action, c’est une opinion, comme, il en est dans les journaux, la télévision... Or, les opinions sont susceptibles d’être révisées et de changer, elles sont relatives, elles sont humaines, elles sont inexactes. Pas de chance… la veuve de Carpentras aura peut-être décidé d’investir juste au moment où le consensus, modifie son orientation. Elle aura le sentiment d’être abandonnée en rase campagne.

Dans cet univers d’opinions exprimées quel est vraiment la place du Consensus ? Est-il un processus de formation d’opinion, est-il l’opinion elle-même ou la décision ? En tant que processus de formation d’opinion, le consensus dit-il que la majorité l’emporte ou qu’il ne peut y avoir d’opinion « consensuelle » que si la majorité a acquis une forme de légitimité à l’occasion d’un débat présentant une ou des qualités particulières ? Si le consensus, à l’opposé de la décision démocratique n’est pas la victoire d’une opinion sur une autre, n’est-ce alors que la résultante de l’ensemble des opinions exprimées ? Ou le plus petit dénominateur commun ? Ou le plus grand commun multiple, ou la moyenne non pondérée, ou la moyenne pondérée des opinions en tous genres qui se sont exprimées…..

Consensualisme contre démocratie ?

Le consensualisme serait alors l’art de prendre des décisions en mettant tout le monde d’accord. Par opposition au choix démocratique le consensualisme s’énoncerait comme le processus par lequel toutes les opinions sont parties prenantes à la décision et sont valorisées en tant que telles. L’idéal  étant que même les opposants comprennent que la décision n’est pas inscrite dans un univers qui leur est hostile. Le plus grand idéal résidant dans l’adhésion des opposants.

Les critiques les plus violents à l’encontre du consensualisme dans tous les domaines tournent autour de deux pôles : les uns qui dénoncent ce qu’on pourrait qualifier de mollesse de l’opinion moyenne. Elle ne met rien en cause. Elle est là, mais elle aurait pu être ailleurs et si besoin est, elle est changée quand elle ne vaut plus. Le consensus boursier qui est capable de tenir une opinion constante sur plus d’un an est un animal original. On dira que la mutabilité du consensus est le reflet des circonstances. Quand on veut être désagréable on dira qu’elle en est le jouet.

Les autres justement estiment que le consensus est un processus de négation des difficultés, d’effacement des conflits et réductionniste en matière de décision. Une version moins réjouissante est parfois présentée sur le thème : pour aboutir au consensus, les groupes marginalement hostiles sont traités et satisfaits « à part ». Le consensualisme devient alors une technique de gestion des moyens de la puissance et du pouvoir. Il est totalitaire avec la masse moyenne. Avec les extrêmes, il est soit violent et impose l’opinion moyenne, soit corrupteur, négociant l’adhésion au moyen d’avantages qui ne seront pas toujours transparents.



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