Monnaies cryptées et monnaies fondantes

 

Les Echos/ Opinion | Face à l’épargne thésaurisée, la monnaie digitale fondante

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-une-solution-pour-lepargne-thesaurisee-la-monnaie-digitale-fondante-1306001

Comment faire réintégrer le plus vite possible, l’épargne considérable que les ménages ont accumulée depuis le début de la crise du Covid ? Les monnaies digitales souveraines seraient une solution. (Par Pascal Ordonneau, secrétaire général de l'Institut de l'Iconomie) 

Par 

Pascal Ordonneau

 (secrétaire général de l'Institut de l'Iconomie)

Publié le 12 avr. 2021 à 9:02Mis à jour le 12 avr. 2021 à 9:04

 

La crise du Covid a provoqué une explosion de l’épargne des ménages. Que faire de tout cet argent qui s’accumule dans les bas de laine et les comptes en banque ?

On revient ici aux fameuses formules keynésiennes sur le caractère néfaste de l’épargne et sur "l’appel à l’euthanasie des rentiers" ( les agents économiques qui, stockant de la monnaie, créent des "fuites" dans la circulation monétaire).

Pour faire revenir cet argent dans le circuit économique : il y a l’impôt d’un côté et l’inflation de l’autre. Or, depuis le début de la crise, depuis que l’État a décidé d’intervenir massivement, les pouvoirs publics, au moins les pouvoirs publics français, sont allés répétant qu’il n’y aurait pas d’impôt pour apurer les déficits. Le déficit se creuse, la poche des épargnants se remplit, mais il n’est pas question que le second vienne au secours du premier.

Alors l’inflation ? Mais les prix s’obstinent dans la stabilité. On a même vu certains d’entre eux régresser. Mieux encore, les taux d’intérêt se sont effondrés au point de devenir négatifs pour certains emprunts lancés par certains pays. On ne pourra donc pas compter sur le taux d’inflation doublé des taux d’intérêt pour pousser l’épargne vers la consommation.

Quant à ceux qui pensaient pouvoir, faute d’impôts ou d’inflation, s’appuyer sur les bons vieux changements de parité entre monnaies, ils en sont pour leur frais. Comme les taux d’intérêt, les changes monétaires sont stables.

Donc, une impasse, à moins de faire un effort de réflexion et de se livrer à une expérience de pensée. L’inflation a longtemps été accusée de n’être qu’une autre forme de l’impôt. L’un est l’autre sont un mode de réduction du pouvoir d’achat des ménages, voire des entreprises. Peut-on imaginer une façon d’atteindre ce résultat sans pour autant passer par deux formules coercitives, ouvertement pour l’une et sournoisement pour l’autre ?

Faire fondre la valeur de la monnaie

L’expérience de pensée qu’on a évoquée peut prendre la forme d’une utopie ou celle d’un projet pratiquement "implémentable", l’une, en vérité, nourrissant l’autre.

La lutte contre l’accumulation de l’épargne est un vieux sujet. Il a été traité d’une façon originale par les tenants des "monnaies complémentaires". Celles-ci, pour les présenter rapidement, sont des monnaies d’initiative locale (un canton, une région, une ville). Elles sont émises pour compenser ce qu’on pense être la principale cause d’une crise économique conduisant à la dépression, à la destruction d’activités économiques, au chômage et à la misère. L’émetteur, collectivité publique, s’efforce de créer une monnaie de solidarité dont la circulation va permettre de faire redémarrer la consommation…

À condition que les porteurs de cette monnaie ne la thésaurisent pas ! Cette crainte a trouvé son antidote dans la formule des monnaies fondantes.

Une monnaie fondante c’est une monnaie dont la valeur, c’est-à-dire le pouvoir d’achat, régresse avec le temps de sa détention. C’est un moyen non ambigu de faire comprendre aux détenteurs d’encaisse qu’il ne faut pas tarder à consommer. Plus on tarde, moins on profitera de l’argent mis de côté ! La formule peut paraître utopique. En fait, elle a donné lieu non seulement à expérimentation, mais aussi à mise en exploitation. Son inventeur, Silvio Gesell prônait que les sommes thésaurisées devraient perdre 0,1 % par semaine, soit 5,2 % par an. Il fut suivi en pratique par un Autrichien, Michael Unterguggenberger, bourgmestre de Wörgl. Il lança une monnaie qui "fondait" à hauteur de 1 % par mois. 12 % par an.

Ces idées étaient belles, mais les difficultés étaient importantes et, généralement les autorités monétaires, une fois remises de leur surprise, firent tout ce qu’il fallait pour saboter ces initiatives.

Fermez le ban ? Pas du tout ! Ces derniers temps, l’idée revient par le biais des monnaies digitales souveraines. Dans la version la plus aboutie de ces propositions se retrouvent les moyens d’identifier les "jetons" individuellement et de les "marquer" à la fois selon leurs titulaires successifs, selon leur utilisation, et selon les caractéristiques de leur détention, dont la durée. C’est ainsi que la gestion monétaire pourrait devenir très fine. Et, précisément, c’est ainsi que les "jetons" étant identifiés et localisés, il deviendrait possible, parmi toutes les options, d’affecter des taux de dévalorisations appuyés sur les durées de détention identifiées via les caractéristiques enregistrées et cryptées de "chaque" jeton.

On entendra que ceci conduit à briser la confidentialité et l’anonymat de la détention d’actifs monétaires. On retiendra que les solutions prétendant à la réinsertion de l’épargne thésaurisée viennent de trouver ici une formulation à la fois originale et moderne !

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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En collaboration: Institut de l'Iconomie

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