Quelques notes brèves sur les monnaies cryptées et la blockchain

                                           Quelques unes de ces chroniques sont parues dans le blog de la gestion du Patrimoine

Quelques questions posées sur facebook

Louis dit que ça n'a rien à voir avec le "pump and dump" (système pyramidale avec ceux en tête qui revendent tout lorsqu'une certaine somme est atteinte) et que de plus, le bitcoin a déjà dépassé les 5000 :) et que personne ne sait vraiment qui l'a créé (toujours des rumeurs). Il dit qu'il est d'accord qu'il y a des trucs pas nets dedans mais que le bitcoin ne marche même pas comme une pyramide de Ponzi.

Bon moi j'y connais rien je ne fais que relayer mon question-réponse

 

Pump and dump renvoie à une technique de trading.

 

Elle s’observe très facilement sur les graphiques de courbes du bitcoin. On y voit très clairement manifestées les poussées violentes et impulsives d’offre qui conduisent à des baisses de prix très fortes dans des périodes de temps très brèves et inversement, des poussées de demandes associées à des hausses de prix. C’est le mode privilégié du fonctionnement du high speed trading ; l’objectif, créer des espaces d’opportunité à très faibles variations mais à très hautes fréquences qui permettent des gains eux aussi très faibles mais qui sont fortement cumulatifs.

 

C’est une technique condamnée sur les marchés financiers régulés ; en effet, c’est une pure technique spéculative, dont l’objectif est le plus souvent le petit porteur, désorienté qui réagit instinctivement ou dans l’affolement : une fois qu’il a vendu (au plus bas) ou acheté (au plus haut) le spéculateur prend la position inverse. Tout ceci n’a rien à voir avec les valeurs cotées et les fondamentaux des entreprises.

 

Le bitcoin a déjà dépassé les « 5000 ».

 

Je ne sais pas à quoi renvoie cette remarque, mais, oui , il a dépassé les 5000 puisque courant décembre il était à 20 000  (dollars, l’unité). Le fait est qu’ il s’est effondré depuis et est retombé en deux paliers à 6600 (il a donc perdu en trois mois, les deux-tiers de sa valeur. La limite de 5000 est très psychologique : elle peut provoquer une panique à la vente de la part de certains porteurs. D’une part, les « petits » qui ont parfois emprunté pour acheter des bitcoins, voient que leurs actifs sont en danger alors qu’ils comptaient sur la progression de leur valeur pour rembourser leurs emprunts. D’autre part, certains institutionnels, hedge funds en général, ne peuvent pas se permettre d’afficher des bilans affectés de fortes dépréciations d’actifs (à la clôture de leur bilan en dec. Le bitcoin à 20000 puis, à la clôture intermédiaire-quarterly- il est à 6600 !!!). Leur risque est de faire douter leurs apporteurs de capitaux et leurs prêteurs qui leur reprocheront une mauvaise gestion.

 

Si la panique s’installait, cela aurait un impact sur toutes les monnaies cryptées et sur les ICO’s.

 

Bitcoin et pyramide de Ponzi

 

 

Une pyramide de Ponzi consiste à faire croire à des détenteurs de capitaux qu’ils obtiendront de très beaux rendements d’un placement sur des actifs bidonnés, sur du vent. C’est exactement ce qu’il se passe avec le bitcoin : la spéculation fait grimper les prix. Les premiers acquéreurs sont contents, ils gagnent de l’argent grâce à l’apport des suivants et ainsi de suite : une pyramide de Ponzi s’interrompt (parfois au bout de plusieurs années, voir Madoff) quand la masse de capitaux devient trop importante ou quand un gros investisseur décide de se retirer du schéma et assèche d’un seul coût les liquidités du « gestionnaire ». 

D’où viennent les monnaies cryptées ?

 

L’histoire de la monnaie fait intervenir quelques « héros » économiques : ce sont Crésus qui invente la frappe de monnaie, Palmstruc le billet de banque, Henri Germain qui théorise la banque universelle et enfin Satoshi Nakamoto à qui on devrait le Bitcoin.

Sauf qu’il semble bien qu’aucune personne n’a jamais porté ce nom ! Passons sur les héros !

 

Les monnaies cryptées, sur le plan des idées, ont une filiation avec les grandes idées libertariennes dont les racines plongent dans l’histoire des Etats-Unis : on cite alors les philosophes transcendantalistes que sont Emerson et Thoreau et leur philosophie : supériorité de l’Homme sur la Société, sa liberté au-dessus des règles étatiques, démocratie directe comme seul moyen de gouvernement etc.

 

Mais pour faire émerger une monnaie cryptée, il ne suffit pas de quelques grandes idées ! Une organisation, des technologies, des procédures s’imposent. L’informatique est venue très vite fournir les moyens de gestion de fichiers de base, « les comptes », la technologie et les procédures internet ont apporté les techniques de communication, « les transactions », et un contenu au concept d’open source, « la démocratie ». Enfin le troisième morceau de la « mécanique monnaie-cryptée », la cryptographie, a connu une expansion et une vulgarisation fulgurante dans les trente dernières années.

 

L’aboutissement d’un long processus

 

Pour autant, la coordination de cet ensemble d’éléments n’est pas venue d’un seul coup et le « génie de Satoschi » n’est que le point final mis à toute une série de tâtonnements pour résoudre les problèmes soulevés par l’automatisation intégrale de la gestion des fichiers « comptes » et la création de monnaie dans le cas des monnaies dites «minées».

 

Au tout début, dans les années 90, il s’agissait de faire fonctionner des « fichiers » à l’image des « comptes bancaires » sachant que les opérations d’identification des opérateurs, des opérations, des soldes disponibles, du sens des transactions et de leur authentification devaient être automatiques et anonymes. Ces techniques ont été rendues possibles par le fait que les processus « internet » et leurs applications sont devenus des techniques universelles.

 

Le rôle des techniques de cryptage

 

Puis, ont été développées les techniques de cryptage « peer to peer » fondées sur le fait que les problèmes listés plus haut peuvent être résolus «scientifiquement » ou « mathématiquement » en impliquant les utilisateurs et leur équipement informatique. Sont nées dans ce but les fameuses « proof of work », popularisées par l’image de puzzles informatiques préalables à «l’authentification et à la datation» de toute transaction soumise à la «démocratie » des «peers».

 

Pour fluidifier les traitements opérationnels et les rendre irréversibles, une technique dite Blockchain fondée sur la résolution de problèmes mathématiques s’est imposée. Vulgarisée par le lancement du Bitcoin vers 2009, elle sera un peu plus tard un des éléments centraux de l’Ether.

 

 

Qu’est-ce qu’une monnaie « cryptée » ?

 

« Chiffrement », « crypté » sont des notions qui renvoient à l’obscurité et au souterrain (une crypte). Dans une définition moderne et technique, « crypté » concerne ce qu’on veut cacher et rendre inaccessible. Ce qui est crypté peut être décrypté pour autant que les auteurs du cryptage l’acceptent. Tout dépend alors de « clefs » de décryptage dont la sophistication n’a pas de limites, si ce n’est de coût, de temps et de risques.

 

Pourquoi appliquer à la monnaie ce terme qui semble appartenir au domaine du renseignement et de l’information ?

 

On dit d’une monnaie qu’elle est cryptée quand les échanges dépendent de processus de chiffrement auxquels adhèrent les utilisateurs de cette monnaie. Ces processus ont pour objet de valider les opérations de paiement comme étant des opérations où le débiteur est identifiable, où il est bien titulaire des unités de compte qu’il va utiliser pour payer, où ces unités de compte au crédit du compte sont bien disponibles et où le débiteur les adresse à un créancier et à un seul.

 

En d’autres termes, dans le contexte d’une crypto-monnaie, l’opération est traitée comme la banque du « payeur » la traiterait pour le compte de son client. Sauf que le processus mis en œuvre est conçu pour se passer de toute banque et s’appuyer sur des mécanismes indépendants de toute intervention humaine ou institutionnelle.

 

Le système des crypto-monnaies leur substitue des modes de chiffrement destinés à protéger la sécurité des « messages » que sont les opérations tant en ce qui concerne leur émission et leur réception que leurs émetteurs et récepteurs ; ces modes vont même plus loin dans le contexte particulier des monnaies appuyées sur la blockchain (ce qui est le cas de la très grande majorité des monnaies cryptées). Non seulement elles mettent en œuvre des processus d’identification des personnes et des opérations, mais aussi l’identification de chaque unité de compte utilisée. Les vérifications portent sur l’historique de l’intégralité des événements où cette unité de compte précise a été utilisée.

 

Une monnaie traçable garantie par cryptage

 

La comparaison avec un moyen de paiement banal, le billet de banque, conduirait à ceci : chaque billet serait « suivi » grâce à son numéro dans toutes les transactions auquel il « participe » ; le titulaire du billet accepterait, lors d’une transaction où ce billet est utilisé, de le soumettre à une enquête détaillée permettant d’expliquer pourquoi il se trouve dans son portefeuille !

 

 

Les monnaies cryptées sont donc des monnaies dématérialisées, inscrites sur des registres ou fichiers informatiques dont les unités de compte sont identifiables et traçables absolument depuis leur création jusqu’à la dernière transaction. Elles s’échangent selon des modes d’identification des acteurs et des transactions de telle sorte que rien ne peut se déboucler tant que le « décryptage » n’a pas été mené à bien. Le risque de paiement en double (ou triple) est éliminé par la difficulté des calculs (algorithmes) de chiffrement. Les traditionnels « tiers de confiance » que sont les banques et les interventions humaines ou institutionnelles qui les caractérisent sont remplacées par les techniques de cryptage essentiellement mathématiques.

 


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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