Stable coins

Les stable coins ou comment faire du nouveau avec de l’ancien ?

parution dans les echos

 

Les stable coins font partie de cette multitude d’innovations que les techniques informatiques ont rendu possibles dans les années qui viennent de s’écouler. Sont-elles des innovations à proprement parler ? Quelques commentateurs évoquent la permanence de vieilles techniques qu’on a époussetées pour en faire des neuves.

 

 

La définition la plus simple des stable-coins s’exprime ainsi : monnaies digitales (coins) reposant sur des actifs destinés à en stabiliser (stable) le cours. Ce sont des monnaies dites privées parce qu’émises en dehors des responsables traditionnels de la monnaie : les fameux « tiers de confiance », les banques qu’elles soient centrales ou commerciales dont le bitcoin nous a appris qu’ils jouent un rôle néfaste au détriment des agents économiques petits et grands.

Ces monnaies depuis leur multiplication se sont montrées volatiles, circulant petitement et peinant à se poser en tant que réserve de valeur en raison d’une liquidité erratique. La créativité monétaire n’ayant pas de limites : pour ne plus s’exposer à ces défauts sont apparus les « stable coins », des monnaies privées arrimées à des actifs financiers (ou autres) de telle sorte que leur valeur est stabilisée.

 

Les stable coins sont-ils le produit de l’innovation monétaire ?

Il faut ici citer un responsable de la Federal Reserve, le gouverneur Waller qui dans un speech en date du 17 novembre 2021, déclarait « en dépit du jargon qui environne les Stable Coins, on peut les voir comme une nouvelle version de quelque chose et de plus ancien et plus familier, les dépôts en banque ».

S’il avait voulu remonter dans le temps, il aurait rappelé que ce « quelque chose de plus familier » se nommait or, argent ou les deux à la fois. S’il avait voulu retourner aux racines historiques de la monnaie moderne, c’est-à-dire du billet de banque. Il aurait pu aussi évoquer la naissance du billet de banque en Chine et ses sous-jacents en marchandises gérées par des guildes et stockés en garantie dans leurs entrepôts.

De fait, énoncer que les stable coins sont des monnaies digitales dont la valeur repose sur des actifs financiers ou physiques donne le sentiment qu’on a badigeonné une bonne vieille technique millénaire au moyen d’une de ces terminologies anglosaxonnes censées marquer des ruptures « dramatiques ».

Revenons au point de départ du débat : Pour lancer une monnaie, c’est-à-dire un moyen de solder créances et dettes entre agents économiques privés ou publics, il faut que les créanciers croient qu’ils recevront la juste contrepartie de leur transaction et que les débiteurs soient confiants dans la perception par les créanciers qu’il s’agit-là à d’un incontestable moyen de compensation.

En termes pratiques, on est conduit vers les concepts de liquidité, d’acceptabilité et de fongibilité qui sont au fondement de la théorie et de la pratique de la monnaie et on en viendrait à observer qu’un stable coin qui aurait l’or comme sous-jacent ressemblerait comme un frère à un billet de banque dans un système mono-métallique Or. Il en aurait les qualités, comme les défauts.

 

Les stable coins à la merci de la « fonte du sous-jacent »

Les stable coins qui ont été lancés s’appuient sur des « sous-jacents » constitués de monnaies ou d’actifs dits « souverains ». La plupart s’appuient sur le dollar. Cela leur a-t-il réussi ? La vérité est que les « stable coins » ne sont pas des succès bien qu’ils se soient montrés bien plus stables que les monnaies digitales privées dénuées de sous-jacent ; en revanche, leur taux d’acceptation n’en a pas profité.

Pourquoi s’en méfier ? Dans un premier temps, il faut que ces monnaies rassurent grâce à la réalité de leur « sous-jacent ». La réponse classique est « blockchain et smart contract » là où la majeure partie des acteurs de la vie économique attend qu’on réponde : tiers de confiance ou plus précisément institutions de supervision solvables.

Car on peut craindre que le sous-jacent d’un stable coin s’éloigne progressivement de la couverture annoncée lors de son lancement.

-        Pour des raisons de profit : le recours aux sous-jacents en monnaies souveraines traditionnelles, se traduira par un partage des profits avec leurs émetteurs.

-        Pour des raisons stratégiques : à reposer sur des monnaies qui sont intrinsèquement « produites » par les systèmes monétaires souverains, tout stable coin se place au risque de leur contrôle

-        Pour des raisons techniques : plus nombreuses seront les transactions en « nouvelle monnaie » et plus il sera difficile d’en suivre l’exacte couverture. C’est un problème très traditionnel dans les échanges monétaires classiques qu’il s’agisse d’échanges bancaires ou d’échanges financiers.

-        il faut aussi évoquer des aspects moraux: ce serait le cas où le sous-jacent serait employé pour d’autres opérations plutôt que de demeurer bloqué à la garantie des stable coins. L’émission de nouveaux stable coins ne serait plus contrôlée.

 

C’est ainsi que loin d’être une pure innovation « disruptive », les stable coins peuvent se montrer tout aussi instables que les « classiques » monnaies digitales privées et tout aussi peu prudentes que les monnaies dont la production n’est pas insérée dans un système puissamment réglementé. 


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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