Le bitcoin entre inutilité et effondrement

 

 

Les observateurs des monnaies cryptées pensaient sûrement qu’ils allaient pouvoir se concentrer sur ce que le bitcoin sait faire : mettre de côté les fabricants de monnaies souveraines bidon et protéger le petit épargnant contre les manifestations malfaisantes de l’inflation et de la volatilité du dollar (pour ne parler que de celui-ci).

 

Donc, le bitcoin étant apaisé pourquoi en parler, pourquoi le mettre à nouveau sur le devant de la scène financière ?

 

Le Bitcoin dévisse, crise de la maturité ou crise de vieillesse ?

 

Il faut répondre aux questions qui se posent de façon directe et simple : l’inflation et le dollar. Le bitcoin, c’est entendu depuis que les monnaies cryptées sont cryptées, devait permettre à ses « porteurs » d’être protégés contre l’inflation, mieux que l’or, mieux que le dollar (on a envie d’ajouter, et mieux que l’immobilier).

 

Or, dans le contexte actuel de hausses des prix, de hausses des taux d’intérêts, de hausse du dollar contre toutes monnaies mais surtout contre euro, le bitcoin, loin de se tenir fidèle au poste, soudé à la rambarde et se tenant ferme face à la tempête, vient de dévisser, ou, plus exactement, continue à dévisser. Il avait réussi l’ascension des 70 000 (dollars l’unité). Il avait plongé à 45 000 presque dans la foulée. Le voilà maintenant au niveau de 32 000, faisant replier sa capitalisation boursière de près de 50% soit 500 milliards ! Relevons que c’est déjà arrivé et que cela ne devrait étonner personne. En revanche, voici ce qui est nouveau : il suit une courbe descendante alors que le dollar suit une courbe ascendante et alors même que l’inflation explose.

 

Où est l’erreur ?

 

Peut-être dans nos remarques : les défenseurs de la monnaie cryptée reine, n’ont cessé de le dire, le bitcoin ne doit pas être jugé dans l’instant des salles de marché, ni dans les cotations sur de trop courtes durées. Le bitcoin, parce qu’il est essentiellement nécessaire, ne devrait pas subir un très long revers : il reviendra dans des hausses fulgurantes, il s’arrimera à « 100 000 à la fin de l’année », et puis, il ne serait pas surprenant qu’on tangente le million quelques années plus tard. Il faut savoir attendre.

 

Et pourtant, selon un observateur « Il est important pour le bitcoin de se redresser, car un passage sous ce cap symbolique (32 000) pourrait entraîner un effet domino et les pertes pourraient s'accentuer », et de répéter que le bitcoin est « un actif à risque ». Si tel est le cas comment a-t-on pu penser qu’il serait stable comme l’or et un rempart contre l’inflation ?  En cause, l’éloignement d’Elon Musk, trop occupé ailleurs pour s’occuper de ce qui l’a amusé un temps ? Difficile à croire : Elon Musk n’est pas la seule « grosse baleine » à porter le Bitcoin.

 

Le bitcoin ou la lutte des plus-values contre les rendements

 

Le placement que fit E.Musk, était-il à risque ? Pour le patron de Tesla, surement pas ! Cela ne jouait que sur une fraction de ses liquidités et d’ajouter que les taux d’intérêts des placements de trésorerie en monnaies « fiat » étaient si bas qu’il valait mieux s’en éloigner.

 

Les taux d’intérêts qui n’avaient pas cessé de plonger donnaient raison à E.Musk. Les placements classiques, en dettes souveraines ou en dettes d’entreprises, donnaient des rendements extraordinairement faibles quand ils n’étaient pas négatifs. Cet affaissement du rendement se diffusait sur les usances. La France en vint, malgré une situation économique un peu fragile à emprunter sur 25 ans à des taux négatifs. On s’interrogeait sur la santé mentale du monde financier et on courait vers les « offreurs de papier » pour arracher des morceaux de dettes souveraines ou privées.

 

Parmi les conséquences de cette « folie », la folie des plus-values ou autrement formulé, la folie des achats d’actions, parts, et autres valeurs mobilières. La folie aussi de valeurs mobilières qui ne sont ni des actions ni des obligations : les ICO’s.

 

Enfin, bouclant la boucle : la recherche de plus-values était amplifiée par une dette quasiment sans intérêt, distribuée largement pour financer des opérations en capital.

 

Les derniers moments d’euphorie ont vu le bitcoin adopté comme monnaie légale par le Salvador… sans que la population se soit précipitée sur cette innovation monétaire. Tout récemment, c’est la RCA, République Centre Africaine, deuxième pays le plus pauvre du monde qui s’y lançait, malgré les observations de ses pairs africains.

 

La hausse des taux, la baisse des cryptos

 

On en revient donc à cette question : Pourquoi le bitcoin, en pleine crise de tout, des devises, des taux d’intérêts, des cours de bourse, ne se présente pas à nous comme le protecteur qu’on annonçait ? On peut admettre qu’en tant que monnaie il n’ait pas été convaincant. Qu’il a dû affronter ses pires ennemis, les banques centrales. Qu’en tant que monnaie, la présence de « grosses baleines » spéculant sans cesse était incompatible avec la mission de service public que doivent assumer toutes les monnaies. Qu’en tant que moyen de paiement sa lenteur et les coûts de fonctionnement le disqualifiaient.  Donc, exit le réve de la monnaie universelle, libre et indépendante. Mais, ici, on lui demandait surtout de faire ce qu’il avait claironné sur tous les toits : protéger. Il aurait dû se substituer à l’or, cette « relique barbare » comme Jacques Rueff l’avait suggéré en son temps. Il aurait dû se substituer au dollar dont les fluctuations sont aussi nocives que sa dépendance aux bonnes volontés politiques d’un seul pays.

 

En vérité, il s’est égaré dans l’univers impitoyable des « spielers ». Les fameuses « grosses baleines » accompagnées des gros spéculateurs dans le genre Elon Musk, ont été suivies par une myriade de petits épargnants qui se racontaient les merveilleuses histoires des malins qui avaient acheté à 100 et revendu à 70000.

Le nœud du problème est ailleurs : un nombre considérable d’opérations sur bitcoin était appuyé sur des effets de levier complètement déraisonnables faisant du bitcoin un actif financier pur ne reposant sur absolument rien que des espoirs de gains en plus-value. Dans ce domaine, moins l’investissement en fonds propre est élevé plus les multiples de gains sont élevés. Donc, de nombreux acteurs économiques se sont endettés profitant d’intérêts qui étaient réduits à leur plus simple expression pour constituer des portefeuilles composés majoritairement de monnaies « crypto » dont le bitcoin et obtenir une surmultiplication des gains. Le système bancaire n’a pas été innocent dans cette affaire. L’argent que les banques centrales déversaient pour faire face aux crises successives, subprimes, crise de la dette, Covid, a été, faute d’opportunités d’investissements, affecté à de pures opérations financières appuyées sur des valeurs sans sous-jacent solide, sans réalité économique.

 

Or les intérêts remontent sous l’impulsion des banques centrales provoquant des baisses sur placements financiers et tout particulièrement ces placements en actifs qui n’ont aucun sous-jacent et qui donc ne rapportent rien. Il en résulte logiquement des révisions drastiques de composition de portefeuille. Comme il se doit, les emprunts consentis affectés à des actifs sans rendements, sont les premières victimes des arbitrages.

 

 

C’est ainsi que le Bitcoin baisse alors que les taux d’inflation progressent de même que les taux d’intérêts, de même que le dollar. Le bitcoin est le produit d’un moment particulier de l’économie monétaire mondiale : la surabondance voire l’exubérance de la liquidité. Le retour aux fondamentaux ne sera pas une bonne nouvelle pour le bitcoin ni pour aucune crypto-monnaie. 

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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