Le krach du bitcoin

- La folie bitcoin en proie à la chute des cours. paru dans les Echos.

- La poule « bitcoin » et l’œuf du marché « les cours »

- Le Bitcoin pourrait perdre 90% de sa valeur ?

- Que comprendre des hausses et des baisses du Bitcoin

La folie bitcoin en proie à la chute des cours

 

Bitcoin a ‘Greater Fool Theory’ Investment? “As an asset class, you’re not producing anything, so you shouldn’t expect it to go up. It’s kind of a pure ‘greater fool theory’ type of investment.” Quant à Mr Munger, il ne mâche pas ses mots :It’s “anti-social, stupid and immoral.”

 

Evidemment, ce ne sont que propos de vieux « billionnaires » ceux que tiennent les Warren Buffet, Charlie Munger et autres personnalités incapables de voir les forces disruptives à l’œuvre. Ils sont dans le confort de fortunes considérables et ne peuvent donc se rendre compte à quel point le monde est en train de changer et comme les crypto-monnaies et blockchains en sont les instruments.  

 

Le bitcoin qui a sévèrement plongé (une fois de plus) et qui, à nouveau, a atteint ses « plus bas que jamais » est de plus en plus souvent mis en cause entraînant dans son sillage l’ensemble des crypto-monnaies et faisant peser quelques menaces sur le monde des ICOs. De son plus bas, d’il y a quelques jours plus tard, le bitcoin avait semblé se relever. A cette occasion on vit déferler sur les « réseaux » les soupirs de soulagement, les commentaires souriants et  entendus des gourous qui commençaient à déprimer. Il est vrai qu’il est beaucoup plus difficile de rassurer ses suiveurs dans les périodes d’effondrement des cours que dans celles où le ciel semble enfin à portée des arbres. Soulagements de joueurs de roulette, ceux-là qui ne souviennent plus combien ils ont perdu mais sautent de joie quand un petit signe de gain surgit enfin des brumes du jeu.

 

Dans ces moments, le commentateur qui passe son temps à jouer les lanceurs d’alerte fait penser à Caton l’Ancien et à ses invectives contre Carthage.

 

Qui en voudrait au bitcoin ?

 

Il a baissé en début 2018 ? Ne fallait-il pas y voir l’effet « futures ». Les produits structurés à base de bitcoin lancés par des fonds d’investissements dynamiques aurait eu un effet dépressif sur les cours : en effet, pour monter des produits « bitcoin », il fallait bien disposer de réserves de la monnaie cryptée reine. Les fonds d’investissement avait probablement fait monter les cours en achetant ce dont ils avaient besoin. Puis, leurs emplettes faites, ils s’étaient retirés, provoquant un vide, néfaste pour le maintien des cours.

 

C’est une explication, mais, dans cet esprit on en trouve d’autres : par exemple pour la baisse qui a eu lieu courant Avril, le fautif aurait pu être, un Hack particulièrement audacieux et fructueux (pour les hackers). Un peu plus tard on insinua que la faillite d’une grosse plate-forme aurait causé un plongeon du cours.

 

Si on voulait aller un peu plus loin, d’aucuns, à commencer par les autorités de marché américaines commençaient à penser à des manipulations de cours. Les commentaires allaient bon train sur les fonds d’investissement énormes et leurs bonnes ententes.

 

Ce ne sont cependant pas les annonces qui manquent pour des lendemains qui chantent et des cours qui deviennent vertigineux : Phillip Nunn, chief executive officer chez Manchester Blackmore Group installé à Manchester continue à croire très fort en l’avenir du bitcoin. Pour lui, c’est certain, à la fin de 2018, le bitcoin sera passé à 60 000 dollars, venant de 6 000.

 

Le célèbre Steve Wozniak “co-inventeur de Apple” n’a-t-il pas lancé déclaré ubi et orbi qu’il espérait que le bitcoin devienne un jour a “one-world currency”, opinion partagée par quelques enthousiastes.

 

D’autres arguments sont assez surprenants ! Une analyse vaguement chartiste s’appuie sur la bonne nouvelle de la baisse des volumes de vente ( mais on rappellera que si les volumes de vente baissent, les volumes d’achat, suivent le même chemin !!!) et sur le fait que lorsque les cours plongent, les plongeons sont moins impressionnants qu’au début de l’année 2018. “The trend is ‘flattening out’ » C’est faire peu de cas de la succession des montées et des descentes qui donnent non pas l’image d’une tendance à la stabilisation mais plutôt de celle d’une baisse.

 

Vers les 5000 et moins

 

En revanche, il est frappant de constater que les opinions même les plus mesurées commencent à prendre leurs distances et on peut lire ici ou là que le passage du bitcoin à « 5000 » (ou moins encore) est possible, probable et même certain.

 

« Pourquoi le bitcoin n'est pas l'avenir de la monnaie » dans cet article, Rober Skidelsky, professeur d’économie politique à l’université de Warwick, fait un sort aux idées libertariennes et s’étonne même qu’on en soit encore à débattre de questions aussi évidentes : la monnaie libertarienne n’existerait pas.

 

Même le CEO de Goldman Sachs, dont les fans du bitcoin avaient loué la “vision”, semble revenu sur ses enthousiasmes déclarant qu’il n’aimait pas la crypto-monnaie reine dont il pensait qu’elle pourrait bien être une bulle. A Goldman Sachs, le scepticisme aurait supplanté une stratégie “crypto” orientée.

 

Dans quelques articles précédents, on avait listé les nombreuses raisons pour lesquelles les cours du bitcoin s’orientaient à la baisse depuis le début de cette année. Une chronique où l’idée que le bitcoin pourrait bien perdre 80% de sa valeur avait valu à son auteur de violentes prises à partie. « Par qui était-il payé pour tenir en permanence des propos défaitistes ». Mais les esprits changent et se découvrent de nouvelles raisons de voir le bitcoin dans de mauvais draps.

 

Parmi les raisons nouvelles, celle-ci qui indique que si le bitcoin fait encore rêver ceux qui s’y sont aventurés, les « early adopters », il attire beaucoup moins de « nouveaux entrants ». Son marché manque de « new adopters ». Le déclin de cet intérêt est retraçable au travers des requêtes “bitcoin” sur Google. Une récente étude a montré que, depuis le mois de décembre, elles ont baissé de 85%.

 

Quelques arguments techniques viennent renforcer ces traits négatifs : c’est ainsi que Brad Garlinghouse CEO de Ripple, faisait valoir que les transactions sous XRP était « un millier de fois plus rapides » que celles impliquant le bitcoin, décrite comme « quite slow ». Les comparaisons avec des spécialistes du paiement à distance comme Visa avaient déjà montré que pour effectuer une transaction en bitcoin, il fallait être patient, la faute à la POW, “proof of work”.

 

En France, l’hostilité des autorités bancaires et financière est toujours aussi vive. Elle ne craint pas l’anecdote !!! Après « l’affaire Nabilla », le tennisman Gaël Monfils passionné de monnaies cryptées s’est attiré les foudres de l'Autorité des Marchés Financiers.  «L'AMF rappelle à Gaël Monfils que c'est au mieux très risqué, au pire une arnaque ». Le tweet est suivi d'un lien vers sa page internet alertant sur les risques du bitcoin et autres cryptomonnaies. (in les Echos).

 

 

C’est la dernière tendance, les régulateurs se font facétieux : la SEC n’a-t-elle pas lancé une fausse ICO… qui aboutit sur son site à la rubrique « méfiez-vous des arnaques.

La poule « bitcoin » et l’œuf du marché « les cours »

 

 

Les malheurs du bitcoin sont exposés dans une note récente parue dans CNN à l’adresse suivante 

https://www.ccn.com/bitcoin-price-drop-from-20000-likely-due-to-market-manipulation-traders/

 
Le titre qu’on a proposé n’est pas fondé sur l’ambiguïté du mot volatile qui s’applique indifféremment aux poules et au fonctionnement des marchés de valeurs. Il vise à remettre d’aplomb des raisonnements qui ont été pris à l’envers et faire en sorte qu’on place les causes avant les effets et qu’on ne prenne pas ces dernières pour des causes.

Les prix du bitcoin se sont effondrés à cause des marchés à terme

Une petite équipe d’analyste a découvert, grâce aux graphes, que le« “Bitcoin reached its all time high (ATH) on December 17th of 2017, the exact date that CME futures trading began”. On n’insistera pas sur l’expression grandiloquente et grotesque du «all time high» qu’affectionnent les commentateurs des crypto-monnaies. On a l’impression qu’ils assistent à un match de base-ball et qu’ils enregistrent des paris (ce qui, en vérité, est assez près de la réalité)

Donc, les prix ayant atteint des sommets, c’est-à-dire dans l’esprit des analystes les prix qu’ils devaient atteindre en tout état de cause et avant le grand bond en avant vers les 50 000 de fin 2018 et les 500 000 des années ultérieures, les mauvais génies des bourses de commerce se sont déchaînés, usant de pratiques douteuses, ventes à terme, shortage, contrat pour la différence, achats à découvert, afin de provoquer la baisse inopinée de la monnaie crypto reine, le bitcoin, et, dans la foulée, celle de toutes les autres.

On dira que cette critique est étrange quand on se souvient que l’introduction de contrats « futures » sur les bourses du Chicago Mercantile Exchange et du Chicago Board Options Exchange (principale bourse d'options des Etats-Unis) fut saluée par des quasi feux d’artifice. Enfin, la crypto monnaie était reconnue pour ce qu’elle était : une monnaie dans toute sa splendeur (mais on notera qu’à Chicago ce sont surtout les matières premières qui sont traitées !). Le Bitcoin allait poursuivre sa conquête du monde et les allégeances, c’est-à-dire son taux d’acceptation , allaient exploser laissant les monnaies « fiat » ou « souveraines » dans leurs marigots entre banques voleuses et tiers de défiance.

Patatras ! en l’espace d’un mois, le Bitcoin s’effondrait de 20 000 à 10 000 ! Il revenait un peu par la suite, pour replonger à nouveau, pareil à l’ivrogne qui n’en est qu’au début de sa cuite. De fait, après s’être remis d’aplomb, mais quand même bien loin des « ATH » autrefois célébrés, le voilà qui rechutait.

Les traders qui attendaient des marchés « de futures », profondeur, liquidité, stabilité et hausse des cours (évidemment), n’y comprenant plus rien se sont efforcés d’analyser les événements. Mais, comme ce sont des traders qui fonctionnent à court terme, leur horizon s’en est ressenti :  leurs graphes et leurs analyses débutent au jour où le cours « ATH » fut atteint.

Pourquoi avoir commencé l’analyse le 17 décembre 2017 ? S’ils avaient suivi l’enseignement de Nicolas Taieb, ils en seraient peut-être venus à penser que le point « ATH » de la dinde de Noël, c’est le 23 décembre. Elle est grasse comme il faut et complètement déstressée, car elle a passé une année délicieuse où chacun s’est efforcé de la combler. Exactement l’histoire du bitcoin pour qui l’année 2017 a été celle de tous les miracles : son cours y a été multiplié par 20 !

Quand la référence d’une analyse est à l’envers….

Si les traders analystes avaient choisi le 17 décembre 2016, ils se seraient trouvés confrontés à une incroyable explosion des cours du Bitcoin. Cela n’aurait pas pu ne pas avoir un effet sur leur analyse : comment expliquer pareille explosion ? n’est-il pas intuitivement naturel qu’après l’explosion, se manifeste une implosion (les arbres ne montent pas au ciel, le 24 décembre est un jour noir pour toutes les dindes de noël).

C’est un vrai « gap épistémologique » cher à Bachelard : l’objet de l’analyse n’est pas de comprendre pourquoi le point « ATH » a été atteint mais, pourquoi le bitcoin a décroché. Toute autre analyse est superflue et les chiffres des mois qui précèdent sont placés hors du champ de l’appareil.

Il aurait pourtant été utile de se pencher sur ce phénomène rarissime sur un marché financier: la multiplication d'un cours par 20. S’ils l’avaient fait, ils n’auraient pas pu ne pas constater, que la création des marchés à terme qu’ils avaient appelé de leurs voeux pendant toute l’année 2017 induisait mécaniquement la constitution de réserves de bitcoin par leurs futurs acteurs. Prenons simplement cet exemple : la vente à terme, à découvert, suppose que le vendeur se fasse prêter les choses qu’il veut vendre. Le préteur est un intermédiaire du marché. Pour qu’il puisse prêter des bitcoins, il a dû préalablement les acquérir.

Résultat : plus l’introduction du Bitcoin sur les marchés à terme se profilait dans le court terme et plus les participants au marché se lançaient dans la constitution de stocks avec, pour conséquence, une forte concentration de la détention du stock de bitcoin.

Quand les traders ne sont pas contents, ils dénoncent les manipulations. L’analyse des traders se poursuit en dénonciations : les cours du bitcoin se sont effondrés parce qu’ils ont été manipulés. On n’insistera pas sur la confusion entre causes et effets !

L’accusation est savoureuse : pourquoi y aurait-il eu manipulations à la baisse et pas à la hausse ? Réponse parce qu’à la hausse tout le monde gagne, même si quelques-uns gagnent un peu plus que les autres alors qu’à la baisse perdent ceux qui sont manipulés et pas les manipulateurs. Belle figure de rhétorique qui conduit à renverser la charge de la preuve ! Ce ne sont pas les traders qui manipulent ce sont ceux qui contrôlent les marchés, et qui poussent les traders à prendre des positions insanes !

A ce stade, on va féliciter les traders pour leurs conclusions qui rencontre les préoccupations des autorités de régulation américaine. https://www.ccn.com/us-government-criminal-probe-bitcoin-price-manipulation/

Ces dernières suspectent le marché des crypto-monnaies d’être un faux marché. Il n’est pas régulé. Il est l’objet d’évidentes manipulations. Les gros intervenants qui ont maintenant les ressources des marchés futures peuvent lancer des opérations de déstabilisation à la hausse comme à la baisse.

Finalement, ils seront les gagnants à base de trade intensif et de traders compréhensifs, les autres gagnants seront les « early adopters » qui tremblent à l’idée des tentatives de hacking, de détournements de wallets et des pratiques frauduleuses de plateformes bien à l’abri dans des paradis fiscaux éloignés.

Quant aux analyses de traders, elles ont l’odeur de l’argent qui manque et des transactions qui s’effondrent. Odeurs d’un vent mauvais, car, revenons-y, le Bitcoin c’est du vent.

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-174025-le-bitcoin-ne-serait-que-du-vent-2116604.php

 

 

Le Bitcoin pourrait perdre 90% de sa valeur ?

 

“Suppose you could make a lot of money trading freshly harvested baby brains. Would you do it?” he asked. “To me bitcoin is almost as bad”.

 

Parmi les critiques les plus violents contre les monnaies cryptées, les deux acolytes de Berkshire, W.Buffet  et C.Munger  ne mâchent pas leurs mots !

A plusieurs reprises, dans ces contributions, on a insisté sur le caractère absolument artificiel de la crypto-monnaie reine et de la plupart de celles qui s’en réclament. Les monnaies cryptées, les principales d’entre elles tout du moins, ne reposent sur aucun sous-jacent. Virtuelles, elles n’ont pas de « réalité ».

 

Et pourtant, elles sont l’objet de cotations furieuses. Pourquoi, dans ces conditions imaginer que les cours, au moins ceux du bitcoin, la monnaie-reine, vont s’effondrer ? Faut-il comprendre que ses détracteurs sont dans le déni le plus absolu ? Ils feraient partie de tous ces myopes qui n’ont pas compris la révolution internet à ses débuts et qui continuent à en contester la consistance alors qu’avec les monnaies cryptées elle prend toute sa dimension sociétale et même philosophique ?

 

Cette chronique a pour objet de comprendre comment on peut continuer à penser que ses cours s’effondreront quand tout montre l’inverse.

 

Les cours ? Quels cours ?

Quand on suit les « cours » du bitcoin et les commentaires qui accompagnent ses hauts et ses bas, on éprouve le sentiment étrange d’assister à une compétition sportive. C’est souvent le cas dans les commentaires de trading. C’est d’autant plus le cas qu’on a affaire à des cotations « over the counter ». Les cotations des monnaies cryptées n’ont rien à voir avec les cotations des sociétés dites publiques dans les univers anglo-saxons ou les sociétés cotées dans les bourses de valeurs officielles européennes. Ce sont des cotations « de gré à gré » sans contrainte, ni de transparence, ni de liquidité, ni de règles sur les concentrations d’offre et de demande.

 

Les graphiques étalés avec leurs inévitables chandelles, macd et barres diverses donnent le faux sentiment que les cotations de ces valeurs sont dans la lignée d’une cotation des actions de Boeing, L’Oréal ou IG Farben. Ces dernières sont presque centenaires mais les bonds, les furies et les dépressions du bitcoin sont commentés comme s’il avait existé de tous temps.

 

Il vaut mieux revenir de ce qui n’est qu’une illusion : les cours du bitcoin sont très largement « fabriqués » par une poignée d’intervenants qui, de plus en plus, concentrent les actifs existants. On a longtemps dit qu’il s’agissait d’une version nouvelle d’une chaîne de Ponzi. Il faut en effet garder en tête que les cours reflètent la collusion factuelle entre les « early adopters » qui sont à la tête de potentiels de gains considérables et les « mass adopters » qui peuvent faire bouger les marchés dans le sens qui les intéressent.

 

Volatilité, liquidité

Les cours du bitcoin observés selon les différentes sources, graphiques et autres dessins, montrent que le marché est un marché de traders. Les early adopters sont mis sur le bas-côté de la route, ils ne sont utiles que parce que, marginaux, ils gèlent une partie des actifs et attendent le grand soir quand le bitcoin « fera 500 000 » . Ce faisant, ils laissent imaginer qu’il y aurait bien un sous-jacent. Les mass adopters sont des fonds d’investissements ou des hedge funds dont l’objectif n’est pas d’attendre qu’un jour on puisse toucher le gros lot mais de faire de l’argent tout de suite, le plus possible et le plus vite possible.

Les traders ne gagnent pas d’argent en regardant le lointain avenir. Ils n’en gagnent pas non plus si la courbe des taux est plate. C’est tout l’inverse. On ne gagne vraiment de l’argent dans les opérations de trading que si les cours fluctuent. Plus ils le font et plus les gains sont élevés. Quitte à donner un coup de main aux cours. Ceci explique pourquoi les traders fleurissent sur les marchés non régulés. Justement parce que la transparence n’y existe pas et parce qu’il n’existe pas de règles sur les risques de concentration et de domination.

 

La seule contrainte est celle de la liquidité : plus vite on déboucle et mieux on la gère quitte à ce que les opérations soient réalisées dans des écarts de temps et de cours les plus petits possibles (voir le High speed trading).

 

On objectera que les investisseurs disposent de fonds : les hedge funds parce qu’ils ont des lignes de crédit auprès des banques et les fonds d’investissements parce qu’ils ont attiré des capitaux à la recherche de rendements élevés.

 

C’est justement là que les retournements vont trouver leurs sources : pour pouvoir monter des produits dits « future », quelles qu’en soient les genres, les opérateurs ont dû stocker des bitcoins. Là s’est trouvé, outre le caractère moutonnier de l’investisseur d’occasion, la principale raison de la hausse des cours du bitcoin. Lorsque les investisseurs ont achevé leurs emplettes, les cours ont stagné puis se sont effondrés.

Peu importe, finalement, raisonnent les défenseurs du bitcoin : les chances de profit sont tellement considérables que cela vaut la chandelle.

 

Les taux d’intérêts comme les « Parques »

Il reste cependant deux considérations dont on n’a pas voulu voir l’impact sur l’existence et donc la cotation des monnaies cryptées. D’une part, l’abondance d’argent. Pour contrer les risques de récession, les banques centrales américaines et européennes ont, pendant 10 ans, inondé de liquidité les marchés. Il s’agissait de favoriser la distribution de crédit et par elle de soutenir les entreprises et de les pousser à investir. La deuxième considération était liée aux taux d’intérêts : en période d’offre de monnaie surabondante face à une demande faible, les taux baissent. Les taux ont atteint durant la dernière décennie des niveaux incroyablement bas.

 

Le résultat a été la folie « start-up » et, aux Etats-Unis tout particulièrement, l’éclosion de toutes les formes possibles d’actifs dont la gradation de risque partait de « risque absolu » pour finir à « très grands risques », depuis les monnaies virtuelles jusqu’aux ICOs.

 

Or, le « monde monétaire » est en passe de revenir sur ces deux éléments : la hausse des taux US est un objectif de la FED. En termes bancaires cela signifie, au mieux, que cette dernière maintiendra ses encours au même niveau en réinjectant sur le marché le produit des remboursements, ou bien qu’elle laissera son portefeuille de prêts se dégonfler. L’argent plus cher suivra l’argent plus rare.

 

C’est dire que le coût du trading, celui des opérations sur « future » et celui des refinancements des hedge funds va suivre la raréfaction de l’argent. Cette dernière contraindra les investisseurs à modifier leurs grilles de risque. On passera alors d’une gradation : « risque élevé à risque modéré », où les « virtualités » n’auront plus leur place.

 

C’est précisément à ce moment-là que les cours des monnaies virtuelles vont s’effondrer : elles n’avaient pas de sous-jacent et elles étaient le produit de la conjonction superficielle de phénomènes macro-monétaires exceptionnels conduisant à donner l’illusion d’un sens aux prises de risques les plus insensées.

Les premiers qui partiront sont les professionnels en raison des nouvelles gradations de leurs grilles de risques et pour éviter de se trouver empêtrés dans des lignes de crédit de plus en plus coûteuses. Ceux qui resteront jusqu’au bout sont les « early adopters » au coût de revient nul et les « mystiques ».

 

Ceux-là conduits par leurs gourous dénonceront la conduite des « gros » et en appelleront à l’aide des Etats !

 

 

Que comprendre des hausses et des baisses du Bitcoin

Les « bitcoiners » déchantèrent le jour où le bitcoin plongea. Cela fut rude : il s’était retrouvé à 8000 dollars. Il était bien remonté un peu du côté de 10 000 mais, le sort s’acharnant, il replongeait vers 6500…Et voilà que le bitcoin est parti pour reconquérir les sommets perdus.

 

Que comprendre ? Si le bitcoin remonte qui garantit qu’il ne replongera pas à nouveau ? Que vaut vraiment le bitcoin ? De quoi dépend son cours ? Pourquoi baisse-t-il, si souvent ? Mais aussi pourquoi remonte-t-il ?

On ne va pas ici proposer de réponse mais dresser un décor et de collationner des opinions.

 

Le bitcoin à 1 000 000 ?

 

Si le bitcoin devenait la monnaie mondiale qu’annonçait ses « geeks », on ne pourrait pas le voir en-dessous de valeurs du type un million de dollar par unité voire deux et pourquoi pas trois. Il suffit, pour aboutir à ce chiffrage de penser à la monnaie en circulation dans le monde et de diviser par 21 millions (le nombre maximum de bitcoin devant circuler selon les édits de son inventeur).

 

Tim Draper, un « venture capitaliste » particulièrement « success full » annonçait il y a peu que le bitcoin vaudrait 250 000 l’unité « à la fin de l’année 2022, ce qui mettrait la capitalisation totale de la monnaie cryptée-star, à un petit 5000 milliards de dollars. Pour comparaison, la capitalisation boursière américaine tournait à 30 000 milliards de dollars…

 

Mais Tim Draper est prudent : cela ne devrait arriver que dans 4 ans. On a vu ce qu’étaient devenues les prévisions heureuses de croissance faites en 2006… Plus prudent parce que moins ambitieux, ou plus audacieux parce que ce qu’il annonce est pour demain, Tom Lee, un analyste de Wall Street, voyait le bitcoin à 25 000 dollars à la fin de 2018 après avoir tourné le dos à la « correction » subie en avril.

Ce n’est donc qu’une question de mois ou d’années : le bitcoin ne peut que remonter. Les cours vont reprendre leur chemin vers le ciel.

 

Et pourtant, ceux pour qui le bitcoin ne vaut rien ou peu de chose, les « naysayers »  continuent à sévir.

 

Une bulle ou une illusion ? Les deux à la fois ?

 

La réaction la plus violente vint du patron de JP.Morgan pour qui le bitcoin n’était qu’une fraude. Du côté des scientifiques, économistes et prix Nobel, on trouve Jean Tirolle complètement hostile et Robert Shiller, un prix Nobel d’économie, pour qui le bitcoin est “ a sort of bubble” : « une belle histoire qui va plus loin qu’elle ne le mérite ! »

 

Bien d’autres partagent cet état d’esprit : Ken Griffin, patron fondateur du hedge fund « Citadel » renvoyait le bitcoin à la fameuse tulipe hollandaise.  A la Barclays, alors que le bitcoin se remettait de sa chute et retrouvait le chemin de la hausse, on considérait ce mouvement comme de la mousse… qui passerait. Enfin, Warren Buffet n’était pas tendre : « En matière de cryptomonnaies, je peux dire avec quasi-certitude qu'elles finiront mal ». Il faudrait ajouter les économistes et consultants français, suisses ou allemands… sans compter les représentants de banques centrales.

 

Dans ces conditions comment comprendre les hausses folles et les baisses sidérantes ? Manipulations ou immaturité ? Forces du marché ou hystérie de geeks qui passeraient d’un état de surexcitation exubérante à une humeur profondément dépressive ?

 

Pourquoi ces hausses et ces baisses ?

 

Pourquoi les baisses ? Toutes les explications ont déferlé entre décembre et avril quand deux épisodes de baisse violente se sont succédé.

Une explication simplissime : les porteurs de bitcoin ont cherché à profiter de leurs gains de 2017 et ont vendu.

 

En Asie du Sud-Est et en Chine, les autorités de régulation et les pouvoirs publics interdisaient la conversion du bitcoin en monnaie souveraine, les autres s’en prenant aux « plateformes » et les accusant d’être les vecteurs d’une fraude fiscale massive. L’enthousiasme des détenteurs de bitcoin avaient fléchi. Ils avaient vendu.

 

Un autre argument, fiscal celui-ci : les sociétés et les particuliers qui avaient enregistré des gains considérables en 2017 ont été obligés de payer des impôts auxquels ils n’avaient peut-être pas pensé : le bitcoin et les autres monnaies cryptées n’étaient-elles pas anonymes ? Le fisc américain aurait contourné l’obstacle ! Pour payer, les investisseurs se sont mis à vendre faisant plonger le marché des crypto-monnaies.

 

Un argument purement financier a aussi été invoqué : les ICOs qui ont marqué l’année 2017 sont des appels à l’épargne publique et aux investisseurs professionnels qui passent par des échanges de crypto-monnaies « entrepreneuriales » contre des monnaies cryptées « globales » c’est-à-dire, des bitcoin, ether, monero et autres litecoins. Les critiques et mises en garde de la Security Exchange Commission, le régulateur de la finance américaine, auraient conduit certains émetteurs à plus de vigilance : c’est-à-dire à moins recourir ces échanges entre monnaies cryptées. La demande aurait donc été moins forte. Dans cette série « financière » d’arguments, il faudrait aussi mentionner, le fait que des opérateurs sur le marché des dérivés auraient été obligés de céder des bitcoins : ventes importantes doublées d’une baisse des demandes.

 

Un autre argument, psychologique celui-là, était proposé : le goût acidulé du bitcoin se serait fait moins excitant. Les investisseurs potentiels et existants se seraient lassés…

 

Quels arguments pour la hausse ?

 

On passera sur la folie des investisseurs particuliers qui faisaient la queue devant des « boutiques » pour participer à la fête : de véritables névroses se répandent en Corée du Sud, l’obsession est de ne pas arriver trop tard sur le marché.

 

Des phénomènes de crédulité moutonnière doublés de l’esprit libertarien qui avait fait son chemin parmi les geeks ont donc propulsé à la hausse le bitcoin et le marché des monnaies cryptées. S’y sont ajoutées des communications inquiétantes sur l’endettement des nations les plus riches et la méfiance à l’égard des monnaies nationales.

 

Des arguments financiers ont joué leur rôle : l’explosion des ICOs durant l’année 2017 s’était ajoutée aux causes précédentes.

 

Si ces arguments peuvent expliquer la hausse de 2017, les acteurs, même les plus impliqués, ont du mal à comprendre la hausse du milieu avril : alors que le bitcoin venait de perdre en une quinzaine de jours près de 20%, il remontait de 16% en moins d’une demi-heure à la suite « d’achats massifs ».

Les masses financières nécessaires à ce mouvement ont été très importantes et posent donc crument la question de l’origine des fonds.

 

Il faudrait trouver l’explication dans l’arrivée de nouveaux investisseurs sur le marché car la hausse du bitcoin ne semble pas refléter un arbitrage contre les autres crypto-monnaies, parmi ceux-ci et non les moindres, les fonds « Rockefeller » et ceux de George Soros. Il reste que les mouvements sont si violents que d’aucuns ont peine à y voir la main de professionnels spécialistes des marchés.

Que faut-il conclure ? Quelles forces sont à l’œuvre ?

 

Quelques partisans des thèses complotistes vont-ils laisser entendre que les Russes sont à l’œuvre ? Ou que les Chinois usent du bitcoin pour affaiblir le dollar… ? la réponse serait, pour l’instant, qu’il faut se contenter de suivre les cours et de lire dans le marc de café.

 

 

 

Le Krach du Bitcoin

 

 

On ne peut pas considérer qu'il y a aujourd'hui un « krach du bitcoin » mais il est clair que l'avenir de la « crypto-monnaie reine » est de plus en plus aléatoire.

  • Le bitcoin est dans un cycle qui ne lui est pas propice

De fait, si la monnaie a vu son cours contre dollar multiplié par 20 dans le courant de l'année 2017 (passé de 1000 à 20000 dollars l'unité), elle a rencontré quelques difficultés dans les deux mois qui ont suivi et est toujours à la peine. Le cours a dégringolé de 20 000 à 7500 quasiment sans interruption en janvier-février, puis s'est repris pour monter à près de 10 000 dollars l'unité. Il est à nouveau retombé en dessous de 8000 dans les 15 premiers jours de Mars.

 

Pendant toute cette période, la « monnaie cryptée reine » a dû subir deux « forks » qui ont donné naissance à deux nouvelles crypto-monnaies : bitcoin gold et bitcoin cash. Cela fait donc trois bitcoins. Il semblerait qu'une quatrième version soit sous presse. Tout ceci sur fond de révision complète de son logiciel blockchain (trop lent, insuffisant en termes de volumes et trop consommateur d'énergie).

 

Enfin, il parait de plus en plus que le bitcoin, idée américaine est devenu une production chinoise soit à raison des capitaux investis, soit à raison de l'implantation des fameuses fermes. La démocratie et la décentralisation "bitcoin" sont en train d'en prendre un coup.

 

A cela s'ajoute le fait que la capitalisation du Bitcoin est maintenant relativement concentrée : les manipulations de prix seront donc plus fréquentes. C'est une vraie menace sur la valeur du bitcoin.

  • Le bitcoin est de plus en plus considéré comme un actif financier et non comme une monnaie de circulation

En d'autres termes, le bitcoin n'est plus un instrument de libération de l'humanité contre les monstres froids et voraces que sont les banques. La plupart des techniques de paiements nationaux et internationaux supplantent par leur rapidité et leur sécurité toutes les monnaies cryptées à commencer par le bitcoin.

Le protocole le plus évolué en matière de circulation monétaire est Ripple, qui est aux antipodes des « idéaux » d'ouverture, de transparence et de démocratie du Bitcoin (à ses débuts). Ripple a réussi à fédérer les plus grandes banques autour de ses développements ! Les vieux « tiers de confiance » ont encore de belles années à vivre !

Mais si le bitcoin est un actif financier, alors il doit suivre les règles posées en la matière par tous les pays développés et qui concernent le fonctionnement des marchés financiers, les règles en matière de conservation et de dépositaire et celles qui touchent à l'appel public à l'épargne. C'est en sens que les Etats-Unis ont tranché, déniant toute dimension monétaire aux crypto-monnaies.

  • La régulation des ICO's sera-t-elle fatale au bitcoin ?

Pour éviter de tomber sous le coup de la réglementation américaine des émissions de valeurs mobilières, les levées de fonds ont été « déviées » sous la forme d'apports en monnaies cryptées de la part des souscripteurs et non pas contre remise de fonds en « fiat monnaies » (ou monnaies souveraines). Les entreprises ayant recours à des ICO's pouvaient ainsi prétendre qu'elles « n'émettaient pas de valeurs mobilières » et qu'elles ne faisaient qu'échanger des tokens contre des monnaies cryptées, majoritairement le Bitcoin. Résultat : l'explosion des ICO's a conduit les investisseurs à acquérir massivement des Bitcoins pour pouvoir souscrire aux ventes de tokens.

 

Les autorités américaines de régulation des marchés financiers ont vigoureusement réagi à l'encontre de ces ICO's considérant qu'il s'agissait d'émissions d'actions déguisées. La SEC s'est penchée, en juillet 2017 sur le cas de l'émission de tokens par Ethereum et, dans son rapport d'investigation, a conclu que « les tokens offerts et vendus par une organisation virtuelle sous le nom de « The DAO » étaient des valeurs mobilières soumises aux lois fédérales sur les valeurs mobilières ».

 

Le régulateur américain a donc requalifié un certain nombre d'ICO's en émissions de valeurs mobilières, concluant qu'elles avaient enfreint la réglementation des marchés. De nombreux pays ont suivi le même chemin. Simultanément, la réflexion sur les besoins auxquels correspondent les ICO's a progressé : certains pays, comme la France, sont en passe de mettre en œuvre une réglementation assouplie. Contourner la loi n'aurait plus de sens, les monnaies cryptées perdraient leur utilité dans les ICO's, la demande de bitcoin et sa valeur en subiraient nécessairement le contre-coup.

 

  • La valeur du bitcoin va-t-elle s'effondrer ?

On voit que la crypto-monnaie est soumise à de nombreux coups de boutoir de la part des Etats sur trois thèmes : la fiscalité, la protection de l'épargne et la transparence des marchés. Or, il faut admettre qu'avec la mise en place de la transparence des transactions, ICO's compris et l'élimination de l'anonymat, le marché du bitcoin sera durement atteint même si une analyse, un peu étonnante, a montré que l'anonymat des transactions répondant aux besoins de l'économie « sale » et cette dernière pesant des centaines de milliards de dollars, la valeur du bitcoin ne pourrait pas descendre en dessous d'un certain prix !

 

S'il ne faut pas s'attendre à un krach au sens d'un effondrement soudain et brutal conduisant la crypto-monnaie vers zéro en très peu de temps, les éléments qu'on a détaillés plus haut confrontés aux risques qui suivent pourraient provoquer de véritables paniques.

 

Risque de la toxicité : les demandes faites ici ou là de « financiariser » le bitcoin, de créer des produits dérivés, des CFD et des produits à terme peuvent conduire à infiltrer le bitcoin dans des portefeuilles en recherche de rendements. C'est ce qui s'est passé avec les produits madoff et les subprimes qui ont coûté fort cher aux banques et aux assureurs du monde entier.

 

Celui de la liquidité : les investissements en bitcoins ne bénéficient pas d'organisation de marché qui permettent d'assurer les désinvestisseurs contre les risques d'immobilisation et de report des ventes. Ce genre de situation est à l'origine d'effondrements brutaux des prix. Les paniques financières pouvant s'accentuer en raison de l'impossibilité de vendre.

 

Celui de l'endettement : un nombre de plus en plus important de spéculateurs se sont endettés pour pouvoir « jouer » gros et « gagner à coup sûr » comme le leur promettaient de nombreuses « officines » de vente et de conseils. Ajoutons que quelques Hedge funds se sont lancés dans l'aventure des monnaies cryptées, recourant eux aussi à l'endettement (mais à une autre échelle). Au moindre coup dur, ce seront de vraies paniques. Or, les systèmes du bitcoin et ses délais de réponse sont totalement inaptes à gérer des ventes massives dans des laps de temps très courts.

 

Si ces trois risques se manifestaient de façon groupée, dans le contexte de fragilisation du bitcoin, les cours souffriraient vraiment !

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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