- Pour financer la crise: revenir aux bonnes vieilles idées du passé
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- La paille dans le bitcoin (paru dans les Echos)
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- Les utilisateurs des monnaies cryptées face aux vols et aux détournements (paru dans les Echos)
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4 mai 2020
L'innovation monétaire n'est pas là où on le pensait : les monnaies cryptées sont bien incapables de jouer un quelconque rôle dans la crise actuelle. À l'inverse des bonnes vieilles idées du passé, estime Pascal Ordonneau (ancien PDG de HSBC invoice finance )
Les temps ne sont pas aux grandes déclarations sur le "renouveau monétaire", sur l’élimination des tiers de confiance ni sur la réappropriation de la monnaie par les citoyens. On a dit dans une chronique précédente ce qu’il fallait penser des dernières aventures de la Libra, cette monnaie qui allait révolutionner le monde monétaire et renvoyer les "fiat moneys" dans des foyers obscurs qu’elles n’auraient jamais dû quitter.
Les monnaies cryptées sont incapables d’affronter de grandes crises
On a évité de commenter les mouvements en bourse, complètement irrationnels ou complètement manipulés du bitcoin. On a préféré ne pas commenter son ambition de devenir l’or numérique sur lequel les épargnants, effrayés par les "délires monétaires" actuels, viendraient se jeter en masse pour l’entasser dans leurs wallets.
À mesurer l’ampleur des problèmes économiques et financiers, la violence des chocs sociétaux et la mondialisation du drame du coronavirus, est-il opportun d’écouter les ambitions monétaires de David Markus et les espoirs de profit des lanceurs de toutes ces monnaies crypto-gadgets ?
S’il avait fallu un indicateur pertinent de l’arrogance doublée d’insuffisance de ces monnaies, on l’aurait sans aucun doute trouvé dans leur totale absence d’un combat économique et monétaire qui devient planétaire, elles qui justement annonçaient la fin des frontières monétaires.
La crise du coronavirus montre que seuls les souverains, qu’ils s’agissent de démocraties ou d’États totalitaires, peuvent agir. Que les fameux tiers de confiance, honnis par les "inventeurs" de crypto-monnaies, sont les seuls à pouvoir être mobilisés. Que les monnaies souveraines ne sont pas des "machins" destinés à brimer le petit peuple, à l’empêcher de commercer comme il le souhaite ou à lui imposer de se dévoiler.
Les monnaies cryptées ne pèsent pas lourd ni sur le plan de l’efficacité, ni sur l’éthique de l’action économique. En fait, elles ne peuvent rien parce qu’elles ne sont pas faites pour agir.
C’est une leçon froide et dure qu’on devra retenir pour l’avenir.
Retrouver la créativité monétaire d’autrefois
L’imagination doit se reporter ailleurs. Les questions monétaires et financières se posent
aujourd’hui dans l’urgence à des niveaux jamais connus. Elles passent temporairement par des modes "classiques" : prêts, ventes d’obligations, garanties d’État, déficits publics, etc. Elles font
intervenir toute la gamme des institutions générales et spécialisées ou temporaires et ad hoc. Les fameux tiers de confiance qu’il fallait abattre.
Reste qu’un jour, la crise, comme la mer après un tsunami, se retirera.
À ce moment-là, si l’humanité ne veut pas vivre une catastrophe financière qui suivrait la
catastrophe sanitaire, il faudra bien qu’avec la mer, se retirent les flots d’argent et que s’arasent les montagnes de dettes.
Les crypto-monnaies ne serviront toujours à rien, même s’il n’est pas interdit de penser que certains protocoles venus avec elles serviront de supports de gestion.
Aujourd’hui, ce qui importe c’est que la créativité "monétaire" soit stimulée. De fait, de nombreuses idées sont présentées. Les unes renvoient à des exemples du passé, les autres ont une dimension plus révolutionnaire. Il en est qui sont très simples, trop peut-être… on commencera par celles-là.
En France, pour ne prendre que cet exemple, la question va devenir celle d’une accumulation sans précédent de dettes publiques associées à des garanties d’État. On annonce que l’endettement total de la France partant de 100 % du PIB passerait à 115 – 120 %. En chiffres bruts, cela signifierait un endettement qui bondirait de 2400 milliards fin 2019 à près de 2700 milliards d’euros. C’est beaucoup ! Même si parmi les pays développés, l’Italie et le Japon font pire.
La solution ? Les impôts… évidemment. Mais, ce n’est pas une si bonne idée : on ne pourrait pas user de la TVA sauf à vouloir faire payer tous les Français. L’égalité y gagnerait sur un plan théorique, mais par sur le plan de la solidarité. Un impôt sur le revenu (des riches nécessairement) ? Ce ne serait pas non plus une bonne idée. Ils payent déjà l’essentiel : ils seraient tentés de s’en aller.
Ponctionner l’épargne ? Dangereux, si c’est l’épargne moyenne, celle du livret A, des PEL, des CEL et autres livrets durables.
Il y a l’assurance-vie. Après tout, une part notable de cette assurance est placée en fonds d’Etats. C’est la "poche euro". L’assurance-vie reste le placement préféré de 38 millions de Français. Même en temps de crise : 1 788 milliards d’encours et 22,4 milliards de collecte en 2018. 10 % des Français (4 millions) doivent, à vue de nez, au doigt mouillé, en avoir la moitié. 850 milliards pour eux.
Il serait donc facile de trouver 300 milliards ? Un gros tiers de l’assurance-vie des plus riches. (On ne va quand même pas détourner l’assurance-vie des pauvres !). On pourrait même rêver. Pousser le curseur un peu plus loin. 600 milliards ? Attention quand même, il y a déjà des obligations publiques françaises dans ces portefeuilles "poche euro".
Dettes perpétuelles et monnaies fondantes
Sous quelle forme ? C’est ici qu’on retrouve des idées passionnantes sur le plan théorique (mais aussi pratique, car on en trouve des formulations dans le passé).
Parmi les idées : Des obligations très longues, à 50 ans ou 100 ans ou perpétuelles, ce genre de durée est déjà pratiquée. Sur une petite échelle, il est vrai. L’originalité ne serait pas là. Elle serait dans le mode de rémunération ou dans le mode de remboursement, ou les deux à la fois.
Ce ne sont pas des idées incongrues ou fantaisistes. Plusieurs articles ont été développés sur ces sujets par B.Attali, G.Soros, A.Minc et beaucoup d’autres. Il est certain que des obligations perpétuelles, si d’aventure elles sont rémunérées à des taux très bas et fixes, souffriront de toutes remontées et si elles sont bien payées, elles pèseront lourds comme la célèbre "rente" qui peupla si joliment les romans de Balzac et de Zola.
En vérité, il est un type d’obligation très longue qui pourrait satisfaire tout le monde : ceux qui veulent que l’État en soit débarrassé le plus vite possible, ceux qui veulent qu’on étrille les riches, et ceux qui ont compris la mode en matière de rémunération de dettes. L'idée en est venue à un économiste hétérodoxe Silvio Gesell et elle fut appliquée à Wörgl en Autriche.
Cette idée et initiative a été nommée la monnaie fondante. Concrètement, il s’agissait d’émettre une monnaie dont la valeur en capital était réduite au fur et à mesure de sa durée de détention. L’idée sous-jacente : empêcher la thésaurisation, inciter à la consommation. De nos jours, ce résultat serait obtenu dans des conditions plus simples et surtout peu différentes d’une pratique devenue commune : celle des taux d’intérêt négatifs. Les obligations seraient ou perpétuelles ou très longues. Imaginons-les "in fine" et reconnaissons qu’une obligation perpétuelle dont l’intérêt serait négatif de 1 %... n’aurait pas plus de cent années de vie !
Ce sont des schémas étranges… Ce sont des schémas politiques qui renoueraient avec la vraie innovation en matière monétaire et renverraient les protagonistes des merveilleuses monnaies cryptées à leurs jouets pendant quelques années encore.
Pascal Ordonneau est l'ancien PDG de HSBC invoice finance.
On l’entend en boucle : les monnaies cryptées, la blockchain qui les sous-tend sont les avant-gardes technologiques d’une révolution démocratique la plus puissante de tous les temps. Dans le cas des monnaies cryptées le genre humain reprend en main son destin.
Le bitcoin, ce ne sont pas des institutions, surtout pas des banques, absolument pas des Etats : ce sont les citoyens qui viennent apporter leur bras (métaphoriquement) à l’effort de tous. Ils viennent miner, ils viennent apporter leurs voix, ils viennent participer au grand œuvre : restituer la monnaie au citoyen.
Cela peut paraître un peu grandiloquent, mais c’est bien ainsi que cette aventure bitcoin est présentée. Satoshi l’a voulu : la monnaie cryptée est née et maintenant doit se répandre. Sauf que ce n’est pas si simple. Les grands nombres comme les corps sidéraux associent gravité et accrétion. Dans le cas de la vie en société, cela se nomme pouvoirs et prise de pouvoir.
Dans l’univers bitcoin, règne l’égalité et la transparence
Revenons un instant dans les rêves libertariens et les espoirs qu’ils ont fait germer. On sait qu’il y a toujours chez les Américains des bribes de Thoreau qui traînent ici et là. L’hydre étatique comme le veau d’or ne cesse de se remettre debout. Il faut sans cesse trouver les moyens de l’abattre, elle et ses séides que sont les banques à qui elle a délégué un de ses pouvoirs régaliens : la fabrication de la monnaie. Le mythique Satoshi (qui selon les dernières légendes serait en fait, sous toutes réserves, un Mr. Wright.), a donné la clé au peuple des croyants (les mineurs). Il leur a dit « miner, vous trouverez ». Et les bitcoins, nouvelle monnaie, sortiront du néant quantique où ils erraient, sous la forme de poussières de 0 et de 1.
Celui qui aura trouvé la solution du problème, sera gratifié et tous ceux qui auront contribué à vérifier que le problème a été résolu de façon satisfaisante. Ils recevront des bitcoins ou des dixièmes, des centièmes, voire des millièmes de bitcoin. Les bitcoins extraits de la soupe quantique pourront être échangés contre des marchandises ou des services ou des devises. Les mineurs seront requis anonymement pour vérifier que tout bitcoin utilisé est franc et net. Ils feront des calculs compliqués et, s’ils approchent de bons résultats, se trouveront crédités de bitcoin en entiers ou en fraction. …
Mais tout le monde sait cela. Les mineurs dans l’univers bitcoin sont l’armée anonyme, les nœuds du système, qui dédient des puissances de calcul pour que tout soit dans l’ordre et que les protocoles soient suivis à la ligne de code prés. Ne soyons pas excessifs : certains membres de la communauté ne veulent pas « se dédier » au dur travail de nœud. Ils sont utilisateurs de bitcoin pour acheter, pour vendre et spéculer un peu. Ils sont un peu moins mineurs que les autres.
A l’opposé, certains mineurs sont vraiment très impliqués. Les commentateurs les surnomment les codeurs. Ces gens-là, sont essentiels : ils maintiennent le système en ordre de marche. Ils débusquent les bugs. Ils ajoutent des fonctionnalités. Ils améliorent les suretés cryptographiques. Les mineurs peuvent être codeurs, les codeurs peuvent coder sans être mineurs, le bitcoin est fondé sur une conception avancée de la démocratie dont un des éléments importants est la combinaison anonymat/transparence. Tout ce que les membres font dans l’univers bitcoin l’est (en principe) sous la protection d’un complet anonymat. Tout ce qui est fait, développement, codes, logiciels spécifiques etc. est ouvert, chaque membre de la communauté peut en prendre connaissance et s’en emparer pour son propre compte ou le développement de nouvelles fonctionnalités.
Donc, dans l’univers bitcoin tout le monde est égaux, participe et décide entre égaux sous la contrainte d’avoir adhéré (c’est quand même le minimum).
Mais voilà que vient la dynamique des groupes et les phénomènes de gravité et d’accrétion introduits plus haut.
Prenons le seul exemple du minage : plus le temps passe, plus s’accroissent le nombre de bitcoins, la recherche, la preuve d’existence et la création de blocs de chaînes où les encapsuler, plus les ressources informatiques nécessaires s’accroissent. Naissent ainsi des fermes à bitcoin, lancées par des investisseurs prêts à faire face à des dépenses d’équipement de plus en plus lourdes. Des groupes économiques se constituent et après les coopératives, entre égaux, viennent les entreprises et, après les entreprises américaines, les chinoises, qui « minent plus de la moitié des bitcoins du monde entier.
Les égaux sont de moins en moins nombreux à être égaux.
Tout ceci n’est pas bien grave vous dira-t-on : le protocole est là, configuré pour résister à des attaques du 51%. Et c’est bien vrai : si de telles attaques ont failli réussir, c’était au début à l’époque des maladies infantiles.
Mais ce n’est pas vrai. Le protocole est là, mais il est discuté. Il est là, mais de nombreux membres de la communauté ne sont pas contents de son fonctionnement. Ils le trouvent trop lent, trop compliqué, trop lourd. Ils veulent la modification du protocole. Ils veulent que la chaîne des blocs soit modifiée, que les blocs soient agrandis, que de nouveaux codes soient mis en place.
On dira que c’est un débat classique dans l’univers classique des grandes innovations informatiques. On dira ce qu’on voudra, ce qu’on devrait surtout dire, c’est qu’il s’agit d’une monnaie d’après les défenseurs du bitcoin, et qu’il s’agit de savoir qui décide finalement parce que l’univers des monnaies cryptées résonne étrangement en ce moment.
Gravité et accrétions ne se limitent pas à des questions de gros sous, (voir plus haut). L’univers bitcoin s’est structuré en zones de pouvoirs. On a même pu lire que l’une des figures emblématiques du « mouvement » aurait un poids décisif dans certaines orientations stratégiques. Ce qui ne serait pas du goût de certains groupes de développeurs. Ils se nomment « Bitcoin unlimited », d’autres « bitcoin core development ». Plus loin d’autres groupes de développement du Bitcoin sont en compétition : « Bitcoin XT », « Bitcoin classic ».
N’est-il pas normal que dans une démocratie les positions s’entrechoquent, les opinions divergent, les décisions deviennent majoritaires et non pas « unanimes » ? Ne devrait-on pas faire remarquer que la production de monnaie dans les pays libéraux est l’objet des politiques monétaires dont la diversité est extrême et qui soulèvent les débats les plus vifs ? On aurait raison de fournir des arguments raisonnables de la sorte. Mais ce n’est pas si facile que cela. Un citoyen « économique » de base serait-il ravi de découvrir qu’en raison de divergences entre différents groupes politiques, la monnaie dont il est l’utilisateur de tous les jours, se dédouble et que le combat fasse rage entre les tenants de la vieille monnaie et ceux de la toute jeunette ?
Et puis, l’utilisateur de bitcoin serait-il heureux de découvrir que les mineurs ne sont plus de la plus pure eau et que les préoccupations économiques guident leurs pas à l’opposé des débuts quand régnait communauté de pensée et d’action.
Il est encore trop tôt pour s’exclamer : Something is rotten … mais au bout du compte quels Etats auront envie de voir se déployer une monnaie gérée dans des conditions peu claires ? Quels Etats auront le goût à promouvoir une monnaie qui n’hésitent pas à se commettre avec des voyous et qui devient progressivement le jouet d’intérêts obscurs.
Les inventeurs du bitcoin ne cessent de se référer à l’or, au point que l’expression « or numérique » a fait flores ! Il faut dire qu’ils en ont rajouté des tonnes : on mine les bitcoins, il y aurait même du Bitcoin natif, et si on veut pousser plus loin, de même qu’on sait que les gisements d’or ne sont pas loin de l’épuisement, de même qu’il est de plus en plus coûteux d’en produire, de même le gisement de bitcoin est limité à 21 millions d’unités, de même le dernier bitcoin aura nécessité un réseau monstrueux d’ordinateurs pour émerger.
On me reprochera d’exagérer. Alors, exagérons un peu plus ! Si le bitcoin devenait « LA » monnaie Mondiale dont rêve ses fans, dans 25 ans le bitcoin de base, celui dont on croit encore qu’il est franc comme l’or, vaudrait entre 3 et 6 000 000 d’euros, l’unité…Alors, on se dit qu’un petit coup de chantage à base de bitcoin doublé d’un gros coup de patience permettraient de voir la vie en rose!
Peut-on être crypteur et spécialiste des marchés ?
Bien sûr ceci n’est qu’une extrapolation du genre science-économique fiction où on pose que le bitcoin serait une monnaie mondiale (il n’y aurait plus de dollars, plus de yuan, plus d’euros et même plus d’or). Quittons les rêveries monétaires quantiques pour revenir à la formation des prix du bitcoin.
Il y a peu, deux ou trois jours, Alyssa Hertig, une journaliste spécialisée dans la blockchain et les monnaies cryptées, listait toute une série d’explications à la hausse de la valeur du bitcoin. C’est à ces moments-là, passionnant, où derrière l’inquiétude (ne serions-nous pas en face d’une bulle ?) pointe les réflexions les plus naïves sur la monnaie et la formation des prix. Disons-le carrément : ce n’est pas parce que vous êtes un champion des arbres de Merkel que vous avez des idées solides sur les marchés monétaires.
Première idée développée par de nombreux adorateurs de cette monnaie : dans la mine et tout autour se sont introduits des gens qui n’ont pas le libertarisme comme ressort et qui se moquent totalement de rendre la monnaie au peuple. Ils sont animés par la « greed » (autrefois une affection purement bancaire). En d’autres termes, ils spéculent. Ils organisent la rareté du bitcoin en le stockant. Ils font comme les rentiers de Keynes dont le célèbre économiste réclamait l’euthanasie. Quand ils ne minent pas, ils achètent et gardent par devers eux leurs trésors. Alors, évidemment, les prix montent.
Deuxième idée : la demande est supérieure à l’offre. C’est la version « smooth » de la précédente. Le monde des jeunes, des geeks, des amoureux de la liberté a découvert que le Bitcoin apporte liberté, anonymat, rapidité, et surtout, surtout, évite d’engraisser toutes ces institutions qui se sont emparées de la monnaie, banques, assurances, courtiers etc. Alors, ils en demandent. Beaucoup. A la mesure de leur passion. Quand on aime, on ne compte pas. C’est ainsi que les prix montent. La demande est supérieure à l’offre. Ils ne se rendent pas compte qu’ils utilisent un concept qui dit : les prix augmentent pour expulser des demandeurs du jeu concurrentiel pur et parfait. C’est une méthode propre d’élimination des pauvres ! La réponse pourrait être qu’il faut et qu’il suffit d’augmenter le nombre des bitcoins. Cette proposition est du même type que : Dieu est un en trois, c’est trop compliqué, il y a deux de trop !
Le bitcoin, entre fourches informatiques et fourches caudines
Troisième idée : l’émotion. Les prix montent parce que les passionnés du Bitcoin, ceux-là dont l’esprit est (encore) pur, qui minent par conviction et non pas par appât du gain, découvrent que les prix montent. Alors, phénomène connu dans le monde économique et qu’on nomme le « complexe de Panurge », ils se précipitent pour ne pas se faire voler leur « œuvre », pour que le bitcoin demeure entre des mains propres et pures.
C’est à ce moment que surgissent les tenants d’idées scientifiquement sophistiquées. On est dans le cryptage, on « hasch », on « algoritmise », on manie les grandes lois qui gouvernent les chiffres. C’est là que la paille dans le métal numérique est en train de le corrompre.
Les cours du bitcoin ne sont-ils pas influencés par la technologie ? En témoigneraient les efforts déployés à la fois pour rendre le bitcoin plus simple à manipuler (toutes les grandes religions ont su réserver un espace pour les charbonniers), pour le sécuriser (on ne compte plus les vols et intrusions diverses détournant wallets et clefs cryptées), et surtout pour qu’il soit plus agile, rapide, efficace. Ce dernier point est sensible : pour qu’une transaction en bitcoin soit « bouclée », il faut attendre plus d’un quart d’heure (il vaut mieux utiliser votre carte bancaire !!!) et le temps s’allonge : plus il y a de bitcoin et plus les « POW » (proof of work) deviennent gourmandes en temps de calcul… le bitcoin deviendrait-il bourrin ?
C’est alors que les cryptocrates s’élancent et lancent : « on va faire une fourche ». On va dédoubler les bitcoins disent les uns, il y aura le bitcoin ancien et le bitcoin nouveau ! Evidemment, le premier vaudra plus parce qu’il aura davantage accumulé de POW. Dans les temps anciens, cette technique se nommait : enchérir la monnaie, le pire survenait lorsque le roi modifiait la teneur du métal dont étaient faites les pièces d’or. Résultat : on fonce vers les vieilles monnaies, celles qui sont encore franches comme l’or…et avant même que le forfait royal ait été mis en œuvre les cours du bon métal ont explosé.
L’idée que le Bitcoin soit le support de toutes autres opérations financières et monétaires n’effleurent pas ses inventeurs, qui le voulant pur comme l’or, assistent à la naissance d’un beau veau. Il ne faudra pas s’étonner que quelques régulateurs bien intentionnés s’affairent à le faire tomber : la valeur du bitcoin dépend de plus en plus de mécanismes qui n’ont rien de monétaire.
D’ailleurs, le Bitcoin est-il une monnaie ?
La déferlante récente de cyber attaque qui a frappé « toute la planète » a donné un lustre plus que trouble au Bitcoin. Il est stipulé dans le petit mode d’emploi « comment sortir du piège et éviter que vos fichiers soient écrasés » que la rançon à payer passerait par un versement en bitcoin.
Pourquoi, quand on voit les œuvres des crapules évoquer les crédules ? Simplement parce que ces deux catégories d’agents économiques ont en commun l’exploitation de ce qui fait la noblesse du Bitcoin, et de la plupart des monnaies cryptées il faut le reconnaître, l’anonymat.
Traitons tout d’abord de la crédulité
Il ne faut pas retenir ce que le langage donne à penser des crédules, ces gens un peu sots qui croient ce qu’on leur dit, ce qu’ils voient, ce qu’on leur explique et qui agissent en conséquence. Les crédules sont utiles à la société économique. Grâce à eux les échanges sont possibles : ils pensent que chaque fois qu’ils se procurent un bien ou en vendent un, ils n’ont pas été roulés et que, moyennant une marge d’erreur acceptable, il n’est pas dangereux de recommencer. Les crédules sont ceux qui ont confiance : aucun univers monétaire ne peut sérieusement penser se lancer ou survivre sans eux. Les crédules sont des gens de foi et de fidélité : les monnaies sont fiduciaires ou ne sont pas.
Le bitcoin comme toutes les autres monnaies (cryptées ou non) passe par cette fourche caudine-là : les agents économiques qui se portent vers le bitcoin croient qu’il vaut quelque chose. Ils le croient même malgré tout, c’est-à-dire malgré sa jeunesse, malgré une valorisation qui tressaute, malgré les risques liés à des systèmes informatiques pas toujours maîtrisés. Fiduciaire est à deux pas de Foi. Il y a de la foi chez c’est gens-là. On entend les représentants du bitcoin en parler comme si on était à deux pas de Walden, comme si Thoreau nous tendait la main. Ils minent leur monnaie-fétiche pour le plaisir d’être dans un beau mouvement de libération de la monnaie et de réappropriation de la valeur.
Cette crédulité, cette foi, qui sont celles du charbonnier parfois, sont aussi celles des gens qui recherchent un monde simple où l’argent gagné n’est pas guigné par la puissance publique. Le bitcoin, c’est non seulement l’argent qu’on peut stocker et échanger sans avoir besoin de s’expliquer mais c’est aussi l’argent qui est à l’écart de tout et de tous et surtout des puissances fiscales que sont les Etats.
C’est ainsi qu’on voit se déployer une crédulité de bon aloi, celle des nantis qui veulent croire qu’il existe des moyens de ne plus être vus de ces puissances fiscales. Voilà donc une monnaie qui n’existait pas il y a 5-7 ans. Voilà des gens qui gèrent sagement leur capital. Acheter des bitcoins et les détenir dans sa wallet, partie dans son propre ordinateur ou partie sur une plateforme de quelque nationalité qu’elle soit, c’est mettre hors la vue des importuns autant d’argent qu’on a acquis de bitcoin. Ni vu, ni connu, puisque, comme chacun sait, le bitcoin est anonyme, à base de clefs privées et de clés publiques (dans le langage bitcoin, publique ne veut pas dire ouvert aux yeux des puissances fiscales de tous les pays).
Bien sûr, il y a un risque, c’est que la valeur du bitcoin tombe en dessous de son cours de change quand cette opération de stockage a été lancée. Mais, être crédule ne veut pas dire être idiot et encore moins mauvais gestionnaire : on peut constituer son petit pécule progressivement, comme lorsqu’on achète des valeurs en bourse. On peut aussi arbitrer et, de temps en temps, échanger des bitcoins contre d’autres monnaies cryptées et faire des allers-retours : disons-le directement, personne ne sera là pour assumer les déclarations de plus-values (façon française), personne ne sera là pour attester des avoirs détenus dans le cas où existerait un impôt sur la fortune. La crédulité est une arme bien commode. Si elle n’existait pas le bitcoin ne serait qu’une innovation amusante.
Ou bien, ce serait le lieu où se rencontrent les crapules.
L’affaire qui préoccupe les gouvernements du monde entier n’est pas nouvelle. Déjà, il y a quelques mois, des cliniques et des universités aux Etats-Unis avaient été attaquées par le moyen de ransomware. Il y avait eu menace et chantage et exigence de paiement en bitcoins. Pourquoi des bitcoins et pas des dollars sous forme liquide, ou de l’or, ou de la coke, toutes choses qui ont une valeur attestée sur tous les marchés du monde ? La réponse à cette question vient toute seule : c’est beaucoup trop dangereux, on se fait vite repérer surtout quand les opérations de ransomware sont menées de façon décentralisée sur plusieurs points de la planète et sur des entités extrêmement variables allant de Renault au système de gestion des hôpitaux anglais.
Des opérations aussi sophistiquées, menées en réseaux puissants et diversifiés, acéphales peut-être (comme les monnaies cryptées), ne peuvent pas utiliser des modes de paiements ringards du type compte en banque dans un paradis fiscal ou go-fast qui transporte des billets ou de la drogue. Les monnaies cryptées, avec toutes les garanties qu’elles proposent, sont les vecteurs tout désignés pour solder le paiement des rançons.
Et comme le bitcoin est la plus célèbre, comme cette monnaie repose sur une blockchain rustique mais solide et surtout comme elle est parfaitement décentralisée, à l’écart de la curiosité de toutes les puissances fiscale, policière, politique, elle est le support idéal du système de règlement de ces opérations de piraterie. Ajoutons que les opérations sur bitcoin sont irréversibles, que sa blockchain est en acier trempé (pas comme d’autres monnaies cryptées qui ont connu de sacrées failles) et qu’en conséquence, une fois les versements ordonnancés et enregistrés dans la chaîne des blocks, aucun retour en arrière n’est possible. Donc, ce qui est payé est payé.
Les pirates ont donc encaissé des bitcoins. On entend déjà des ricanements : qu’en feront-ils de ces bitcoins ? Dès qu’ils les transformeront en bonne « fiat moneys » ils seront pincés et devront rendre l’argent ! Si vous le pensez, c’est que vous n’avez pas lu la première partie de cette chronique ! Evidemment, les bitcoins rançonnés n’iront pas se convertir en dollars ou euros, ils seront transmis vers tous ceux qui ont confiance dans l’anonymat de la monnaie cryptée. Pas directement vous vous en doutez, mais via des achats-ventes d’autres monnaies cryptées de sorte que la rançon se fragmente en petits paquets dispersés sur toute la planète. Les ventes des bitcoins rançonnés occasionneront-elles des pertes de valeur sur le marché du bitcoin ? Peu importe, car dans le long terme la demande n’est pas près de s’éteindre, l’anonymat est une valeur dont les cours ne cesseront pas de progresser, par crédulité des riches et par cupidité des spéculateurs. Ajoutons que la demande de bitcoin va être stimulée par la création de produits financiers, dont les fameux ETF à l’étude sur quelques marchés de valeurs américains. Si on veut développer les placements dans ce type d’investissement collectif, il faudra bien constituer des stocks de bitcoin…Vous le voyez, les bitcoins de rançon sauront trouver des anonymes qui, anonymement, constitueront des portefeuilles financiers, hors la vue.
Or, (ce n’est même pas un secret de polichinelle, c’est open source), le nombre de bitcoin est limité par construction à 21 millions. La coïncidence qui a paru étrange entre crédules et crapules le devient moins. Elle est étonnamment contemporaine de la chasse aux truqueurs et au paradis fiscaux. La nature financière a horreur du vide. Le Bitcoin parait s’être désignée volontaire pour le combler.
Les thuriféraires de la mythique monnaie cryptique, le Bitcoin, vous diront qu’on ne fait pas une monnaie cryptée sans casser des 0 et des 1 ! Ils vous diront aussi que les défauts de leur monnaie ne sont que péchés de jeunesse et qu’après tout dans le passé, les monnaies et expérimentations monétaires n’avaient pas connu que des moments heureux. Ils oublient de dire que les sanctions étaient plus vigoureuses.
Ils vont diront aussi que la preuve par neuf de la valeur d’une monnaie, quelle qu’en soit la nature se mesure à l’aune des voleurs qui volettent autour et distraient parfois des sommes petites ou impressionnantes, qu’ils aillent les dérober dans des goussets ou dans des Wallets, qu’ils aient trouvé des défauts dans la porte blindée du coffre-fort ou des failles dans les arborescences de protection de la chaîne des blocs.
Les doutes pourtant ne cesse d’entourer cette monnaie dont on se demande à la fin des fins si elle est vraiment un moyen de paiement ou juste un support de spéculation. Les mésaventures de MtGox n’ont pas suffi à donner le sens de la mesure ou de la prudence. Viennent maintenant s’ajouter celles de Bitfinex, une des plus importantes entreprises traitant le Bitcoin, ainsi que, dans le même genre, celles de yapizon, une plateforme coréenne. Il ne s’agirait que d’affaires portant sur des centaines de bitcoin, il s’agirait de vols ou de détournements par centaines de milliers de dollars, on pourrait envisager d’être indulgents… mais ce sont des millions de dollars qui sont en cause.
Ces affaires ont le mérite de soulever des questions sur quelques fondamentaux du bitcoin en particulier et des monnaies cryptées en général :
La question de la sécurité des systèmes et de la protection des utilisateurs
Dans les deux cas, comme dans quelques autres dont le plus célèbre est celui d’Ethereum, des sommes très importantes ont été dérobées par des hackers. Bien sûr, les plateformes de toutes nature qui composent l’écosystème des monnaies cryptées annoncent que de nouvelles mesures ont été prises, que les failles ont été supprimées et que les menaces pesant sur les wallets sont maintenant sous contrôle, il n’en est pas moins vrai que tous les mois ou au moins tous les trimestres des bitcoins disparaissent dans la nature entre les mains de hackers !
On aurait tendance à penser que les victimes devraient s’organiser et mettre en place les bonnes mesures. Ce serait presque simple s’il s’agissait d’un système bancaire ou d’une seule banque partie à ce système. Mais voilà, quand un système est totalement décentralisé comme le sont par principe tous ceux qui concernent les monnaies cryptées (les sérieuses évidemment) il faut attendre. On se rappellera que le vol dont fut victime Ethereum en 2016 déclencha un débat très dur entre membres partisans de ne pas rechercher à modifier la blockchain supportant la monnaie cryptée ce qui aurait abouti à constater la perte, et ceux qui, au contraire, estimaient que les modifications en valait bien la chandelle (près de 50 millions de dollars) et que s’il fallait changer d’autorité la chaîne des blocks pour récupérer les fonds dérobés, il ne fallait pas hésiter. C’est le fameux dilemme qu’affronta un candidat au trône de France et qui fût résolut par la fameuse formule « Paris, vaut bien une messe ».
En tout état de cause, les modifications ne peuvent être intégrées dans la chaîne des blocs qu’avec l’accord de la communauté des mineurs et des nœuds, mais sûrement pas par une quelconque autorité extérieure. Il n’en reste pas moins que l’énervement commence à monter dans le petit monde des monnaies cryptées. Dans le cas Bitfinex, les animateurs ont annoncé avoir lancé un audit quelques mois après les événements. Si on suit les commentaires de nombreux observateurs et de membres des communautés de monnaies cryptées la réaction n’a pas été très rapide. Les interrogations deviennent de moins en moins compréhensives d’autant que derrière ces audits c’est la crainte d’une faillite qui se fait jour.
L’ironie de l’histoire dans cette observation : un audit mené par un tiers indépendant et compétent est de plus en plus nécessaire !!! Un tiers de confiance qui viendrait ausculter le mode de fonctionnement d’une entreprise agissant dans le cadres de la disparition des tiers de confiance !
Qui assume les risques finaux vis-à-vis des entreprises opérant les monnaies cryptées ?
Lorsque les clients de Bitfinex se sont trouvés dépossédés par les hackers, la société a adopté à leur égard une position qui ne laisse pas de s’interroger. Les régulateurs bancaires modernes n’ont pu qu’applaudir à la performance : en effet, les clients de Bitfinex ont été « invités » à participer aux pertes avec l’engagement que celle-ci, en tant qu’entreprise, les leurs dédommagerait. Il fut donc proposé aux clients de Bitfinex de convertir leurs créances en danger sous la forme d’une monnaie cryptée spécialement conçue pour eux et rachetée par la société par prélèvement sur ses profits ultérieurs. Heureusement pour les clients, les-dits profits furent suffisamment conséquents pour que le tout fut réglé en quelques huit mois. Si cela n’avait pas été le cas, les clients de Bitfinex se seraient retrouvé coincés avec des créances valant zéro, face à une société incapable de faire face et donc en risque de faillite. Finalement, les clients de bitfinex n’auraient pas été mieux traités que les déposants d’une banque en application des nouvelles réglementations qui associent ces derniers aux pertes de leur banque !!!
Encore une fois, tout se serait bien terminé pour Bitfinex si ce n’est que la demande d’un audit complet s’est fait attendre (peut-être quelques esprits malintentionnés ont-ils la crainte que les remboursements se soient financés sur les nouveaux apports de nouveaux clients !!!). On relèvera que la compagnie n’envisage pas de livrer des comptes et des systèmes intégralement audités avant 2018.
La coréenne Yapizon n’a pas proposé autre chose. Elle créerait une nouvelle monnaie cryptée, le Fei, dans laquelle les pertes seraient converties. La compagnie s’engagerait à racheter lesdits coins sur la base des profits qu’elle génère : les utilisateurs devraient attendre deux ans pour récupérer leurs fonds. Même remarque que pour bitfinex : la monnaie nouvelle créée n’est pas convertible. Il s’agit d’un titre de créance contre Yapizon.
La façon dont les calculs ont été faits ne satisfait pas tout le monde, ni le délai…
Pour les fans du bitcoin, tout ceci n’est pas bien grave et ne mérite pas qu’on ralentisse son pas quand, au contraire, il faudrait l’accélérer afin de suivre au plus près le mouvement Bitcoin.
D’ailleurs, il est une autre preuve que tout ceci n’est que l’écume d’une vague qui va déferler de plus en plus fort : les cours de la monnaie cryptée la plus célèbre ne sont-ils pas continuellement à la hausse ? Elle vient de battre quelques records avant de se replier ? Mais n’est-ce pas reculer pour mieux sauter ? Dans un article à venir, on évoquera ce que ces déconvenues enseignent sur les cours du Bitcoin.
S’il est exact que le bitcoin est la monnaie cryptée dont on parle le plus, elle n’est pas la seule. Il est même dangereux sur le plan de l’étude de ce phénomène économique et technologique de concentrer l’attention sur elle. Pour le moment, il n’est pas d’annonce d’une monnaie unique et universelle dont la création et l’usage seraient décentralisés et autonomes. Faut-il le regretter ? Faut-il s’en méfier et déclarer « monnaie unique, monnaie inique ? ». Ce serait un autre sujet ! Ici, on montrera ce phénomène passionnant, l’essor des monnaies cryptées.
La multiplication des Crypto-monnaies
Il n’est pas question de les passer toutes en revue. Ci-dessous, on a résumé les caractéristiques de quelques crypto-monnaies parmi les dix premières pour leur capitalisation.
On laissera à part le Bitcoin qui est une star et dont les aventures font régulièrement les « unes » des journaux spécialisés.
On compte plus de 500 monnaies nouvelles (on entend aussi 700 !!!) relevant de la catégorie des monnaies cryptées. Parmi elles, les mauvaises herbes, les Scam-moneys. Et aussi, dans cet univers, on relève souvent que des monnaies cryptées sont issues d’autres monnaies cryptées.
Le « Lite coin », lancé en 2011, est une monnaie « minée », classée deuxième ou troisième selon le rang qu’occupe une autre monnaie cryptée et minée, l’« Ether ». Le Litecoin est fondée sur les mêmes principes et processus de fonctionnement que le bitcoin, le minage et les preuves de travail. Il challenge le Bitcoin en matière de « minage » et de traitement des opérations. Le réseau du Litecoin est prévu pour « miner » 84 millions Litecoins soit 4 fois plus que le Bitcoin. C’est un réseau rapide et, sur le papier, il disposerait d’un avantage compétitif fort.
Le Darkcoin a été renommé Dash en 2015, formé à partir de « digital » et de « cash ». Initialement conçu pour renforcer le Bitcoin dans le domaine de l’anonymat, il est lui aussi « miné» : un maximum de 22 millions de Darkcoins, créés au rythme de 2800 par jour, seront à disposition en 2050. Le temps de confirmation par transaction est assez rapide et se situe en dessous de 2,5 minutes. L’idée de ses initiateurs est de développer une monnaie valant : « argent liquide numérique ».
Le Dogecoin, date de 2013. Son lancement ressemble à une plaisanterie. Deux ingénieurs à la fois intrigués et amusés par le développement des monnaies cryptées en ont créé une : le Dogecoin. Pourquoi la qualifier de monnaie blagueuse ? Sur le plan « conceptuel », il dérive d’une monnaie nommée Luckycoin utilisée dans des jeux vidéo.
Pour la petite histoire, on dit que les inventeurs du Dogecoin furent sidérés de constater à quel point leur monnaie «blagueuse» avait du succès alors même que le «minage» devait porter sur 100 milliards d’unités, incrémentés de 5 milliards de Dogecoins par an au-delà! Par rapport au Bitcoin, un avantage doit être relevé : les blocs de transaction, éléments clefs de la sécurisation, sont traités en moins d’une minute! Les composantes de ses « calculs sécuritaires » sont-elles moins solidement posées que dans le cas du bitcoin ?
L’Ether qui se place dans un ensemble beaucoup plus vaste : « l’Ethéreum » et une conception très originale de la blockchain. L’Ethereunm a été créé pour permettre le développement et la gestion de « Smart contracts ». L’Ether est la monnaie cryptée destinée à rémunérer les participants à la mise en œuvre et au fonctionnement de ces contrats intelligents. En tant qu’unité de compte, l’Ether reconnait le rôle de l’infinitésimal dans les transactions entre agents économiques ! La rémunération des mineurs dans le cas du fonctionnement d’un contrat intelligent se fait sur la base d’une fraction d’Ether nommée le Gaz. Courant 2016, la valeur moyenne d’un « Gaz » s’élevait à 0,0000000225 Ether. Le prix du gaz évolue en fonction du marché.
On citera enfin le « Monero » qui fait partie des dix monnaies cryptées les mieux capitalisées. Son objectif est de créer entre les parties à une transaction un flux de monnaie qui soit le plus anonyme possible.
Monnaies généralistes et monnaies spécialisées
Tout ce qui est « coins » n’est pas « d’or ». Sous cette boutade, on veut dire que certains « tokens » ne sont pas des « coins » malgré les nomes utilisés et que certains « coins » truqués sont des pièges à crédulité. Ce n’est pas original, la monnaie et l’argent ont toujours attiré les voleurs !!!
Ces monnaies qui ont fait quelques victimes sont dénommées Scamcoins (monnaies-arnaque). Un commentateur anglo-saxon indiquait qu’elles sont le plus souvent créées pour que leur créateur puisse se faire beaucoup d’argent en peu de temps avec des complices ou pas.
Quant au cas des « coins » qui ne sont pas des monnaies cryptées : l’applecoin, qui fut un moment le signal donné par la célèbre firme pour marquer son intérêt vis-à-vis des monnaies cryptées, n’a plus lieu d’être. Apple s’est contentée de mettre en place le systéme ApplePay dans l’esprit Paypal et fait un tabac !!! Quid de l’amazoncoin ? Introduite en mai 2013, la devise virtuelle d’Amazon est restée ce qu’on nomme une monnaie à sens unique : on ne peut pas en sortir en demandant une conversion en monnaie légale. Les Amazon Coins étaient distribués comme « récompense » dans des jeux et applications acquis en ligne dans la boutique Amazon. Récemment, ces Amazon Coins ont été déclarés utilisables pour les achats dans la boutique Amazon AppStore.
Dans la plupart des cas, il s’agit davantage de techniques que ces enseignes prévoient de mettre en œuvre ou qui les ont déjà mises en place pour capter davantage d’information sur leurs clients en poussant un peu plus loin sa collecte, son ampleur et sa profondeur. En ce sens, elles n’ont pas grand-chose à voir avec les monnaies cryptées.
A une plus petite échelle, les Luckycoins dont on a parlé plus haut ne trouvent d’application que dans certains jeux vidéo. Les « coins » sont émis lorsque des « ennemis » sont endommagés. Sur le plan technologique, les Luckycoins sont émis selon le même mode que les Litecoins, en particulier la procédure de « Proof of work pour valider l’émission et l’utilisation de coins.
Beaucoup plus sérieux : le Solar coin qui a été lancé en 2014 par la Fondation SolarCoin. Cette monnaie est ouverte aux détenteurs d'installations photovoltaïques qui ont adhéré à la fondation. Elle est programmée sur une période de 40 ans pour une production de 97.500 TWh. Cette monnaie devrait pouvoir être échangée pour des opérations entre commerçants, fournisseurs de services etc.
Les termes de « monnaie » ou de « devises » sont de plus en plus prudemment utilisés. Dans de nombreux cas, compte tenu de la spécialisation des « soi-disant monnaies » en question, il est en effet difficile de reprendre cette dénomination. Ajoutons que ces monnaies sont la plupart du temps des monnaies à sens unique. Dans d’autres cas, elles s’apparentent avec les monnaies complémentaires en ce sens qu’elles ne fonctionnent que dans des milieux territoriaux ou professionnels restreints.
L’expression Token revient de plus en plus souvent pour caractériser des rapports de reconnaissance et de rémunération entre agents économiques et sociaux partageant des objectifs communs.
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