Julia Margaret Cameron (1815-1879)

Musée du jeu de Paume

Très belle exposition des œuvres d’une des photographes les plus marquantes des premiers âges de la photographie en tant qu’art. Julia Cameron, d’origine franco-britannique, commence sa « carrière » d’artiste photographe en 1863. Elle avait 48 ans et poursuivra son œuvre jusqu’à sa mort en 1879. Julia Cameron a étonné ses contemporains en usant de la photographie comme d’autres du pinceau. Son œuvre, essentiellement des portraits, est animée par un romantisme du regard et la recherche d’une grande intensité psychologique.

Art de la composition d’abord. Loin des portraits compassés et des poses qui les rendaient parfois ridicules, Cameron, entourée d’un groupe d’amis exceptionnels et ayant accès à des personnalités exceptionnelles, saura les extraire de la tentation de la photo « officielle ». Elle en fera ses modèles quoi qu’ils en pensent et parfois à leur grande surprise au vu des résultats obtenus !  Elle offrira à ses regardeurs des hommes et des femmes « profonds ».  

Les portraits de Darwin, d’Henry Taylor, de John Herschel pour prendre ces exemples sont d’une intensité incroyable et associent des combinaisons de lumière et d’ombres, de flou et de netteté qui rejettent toute compromission.  Ces portraits sont l’expression d’une recherche artistique et non la reproduction sommaire de visages qui auraient pu n’être qu’anonymes.

Dans ses œuvres qui s’attachent au visage féminin, portraits de femmes sans importance, de membres de sa famille ou de domestiques, il n’y a là aussi aucune complaisance. Le travail de mise en page, celui de l’équilibrage des contrastes, des zones de lumière et d’ombre conduit à de magnifiques œuvres austères, solides, lumineuses. Les photos de Julia Jackson, par exemple, opposant lumière et ombre, sont splendides et pénétrantes.

Il faudrait aussi évoquer son sens de l’humour et de la légèreté quand elle photographie des enfants. Il faudrait évoquer ses photos « historiques » reprenant des thèmes de la bible ou de Shakespeare. Il faudrait aussi insister sur son goût de la réinterprétation de thèmes de la Renaissance et de ses premiers modes de présentation avec de très nombreux portraits de profil. On relèvera que toute l’œuvre de Cameron s’inscrit dans une volonté constante de réaliser des œuvres d’art et de se référer aux œuvres des artistes de tous les temps avec cependant, une inclination pour le mouvement dit « préraphaélite » qui a marqué les artistes anglais de la deuxième moitie du XIXème siècle.