Henri Gruyaert, le triomphe de la couleur

Ecrit en 2015

Harry Gruyaert, dans le sillage des grands peintres

Belle exposition à la Maison Européenne de la photographie. Ce belge natif (1941) d’Anvers, a les honneurs d’un étage entier. Ce n’est pas rien que d’être exposé sur un étage entier. C’est une faveur qui ne peut qu’être réservée à un « grand » de la photo, un incontournable, une valeur pour l’avenir, un modèle pour les générations qui viennent.

Je ne suis pas convaincu par la valeur exemplaire du travail d’Harry Gruyaert, cependant. N’en déduisez pas que je le mésestime et que je trouve étrange le choix de la MEP. C’est un bon photographe. Un homme qui sait choisir ses sujets et que mène une idée du regard, une idée de ce qui mérite d’être porté à la vision des regardeurs. Harry Gruyaert est un maître de la couleur parce qu’il est passionné de couleur. Et c’est sûrement cela qui le rend intéressant. Son intention artistique est toute là : la couleur, par la photo, dans la photo, la saisir, la magnifier, la faire chanter, composer des sujets par le moyen de la couleur, de son poids, de son intensité, entre clarté et ombre.

Cet homme qui dort affalé sur une table de fast-food, où le rouge est roi ; cet homme qui déambule, pressé, sur un front de mer, où les nuages sont bas et la lumière tombante entre gris et jaune. La street photography y trouve aussi, de belles lumières, comme on en trouve chez les américains, chez Eggleston, Saul Leiter, et tant d’autres qui ont, eux aussi, découvert la couleur. Et, peut-être davantage que ses collègues américains, il y a toute une atmosphère Hopperienne, de clarté dure sur fonds immobiles, entre scènes fixées et personnages rigidifiés. Mais toujours la couleur, le jaune qui structure une scène de rue, le vert d’une femme dans la rue. Et enfin, toutes ces couleurs d’intérieurs de cafés, de bureaux, où s’assemblent des combinaisons audacieuses, auxquelles nos yeux ont fini par s’accoutumer.

 

Et progressivement, on voit se dessiner une proximité avec le pictorialisme, à l’ancienne aurait-on envie d’ajouter. Tel qu’il est né et tel qu’il a été illustré au début de la photo, lorsqu’on hésitait encore sur son statut : art de Reproduction  ou production d’art. Très frappantes certaines mises en scène, renvoient à la construction de l’image dans la peinture, on a déjà signalé Hopper, on pourrait citer Bonnard ou certaines œuvres de Spillaert et de Vallotton. Disons le mot : Harry Gruyaert est un peintre et sa vision est celle d’un peintre.

 

Ecrit en juin 2023, exposition au BAL, 

impasse de la Défense dans le XVIIIème

 

Je ne retirerais pas un mot de cette chronique (on peut la lire intégralement en suivant ce lien)

Ajoutons seulement quelques mots: l'exposition montre à nouveau ce qui avait été montré il y a près de dix ans à la Maison Européenne de la Photographie. Peu de changements. Probablement moins de photos. Celle de la MEP avait été vraiment très complète. 

Les photos qu'ont voit au BAL ont le mérite d'aider à préciser la vision qu'on peut avoir du photographe. 

1)Tout d'abord, elles permettent d'insister sur un rapport particulier au temps: les photos de Gruyaert sont des "instantanés" au sens artistiques. Pas de mouvements, pas de déplacements suggérés, les personnages sont statiques comme les lieux. Cela confère à son travail un curieux hiératisme, jusque dans les plus petites choses.

2) Elles sont "cadrées". Il n'est pas de grands photographes sans cette aptitude à voir de façon "organisée". Les photos de Gruyaert sont absolument cadrées et, en ce sens, pensées. La question n'est pas de savoir si la spontanéité est bridée voire chassée. C'est à la fois un réflexe et un don: chaque photo est un morceau de vie, de pensée ou de sentiment par eux-mêmes et se suffisant à eux-mêmes. Ce cadrage toujours impeccable montre à quel point l'oeuvre photographique se rapproche de l'œuvre picturale. La vision du photographe, comme la vision du peintre est réfléchie, pensée, structurée. 

3) Cette structuration est renforcée par l'utilisation systèmatique des contrastes. On a évoqué la structuration des oeuvres, via des cadrages rigoureux, il faudrait enforcer cette idée de structuration avec ce recours à la technique du contraste. Les rouges sont plus rouges, les ombres plus sombres, les bleus plus profonds etc etc. Avivés les jaunes se poussent en avant, assombris les rouges sont mis en arrière-plan. 

4) Il faut ajouter à ces quelques observations, un goût pour la géométrie et l'utilisation des effets de fuite ou des jeux de diagonales. Tant les photos de ville que certaines photos d'intérieurs sont "bâtis" au sens architectural du terme.

 

 

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