Photos officielles, photos présidentielles

nota: ces chroniques ont été publiées dans les échos.fr et Atlantico

- Décrypter la photo du Président Macron

- Une photo ratée de Depardon: Moi-Président

- Montebourg, Philippetti en première de couverture sur Paris-Match :  une mauvaise photo fait-elle sens La - La photographie officielle de Moi-Président en Vacances

- Une vanité de Moi-Président : Arnaud Montebourg.  

 

 

Décrypter la photo du Président Macron

 

Il y a cinq ans, j’avais commenté la photo de Moi-Président (François Hollande). En quelques pixels, cette photo annonçait le quinquennat à venir et contenait tout de ses erreurs, faux-semblants et contre-sens. Depardon, le « grand photographe français » avait décidé de rompre avec les règles de la fabrication d’une photo en pied de Président de la République Française. Donc, pas de pied pour stabiliser son appareil et éviter le « bougé », pas de calculs savants pour éviter le « flouté », pas de travail sur l’intensité lumineuse pour éviter contre-jour et effets d’ombres. Le résultat avait été à la hauteur de ce qu’il voulait : il y avait eu du flouté, du bougé et du contre-jour. Depardon avait tout raté comme il le voulait. Pas plus qu’il n’était nécessaire. Juste le ratage souhaitable. Inconscient le ratage ? Prescient en fait.

 

Car, que l’artiste le veuille ou non, une photo de Président ne se prend pas par hasard. Le ratage de la photo de Moi-Président était un message fort car derrière chaque détail d’une photo présidentielle quelque chose est dit de la France, des Français, de leur Président, du Monde, du temps qu’il fait et des lendemains qu’on appelle à chanter. Rater une photo de la France, c'est annoncer un ratage pour la société française.

 

Alors, la Photo de Macron ?

 

On en dira deux choses essentielles : dans sa photo, Moi-Président, se tenait dans l’ombre renvoyant à ces vers du poète Charles Perrault :

« J'aperçus l'ombre d'un cocher /Qui tenant l'ombre d'une brosse, /Nettoyait l'ombre d'un carrosse ». Le Palais de l’Elysée était tout au loin derrière lui, dans le flou, décoré de deux draps de lits, à peine décelables, peut-être les drapeaux de la France et l’Europe, avaient tenté certains commentateurs: dans le parc solitaire, mais pas glacé, une ombre allait se promener.

 

A l’opposé, le Président Macron est dans l’Elysée. Il n’est pas dans une bibliothèque, comme tant de présidents incultes. Il ne flâne pas non plus sous les frondaisons : s’il y a un parc derrière lui, c’est à la façon de Magritte, « ceci n’est pas un parc », c’est un décor pour un lieu de travail. La chaise posée devant le bureau tourne le dos au parc. Le parc est un décor qui fait son job de décor, on ne le voit presque pas. Comme le président fait son job de Président, aux premières heures de la journée : le soleil vient de se lever, c’est le matin, 8h20, on le sent frais. Il n’y a pas d’ombre dans ce tableau. Le soleil est trop jeune encore pour briller de mille feux et pousser le promeneur à chercher l’ombre. Quand c’est midi, Depardon l’avait montré, il fait trop chaud pour travailler.

 

Un parfait matin pour bosser. D’ailleurs le bureau est là, prêt à servir. Moi-Président avait transformé la France et l’Europe en draps de lits mis à sécher dans le fond du jardin. Le Président Macron, en fait des personnages. Et même des compagnons, l’un à sa droite, le français naturellement, l’autre à sa gauche, l’européen. « Garde rapprochée » comme on dit maintenant, ils sont posés si proches du Président qu’on pourrait les entendre crier comme le Dauphin du roi de France dans une bataille difficile. « Gardez-vous à droite, gardez-vous à gauche ».

 

Pas de mappemonde, pas de cartes, ni de plans de batailles, rien d’autre qu’un bureau, le symbole du travail, rien d’autre qu’un petit cartel, symbole du temps obsessionnellement présent, de l’avenir qui va s’y inscrire et se figer très vite. Le temps est compté.

 

Le Président est-il vraiment à l’Elysée ? Rien ne l’indique très clairement. Sauf le Président. Le Président Macron n’est pas quelque part dans l’Elysée ou ailleurs : il est l’Elysée, il s’en est revêtu et l’incarne, et c’est bien pourquoi on ne voit ni joli jardin, ni bibliothèque richement pourvue en tranches de livres richement dorées. Il est l’Elysée, le reste n’est que décor.

 

Avec le décor, on a retracé, les deux grandes unités classiques, celle du lieu et celle du temps. Il faut maintenant passer à l’action. L’action c’est le Président. Il y a du Rodin dans cette représentation de Macron, les mains nerveuses et tendues, annoncent l’énergie qu’il faut déployer pour la France et l’énergie qu’il faut insuffler dans sa fonction. Celles de François Hollande ballottaient dans le vide comme si elles se sentaient inutiles. Celles du Président Macron sont accrochées au bureau pour empoigner les tâches à venir.

 

Car l’image du Président Macron est dite en deux temps : le temps du travail, celui des mains, mains ouvrières, laborieuses, prêtes à plier le métal le plus résistant aux desseins présidentiels. L’instant du regard. Dans sa photo officielle, Moi-Président n’avait pas de regard. Pour des raisons purement physiques qu’on ne commentera pas mais aussi parce qu’il était trop loin et parce qu’il était dans l’ombre. Le regard du Président Macron est là. Ultime. Mis en scène, symbole de l’action voulue, comme ses mains sont le symbole de l’action qui s’accomplit. 

 

Le Président Macron ne vient pas vers les regardeurs, ils les regarde intensément, il leur annonce, l'ambition, la volonté, l'action. Pureté du regard, intensité, dureté. L'Elysée, ce n'est pas du tourisme, une promenade et des sourires doucereux. On ne quitte pas l'Elysée pour un ailleurs présidentiel. On est présidentiel et partout où on passe l'Elysée est là. 

 

François Hollande s’était fait photographier comme un touriste devant un beau monument par une douce journée de juillet quand le soleil tape un peu fort, « mais quand on est en vacances, c’est bien ce qu’on aime, n’est-ce pas ? ».

 

La photographie du Président Macron est un hymne à la volonté qui va s’accomplir.

 

Force pure ? Force inspirée : les livres sont là pour rappeler que le Président est lettré de formation. Deux livres de la Pléiade avec leurs célébrissimes tranches gravées à l’or fin, à main gauche, un autre ouvert, à droite : les livres ne sont ni un décor, ni une posture. Au temps qui s’enfuit, ils opposent la discrète présence de l’esprit. Sur la droite: " Les Mémoires de guerre"du général de Gaulle. Sur sa gauche, "Le rouge et le noir" de Stendhal, où Julien Sorel casse les codes d'une société bloquée et les "Nourritures terrestres" d'André Gide, transgression et désir.

 

 

Ce serait donc une photo plus messagère encore que toutes les photos présidentielles ! Une photo qui serait si messagère qu’elle en serait sentencieuse ? Si vous le pensez c’est que vous n’avez pas observé un détail : le coq gaulois. Ce petit objet doré qui est sur la gauche de la photo et qui se reflète tout au bord du bureau. Un coq gaulois, campé sur une clochette, se détache sur le rouge du drapeau français, parfait pendant de la pendule posée de l’autre côté. L’un domine un livre ouvert quand l’autre jouxte deux livres fermés.

 

Ne cherchons pas de sens, si ce n’est celui de la notation légère par laquelle, discrètement, l’humour vient se glisser dans une photo très sérieuse. 


Une photo ratée de Depardon: Moi-Président

 

 Une photo comme tout le monde : Ratée !

 

 

On sait, le making off est très documenté sur la prise de la photo, que Depardon s’est totalement libéré de la contrainte technique. Lui qui s’est promené dans toute la France avec un appareil pesant 250 kg, monumental et fragile, pour photographier la France éternelle, des boutiques des petits villages et des campagnes à taille humaine, a voulu, pour cette photo, la liberté de l’appareil qu’on porte avec soi, du numérique, de l’argentique, de l’informatique… et pas de ces optiques monstrueusement immobiles, ces plaques gigantesques et tout le personnel qui va avec. Donc, pas de pied pour éviter le « bougé », pas de calculs savants pour éviter le « flouté », pas de travail sur l’intensité lumineuse pour éviter contre-jour et effets d’ombres. Le résultat est à la hauteur de ce qu’il voulait : il y a du flouté, du bougé et du contre-jour. Si la photo avait été prise par le neveu avec son nouvel appareil, on aurait souri. « il y a encore quelques progrès à faire ». Avec Depardon on a aussi souri. Mais, là c’était un sourire de connivence. Il avait tout raté comme il le voulait. Pas plus qu’il n’était nécessaire. Juste le ratage souhaitable.

 

Foin des palais et des honneurs !

 

Un décor, c’est connu, c’est fait pour mettre en valeur, contextualiser, donner des indications de lecture de l’œuvre, voire imposer un sens à la lecture de cette dernière. Il y a des Présidents sans autre fond que des couleurs. Il y a des Présidents qui ont été photographiés devant des décors, dans le genre bibliothèque, posant leur main droite, en général, sur un fragment de colonne dorique.

 

Le cadre en dit beaucoup. Il faut marquer que Depardon, en toute simplicité, use de l’opposition ombre du premier plan et clarté du fond de la photo, pour parler du temps qui vient et qui s’écoule. Le temps des honneurs est riant. C’est celui du Palais. Il est dans le lointain car s’il ne faut pas oublier la solennité de la fonction. Cependant il ne faut pas en faire autre chose qu’un pur cadre dans lequel l’humain se déploie. Le Palais est loin parce que le Président est proche ? Mais surtout, il y a Palais, c’est indéniable. Incontournable. On est dehors. Et le dehors, c’est la vie, la vraie, la réalité. A l’opposé des livres et de leur prétention à tout contenir, à tout avoir dit et à donner une onction purement intellectuelle au « sujet » de la photo. En même temps, le Palais se devine et ne s’impose pas, car les détails du fond ont été abolis par le flouté de Depardon. En somme, il a l’air de s’excuser d’être le Palais de la Présidence tout en donnant à penser, soleil, lumière, fond champêtre, ciel bleu, irradiations d’un été chaleureux qu’il est l’Elysée, un Olympe rieur et plein de gaieté. Tout ceci est mis en valeur par la démarche de Moi-Président. Oui ! On voit bien que Moi-Président est en marche, comme la France et vers la France. Il s’éloigne des fastes du Palais pour venir vers nous. En toute simplicité. Mais aussi, il quitte le passé (le vieux Palais) pour s’avancer vers l’avenir (Nous, les Français). Depardon n’est pas un grand photographe pour rien.

 

Des Draps ou des Drapeaux ?

 

Restons dans le décor. Tout au fond, en clignant bien les yeux, il semble, sur la façade du Palais, que des linges sont pendus et orientés vers le soleil, mis à sécher probablement. La photo, floutée-bougée interdit une investigation plus précise. On n’est pas dans une photo à la hollandaise où même les détails qu'on ne peut pas voir sont visibles. C’est une photo "Depardon" qui renouvelle le genre Depardon, en rupture avec son enquête de la France profonde où tout est donné à voir, y compris les panneaux de stationnement. Là, on a du mal à voir. Et c’est un fait exprès! Ce n’est pas une maladresse de débutant. Si on ne voit pas bien c’est qu’il n’y a peut être pas de quoi s’appesantir ! Que devine-t-on ? Des draps gigantesques puisqu’accrochés au faîte d’une aile du château ils retombent jusqu’en bas. Sont-ce des draps de lit ? Il aurait été plaisant de donner à penser qu’ils sont à l’image de ces draps tachés de rouge que les peuplades un peu primitives exigent des nouveaux mariés. Depardon dit-il qu’il y a dans la présidence de Moi-Président une sorte d’union charnelle, humaine entre l’homme, le Président, et la Nation, la France ? Après tout, il y a eu Léda et son cygne, Danaé et sa pluie d’or. Non, décidément, il n’y a pas de hasard dans un grand œuvre par un grand artiste. La symbolique est encore plus forte, quand on s’aperçoit, muni d’une loupe, d’une longue vue ou d’un regard de Lynx, qu’il s’agit des drapeaux. Le Français et l’Européen. Le symbole du drap nuptial est complètement élucidé. Union de l'Homme et de sa Nation, Union de la Nation à Europe. Le drame antique est joué. Le drap teinté de rouge est mis à la fenêtre. Consumatum est. 

 

A-t-on épuisé le mystère du "dit des draps" par Depardon. Non certes, car, il faut aussi, dire un mot du lointain dans lequel sont propulsés les Draps-Drapeaux.

 

La France n’est-elle qu’un fond de photographie ?

 

La France est-elle donc maintenant reléguée dans le lointain? Un lointain flouté, pas net et pas clair? N’est-elle qu’un élément banal d’une toile de fond ? Est-elle comme l’Europe et l’Horizon : une ligne imaginaire qui recule au fur et à mesure qu’on avance? Est-elle seconde, dans son histoire, sa personnalité, son image, par rapport aux peuples ? Renvoyer les drapeaux au statut de drap n’est-ce pas énoncer que Moi-Président n’est pas « que » Président des Français? N’est pas « que » un membre éminent de l’Europe ? N’est-ce pas aussi, parler d’un Moi-Président, libéré des Palais, libéré des temps anciens, libéré de toutes ces vieilleries qui entraveraient cette marche, dont on a vu, qu’elle va de l’avant. Vers nous, et d’abord vers Depardon, qui, sûrement, ému a su transcrire en flouté-bougé le frisson artistique que cette marche décidée lui a inspiré.

 

Le Président de l’ombre ?

 

Pour Depardon, la symbolique du Drap nuptial est complétée par la symbolique de l’émergence du Moi-Président.  D’habitude dans les photos d’amateurs, le neveu dont on a parlé par exemple, on évite les contre-jours. D’instinct, on comprend que le contre-jour obscurcit le sujet photographié. Si ce qu’on veut montrer se détache sombre sur un fond lumineux, évidemment le résultat, c’est qu’on voit mal le sujet. Depardon a choisi un gigantesque contre-jour. A dessein. On ne l’expliquera plus qu'il n'y a pas de hasard. Il y a là de la volonté, une forte intention. Comme partout en Art. Ici, Depardon nous montre une silhouette qui est dans l’ombre. Vient-elle du fond lumineux, éclaboussé du soleil d’un été idéal ? Le Président viendrait de la lumière pour rentrer dans l’ombre ? Où à l’inverse, il aurait surgi de l’ombre. Venu à une sorte de naissance, quittant l’ombre matricielle pour surgir à la lumière douce et tamisée de la chambre de travail ? Draps nuptiaux-Drap-eaux qui coulent. Encore une puissante symbolique. Moi-Président dans l’ombre n’est cependant pas le Président de l’ombre. Il ne peut pas être une ombre de Président, on ne peut l'associer à Scarron: «  …. l'ombre d'un cocher, qui, tenant l'ombre d'une brosse, nettoyait l'ombre d’un carrosse. ».  Depardon a tout simplement figuré que l’espace de Moi-Président n’est pas celui des ors et des fastes des Palais. Il est celui, calme et tempéré, de nos jours habituel, où l’ombre suit la lumière. Il nous dit suivant Valery : « …Mais rendre la lumière, Suppose d'ombre une morne moitié ». C'est pour cela que Moi-Président d'après Depardon, fait plutôt morne?

 

Rien dans les mains, rien dans les poches.

 

Il faut en venir à l’homme lui-même. Nous avons tourné autour de Moi-Président évoquant le fond du tableau et aussi la forme, floutée, bougée, contre-jour, nous avons parlé de son union et du drap qui parlait de consommation. Nous avons parlé de son émergence. Il faut parler maintenant de ce travail si beau, mais si difficile, que Depardon nous a livré, révélant Moi-Président et montrant l’homme. Bien sûr, rien d’original dans la tenue. Moi-Président ne sortira pas de l’ombre au moyen de fleurs multicolores dans les cheveux ou en tutu. Moi-Président est cravaté. Il est costumé. Il est décoré. A peine. Il faut bien qu’il le soit. Tout est discret. Rien n’est au soleil n’est-ce pas? Rien ne rutile. Ni ne cliquette. Ni ne blingue-blingue. Rien. C’est là que le génie du photographe s’impose véritablement. Il a réussi à photographier "rien". Attention, il ne faut pas prêter à Depardon une intention politique de type anarchiste. On ne doit pas dire de lui qu’il a roulé tout le monde en photographiant Moi-Président pour montrer « Rien ». Depardon est ici au paroxysme du message. En effet, pourquoi, avoir photographié un personnage aux mains ballantes, pendues au bout de bras ballants ? Parce que le Moi-Président qui émerge vient au monde des chefs d’Etats, avec rien dans les mains. C’est clair. C’est montré. La veste est solidement fermée. Il n’y a pas de protubérance indiquant un portefeuille bien rempli. Il n’a rien dans son portefeuille. L’homme est au premier plan, devant nous, à portée de nos mains. Il n’a rien. On ne peut rien lui prendre. Il n’a rien à donner. Il se livre à nous dans le dénuement le plus total.

 

Cette attitude n’est pourtant pas si simple. Si Moi-Président vient à nous, il ne se montre pourtant pas de face. Il n’est pas animé par le souci du don pur. Il est légèrement tourné, l'épaule gauche se dégageant vers l’arrière. Depardon nous dit ainsi que si Moi-Président vient vers nous, il pourrait tout aussi bien, revenir en arrière. Il est prêt à retourner dans le Palais. 

 

Un demi Président

 

Il vient à nous avec ce demi-sourire qui convient à une demi-photo. Ce n’est pas une photo en buste. Ce n’est pas une photo en pied. C’est une photo à demi. Le demi-sourire de Moi-Président répond au cadrage. Les sourcils formant accent circonflexe sont une mimique bien connue en France qui dit « vous m’avez posé une question ? ». Le visage, éclairé d’un fin sourire, nous dit que ce n’est pas un homme de certitudes qui s’avance. C’est un homme comme tout le monde à qui on a dit de faire le Président et de ne pas se faire remarquer.

 

Une belle leçon de photographie.

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Montebourg, Philippetti en première de couverture sur Paris-Match :  une mauvaise photo fait-elle sens ?

 

J’avais en son temps commenté la photo de François Hollande par Depardon et écrit quelques mots sur la photo du Président dans une position fort inconfortable puisqu’il posait, instable (avec une amie), sur un rocher. Un peu plus tard, j’avais étudié Arnaud Montebourg déguisé en panneau publicitaire. Il s’agissait dans tous les cas de photos officielles, images portant sur l’incarnation du pouvoir.

 

Ici, mon commentaire portera sur la photo (non officielle) à la une de Paris-Match. Décrivons-là rapidement. Arnaud Montebourg et Aurélie Philippetti sont photographiés dans une pose bucolique. Réunis, la main de l’homme posée très classiquement sur l’épaule de la femme, ils contemplent avec ravissement (sourires sur les visages) un plant non identifiable quoiqu’il porte des fruits (pas des prunes apparemment), dont la femme, s’est saisie à pleine main comme pour les attirer à elle (et à lui). Derrière le couple et formant le fond de la photo, un mur borne l’espace interdisant toute idée de profondeur et projette le couple en avant. Au-dessus du couple et l’entourant, la richesse d’une treille ou d’un arbuste fruitier déborde des limites de la muraille et cascade vers le sol. L’homme est vêtu en bleu foncé, sérieux et sévère mais souriant aussi des efforts de la femme qui, en premier plan, illumine et éclaire la scène de tout l’éclat d’un chemisier blanc surexposé. On dira de ces contraste sombre/clair, homme/femme, mur/treille qu’ils structurent la pensée artistique d’où viendrait cette photo.

 

Dans un premier mouvement, on a envie de proposer cette lecture de la photo : saisi par l’Amour, Arnaud a jeté la soie ministérielle au pied d’Aurélie tel Walter Raleigh jetant son manteau sous les pieds de sa reine. Caressant les fruits en grappe, (ce ne sont donc pas des prunes), ils miment leur avenir et les événements heureux (les fruits) qu’ils en attendent.  Dans un deuxième mouvement, on se dit que l’image ne peut pas être étrangère aux messages bibliques. Cette femme n’est-elle pas la Tentatrice qui fait rompre les serments ministériels ? Les fruits qu’elle s’efforce d’arracher au buisson nous parlent de son avidité. A l’ardeur prédatrice de la Femme, nimbée de la lueur de métal chauffé à blanc de son chemisier s’oppose le sourire un peu distant de l’Homme. Dans un troisième mouvement, cette photographie pourrait nous renvoyer aux œuvres dites préraphaélites : les Anglais fâchés d’avoir raté l’impressionnisme avaient contre-attaqué dans le genre scènes bucoliques et troubadours d’opérettes. Notre couple charmant (hormis les costumes qui ne font pas moyenâgeux) s’inscrirait dans tendance esthétique, un rien cul-cul où les pâtres (l’Homme) sont bouclés comme des moutons et où ressembler à Charlotte Gainsbourg (la femme) renvoie à des histoires plus niaises que torrides.

 

Comment choisir entre ces trois mouvements ? En se rapprochant des grands maîtres de la photographie peut-être ? Il y a dans cette photo une évidente parenté avec le travail de Pierre et Gilles. Ces derniers, dont on dit qu’ils sont les maîtres du Kitsch en photographie, conçoivent leurs œuvres comme une mise en scène du beau dans le sens le plus théâtral du terme. Quand, par exemple, Pierre et Gilles prennent Arielle Dombasle dans leur champ photographique, c’est pour exalter ce que la beauté doit à la surface des choses. Ils montrent que le beau n’est pas au fond des cœurs mais à fleur de peau. Leur force est de savoir avancer au travers des scènes les plus rebattues de la mythologie ancienne et moderne et de leur donner leur dimension héroïque, épique et, pourquoi pas morale, grâce à l’éclat purpurin d’une lèvre entr’ouverte, au nacré d’une peau de nymphe, à la blessure franche et nette sur une peau percée d’une flèche. Les deux artistes jouent gros sur le plan artistique en construisant leurs œuvres au risque du mièvre et du sirupeux, les frôlant sans cesse tout en se jouant de leur force de séduction pour narguer les regardeurs.

 

Malheureusement pour nos deux tourtereaux, Pierre et Gilles ne sont pour rien dans cette photo.  La photo de Paris-Match totalement floutée et photoshopisée s’écarte de la vision artistique pure de Pierre et Gilles. Elle est tombée exactement là où les deux artistes s’acharnent à ne pas verser : la mièvrerie genre « barbe à papa » et les dégoulinades de sirop à l’arôme artificiel.  

 

Pierre et Gilles aurait fait poser le couple pour que soit proclamer l’enracinement historial de leur histoire d’amour. Ils auraient saupoudré les alentours de paillettes dorées, éternisant leur passion comme par des milliers d’étoiles minuscules. Les deux amants auraient été, corps et visages, huilés, poudrés et fardés en sorte que le bonheur ne puisse se réduire à un épiderme émoustillé. L’arbre dont ils sont en train de caresser les fruits n’aurait pas été un prunier (connotation trop évidente) ou tout autre fruit démocratique mais vulgaire. Ils auraient pensé à un pommier pour son sous-entendu biblique. Ils auraient imaginé aussi des amandiers ou des orangers pour nous renvoyer vers les beaux moments de la Renaissance italienne.

 

Rien de cela ne transparaît dans cette photographie. Ce n’est qu’une photo intimiste en plein air.  Comme un baiser de théâtre entre deux acteurs avec la foule des spectateurs tout autour. Comme une bête photo people où « nos héros » sont seuls, entre eux, dans une bulle de bonheur... posée au milieu des badauds.

 

Posée, cette photo l’est certainement. Imposante, elle ne l’est pas du tout. Or, la pose d’un homme politique n’est pas, ni le fait du hasard, ni celui de l’inattention. Par sa stature, son maintien, voire les fruits qu’il tient dans sa main, il dit quelque chose de sa vision du monde et des hommes. Sur ce point, cette photo n’est pas rassurante: elle se situe exactement entre la poésie de Géraldy (la rime qui larmoie) et une publicité pour Vilmorin (la graine qui poudroie).

 

 

Photo médiocre et affligeante, elle ne dit rien d’un projet politique, elle dit tout de l’insuffisance du photographe.

Une vanité de Moi-Président : Arnaud Montebourg.

 

Cette photo a fait le tour du monde. Un ministre de la République en marinière et mixerphore n'est pas fait pour passer inaperçu. Pourtant il ne faut pas se laisser aller à la première impression. Le message délivré par cette photo est beaucoup plus complexe qu'il y parait....

 

Il n’y a pas de hasard dans l’Art. L’Art ne survient pas au détour du chemin devant l’artiste subjugué et ravi.  L’Art est volonté. La photographie d’Armaud Montebourg (AM) en est une illustration.

 

C’est une photo posée mais ce n’est pas une photo officielle

 

A l’inverse de la célèbre photo de Moi-Président, floutée, en pied, mais sans pieds, officielle prétendait-on et, dans le même temps, manifestation de l’esprit créateur d’un grand photographe, Depardon, la photo de AM, Ministre de l’Industrialisation de Moi-Président, n’est pas une photo « officielle » destinée à être affichée partout où il y a aura de l’industrialisation à faire ou à refaire. Elle n’est pas conçue comme un appel : « nous avons besoin de vous ». Son doigt n’est pas pointé autoritairement vers nous pour nous enjoindre le rejoindre.

 

Ce n’est pas non plus une photo de paparazzi telles ces photos volées révélant des seins nus royaux ou montrant Elle-Première-Dame sortant de l’onde. AM n’a pas été surpris dans une posture torride à l’intérieur d’un local glauque. Quelque soit l’hostilité qu’on puisse nourrir à l’encontre d’AM, il n’est pas possible de tirer de cette photo, l’indice ni la preuve d’un comportement honteux ou contraire à la loi.

 

On voit donc que cette photo a été absolument posée. AM, n’est pas arrivé par inadvertance devant l’objectif comme Moi-Président dans la Photo officielle du GPF. (Sinon la photo de Moi-Président, n’aurait été ni floutée, ni coupée et on aurait vu ses pieds..). Il a été photographié parce qu’il l’a voulu.

 

Preuve claire et sans appel de cette opposition entre les deux photos, celles de Moi-Président et celle d’AM : le drapeau Français. Dans la photo officielle de Moi-Président, le drapeau français n’est qu’une impression lointaine et indistincte à ce point que de mauvais esprits sont allés penser que, telle qu’il était étendu et pendouillant, c’était un drapeau hollandais. A l’inverse, la photo d’AM étant posée, le drapeau français derrière lui est comme un roc : la France est solide et droite comme son drapeau.

 

D’autres détails révèlent la photo posée : malgré les apparences, son vêtement n’est pas une fringue d’été comme dans la photo de Moi-Président en Vacances. Il n’a pas été surpris sur une plage. On ne voit ni mer, ni rocher, ni sable, ni ciel bleu. AM est donc bien venu devant l’objectif de son plein gré pour poser.

 

Si ce n’est pas une photo officielle, pourquoi est-elle posée ?

 

Ou dit autrement, qu’est-elle donc cette photo, posée mais pas officielle ? Ce pourrait être une fausse photo d’AM. Plusieurs de ses amis ont pensé à un photomontage. D’autres ont dit qu’il s’agissait d’une photo prise dans un bal vraiment masqué où un convive aurait mis un masque d’AM. Nous avons confié cette photo à nos laboratoires. Ils sont formels. Ce n’est ni un montage, ni un masque: c’est, la technique le confirme, une photo d’AM.

 

Cette vraie photo, a-t-elle été prise à l’occasion d’une fête comme le déguisement pourrait le laisser penser ? La réponse est négative pour deux raisons au moins : il y manque un peu de folie. Elle est trop sérieuse, trop « technique »…Trop posée, justement ! On ne voit ni traces de cotillon, ni négligé, ni vêtements froissés ou cheveux ébouriffés qui sont la marque distinctive d’une fête. AM, posant, est trop sage, trop impliqué dans quelque chose qui n’est ni de la rigolade, ni de la légèreté. Son regard en dit long, il n’a pas le vague des longues heures passées à danser, chanter, rire. Son regard, interpelle, il porte un message.

 

Cette photo posée est donc une photo faite pour faire passer un message

 

C’est pour cette raison qu’elle est posée et qu’elle est claire, sur fond de drapeau français lisse et imposant.

Quel est le message véhiculé par la photo d’AM ? Ce n’est pas si simple !  On sent que le photographe et l’éditeur de la photo n’ont pas voulu lui conférer une lisibilité à « fleur de papier». Ils ont voulu créer un choc sémantique. Ils ont voulu que le « regardeur » de la photo ne puisse pas penser qu’AM n’est qu’un banal bonimenteur et n’est là devant nous que pour de la réclame. Ils ont voulu qu’elle donne à penser.

 

Dans ce but, ils ont brouillé les pistes : une bulle en haut et à gauche d’AM. annonce « Cinéma, la dernière surprise de Disney ». Quoi de plus troublant ? AM, ferait du Cinéma ? Il aurait passé un contrat avec Disney ? En dessous de ce texte, plus mystérieux encore, on évoque le passage d’éoliennes volantes  dans le ciel! Transhumance hivernale ? Le rapport avec le Ministre de la réindustrialisation serait évident : AM doit empêcher que les usines quittent la France à tire d’aile ou par d’autres moyens. Il ne peut donc pas être indifférent à l’envol des éoliennes !

 

On voit donc qu’AM, posant, n’émet pas un pur message publicitaire. Le décryptage est  trop complexe. Pourquoi, en tenue de petit marin, AM porterait-il un mixer comme une maman son nouveau-né?? Pourquoi être vêtu d’une marinière devant le drapeau national. S’agit-il d’un message militaire (mais ce n’est pas son domaine de compétences) ? S’agit-il d’un message sur les parfums et les producteurs de moules? S’agit-il d’une photo à clef… qui ne montre son message qu’à ceux qui ont fait un vrai parcours de compréhension.

 

La photo de Montebourg est celle d’une moderne Vanité

 

Les clefs, en voici quelques unes : le Mixer fait ici office du Crâne de mort. La Marinière symbolise le vêtement des prisonniers et des condamnés. La montre noire nous parle de la désespérance des sites industriels en voie d’abandon.

 

Cette photo est une Vanité: annonciatrice des temps contraires, des damnations et de la résistible prétention des hommes. Elle renouvelle le genre. Moderne Vanité, dénonçant la Crise qui partout fait naître des idées sinistres, elle affiche AM sous le triple fardeau du Mixer, de la Montre et de la Marinière (les trois M) pour jeter un défi pathétique et grandiose au quatrième « M »: La Mort.

 

Arnaud Montebourg est la vanité de Moi-Président.

 

 

La photographie officielle de Moi-Président en Vacances

 

 

Pour la deuxième leçon de photographie nous avons choisi cette belle épreuve qui nous vient de RTS. Suisse.  (Donc, elle ne  vient pas de Depardon). C’est une des premières photos officielles de Moi-Président qui ne soit pas floutée. Bien qu’officielle elle n’est donc pas artistique. Dans le même temps, il faut remarquer que bien que n’étant pas artistique, il ne s’agit pas d’une photo d’amateur. C’est en quelques mots exprimer à quel point la photo est une technique délicate.

Cette photo n’est pas une photo d’artiste.

 

Elle n’est pas floutée comme la photo de Depardon. Le floutage est une technique dont on a vu qu’il faut la manier avec précaution. En matière de photo, trop de gens, qui ne sont pas au courant de ce qu’art veut dire, concluent d’un floutage que la photo est ratée. (Oh ! zut, mes photos sont floues ! On ne voit pas bien ta mère ! C’est trop bête ! C’est l’appareil !). On a vu dans la précédente leçon qu’un artiste photographe sait faire du floutage un allié, du contre-jour un moyen d’expression et de la photo mal cadrée un argument choc. Toute photographie prise par un artiste porte la marque d’une volonté et d’une vision. Or, par essence, tout est mesuré, voulu, pesé et riche de sens dans une photographie officielle. Elle n’est pas là pour montrer un corps, inscrit dans un paysage, avec du soleil et de la pluie ou des bâtiments, ou n’importe quoi d’autre. Une photographie officielle parle de l’Homme, du Monde, du Passé et du Futur et, parfois, de Dieu. S’il faut qu’elle soit floutée pour dire tout ça, elle sera floutée. Un contre-jour fait disparaître le sujet officiel ou le rend moins visible ? Ce n’est pas par hasard, ni le fait d’une erreur de prise de vue. Par ce moyen, celui dont on fait le portrait annonce et proclame qu’il se veut homme de l’ombre et qu’il évitera de se mettre à découvert, que clarté et transparence ne sont pas des valeurs essentielles pour lui. On comprend ainsi que lorsque la photographie du Président de la République est floutée et à contre-jour, il ne s’agit pas d’erreurs, de fautes ou de ratages. L’œuvre floutée de Depardon était donc un message profond.

 

Une photo qui n’est pas floutée n’est pas nécessairement une photo d’amateur.

 

La photo officielle que nous avons choisie pour cette deuxième leçon n’est pas floutée, ce n’est donc pas une photo d’artiste. Ce n’est pas pour autant une photo d’amateur. (« Monsieur le Président ! Trop de chance ! Je vous prends trente secondes ! Les enfants seront si contents. Oui, Madame, heu, la Présidente ! Un peu plus près ! Comme un vrai couple ! Oh, je suis tellement heureuse ! Merci monsieur le Président !). Ce n’est pas une photo d’amateur pour plusieurs raisons. Un amateur aurait tenu à photographier le couple en pied. A l’inverse du photographe artiste qui, lui, peut s’affranchir de détails triviaux de ce genre, l’amateur veut montrer ce qu’il a vu. Tout ce qu’il a vu. Pour lui la photo n’est pas un mode d’expression mais un support de communication. (« Tu sais, j’ai rencontré le Président et sa femme ! Sa compagne, si tu veux ! Si ! je te jure ! Comme ça, simple, à la plage. Si ! Je te jure que c’est vrai ! C’est pas une blague, je te dis. La preuve : j’ai même fait une photo. Si ! Je te jure. Avec elle. Avec sa compagne quoi ! Si ! Je te jure ! Je te l’envoie, la photo ! La preuve que je l’ai vu, François ! ». Un amateur qui rencontre le Président ne le voit pas sous la forme d’un homme amputé de ses pieds. Il a vu le Président et sa compagne, en entier, de pieds en cap. Le photographe amateur prendra tout, les pieds et les caps.

 

 Ce n’est donc pas une photo d’amateur. Ce n’est pas une photo d’artiste. C’est pourtant une photo officielle.

 

Mais c’est une photo officielle

 

Quelle différence ? Il n’est pas nécessaire d’être un artiste pour prendre des photos officielles. En revanche, il n’est pas recommandé de confier une photo officielle à un amateur. On risque en effet que l’accessoire l’emporte sur l’essentiel. Par exemple, l’amateur ne sait pas suggérer parce qu’il veut tout montrer. Il veut que le sujet fasse vrai, authentique, sincère : si le sujet est en train d’égorger son prochain, l’amateur insistera pour que l’égorgeur ait la tête d’un vrai criminel. Visage crispé, folie dans les yeux, sourire démentiel. D’ailleurs l’amateur n’hésitera pas à enregistrer le son et les mouvements. S’il a la chance de rencontrer le couple présidentiel, il demandera à « Madame d’embrasser Monsieur » ou de lui mettre de la crème à bronzer sur les joues, ou de gonfler une bouée. Toutes choses qui ne sont pas essentielles pour un Président.

 

Une photo officielle met donc en valeur l’essentiel du Président même si, comme le disait Saint-Exupéry, « l’essentiel est invisible pour les yeux ». Un bel exemple de photographie officielle où l’essentiel est invisible pour les yeux ? Il faut se souvenir du portrait des anciens Présidents. On n’y voyait absolument rien, sauf qu’ils étaient tous les mêmes. De vraies photographies officielles. Elles donnaient à voir une chose et une seule : un Président de la République. Très officielles et pas du tout artistiques. Jamais un amateur ne se serait risqué à faire aussi sinistre.  

 

On comprend mieux maintenant que dans notre photographie, tout est officiel, tout nous parle de Moi-Président. Tout est conçu pour dire de nouvelles choses sur ce qu’il est, ce qu’il veut être pour les Français et les actions qu’il va entreprendre. Tous ces détails montrent qu’il s’agit d’une photo riche en volonté, en message et en vision politique. C’est en ce sens que c’est une photo officielle.

 

Une photo officielle forte.

 

La rupture avec les trois caractéristiques de la photo de Depardon est criante : le couple présidentiel est net, il n’est pas en contre-jour, la photo est mise en scène au sens propre du terme. Moi-Président et sa compagne s’inscrivent nettement dans un cadre marin, ensoleillé et ludique. C’est une rupture évidente avec l’autre photo officielle qui renvoyait le cadre de l’Elysée dans un lointain nébuleux et difficilement lisible.

 

La photo est officielle car elle évacue le contingent, le superficiel, le « trop visible ». Un détail symbolique de cette volonté d’aller à l’essentiel : on ne voit pas les pieds de Moi-Président. le « regardeur » ne pourra pas être détourné de l’essentiel (Moi-Président) en détournant la réflexion sur son gros orteil ou sur ses tongs fabriquées à Hong Kong. L’absence de pied de la compagne souligne que c’est une vraie prise de position du photographe officiel. Il ne laisse rien au hasard.

 

Il y a un vrai nouveau message officiel : tout d’abord celui du Dépouillement. Quoi de plus dépouillé que la façon dont Moi-Président est vêtu ? Dans une période de crise, n’est-ce pas un message fort. Moi-Président, partage symboliquement le drame vécu par ses concitoyens, « il ne lui reste plus que la chemise sur le dos ». Cette chemise informe, sans couleur définie, banale à souhait est un message. Moi-Président a choisi cette chemise, là, pas une autre pour sa photographie officielle. Le pantalon : un jean ? Un vieux truc en toile fourni par Emmaüs? Un cadeau de la CGT ? Ce pantalon-là, renforce les thèmes de l’austérité, de la compassion et du partage de la souffrance.

 

Ceci vaut pour le présent. La photographie officielle de Moi-Président n’insuffle-t-elle pas aussi la marque de sa volonté ? Sa posture n’est pas celle d’un homme qui subit. Il est calé sur ses jambes. Solidement. Malgré l’inconfort de sa position, s’il est pied nu sur les rochers. L’inconfort de cette situation contribue à la grande intensité de la pose. Quand on imagine à la fois que son équilibre est instable et qu’il a le soleil dans les yeux, le sourire de Moi-Président prend tout son sens. C’est un sourire d’espoir. Malgré tout. Moi-Président sourit à l’avenir.

 

Une photo inscrite dans son temps

 

Il faut revenir, un instant de raison, sur la photographie Officielle de Depardon. L’arrière-plan était évanescent, flouté bien entendu, des « drapeaux » à peine discernables, tombaient des combles du Palais.

 

La nouvelle photographie officielle ne donne pas à « l’arrière-plan », un rôle secondaire. Bien au contraire. C’est justement de l’avenir qu’il s’agit. Le photographe de Moi-Président l’inscrit dans un paysage ensoleillé et maritime, donc heureux. Si Moi-Président avait été photographié dans un contexte de ciel bleu et de sable doré ou brun, avec de la rocaille, le sens n’aurait pas été le même ! Cela aurait été un message international, sur le Sahel, sur les dangers de voir l’islamisme obscurantiste s’implanter au centre de l’Afrique. Ici, le bleu du ciel parle du temps qui vient et le bleu de la mer des gens que nous sommes.

 

Bleu, il faut s’en souvenir est une des trois couleurs qui font vibrer les Français depuis la nuit des temps historiques. Toutes les études le montrent. Les Rois de France, depuis les Capétiens, sont vêtus de bleu. Marie, mère de Dieu, est représentée dans un manteau bleu. Le sang des gens importants n’était-il pas bleu ? Etc. Dans la tradition iconographique (qu’est ce qu’une photographie officielle sinon une version moderne de l’icône), un ciel bleu, un fond bleu indiquent que le personnage (le Saint, le Héros, le Moi-Président) s’inscrit dans notre temps par opposition au fond « or » qui évoque l’éternité, un monde supérieur et lointain. Cette présence à notre temps n’est pas là pour faire « joli », elle est signifiante : elle est porteuse d’espérance pour l’avenir qui va nous sourire (le soleil, ensoleillé etc.).

 

Dernier point, la mer : c’est, dans l’ordre de la représentation, un très fort symbole de la Société. Ici, on pressent le doux moutonnement des vagues chères à P. Valery. Les vagues, c’est la certitude du changement. (Par opposition, quand on ne veut de changement on dit : « pas de vagues »). Cette mer-là est calme : l’avenir se conçoit dans le calme d’une société qui change. Et surtout la mer est porteuse. De la mer vient Aphrodite, soit tout ce qui est beau et doux. Et la mer porte les bateaux. Détails superflus que ces bateaux ? Dans une photo officielle tout est sens. Il n’y a pas de hasard. Ce qui est représenté parle, ou bien crie, ou chante, comme on voudra. Il n’y a pas de figurants dans une photographie officielle, ni de potiche. Alors que nous disent les bateaux clairement visibles sur la photo officielle ?  

 

L’un est très manifestement un de ces yachts à moteurs, brûlant des litres de fuel lourd et sulfureux, qui ronflent avec arrogance et promènent des riches lassés et blasés. Il est en passe de quitter le cadre de la photographie officielle. Il traîne derrière lui, une « annexe ». C’est ce qui restera après que la volonté de Moi-Président se sera pleinement exercée. Au contraire, faisant face au rivage, la proue valeureuse tournée exactement dans la direction du couple présidentiel, un jeune et bel esquif, mâlement mâté, indique que les forces vives de la Nation sont invoquées et soutiennent Moi-Président. Pas de frime. Pas de pollution. Pas de gaspillage d’énergie. La France au travail.

 

Cette deuxième leçon de photographie montre nous permet de conclure sur le principe de la photographie officielle. 1) Cette photographe-là de Moi-Président est purement officielle, elle a été débarrassée de tout effet artistique.  2) Elle est officielle car tout y est signifiant, pas un détail qui ne parle de Moi-Président et de ses enjeux politiques.

Voudrait-on clore cet exposé de façon quelque peu lyrique ? On ne pourrait résister à citer ce vers du célèbre poète de Sète. « Courons à l’onde en rejaillir vivant ».

 

 


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