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Instants donnés.

Très beau titre pour une très belle exposition.

Le charme de la photographie selon Doisneau est dû à la double lecture qu’on peut en faire : visions d’un homme amoureux des hommes et révélations artistiques d’un photographe qui, saisissant l’essentiel, ouvre la porte vers l’éternité.

Cette exposition est remarquable en ce sens qu’elle ne cherche pas à montrer telle face de Doisneau, la face artistique plutôt que l’autre celle où ce sont des vies, des instants de vie, des lumières dans les yeux et des sourires sous la poussière et la cendre.

Evidemment Doisneau c’est l’homme du Baiser devant l’hôtel de ville . C’est aussi le photographe de la dernière valse du 14 juillet. On peut en citer des dizaines de ces photos inoubliables de moments étincelants. Moments surréalistes du violoncelliste sous la pluie. Moments poétiques de Prévert assis devant un verre de rouge. Moments durs et chaleureux des mineurs de Lens. Moment évaporé et léger du petit garçon blond qui réfléchit en regardant les nuages.

Et Doisneau ce sont aussi tous ces gens qui sont beaux, qui ne sont pas beaux, qui se montrent dans des fêtes incroyables, acteurs d’une scène de la vie des riches, mais aussi, Doisneau, ce sont les bars, les cafés, les rues de Paris avec des gens qui sont plus des trognes que des visages, qui sont moches, qui sont sales, qu’on n’a pas envie de juger, mais simplement de regarder.

Doisneau, c’est aussi le monde derrière nous, l’ancien monde, celui d’où nous venons, qui n’est plus là et qui vit encore dans de merveilleuses photos.