Motu Proprio/Créer

 

Aucune œuvre ne peut prétendre être achevée, aucune œuvre ne peut avoir l’arrogance de penser qu’elle peut enfin se détacher de son auteur et mener une vie indépendante. 

 

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L'art n'est pas le répertoire des formes dont on a pris l'habitude


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La littérature est un travail sur les mots: les siens et ceux des autres.


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Les herbiers à idées existent, j'en suis sûr.

D'ailleurs, ce que je fais en ce moment ressemble furieusement à la création d'un herbier.

Et puis, ne compare-t-on pas souvent les idées à des fleurs qui éclosent ou des graines que le vent porte germer en toutes terres humaines alentour et dans le lointain?

Mais, y-a-t-il des bestiaires à idées?

Avec des idées-chimères qui cracheraient des flammes,

des idées acérées qui scintilleraient de l'acier glacé dont elles seraient forgées.

Il y aurait aussi des idées généreuses ronronnant doucement, incapables de se défendre faute de vélocité.

Et puis, les riches idées, sonnantes et trébuchantes.

A la réflexion,

l’herbier, pour les pensées,

le bestiaire pour les idées.

 

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les civilisations ne naissent pas dans la pauvreté: les peuples pauvres n'ont que des coutumes, au mieux des traditions.


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Toute vie est romanesque. C'est une question d'imagination.


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On confond souvent art et culture.

Cette confusion trouve un exemple typique dans la question des arts premiers.

Les fameux objets de culte qu'exhibent avec gourmandise les intellectuels branchés, ne sont pas de l'art.

Il est bien rare qu'on puisse exposer une chasuble, toute rehaussée d'or qu'elle soit, ou un ciboire, ou un candélabre, tout de prierreries incrustés, en tant qu'objet d'art.

Pourquoi diable le ferait-on avec des masques mortuaires, des échelles de grenier à mil, ou des totems, produits à des centaines d'exemplaires, reproduits pendant des dizaines

 

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Ecrire Comme on travaille de l'argile: au hasard de la forme qui émerge


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Ecrire sans regarder ailleurs qu'en soi-même


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Pourquoi écrire?:
parce qu'on ne m'écoute pas ,
parce que je n'entends pas,
pour ce que j'entends......

 

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Sur les arts dits "premiers". Les objets qu'on admire, sont dans le meilleur des cas, des objets vidés de leur spiritualité, des objets de culte jetés à la poubelle après usage, et, parfois, des ustensiles de ménage réservés au service des morts ou des dieux. On les admire pour des dimensions qu'ils n'ont pas: le sacré, ils en ont été dépouillés intentionnellement ou n'en ont jamais été investis

Les formes?

Or, personne n'oserait même considérer une échelle de scribe ou une cuiller de pharaon comme une expression ultime de l'art égyptien.

 

L'émotion?

Y a en t-il, dans des figures sulpiciennes, reproduites à des milliers d'exemplaires?
Plus simplement, s'il y a de l'émoi, n'est-il pas, qu'importe que l'objet de culte soit, en plastoc, comme en bois de cèdre ou en or et pierreries, dans le regard du croyant; dans ce cas, la forme est belle pour ce qu'elle évoque
d'un mystère dont il est acteur et auteur.

Et le regard qui chavire sous le coup d'émotions si fortes, n'exalte en rien un moment de la création artistique.

 

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Pour suivre sur les arts premiers: les objets de vitrine, la vaisselle merveilleuse des grands porcelainiers, faïenciers, les couverts en vermeille, les extraordinaires ensembles de table, de décoration, tanagra, personnages en porcelaine de Meissen, en biscuits, tout ceci en vrac n'est pas de l'art. Or, puissions-nous nous passionner pour eux, les aimer, les collectionner, les pots à fard de la haute Egypte, ni les stylets des scribes nilotiques, n'en n'acquerraient le statut d’œuvres d'art.

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Certains jours, les idées viennent comme on moissonne en été. Je ne crains rien de plus que les périodes de sécheresse.


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J'ai une idée très élitiste de ce que sont les artistes. L'art, un des trois actes de création, avec la religion et la science. Il reste qu'il ne faut pas jeter aux orties les artistes qui n'ont pas de dimension créatrice: il est des artistes démonstrateurs, des décorateurs, des illustrateurs. Les uns et les autres prolongent, amplifient, et enrichissent le discours sur l'art des créateurs


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Icônes: il en est de ces œuvres comme des morceaux de bois
"arts premiers", ou des egyptienneries, (cuillers à fard des souveraines du Bas-Empire).
Ce sont des ustensiles, à religion dans ce cas. S'agit-il d'art? Pas facile comme question car il y a des icônes qui sont belles et même très belles.
Ce qui est art est présumé beau.
Ce qui est beau n'est-il donc pas présumé de l'art?
Ce qui nous renvoie au beau et à sa définition.
Et comme je n'ai pas envie d'entreprendre à cet instant une investigation aussi dangereuse que complexe, je m'en tiendrai à cette affirmation: Une fourchette peut être belle, et j'adore, pour ce qui me concerne certaines ménagères en argent massif où le dessin des couverts et des plats rivalisent avec le brillant des vermeils.
Je les trouve belles.
Mais je ne les trouve pas art.
Et ainsi, de même pour toute chose qui est utile et tout entière attachée et destinée à cette utilité voulue, désirée, cause première de la conception de cette chose.
Les icônes, instruments, souvent de la religion d'habitude, de la piété du voyageur, de la cérémonie intime, sont des instruments à croire. Toutes destinées à permettre au croyant d'exercer, de manifester, de réaliser sa croyance au moment qui lui convient ou au moment qui lui est imposé, commodément, efficacement. Les icônes peuvent être belles, car il n'est pas dit que les croyants ne peuvent pas désirer que les instruments de la dévotion soient flatteurs, chatoyants, désirables, enchanteurs.
Mais, ces icônes en tant qu'instruments ne sont pas de l'art. Comme ne le sont pas la plupart des crucifix qu'il m'a été donné de voir.
Sans parler des chapelets, des médailles de baptême....

Quid alors des Christ de Cimabue....
On y viendra, on y viendra!!


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Ecrire tous les jours un texte de pensées basses et glauques? Il y aurait ainsi le journal d'en haut, et le journal d'en bas!!!
Celui de la tête et celui des glandes.

Et pourquoi pas, au milieu, une sorte de journal de tous les jours, tenue comptable des heures qui passent, brinquebalé entre les deux premiers, mais aussi, véritable pourvoyeur de matériaux de construction de pensées, ou/et, en même temps, exhalateur d'humeurs à tout faire.

Ce serait bien là la réalisation de cette idée de tisser qui me vient souvent au sujet de l'écriture.

Manqueraient toutefois les éléments utiles au tissage relief, voire au tissage espace temps: car, dans cette répartition des tâches entre le haut le bas et le milieu, je fais la part belle au plat, à l'espace à trois dimensions.

Il me faudrait deux autres axes, la passé et l'avenir? ici et là-bas? moi et les autres?

Encore du travail à faire avant d'aboutir!!!

Et puis, quid de la numérotation?
Comment organiser les correspondances? En faudrait-il
d'ailleurs?


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L'art et les formes dont a pris l'habitude: Une Ferrari est belle parce qu'elle a été voulue belle, il s'agit là vraiment d'un acte de création. Aucune des plus belles Citroën n'a jamais atteint la quasi perfection esthétique des moins belles Ferrari, aucune Renault etc...Et c'est bien normal: il s'agit là de faire plaisir au consommateur.
Alors, ils vont chercher ces formes auxquelles celui-ci s'est habitué. Pour le flatter, le conduire à se reconnaître, le rassurer. Et si l'art est utilisé au service de ce programme, il s'agira de l'art acclimaté dont on a pris l'habitude: apprivoisé, lié, pacifique
Ni Renault, ni Citroën n'ont l'idée, comme Ferrari, de faire passer leurs clients dans un autre monde.

D'ailleurs, ce n'est pas le même prix.


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Au Vu des œuvres d'Arman: accumulation de tubes de peintures....Il en va de même pour ces accumulations là que pour les autres, à base de vieilles deux-chevaux, de violons etc. je ne les aime pas, elles relèvent peut-être de la décoration, pas de la création artistique.
Même les accumulations de beaux objets, et même l'accumulation d'objets plaisants ne constituent des œuvres d'art.

On dira aussi que l'accumulation d'objets identiques ou de même catégorie, ne fait pas émerger un nouveau sens, pas plus qu'il ne révèle la vraie nature de l'objet à lui-même et au monde.


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Les statues, les peintures antiques étaient copiées des dizaines de fois. Rome a littéralement pillé les formes et les styles grecs. Et, si nous connaissons un grand nombre de sculpteurs grecs, c'est à l'admiration que les romains portaient aux grands artistes grecs que nous le devons. Les Forums, les Théâtres, les Cirques regorgeaient de copies d'antiques, voire de transpositions modernisées. Après tout les romains avaient bien créé des ateliers spécialisés dans les bustes, d'autres dans les têtes et certains mêmes dans les mains. Ils étaient tout à fait capables de mettre sur le corps d'une copie de statue hellénistique, la tête d'un sénateur romain ou d'un athlète victorieux.


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L'art de la Renaissance n'était pas ennemi des copies, d'anciens comme de modernes.
Un homme de goût qu'il fut financier, condottiere, ou prélat, se flattait des copies qu'il avait fait réaliser d'après l'antique, ou de celles copies qu'il avait acquises auprès d'auteurs célèbres, ou de maîtres secondaires doués pour la reproduction, plus que pour l'original.
Certains ateliers n'étaient-ils pas organisés pour reproduire des dessins, des peintures originales?
Ce besoin, cette demande de grandes œuvres, a contribué aux progrès des techniques de la gravure et de l'impression. Et, certains grands peintres n'hésitaient pas à donner plusieurs épreuves d'une même œuvre, ou s'organisaient pour qu'une œuvre commandée par un grand amateur, une fois livrée commentée, admirée, louangée, soit reproduite, en versions plus ou moins dégradées

Or, voici que depuis que nous sommes capables de procéder à
des copies parfaites en grande quantité, copier est devenu haïssable.

Haïssables, ces petites Venus de Milo, ces Victoire de Samothrace en marbre reconstitué, intolérable, l'Apollon du Belvédère qui ne se contente pas de blesser le plus beau point de vue de Florence, mais qui, reproduit en plastique, trafiqué dans d'ignobles échoppes à souvenir, paraît, victime d'une sournoise forme de prostitution.

Non, décidément, à l'ère mondiale du tout accessible pour tous, des airs d'Opéra Napstérisés, à l'ère de la photo massivement parallèle, et des transmissions du beau par tous les supports de publicité, nous n'aimons plus les copies des chefs d’œuvre du passé et surtout pas du présent.

Le beau est un, unique et original.


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Entendu sur une radio dite « classique » : au XVIII ème siècle, un Monsieur Benda, musicien de son état, naquit en Bohème, à l’époque malheureuse où, cette belle contrée ployait l’échine sous l’odieux joug Habsbourg. (je ne caricature même pas). Alors, le malheureux Benda, s’en fut loin de ces pauvres et misérables lieux. Et, nous dit tout uniment la commentatrice, s’en vint à Vienne. Il y reçut commandes et subsides. Et même une bourse pour s’en aller perfectionner son art. Décidément, ces Autrichiens, faisaient atrocement « ancien régime ». Ils opprimaient vaguement la Bohème et oubliaient toute sévérité à l’égard de ses ressortissants.


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Le seul moment où la nature a quelque chose à dire : lorsqu’elle parait sortir de mes rêves, lorsqu’elle parait sortir d’un projet ou d’un regard


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Le beau, cuirasse dont se revêtent les esprits sensibles


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Un style n’est-il pas une sorte de bégaiement ?


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Rothko.

Je n'ai pas une passion démesurée pour ce peintre, néanmoins exceptionnel. Ma conviction: il peint des portes spirituelles, chaque fois que je vois une peinture de Rothko, j'ai un sentiment d'univers spirituel, métaphysique et pourtant sans contenu véritable par lui-même. Cet univers est empli de ce que le spectateur apporte. Rothko est un délivreur d'appétits religieux et spirituels, sa peinture s'adresse à ce besoin et le saisit, entrainant le spectateur là où il devrait par lui-même aller, s'il en avait le courage, la patience, le temps de prendre le chemin. Il appelle le spectateur à revenir en lui-même, à rêver et méditer: c'est pourquoi, j'ai la conviction que Rothko, ne peint pas des univers, les univers sont au plus profond des spectateurs. Il peint des portes spirituelles et promet ainsi qu'une fois ouverte, c'est l'âme, l'esprit, les sens, du spectateur qui seront accessibles, au spectateur lui-même et à lui seul. Les espaces sur lesquels les portes s'ouvrent sont des espaces intérieurs et complètement personnels. Si bien qu'un spectateur ne pourra pas être sensible à toutes les œuvres mais à certaines seulement, celles qui correspondent à ses désirs, ses appétits d'au delà et de par delà. La tentative, folle, de Rothko est donc simplement ceci: chercher à donner aux spectateurs, toutes les portes possibles pour toutes les âmes possibles....


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Ecrire, est-ce vivre dans les fantasmes…


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Il faut parfois laisser faire l’écriture. Lâcher la bride, s’écarter pour ne pas prendre de ruades dans la figure et regarder les mots faire leur travail de texte. Plus tard, reprendre la main pour dire et non plus se faire dicter


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Prendre la pose, voici ma crainte la plus vivace. Jouer à l’écrivain, comme le chat de Mallarmé. Alors pour m’en protéger je pense aux mots. Je me répète qu’il faut que je leur donne leur chance. Je travaille pour eux. Ils ne pourront pas m’en vouloir. Et si j’en fais trop, si je prends la pose, alors je sais qu’ils viendront me tirer par la manche, avec un sourire, indulgent je crois, j’espère, pour me dire qu’il faut d’abord et avant tout que je pense à eux. Pas seulement pour les caresser, pour les accoupler et assister à quelques sortes de parades nuptiales. Penser à eux car ils ont besoin de tous, y compris de moi, pour dire tout ce qu’ils recèlent de sens. Ils m’accordent gentiment le droit de les aider dans cette tâche qui a débuté avec l’Homme. C’est une lourde responsabilité. Et j’ai parfois le sentiment qu’ainsi je contribue à ce que cette recherche continue, comme, il y a bien longtemps, il fallait porter le feu, en flammèches ou en braises, pour que, par-dessus tout, il ne s’éteigne pas. S’il s’était éteint, le froid, la nuit obscure, la mort. Le jour où par mégarde on aura cessé de chercher tout ce que les mots ont à dire…. le jour où on pensera qu’on a fait le tour de ce qu’il y avait dans les mots de sens, de musique et d’humanité, ce jour sera le début de la nuit, obscure. Celui où, une à une, les étoiles s’éteindront, autant de mots qui mourront. Et l’Homme aussi.


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Une collection nait le jour où les choses accumulées se proclament assemblées et quand, à ce titre, quelque chose se met à manquer parmi les choses assemblées ou accumulées

Imaginerait-on une collection de feux d'artifices ? une collection de senteurs, de nuages et de fumées ?

Un jour vendre la collection qu’on a constituée? Acte suicidaire ou point final: l'œuvre est achevée?

La collection, par la vie qu'elle acquiert, son autonomie, par les exigences qu'elle conquiert, prend de possession du collectionneur. Possédé, il devient, victime, certes consentante et épanouie mais victime…


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Ecrire un roman, c’est l’esprit de création à l’opposé de l'idée de figer l'homme dans un rapport définitif à Dieu. C’est l'anti-création littéraire que sont les tables de la loi.


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Blogs solitaires dans le web anonyme


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Les violons grelottent et leurs larmes se figent, j’ai froid


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Il n’y a pas de maladresse dans l’art


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Joie de l’instant : le mot qui sonne juste dans une phrase à tout risque.


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Ce mot, cette idée, nouveau, renouvelle, comble un vide, et alors, il semble qu’on peut avancer


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Construisons nos corps et mettons-y une âme....
c'est le choc des deux qui fait l'incendie


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Et de bout en bout, en biffant un mot, rajoutant un autre, déplaçant une virgule ou un point, j'en suis venu à ce que j'ai écrit (que j'ai modifié deux ou trois fois depuis que je l'ai écrit). Le sens vient après. Et c'est ça qui est "magique": l'apparition d'une signification, d'une réponse à une question non posée, ou d'une question que vous n'attendiez pas!


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Toujours conserver un morceau de papier et un crayon sur soi et, en user comme d'un filet à papillon, pour attraper les mots qui passent, et ensuite, les mettre à la question pour qu'ils parlent!


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L'idée de commencer un livre par la fin....échafauder les possibles commencements...et peut-être découvrir que la fin n'était pas concevable, aucun commencement ne pouvant convenir


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L'art est la magie de l'émergence incessante du monde et de sa révélation continuée. Il est tout entier la vérité qui submerge et qui sans cesse s'approfondit.


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Le menteur est un poète qui fait de la triste réalité quotidienne un champ ouvert à tous les futurs. Il n’a pas de victime, disons qu’au pire ce sont les spectateurs qui en se réveillant s’aperçoivent que la performance n’était pas gratuite.


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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En collaboration: Institut de l'Iconomie

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