Soliloques sur le vaste Monde: avril 2016

 

- Les voitures obèses sont meurtrières

- On ne sait plus vouloir

- Fritz Bauer et Mowgli: même combat?

- Poker Menteur et Brexit: l'Angleterre rendra-t-elle l'argent? paru dans le Huffington Post, repris par le Courrier Financier.

- Sans unité européenne, les paradis resteront sur terre; paru dans le Huffington post

- Les robots ne passeront pas 

- Pour une théorie du Prédateur; paru dans le Huffington post

 

On ne sait plus vouloir

Alice : « je ne suis pas capable de me rappeler les événements avant qu’ils arrivent ».
« C’est une bien misérable mémoire que celle qui ne s’exerce qu’à reculons » fit remarquer la Reine.
 
En peu de mots, Lewis Carroll avait réglé la question de la prévision sous toutes ses formes, prospectives, projectionnistes, anticipatrices.

Pourtant, Newton puis Laplace avaient soumis les astres. Leurs trajectoires à venir étaient devenues limpides au point qu’on a pu un moment conclure que les sciences sauraient, comme pour le mouvement de Mercure, annoncer de quoi demain serait fait. On a nommé cela Déterminisme. Dans un domaine très mineur, l’économie, les prix trouvèrent enfin leurs maîtres ou plutôt leurs règles : ils ne se déplacèrent plus qu’en suivant des mouvements et des trajectoires quasi planétaires dont les recensions passées ouvraient sur des futurs nécessaires.

Aujourd’hui, que nous reste-t-il des futurs autrefois annoncés ? Des questions, des doutes et des tâtonnements. Laissons les sciences physiques se colleter avec le hasard (l’ensemble des causes qu’on ne connait pas encore) et posons une revendication à l’égard de la soi-disant science de l’économie.

Reconnaissons que le libre jeu de la concurrence n’était qu’une inélégante façon d’arrêter de penser et surtout de vouloir. « Ne changez jamais une ampoule usagée, laissez faire le marché, il y pourvoira ». Cette plaisanterie Harvardienne a plus de sens que tous les discours : à force de restreindre le champ des possibles et de chercher à nullifier l’univers des risques, nous ne savons plus vouloir.

Sans unité européenne, les paradis resteront sur terre

 

 

Peut-on être riche et transparent ? Ou plus précisément : peut-on être riche et tranquille, à l’écart des regards, jouissant paisiblement d’un patrimoine honnêtement gagné ou hérité, sans subir les insupportables pressions fiscales qui ne sont que des punitions, des manifestations de jalousie, la forme moderne de la lutte des classes ?

 

Peut-on, quand on est riche, entreprise qui réussit ou particulier fortuné, se laisser plumer par des rigolos qui ne pensent pas un seul instant que l’argent cela ne se trouve pas sous les pieds d’un cheval et qui, par compassion mal placée ou par électoralisme malsain, ne pensent qu’à distribuer l’argent qu’ils n’ont jamais su fabriquer ?

 

Se cacher pour être heureux…

 

On arrêtera ici la kyrielle des peut-on ? Ils portent sur un réalité toute bête : plus on a d’argent et plus l’intérêt qu’on a à le dissimuler est grand tant il est vrai que les riches se sentent « quelque part » victimes des autres, ceux qui ne sont pas riches, et de tous ceux qui veulent répartir, c’est-à-dire dérober l’argent de leurs poches pour le mettre dans celles de ceux qui n’en ont pas. Explicitement, l’impôt qui pèse sur les « riches », c’est du vol.

 

Tout ceci ne ressort pas même de la lutte des classes et des beaux développements marxistes sur le sujet. Nous sommes dans du Molière au mieux et du Labiche au pire. Rien de grand, ni de noble évidemment ! On est surpris de découvrir que des gens dont le patrimoine est étriqué n’en cherchent pas moins l’opacité et les paradis fiscaux : les « petits riches » singeraient ainsi les « grands riches ». Quoiqu’il en soit de la taille de « la fortune » ce qui relève des paradis, des sociétés off-shore, des comptes à numéros, des banques confidentielles, des cascades de sociétés aux structures en forme de plat de nouilles n’a qu’un seul but : dissimuler. Du fisc bien entendu ! mais aussi, comme le faisait remarquer un juriste, de sa femme (ou de son mari), de créanciers (passés, présents et à venir), de concurrents, de complices et de tous ceux qui pourraient menacer ce patrimoine au premier rang desquels les révolutionnaires, les égalitaristes, les amis du genre humain, le voisin de palier, les commerçants alentours et les migrants plus récemment.

 

Que tirer de ces remarques qui ne sont que de bon sens et qui ne se fondent que sur un trait bien connu de la nature humaine. « Pour vivre heureux vivons cachés » …

On ne peut qu’en conclure qu’il sera toujours d’actualité de découvrir que les riches ne veulent pas qu’on les tonde, que dans ce domaine leur sensibilité est à fleur de peau et qu’ils s’efforceront toujours de paraître moins riches qu’ils ne sont.

 

En ce sens la découverte des sociétés off-shore du Panama est une de ces pantalonnades qui relèvent plus de la presse « roman-photo » que du journalisme d’investigation ! Qu’y découvre-t-on ?: que les gens fortunés n’aiment pas la transparence de même que, bien souvent, les gens de pouvoir. Qu’il est des experts en opacité auxquels ils s’adressent pour faire tomber des voiles épais sur des fortunes pudiques. Allons donc ! Les experts sont partout, pas seulement à Panama mais aussi dans de nombreux pays qu’on finit par surnommer les blanchisseries de la planète. Panama dans cette affaire est une sorte de « hub » ou pour prendre les mots d’aujourd’hui « une plateforme ». C’est une des offres technologiquement au point dans l’univers de l’opacité financière. On peut décider de frapper l’outil. Il n’en demeure pas moins que si on laisse les « ouvriers » continuer à faire leur travail de dissimulation, le « hub » se refera un peu plus loin…

 

L’Union européenne et Union fiscale

 

Faut-il en conclure que devant cette tendance trop humaine, on ne peut rien puisque ce serait dans la nature des choses ? Il faudrait courber l’échine et espérer que les lois du marché y mettront bon ordre à long terme c’est-à-dire quand nous serons tous morts.

 

Reconnaissons pourtant que si le « désir d’opacité » est permanent, il ne trouve à s’exprimer au niveau atteint de nos jours que parce que les circonstances économiques et institutionnelles y sont favorables, à commencer par la libéralisation des économies du monde entier et par la mise en place d’un nouveau dogme du laisser-faire, laisser-passer de la finance et des capitaux. Il est vrai que sans cette liberté, quand sévissait encore le fameux et antique contrôle des changes, les riches avaient moins de facilité à cacher leur patrimoine. Dit autrement : il fallait être très riche pour en assumer le coût.

 

Ouvrir les frontières c’est, pour le souverain, perdre une partie de son pouvoir : il passe d’un système préventif à un système coercitif. On est passé de ce bon régime à la Française, où rien ne se fait qui ne doive être préalablement approuvé à cette merveille anglo-saxonne où personne ne doit d’explications tant qu’on n’a pas démontrés que c’est fautif.

 

Restons en Europe : les sociétés off-shore, les panaméennes en particulier sont montrées du doigt ? Où est la souveraineté européenne ? Qui stimule les désirs d’opacité et de détournement de capitaux ? Qui mise sur la compétition fiscale ? Il n’est pas besoin de rappeler les Etats qui font de l’opacité fiscale et du détournement leur raison d’être pour survivre dans la guerre économique qui fait rage au sein même de la fameuse Union Européenne. Irlande, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Luxembourg… les uns et les autres ont développés froidement, sans scrupules, leurs exemptions, leurs place off-shore, et leurs paradis fiscaux. Chaque année, un pays choisit un taux de fiscalité à faire pâlir ses voisins qui réagissent l’année suivante en faisant mieux. Bel exemple donné à tous les riches de la terre. Pourquoi seraient-ils pourchassés quand le mauvais exemple vient de si haut ?

 

 

On en vient à l’option décrite un peu plus haut : ne rien faire parce que le marché se chargera de tout harmoniser ou au contraire promouvoir une certaine idée de la souveraineté fiscale européenne ? La réponse est me semble-t-il évidente : ou bien on continue à croire que l’Europe est un projet politique solide et prometteur, pour les pays qui la composent et l’ensemble du monde, ou bien on n’y croit pas. Dans le deuxième cas, il n’y a pas grand-chose à faire. Les journalistes alerteront, et les alertes se multipliant dans tous les domaines, elles perdront de leur force, et tout reviendra dans l’état initial. Ou bien on y croit et une législation européenne appuyée sur une capacité de sanction au même niveau se met en place.

 

Quelques soient les options, (punir les intermédiaires très sévèrement punir tout aussi vigoureusement les fraudeurs, sanctionner les pays laxistes prendre des mesures vigoureuses contre les pays complices) l’essentiel est que la zone économique la plus riche du monde sache mettre de l’ordre dans ses propres affaires. On voit à quel point les Etats, pris individuellement, ne sont pas à la hauteur dans ces affaires où lever l’opacité demande d’autres compétences que des fonctionnaires surchargés par leurs tâches nationales de lutte contre les diverses fraudes.

 

La lutte contre les paradis fiscaux commence par une remise en ordre des comportements fiscaux des Etats de l’Union européenne, puis par la définition d’un état de droit européen, mais aussi et surtout par le déploiement de moyens humains et techniques placés à un niveau européen. A cette occasion, les politiques qui ne se sentent pas contraints par un devoir d’exemplarité pourraient être poursuivis sans que les questions de politique intérieure des Etats viennent perturber le retour à des pratiques saines.

Pour une théorie du prédateur

 

En lisant, ici et là les terribles histoires sur les violeurs, les pédophiles et toutes ces sortes de délinquants, se forge et s’accrédite l’idée qu’il existe un mental « Prédateur ». Tout parait aller dans le sens où, comme dans la plupart des contes et des légendes, un ogre serait en désir de chair fraîche incessamment ou par accès d’humeurs. L’ogre ou, dit en termes modernes, le sadique, le violeur, l’abuseur sous toutes ses formes agirait comme le loup solitaire, seul, méthodiquement, sans pitié. Son insensibilité au mal se nourrirait de cette solitude : il ne souffrirait pas du regard des tiers ni des jugements dont ils sont porteurs.

 

« Comment n’a-t-on pas vu… » ? Phrase qui revient toujours dans les commentaires et les témoignages des tiers en question.  C’est peut-être parce que justement, le loup est solitaire qu’on ne le voit pas. Et, solitaire, le loup sait s’appuyer sur les formes de l’instinct grégaire pour se couler dans la foule. Le loup dans la fable sait se déguiser et laisser les regards glisser sur lui comme la pluie sur les plumes du canard !

 

Très commode prédateur

 

Solitaire ?Lisant il y a peu de temps des compte-rendu sur la fameuse «affaire VW» une curieuse évolution dans la présentation des faits m’a frappée. Au tout début, le « logiciel coupable » avait été conçu et introduit par un être pervers, caché dans les recoins de la grande machine VW. Puis, il fut question d’une petite équipe de 6 techniciens dont les intentions étaient tout aussi perverses, mais plus froidement, plus méthodiquement en quelque sorte. Un mois plus tard, la « petite équipe » de 6 était devenue une unité étoffée de 17. Les équipes nombreuses, c’est la loi des organisations, induisent nécessairement des hiérarchies. On découvrait qu’à côté des lampiste initiaux, se trouvaient des cadres, et même des cadres supérieurs. Un peu plus tard, la petite organisation se doublait d’une organisation plus banale dans une autre entreprise. Finalement, partant d’un « délinquant solitaire » on aboutissait à une opération industrielle solidement planifiée.

 

«L’affaire VW» n’est pas une affaire de prédateur mais une simple et considérable affaire de voleur ou d’escroc. Elle est néanmoins emblématique en ce sens qu’elle renvoie aux oubliettes la théorie du Solitaire en marge de toutes les formes de la société. Dérivons vers le terrorisme. Merah, par exemple, qu’on a longtemps décrit comme un loup solitaire ? Progressivement, il se révèle que le loup fonctionnait comme tous les loups, en bande organisée, hiérarchisée.

 

Le loup est trop souvent dit solitaire parce qu’on n’a pas pu déceler d’autres traces que les siennes. Ou parce que ne croyant pas à une bande, on n’a pas su dégager les signes de sa présence. Ou bien, parce que n’y voulant pas croire, on les a ignorés ? Ou bien, parce que le cheminement de ces indices, de leur interprétation et de leurs implications a été bloqué ? Le loup n’était pas solitaire. Ses congénères, aux aguets parmi les moutons, déguisés en moutons, faisaient ce qu’il fallait pour ne pas affoler le troupeau.

 

Se peut-il que les loups ne soient jamais solitaires ? Pourquoi aurait-on diffusé des légendes qui magnifieraient la férocité du prédateur et son esprit sombrement calculateur ? Plutôt que de se plonger dans des explications à caractère ethnographique, essayons de voir les choses autrement.

 

Le prédateur ne serait pas solitaire.

 

La comparaison entre les soi-disant « loups solitaires » et la réalité du terrorisme, montre que l’idée rassurante de l’auto-radicalisation est un peu courte. Le loup ne peut pas être vraiment solitaire dès lors qu’il s’équipe en Kalachnikov. Le loup ne vit pas tout seul dans une forêt métaphorique même si son arme n’est qu’une misérable paire de ciseaux. Le prédateur pédophile, comme le terroriste individuel, n’est pas un être désincarné qui jaillit par génération spontanée pour se livrer à ses passions.

 

Le plus étrange dans les commentaires de type « loup solitaire » ou « prédateur impulsif » réside dans l’occultation du fait social. Certes, au grand effroi de tous ceux à qui elle plaisait, la théorie du Loup solitaire « terroriste » vit ses dernières heures. Aujourd’hui plus aucun fait de terrorisme n’est considéré comme acte d’un déséquilibré, auto-déterminé ou auto-radicalisé. Il n’y a pas de folies meurtrières solitaires comme il n’y a pas de loup errant dans la forêt à la recherche de sa proie. Les braqueurs de banque ne sont pas des héros maléfiques, ni des bandits un peu romantiques. Alors, pourquoi continue-t-on à penser que la prédation sexuelle est un fait assimilable au comportement du loup solitaire ?

 

Il faut, pour comprendre l’erreur, revenir un peu en arrière. La théorie du loup solitaire repose sur cette idée que les forfaits du loup sont ceux d’un loup et pas d’une meute. On a dit que cela pouvait reposer sur un déni de réalité. On a dit aussi que cela pouvait reposer sur une volonté de ne pas voir. Pour creuser davantage, il faut manier un réalisme que les journaux qualifieraient de « glaçant » (c’est le nouveau mot à la mode).

 

Le loup ne rôde pas. Prenons un exemple sans charge sentimentale ou émotionnelle : VW. Pendant un temps, on a essayé de faire croire au lampiste égaré. Il était tout seul. Il a pris sur lui de se lancer dans une aventure étrange. Dans la réalité : on parle d’enjeux concurrentiels portant sur des dizaines de milliers de voitures. La réalité, c’est une masse indifférenciée, un stock, d’acheteurs qu’il faut convaincre y compris par la violence (toute métaphorique) d’une information truquée, voiture par voiture. Le braqueur de banque est dans la même situation : un stock est là qui pourrait s’ouvrir à lui… mais il n’est pas seul et d’autres ont aussi des visées. Il n’est pas un loup solitaire. Il fonctionne, sans le savoir, mais le devinant peut-être, dans un univers où les loups sont là, à l’affut y compris ceux de bandes rivales.

 

Le prédateur sexuel pédophile ne se trouve pas par hasard là où se trouvent les moyens de se satisfaire. Comme le braqueur de banque vit le plus près possible des stocks d’or et de billets de banque, il vit au plus près des rassemblements d’enfants. Plus précisément : il a choisi d’y vivre. Il y a élu domicile. Solitaire ? Il n’est pourtant pas seul de son genre.

 

Autour du troupeau de moutons, croyez-vous cette légende du loup solitaire ?

 

S’il n’y a pas « loup solitaire » alors il y a meute ? Pas nécessairement, mais pas de solitude non plus. il y aurait co-opérations ? Pas nécessairement ! Mais évoquons une connivence, « une communauté de ressenti.. »

 

Entre loups de différents goûts et de différentes générations, on ne trouve pas forcément une société comme les hommes savent en organiser. Entre loups, on peut se comprendre. Entre vieux loups qui n’ont plus trop de dents et les jeunes qui ont très faim, une complicité bien ordonnée. Une compréhension et une sympathie.

 

Le loup que les gardiens du troupeau ont repéré a intérêt à s’éclipser. Ses congénères ont intérêt à ce qu’il ne perturbe pas davantage le milieu dans lequel ils se trouvent eux aussi. Il faut donc le « poser » ailleurs. On en viendra un peu plus tard à se demander comment « cela a pu rester ignoré » ce qui revient à ne pas se poser la vraie question : comment le loup devenu trop voyant a-t-il disparu des « écrans radar » ?

 

Il ne faudrait pourtant pas s’étonner : on fait accroire qu’il est solitaire et on sait le rendre invisible.

 

 

Les voitures obèses sont meurtrières

Les obèses frappent dans l’industrie automobile. Une automobile obèse ? De quoi parle-t-on ? Allons, ne faites pas comme si vous n’aviez rien vu, automobiles en forme de chars d’assaut, bagnoles où le conducteur a le sentiment d’être perché comme un conducteur de camion. On parle de ces bagnoles énormes, les Porsche Cayenne qui rugissent. Les BMW à huit cylindres. Les Mercédès pour faire du tout-terrain dans les rues à Paris. Les Audi, les Range, les Hummer avec gros ventre, gros cul et calandre monstre qui font trader fou et bonus dingues.

 

Quel rapport avec les morts sur la route ? Ce ne sont quand même pas les voitures les plus vendues. Mais ce sont les voitures qui donnent le « la ». Celles qui impressionnent et donnent envie. Le résultat : en 10 ans les voitures ont pris 100 à 200 kg, toutes catégories confondues. Les grosses berlines allemandes ont suivi le poids moyen de leurs acheteurs, prenant jusqu’à 300 kg en plus.

 

Je laisse aux matheux le soin de calculer la puissance d’impact d’une voiture pesant 100, 200, 300 kilo de plus et lancée à 50, 70, 110 km/heure. Je leur suggère de rapporter le résultat à l’accroissement des tués sur les routes en France.  A force de calculs de ce genre on en viendra à limiter le poids des automobiles.

 

 

A force de calculs sur le coût des obèses en tous genres on en viendra aussi à leur demander de payer pour les conséquences de leur surpoids.

 

Fritz Bauer et Mowgli: même combat?

 

 

 

On va me moquer. On va dire que je ne sais pas ce qu’il est une hiérarchie des valeurs. Que je dois associer une sorte d’inconscience et un côté enfantin. Donc, je vais en prendre plein mon grade pour ce que je vais livrer dans les lignes qui viennent. Pour les recommandations que je vais faire.

 

J’ai vu deux films. En général, je commence à m’endormir, puis je tente d’ouvrir un œil. Mais là,  le beau temps, un air de Paris somme toute agréable, tout s’était joint pour que je sois attentif.

 

J’ai vu deux films qui m’ont « secoué » l’un et l’autre : l’un, très sérieux, «Fritz Bauer, un héros allemand » l’autre aussi sérieux mais dans un autre domaine du sérieux : « Mowgli, le Livre de la Jungle ». Ils ont en commun qu’ils traitent du passé. De notre passé.

 

« Fritz Bauer » n’éclabousse pas. Ce n’est pas un film héroïque. C’est un très beau film à deux titres.

 

Le premier dans la mise en valeur sobre, tendue, intérieure de ce qu’on nommera d’après le titre du film : un héros. Héros ? Un homme obstiné. Pas superman. Pas de regard clair sur un coucher de soleil poignant. Pas de flashback un peu « hot ». Rien pour pimenter, rien pour faire mousser le scénariste. Pas de belles photos. Histoire de la quête obstinée d’un homme qui sait se souvenir qu’il a, à un moment de sa vie, failli à ses convictions pour survivre. Quête d’un homme avec ses faiblesses. Humain, très humain.

 

Le deuxième : un coup de projecteur sur l’Allemagne de l’après-guerre où les petites compromissions nazies côtoient les purs criminels. Où le nazi d’opportunisme couvre le nazi de conviction. Une Allemagne ambiguë dont une bonne partie de l’encadrement industriel, commercial, judiciaire, diplomatique avait trempé dans l’exercice du pouvoir nazi, qui ne le reniait pas et cherchait, en meute, à se protéger contre les indiscrétions.

 

Très beau film. Très bien joué. Un acteur qui incarne à la perfection ce fameux Bauer et ses convictions viscérales. Des seconds rôles dont on dira, pour suivre le journalisme à la mode et ses afféteries de langage, qu’ils sont « glaçants » !

 

On ne peut pas parler du « Livre de la Jungle » après une leçon de courage et de pure valeur humaine ? Bien sûr que si ! N’est-ce pas un des livres et un des mythes les plus considérables des temps modernes. Ne doit-on pas considérer « le Livre de la jungle » comme on le fait du « voyage de Nils Holgerson », « du voyage de Gulliver », de « vingt mille lieues sous les mers », du « petit prince » … Mythes fondateurs ou consécration de valeurs humaines essentielles. Combien de « Fritz Bauer » leur doit-on ?

 

Le film que livre aujourd’hui Walt Disney est tout simplement magique. Sans un instant de répit, sans un moment où on verrait des ficelles mal raboutées, des montages un peu vaseux ou des marionnettes trop évidentes.

 

 

C’est un film magique parce qu’il donne corps et âme à des personnages de fiction totale et parce qu’il incarne à merveille les rêves qu’a fait naître le livre et les convictions qu’il a fondées.

 

Donc, deux films à ne pas éviter.

Poker menteur et brexit : l’Angleterre rendra-t-elle l’argent ?

 

 

 

Les Français les plus agressifs à l’égard de l’Angleterre (l’ancien Royaume-Uni) prétendent que les principaux articles d’exportation anglais sont le fair play et l’humour. Fabriqués pour les autres, ils sont impropres à la consommation interne.

 

La fameuse « Maggie » en avait livré des tonnes. Son mot d’ordre « I want my money back » lui avait permis de se tresser une couronne de laurier anglais au frais de l’Europe.

 

Les Français devraient se réveiller un peu et considérer que le référendum anglais sur la sortie de l’Union Européenne a quelque chose d’extravagant. Souvenez-vous, il y avait eu un referendum. Les Français avaient voté pour l’entrée de l’Angleterre dans l’Union Européenne. Les Français avaient longuement débattu sur cette grave question. Les uns en appelaient à la geste Gaullienne. Ils étaient contre. Les autres, confrontés à l’amitié américaine, trop envahissante, voulaient une Europe forte de la réunion de ses principaux peuples.

 

Les Français s’étaient engagés pour qu’on engage les Anglais.

 

Ce sont de vieux souvenir ? C’était il y a près d’un demi-siècle ? C’est maintenant perdu dans les vieilles malles de l’histoire ? Si c’est ainsi, c’est bien dommage, car depuis les Anglais se sont comporté comme s’ils avaient été gagnants au poker menteur. Ceux qui savent mentir. Pendant cinquante ans, les Anglais auront eu le temps de faire savoir qu’ils n’accepteraient pas d’Union qui ne suive leurs propres objectifs et qui ne leur coûte rien. Ils n’ont cessé de menacer de la quitter si l’Union Européenne n’était pas le reflet de leur idée du libéralisme, si elle ne s’acceptait pas comme une simple union économique du laisser-faire et du laisser-passer et non pas l’instrument d’une convergence des nations via l’intégration de leurs économies.

 

Les Français avaient gentiment donné leur « blessing », ils s’étaient mobilisés dans un bel élan « anglophile », ils avaient fait « tapis » et avaient vu leur mise raflée par les malins de la diplomatie anglaise. La belle récompense ? Un french bashing de tous les instants, dans tous les domaines et surtout, la réduction de l’ambition européenne aux intérêts d’une finance anglaise qu’on racontait brillante et surperformante… Jusqu’au jour où elle s’est effondrée. (Jusqu’à aujourd’hui où ce n’est pas terminé).

 

Poker menteur. Bien joué.

 

Et voilà que, comble de l’ironie, l’Angleterre se met à voter pour partir. Admettons qu’elle aurait pu avoir la politesse de demander à la France de procéder à un vote préalable de « dés-adhésion » !

 

Retenons que les Anglais en ont par-dessus la tête des débats sur l’Europe à 7, 10, 15 etc. Ils ne veulent plus être concernés par la question de l’Euro. Ils en ont assez de voir leurs banques penser et agir en monnaie européenne. Ils ne souffrent plus de tous ces règlements que l’Europe multiplie, ces règles et normes, ces interdictions tatillonnes que les bureaucrates européens s’ingénient à jeter dans les pattes des « gazelles » anglaises. Les gnomes de Bruxelles seraient bien capables de demander que la Reine abandonne sa souveraineté sur les îles anglo-normandes ! Peut-être même les paradis fiscaux en viendraient à être condamnés ? Peut-être même pourrait-on en venir à demander la mise en place d’un second tunnel sous la Manche.

 

Répétons-le, « they are fed up with » toutes ces brusselleries qui entravent l’initiative, qui gênent le commerce et qui portent progressivement atteinte à la souveraineté anglaise.

 

Voilà les vrais termes de la tentation du Brexit.

 

Pourtant, l’arroseur Cameron (car c’est bien grâce à ses talents de joueur de poker que la question du Brexit est devenue autre chose qu’un sujet de conversation en Angleterre) s’est lancé dans une défense et illustration de la participation de son pays à cette « damnée » Union Européenne.

 

Et il est suivi par des tas de gens. Des banquiers, des économistes, des chefs d’entreprises (les grandes). Il est soutenu par d’éminents chercheurs et des think tanks. Des études ont été commandées par le gouvernement anglais, par des lobbies bruxellois, par des associations d’europhiles. Tous dénoncent la tentation du « grand large ».  

 

Les chiffres seraient même terrifiants. Les plus sinistres estiment que l’Angleterre dont le déclin sur le plan politique et économique mondial depuis la seconde guerre mondiale a fait une puissance secondaire, serait condamnée et s’enfoncerait définitivement pour ne plus pouvoir jamais se relever. L’Ecosse se séparerait. Puis le Pays de Galles. L’Angleterre se retrouverait au niveau des pays européens de taille moyenne. Faut-il écouter les chiffres que nous donnent tous les europhiles ? Le PIB s’effondrerait de 4 ou 5 points. D’autres organismes avancent des pertes de 14%. La sortie de l'UE coûterait 56 milliards de livres (78 milliards d'euros) par an pendant 10 ans. Le commerce extérieur avec l’Europe s’effondrerait (or, le commerce anglais se fait majoritairement avec l’Europe) en raison du retour des barrières douanières. Les banques de la City débaucheraient. Le chômage exploserait à un moment où ni le commerce extérieur, ni le budget ne sont équilibrés. Ajoutons que la Livre s’effondrerait, les taux d’intérêts exploseraient et l’inflation reviendrait au grand galop.

Apocalyptique, non ? Evidemment les partisans du Brexit râlent ferme. Tous ces chiffres sont fabriqués, ce sont des chiffres de pure circonstance. Leurs auteurs sont des ennemis avérés du Brexit. Etc…

 

Du point de vue européen, tout ceci serait plus embêtant que catastrophique. Cela coûterait de l’ordre de 0,3% de PIB à la France. Sur les économies des autres pays européens le Brexit pèserait aussi de toute évidence.

 

A cet instant, il faut s’arrêter et réfléchir.

 

Les Anglais n’ont eu de cesse de nous expliquer que l’Europe pesait lourd et qu’il fallait leur aptitude au sacrifice (comme en quarante) pour vivre dans l’Union Européenne. Ils ont fait croire que leur pétrole n’était aucunement un avantage. Ils ont laissé filer l’Europe agricole. Ils ont demandé des exemptions et réclamé des remboursements. Plus récemment, pour rendre la cause du Brexit plus difficile à soutenir, ils ont obtenu de l’Europe de nouveaux accommodements et des promesses de futures améliorations de leur sort si le Brexit échouait.

 

Si le Brexit est une catastrophe économique, si quitter l’Europe revenait à faire plonger l’Angleterre dans le néant des puissances de troisième zone, alors ne devrait-on pas en conclure que, sans l’Europe, l’Angleterre n’est pas grand-chose ? ne devrait-on pas en conclure que, réellement, le menteur s’est déchaîné contre ses partenaires européens et qu’il a réussi vraiment à ramasser toutes les mises en faisant croire au poids de l’Europe, quand en fait, c’était bien plutôt l’Angleterre qui était une charge anormale .

 

Alors, si en définitive, il n’y a pas de Brexit, ne sera-t-il pas temps pour l’Europe de changer le jeu de carte et de demander à l’Angleterre de remettre au pot tout ce qu’elle a raflé. Elle est dans la situation d’un allocataire frauduleux de la sécurité sociale. En truquant son identité, il a pu se mettre dans la poche des subsides qui n’auraient jamais dû y arriver.

 

 

Une fois la crainte du Brexit écartée L’Angleterre, qui est si monumentalement redevable à l’Europe devra être remise dans le bon chemin et abandonner tous les passe-droits qu’elle a raflés parce qu’elle jouait bien au poker menteur et qu’elle ne méritait pas.

Les robots ne passeront pas

Les agriculteurs sont assommés par leur avenir. Depuis des années On sait que les conditions d’intervention de l’Etat et de l’Europe doivent changer ou vont changer : résultat, rien, sinon des millions de litres de lait déversés dans les caniveaux, de la viande rendue impropre à la consommation et des cortèges de tracteurs, du fumier déversé devant les sous-préfectures et les slogans rases-prairies.

 

Passons aux taxis. Les progrès de la conduite sans conducteur sont fulgurants ? On s’émerveille des développements autour des automobiles automatiques, gérées par smartphone et connection au big data ? Résultat, rien sinon encore des autoroutes bloquées par des gens qui défendent leur statut, leur métier, leur honneur.

Des robots livreurs, à roue, à chenille, à hélice, à réaction, automatiques ou pilotés par smartphones vont bouffer le métier des ouvriers des « derniers mètres ». Halte-là ! Attendons-nous à un périphérique embouchonné par les livreurs de petits paquets, de pizzas, et de choses diverses et variées.

 

On sait qu’un nombre impressionnant de métiers vont être bouleversés. Les acteurs de ces métiers sont prévenus ou l’ont été longtemps à l’avance. Sans effet apparemment. Et pourtant les fermes de mille vaches se multiplient. Et aussi, en Nouvelle-Zélande un robot livreur de pizza est testé. Et en France, la Poste expérimente le Drone-postier.

 

 

Et défilent des centaines de manifestants qui s’opposent à la «déshumanisation»: ils portent tous un brassard ou un T-shirt, ou une bannière ou on peut lire « de l'avenir faisons table rase».  


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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En collaboration: Institut de l'Iconomie

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