Soliloque sur le Vaste Monde, avril 2018

  • Interview Macron: quand deux vieux s'en prennent à un jeune
  • Transformer Notre-Dame-des-Landes en réserve…
  • Quelques notations sur le Rien et le Presque Rien en économie
  • Faire à Sade, ce qu'on fait à Céline

Transformer Notre-Dame-des-Landes en réserve…

n France, l’opinion aimerait bien que les Zadistes soient tous pendus « haut et court ». Non seulement, ils ont empêché les Nantais d’avoir leur aéroport, mais en plus, ils prétendent s’attribuer un territoire avec ses arbres et tout ce qui va avec, nature, animaux, herbes etc.

 

Mais « en même temps », elle les aime bien ces types, tous plus ou moins paumés, déguenillés et défoncés. Elle était sympa la guerre des Zadistes : guerre des retardataires, des RSI people, des ratés de l’école primaire. Guerre des gars en marge. Ça changeait des gens sérieux qui expliquent sérieusement pourquoi on ne peut pas rigoler avec tout. Ils étaient en marge. On en avait un petit peu aux info, quand il y avait des temps morts. De temps en temps, on avait des histoires de cow-boys, les CRS, et d’indiens, les Zadistes. Evidemment, les indiens ne pouvaient pas gagner.

 

Avec leurs têtes un peu ravagées de gars qui ne se lavent pas très souvent et qui bouffent n’importe quoi, à commencer leur production de fromages pas très sain et, pour finir les vieux restes des villes de Nantes et d'alentour.

 

Il y en a des « comme-ça » à Paris. Ce ne sont pas des migrants. Ce ne sont pas des gens qui errent misérablement à la recherche d’un job. Simplement des types qui, un jour, en ont eu marre de …  En fait, ils ne se souviennent plus très bien de quoi. Mais, c’est comme ça, ils en avaient eu marre. Alors, ils avaient arrêté et, mentalement, ils s’étaient assis au bord de la rivière pour taquiner le goujon, une bouteille de jaja à côté, pour la soif.

 

C’est la version française de Thoreau et du merveilleux lac de Walden. Comme ces hommes des bois américains : des hommes et des femmes qui veulent vivre libres. Libres de toutes règles. Libres de toutes contraintes. Libres contre le productivisme qui transforme les hommes en machines. Libres de l’argent qui détruit l’âme. Libres de la réalité qui change les rêves en chimères.

 

Finalement, ils parlent de quelque chose à notre inconscient comme on disait autrefois à l’époque où Freud régnait. Une ‘tite baraque en bois dans les bois ? Griller des saucisses sous les étoiles ? Faire des pièges pour bouffer des mulots ? Lituner au moment du goûter. A la sauvage, quoi ! A l’état naturel.

 

Ils ont tout ça, les zadistes, tout ça qu’on aimerait bien, « Mais on peut pas, c’est des fantaisies, tout ça ». Alors, pourquoi pas leur foutre la paix ? Pourquoi ne pas appliquer la théorie de l’idiot du village : le pauvre type qu’on laisse tranquille dans sa masure et qui fait rire et qui rassure: « C’est qu’on aurait pu être comme lui ». Étendre la théorie à des groupes : cela donnerait quelque chose comme les zadistes.

 

On ferait comme les Américains avec les Indiens : on les mettrait dans des réserves. Notre Dames des Landes , à titre expérimental.

 

Faire à Sade, ce qu'on fait à Céline

L’actualité littéraire a pris une drôle de tournure. La République vient de rejoindre le Vatican ancien en créant une version moderne de l’Enfer. L’index va à nouveau être pointé sur les littérateurs malfaisants, ceux qu’il ne faudra pas donner à lire aux enfants et encore moins aux adultes, tous simplets qui constituent le gros de la clientèle des librairies et des bibliothèques municipales.

Pourtant, l’enfer avait été chassé des bibliothèques, le monde de la pensée et du rêve était redevenu transparent. Seul l’obscurantisme des fascismes, nazismes et marxismes-léninismes de tous poils, avait fait de la résistance.

Mais le voilà qui revient. Les nouveaux moralistes viennent de se souvenir que les mots tuent. La morale ne se veut plus le moyen de trouver son chemin, elle ambitionne de le montrer en toute vérité et se fait pourvoyeuse en parapets et tunnels mentaux pour que personne ne se perde : Maurras, Céline sont les nouveaux diables parqués dans un nouvel enfer. L’univers des purgations et des abjurations est revenu suivi des excommunications et des anathèmes. On retirera des linéaires les poèmes grecs traduits par Brasillach, on pilonnera Drieu La Rochelle, suppôt du Satan français…et Gobineau, encore vendu en ligne et Ezra Pound, ce salaud, chantre du racisme le plus insupportable et fervent soutien du Duce.

Interdire ce qui n’est quasiment pas lu est une bonne façon de faire plaisir aux hérauts de la moralisation. Il est pourtant des ouvrages très lus, y compris par les hérauts, qui devraient attirer l’attention. Il parait que les outrages à l’égard des femmes, les viols, les violences, les comportements indignes ne sont plus considérés comme des manifestations à caractère traditionnel, bonnes comme le bon vieux pain de nos ancêtres qui ne se gênaient pas. On entend et on voit qu’il faut dénoncer les « porcs ». Qu’il faut dresser un mur à l’encontre des mauvaises manières et aussi enseigner les enfants pour atteindre finalement les adultes et arracher la mauvaise herbe du harcèlement et de la violence dont les femmes sont victimes.

Ne faudrait-il pas en tirer une conclusion aussi intellectuelle que radicale ? N’y a-t-il pas quelque chose de choquant à laisser les œuvres de Sade continuer à polluer les têtes de gondole des librairies. Le journal intime de Céline est infâme, mais toutes les histoires qui se vendent en millions d’exemplaires, vantant différentes nuances parmi les techniques de soumission, de viols et d’abus (« en fait, elles aiment ça ») font-elles partie du fonds traditionnel, bon comme le bon pain de nos ancêtres ? Les « balance ton porc » ne sont-ils que des injonctions pour réseaux sociaux ?

Doit-on comprendre que les propos hideux de Céline et les subversions racistes de Maurras touchent au plus profond ce qui est sérieux et « civilisationnel ». La littérature de sexe, grise ou rose, entourée de dentelle noire et d’un peu de sang sur la gueule serait tout au plus attristante.

Essentiel contre accessoire ! Ne touchons pas à Sade et à ses suiveurs :  ce serait de la censure.

Interview Macron: quand deux vieux s'en prennent à un jeune

C’était hier, ils étaient à deux contre un. Ils s’étaient dit, ces deux-là, qu’ils ne feraient pas de cadeaux. N’étaient-ils pas là pour représenter l’Opinion ? Déesse que les Grecs inventèrent et qui se promène toujours entourée de deux singes aux noms un peu longs:  « y a pas d’raison » et « on est tous égaux ».

Bourdin s’était fait annoncer comme un boxeur. Plenel, lui, avait bien l’intention de jouer les sapeurs. Pour faire tomber la citadelle, il saurait creuser là où ça fait mal. L’un, le costaud saurait tonner de sa voix puissante et s’indigner à 12 euros le retraité. L’autre, caché derrière des rides en rictus, tendrait les lacets de la contradiction pour étrangler son jeune adversaire.

Une fois celui-ci démonté par des interpellations familières, on le passerait au gril, à feu doux, parce que si l’Opinion aime les drames, elle apprécie que le sang soit versé par les plébéiens. A elle, le poil qui frémit, à eux le sang sur les mains.

Nos deux n’avaient rien d’un quelconque duo célèbre. Rien d’un Achille moderne soutenu par son Patrocle contemporain, pas plus Rémus que Romulus, pas même Tintin et Haddock.

J’ai pensé un moment que Chateaubriand les auraient reconnus s’épaulant et se portant l’un l’autre, anti-héros sortis de la naphtaline, vieillards sans cravates pour faire jeunes, cheveux teints ou en pétard pour ne pas faire trop vieux.
Gueulant ou chuintant, leurs visages en ruine parlaient trop clairement d’un monde passé qu’ils ne veulent pas quitter.

 

Quelques notations sur le Rien et le Presque Rien en économie

Quelques notations sur le rien et le presque rien en économie.

 

Si je comprends bien, vous marquez une frontière définitive entre le "rien" et le "presque rien" sur lequel repose nombre de spéculations financières actuelles.

 

Cette phrase raisonne comme un petit bouquin de Jankélévitch (mais je ne suis pas sûr, qu’il aimerait ce son-là !!!).

 

Nous sommes dans le domaine de l’économie qui est tout sauf une science et qui est un univers d’opinions plus verbalisées que théorisées.

 

« Rien », en économie renvoie à toutes choses ou activités qui ne peuvent pas s’inscrire ni dans l’activité humaine, ni dans le marché. Autrefois, « Rien », c’était l’air qu’on respire, la lune, le soleil et les étoiles.

 

« Rien » est absolu car l’économie s’inscrit dans l’instant ou le quasi-instant : « Rien » ne peut pas être ici et là, à moitié ou au quart. Il n’y a donc pas en économie de « presque-rien ».

 

Associer, le « presque-rien » à la spéculation est une position intéressante, car elle renverrait à cette idée que certains objets de l’économie existent moins que d’autres. On admettrait qu’ils ne sont pas rien, mais en raison de leur statut, ils ne pourraient prétendre à être vraiment quelque chose.

 

C’est renvoyer à une notion qui a une belle existence sur les marchés financiers et qui est un support de la spéculation financière pour ne pas dire de toutes les spéculations : le dérivé.

 

Le dérivé est une représentation d’un objet de l’économie, matériel ou immatériel, il se substitue à cet objet sur les marchés. Et voilà le paradoxe, si on admet cette proposition, on ne devrait pas parler du « presque rien » mais du « presque tout ». Le dérivé n’est pas l’objet mais, sans l’objet, il n’existe pas, puisqu’il en est la représentation.

 

C’est pourquoi les bulles spéculatives ne sont jamais fondées sur du « rien » et ni sur « du presque rien », elles renvoient toujours à des objets de l’économie : l’immobilier, les titres de propriété d’entreprises, les céréales, les métaux etc… qui sont l’inverse du rien et du presque rien.

 

Qu’est-ce que tout cela a à faire avec le Bitcoin ?

Dans la version pour les puristes : Celui-ci ne représente rien d’autre que la croyance qu’il représente quelque chose, il vaut autant que tout phénomène religieux. Cette croyance passe par la connaissance et la mise en œuvre d’évangiles du nouveau temps, les algorithmes. On a du bitcoin quand on a contribué à la grande oraison mathématique. On a du bitcoin, parce qu’on a cru et qu’on s’est dévoué. Et ici la croyance n’est pas une petite affaire : ce n’est pas le « A chacun selon ses œuvres » mais, « A chacun, peut-être, selon les œuvres de son ordinateur ».

 

Passons à la version « bitcoin pour les simples » : le bitcoin vaut ce qu’il a fallu dépenser en dollars ou euro pour en avoir, c’est dire qu’il fallait que des monnaies préexistent pour que le bitcoin existe. Dans les deux cas, le bitcoin joue sur une ambiguïté : il s’énonce comme la monnaie qui remplacera les monnaies mais il ne peut exister qu’à la condition préalable qu’il y ait des monnaies, celles justement qu’il s’assigne de remplacer.

 

Ajoutons quelques expériences de pensée pour mettre en valeur cette simplicité !

 

Les défenseurs du bitcoin aiment à le comparer avec de l’or (qui ne serait pas physique puisqu’issu des tréfonds des ordinateurs et des 0 et des 1) : il est miné, incorruptible, divisible etc … première expérience de pensée : si l’or n’a plus de prix sur les marchés (il est gratuit) ne vaut-il rien ? Evidemment non ! On peut en faire des bijoux, les composés chimiques de l’or serviront toujours à soigner les maniaco-dépressifs etc… En revanche, si le bitcoin ne vaut rien, il n’est rien. Il n’est rien car il n’est pas un objet de l’ordre économique mais un pur produit de l’imagination : il existe parce qu’on pense, on veut penser qu’il existe. Il est le produit d’un calcul mathématique convaincant jusqu’au moment où ce calcul montre des faiblesses, comme tout calcul…

 

Deuxième expérience : le bitcoin, diront ses défendeurs, n’est pas moins quelque chose que les monnaies dites souveraines. Et d’asséner, « regardez les montagnes de dettes ! que vaut un dollar, fabriqué à tour de bras par la FED dans le cadre du quantitative easing » etc…. Cette position reflète parfaitement ce que je nomme l’illusion comptable des crypto monnaies. Le dollar n’est pas un artifice comptable, une écriture nécessaire pour équilibrer un bilan de banque centrale, il est la conséquence d’une activité économique. Il ne la crée pas. Pour user d’une image, il la reflète, il en est un miroir (qui a beaucoup réfléchi avant de renvoyer l’image). Cette activité en naissant le fait naître.

 

Une banque centrale ne crée pas de dollars comme une dictature pense créer de la richesse en imprimant des billets de banque : elle attend que les banques lui apportent des créances en échange desquelles elle leur apportera des liquidités. Les créances des banques, ce sont les prêts à l’industrie, à l’équipement, aux achats d’appartements, à la consommation.

 

Ces créances ne reposent pas sur rien. Elles reposent sur des objets de l’économie. Leurs « sous-jacents » sont les richesses créées et non l’illusion de richesse que procure le crédit d’un bitcoin. Illusion car, dans la pratique, on a remplacé une richesse exprimée dans une unité de compte par une richesse exprimée dans une autre. Disons-le méchamment : c’est un tour de passe-passe.

 

Ces quelques mots n’épuiseront pas le sujet.

J’espère simplement avoir nourri un débat passionnant.

Un peu plus tard, il sera utile de discuter de la nature de la monnaie… un peu plus tard.

 

 

 


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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En collaboration: Institut de l'Iconomie

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