Soliloques sur le Vaste Monde, septembre 2018

Une ICO n'est pas une levée de fonds ...

Rassemblant de la documentation sur les ICO, je suis tombé sur cet article écrit par une des personnes "qui comptent" dans le domaine de la blockchain et des Initial Coins Offerings. 

J'ai voulu le communiquer à mes amis lecteurs de mes newsletters pour montrer comment la fameuse technologie "disruptive" peut provoquer des enthousiasmes à la limite de l'insensé et du fantaisiste. 

Pour ce qui me concerne, passionné d'économie et de science-fiction, je ne peux que m'émerveiller du texte qui suit. J'ai simplement une remarque à faire: de nos jours, les Tokens et les Coins ne font pas le café et ne pétrissent pas la pâte à Pizza. 

Or, ils en étaient capables voici 63 ans. C'était clairement exprimé dans Atom kid, la bande dessinée dont je raffolais.

 

 

 

Une ICO n'est pas une levée de fonds ...

Published on September 4, 2018, Linkedin

Pierre Paperon

 

Pierre Paperon est Co-fondateur de Solid (Blockchains/DLTs, crypto-économie, tokénisation, ICOs for Good, ), orpaillage ...

 

... c'est bien bien plus que cela. La réduction à laquelle on assiste dans des posts, des livres blancs, des articles de presse, des conférences ... est symptomatique de la difficulté de notre époque à exploiter la richesse des concepts en les résumant à une phrase ou un mot que tout le monde peut comprendre. A vouloir être simple, on devient simpliste, pour ne pas dire simplet. La barre est un peu haute mais tentons de la franchir et de comprendre les valeurs ajoutées autrement plus essentielles et profondes qu'apportent les ICOs qui sont un sas vers la crypto-économie.

 

C'est un challenge que je me donne depuis un an, expliquer à chaque conférence de manière différente ce qu'est une ICO. Ma préférée a émergé il y a quelques temps, je la partage.

 

 

Imaginez que vous êtes un fournisseur de machine à café. Pour l'utiliser, les consommateurs ont besoin d'un jeton qui va permettre de mettre en route cette machine et d'obtenir votre café. Ce jeton, c'est ce que l'on appelle maintenant dans le monde un token. Et ce simple jeton se transforme en monnaie par la simple opération de le mettre en bourse et de le soumettre à l'offre et la demande.

 

La machine à café, c'est ce que fabrique votre entreprise, que ce soit un produit ou un service. Le token c'est le moyen d'acheter ce produit ou ce service. Et c'est la ou les technologies blockchain qui le fabrique, un peu comme un notaire ou huissier pourrait le faire pour les jetons ou la monnaie nécessaire pour la machine à café.

 

Mais il ne faut surtout pas s'arrêter à ce stade et penser la phase suivante surtout dans le cadre des lois qui sont en cours, péniblement pour la France, d'élaboration. Le travail depuis un an sur une trentaine d'ICOs dont une dizaine en cours nous a montré la richesse quasi infinie de la technologie au travers de la combinatoire de la dizaine de fonctions de la blockchain.

 

L' ICO est bien plus qu'une levée de fond pour start-ups : c'est le couteau suisse de la nouvelle cryto-économie

Chaque ICO a son token d'usage bien particulier avec ses promesses et son story telling car l'ICO, nous le répétons tous les jours à nos clients, n'est que le premier étage ou le dernier étage de leur fusée. Et cette année intense d'exploration et de combinaison nous a apporté de multiples nouvelles utilisations mises en oeuvre les unes après les autres :

 

L'ICO pour recapitaliser une entreprise

C'est le cas de beaucoup d'entreprises en France qui n'ont pas suffisamment de fonds propres pour faire face à des difficultés temporaires, à l'effet ciseau lié au développement de nouveaux marchés ou à une croissance rapide. Une grande partie des faillites vient d'ailleurs de là. Au contraire d'une augmentation de capital pour injecter de l'argent frais dans l'entreprise, c'est une pré-vente des produits ou services de l'entreprise à des acheteurs/investisseurs qui a lieu. Avec une conséquence directe sur la non dilution des actionnaires actuels.

 

L'ICO permet le rachat de l'entreprise par le management (LMBO)

C'est un cas qui est apparu lors de la discussion avec un ComEx d'une grande entreprise de distribution. En allant au fond du problème présenté comme une simple levée de fond, nous nous sommes aperçus que le besoin financier pour le développement de l'entreprise ne pouvait plus être assuré par un fond américain qui avait acheté cette même société. La question iconoclaste très directe a alors été posée :

 

"votre produit s'y prête parfaitement, pourquoi ne pas faire une ICO et vous permettre de prendre le contrôle de l'entreprise ?"

Ce qui en terme financier s'appelle un LMBO (leverage management buy out) mais sans s'appuyer sur la dette mais sur une "titrisation" de la production à venir ... La confidentialité requise m'empêche dans dire plus sur les suites en cours.

 

L'ICO pour protéger un brevet

 

En début d'année, une entreprise dotée d'un brevet magnifique était en négociation avec un pays du Moyen-Orient pour une prise de participation majoritaire. L'apport d'argent a été envisagé sous la forme d'achat de tokens avec une double conséquence : une augmentation de la valeur de l'entreprise et donc un maintien de la majorité du capital pour les actionnaires fondateurs. Recommandation a été faite à Jean-Pierre Landau de proposer dans son rapport des tokens de brevet et même une bourse de tokens de brevet ... mais la question initiale portait sur les crypto-monnaies et pas sur la crypto-économie. Dommage. Pas pour tous les pays, hélas.

 

Les tokens comme outil de rémunération spécifique

C'est le cas pour deux grandes entreprises du CAC40. L'apport financier n'est pas intéressant pour ces entreprises qui ont accès à tout le financement nécessaire mais en revanche l'attractivité de l'ICO est forte pour plusieurs raisons :

 

rémunération spécifique pour les porteurs du projet

motivation supplémentaire pour les distributeurs du produit ou du service dans de multiples pays

communication et diffusion internationale de la solution

L'ICO pour une transmission d'entreprise

 

C'est un drame silencieux qui est à l'oeuvre tous les jours : de multiples petites sociétés ne trouve pas de repreneur et cessent leur activité. Les salariés pourraient être intéressés mais ils n'ont pas les fonds nécessaires et on ne peut pas dire que les banques montrent un engouement démesuré pour les accompagner. Les tokens pourraient être une solution de mobilisation d'épargne locale, soit pour une entreprise spécifique à l'échelle très locale, soit pour plusieurs sociétés à une échelle régionale. L'exemple d'un café, cas réel, est proche d'un crowdfunding ou de la mise en place d'un club avec places attitrées ... au bar pour les acheteurs de tokens :)

 

L'ICO pour la rénovation et la gestion du patrimoine

Tout le monde a les yeux rivés sur le loto lancé par Stéphane Bern. Mais ce loto aurait pu s'appuyer sur une tokenisation de l'activité de rénovation. Avec une valeur d'usage pour le token qui aurait pu être, entre bien d'autres qui restent à inventer :

 

un billet (acheté par avance) pour la visite du lieu

un droit à venir travailler, aider, contribuer physiquement à la rénovation

une possibilité de dormir dans le lieu rénové si des chambres ont été prévues

 

Gardons l'option ICO en tête en cas de défaillance probable de l'initiative, car l'avantage est la mobilisation de l'épargne internationale, ce que ne fait pas un Loto qui s'adresse à 1% des habitants de la planète et n'exploite pas l'image de la France dans le Monde.

 

Et la liste des applications de l'ICO est bien loin d'être close : financement d'école de commerce, fond pour la recherche clinique, autofinancement de reboisement ...

 

De quoi l'ICO est-elle la manifestation ?

La focalisation sur l'ICO comme outil de levée de fond a été forte depuis maintenant un plus d'un an. Pour rappel, ce sont plus de 25 milliards qui ont été levés avec environ 3000 ICOs dans le monde.

 

Mais cela n'est qu'une partie émergée de l'iceberg car beaucoup d'ICOs ne vont pas à leur terme, soit par non achat des tokens, soit par souscription initiale (ou pre-sale ou pré-placement) qui dépasse le montant demandé et n'oblige pas à une ICO immédiate (le cas qui se généralise depuis Telegram).

 

Le process global en 4 étapes assez distinctes est le suivant et peut en effet s'arrêter entre l'étape pré-ICO ou ITO (pour initial token offering) et la phase ICO qui transforme le token en coin par sa valorisation boursière.

 

 

On sent bien que quelque chose de puissant est à l'oeuvre derrière toutes ces nouvelles opportunités d'autofinancement ou de relation différente avec les financeurs issus de tous les pays au monde. C'est, comme écrit il y a quelques temps, une nouvelle ère pour la finance mondiale qui s'est ouverte, celle de la crypto-économie. Avec une caractéristique qui donne un peu le vertige à chaque fois que l'on y pense ou regarde le phénomène avec des yeux neufs :

 

 

C'est la première fois dans l'histoire de l'humanité qu'une technologie fabrique elle-même sa propre monnaie

Et le bitcoin devint un sage sujet des banques centrales

 

La bourse de New-York s'est dite intéressée, le Nasdaq dit « pourquoi pas » : le plus amusant dans toutes ces annonces: elles viennent d'organisation qui ont des missions de service public. Qu'est-ce donc qu'un bitcoin entre les mains des organisations bancaires et financières, sous régulation des Etats, dont les opérations devront respecter les règles de KYC qui s'imposent à toutes les autres et que font respecter les Autorités de marché de tous les pays ? C'est du bitcoin "canada-dry".

 

On me dira que c’est encore une de ces provocations anti-bitcoin auxquelles je m’adonne sans réserve. Mais non! pas tant que ça! Il faut lire les savoureux appels des pauvres bitcoiners à la dérive. Ils ont inventé une monnaie qui n’est fondée que sur des  0 et des 1. Une monnaie dont le sous-jacent ne vaut rien.

 

Ils ont énoncé « enfin les citoyens vont remettre la main sur la monnaie dont ils avaient été écartés au profit des banques et de tous les ploutocrates de la finance. Enfin, les transactions seront anonymes et les molochs étatiques ne pourront plus venir espionner leurs sujets écrasés et malmenés. Enfin, tout sera sous le contrôle de tout le monde et les choses qui étaient centralisées ne le seront plus. Peuples du monde le bitcoin et les autres monnaies cryptées doivent vous libérer et vous enrichir".

 

Il est vrai que pendant un petit moment quelques benêts y ont cru. Le bitcoin explosait en cours fabuleux. Enfin les Rolls étaient à la portée de toutes les bourses. La libération monétaire n’était pas une fable. Elle était là. Avec la richesse et la liberté de consommer de l’argent gagné sans aucun effort. Et Patatras! les cours se sont fait la malle, ils se sont effondrés des 2/3. Ils ont laissé sur la grève tous ces gens que Warren Buffet regarde avec amusement lorsque la mer spéculative est à marée basse.

 

Alors, brutalement, les bitcoiners redécouvrent que les Etats existent et aussi les grandes institutions financières. Ils commencent par des reproches. "Vous nous empêchez de gagner. Vous vous êtes aperçus que nous étions menaçants. Alors vous avez mis des bâtons dans les roues. Il faut que cela cesse. Les Etats devraient vous en empécher".

 

Honte extrême : les grandes banques lancent les unes après les autres leurs propres applications et volent la belle idée. Et voilà le plus drôle : un appel à aligner la fiscalité du bitcoin sur celle de l’or. On croit rêver. L'or c'est quand même un peu quelque chose. C'est utile. On l'utilise pour des médicaments, des satellites et aussi pour des bijoux.

 

Le plus comique est pour demain! Prochaine étape : les banques centrales donnent leurs « imprimatur » digitales et les gouverneurs des banques centrales deviennent « mineurs en chef » avec le droit de virer ceux qui ne font pas bien leur boulot et aussi un droit à modifier les protocoles inefficaces.

 

Après tout pourquoi pas ? Un bitcoin sous contrôle des Etats et des grands intervenants financiers pourrait être une bonne idée ! A mon sens, il y a mieux, mais comme machin à investir lourdement et sans finesse cela pourrait marcher. En tant qu’instrument de paiement tout le monde sait que le bitcoin ne vaut pas le coup, c’est une des monnaies les plus lentes de la terre.

 

Evidemment quelques bonnes âmes pousseront de hauts cris : "Et la communauté » protesteront elles ? Quelle sera sa place, elle qui a tant fait pour que la grâce monétaire tombe sur le front illuminé des victimes des banques? Elle a aussi des intérêts à défendre : pensez à tous ceux qui ont investi à 20 000 , et même à 10 000 dollars, ou encore à 8000?

 

 

Une proposition: On réserve un strapontin à la "communauté" pour qu'elle regarde les trains passer et proteste contre le manque de soutien manifesté par les justices de tous les pays. Ou bien, poliment, le béret à la main, la « communauté » ira demander la permission de miner ou de faire des choses très transparentes et nominatives. Ou bien, et ce serait encore une meilleure idée, on renverrait la « communauté » à ses chères crypto (il y en a tant qu'elle aurait l'occasion de ne pas s'ennuyer) et on ferait un Fiat-bitcoin, qui permettrait de se passer du dollar dans les transactions internationales, c'est à dire de faire un bras d'honneur à Donald et à ses sanctions économiques et à l'interdiction d'utiliser le dollar dans les transactions avec les ennemis des Etats-Unis. 

 

Enfin un programme pour rendre le bitcoin utile!!!


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

Il vous suffira de tendre la main, vers les librairies du net,

Babelio, Amazon, Fnac, books.google, BOD librairie et l'éditeur: Arnaud Franel Editions

 

 

 

Quelques ouvrages de Pascal Ordonneau

Panthéon au Carré est disponible aux éditions de la Route de la Soie.

Promotion est disponible chez Numeriklivre et dans toutes les librairies "digitales"

Au Pays de l'Eau et des Dieux est disponible chez Jacques Flament Editeur ainsi que

La Désillusion, le retour de l'Empire allemand, le Bunker et "Survivre dans un monde de Cons".

"La bataille mondiale des matières premières", "le crédit à moyen et long terme" et "Les multinationales contre les Etats" sont épuisés. 

En collaboration: Institut de l'Iconomie

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