Soliloques sur le Vaste Monde, avril 2022

Poutine est-il un avatar?

 

Qu’est ce qu’un metaver ?

 

Le métaver est un monde virtuel. Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, vient de donner un lustre particulier au metaver en changeant la raison sociale de son groupe qui est devenu « Meta ». En grec : « au-dessus ». Le Metavers est un univers « méta », au-dessus du monde dit physique dans lequel nous vivons.
Nicolas Martelle, décrit le devenir des metavers en termes simples : « Demain, on pourra quasiment tout faire dans le métavers : voir un match ou un concert, visiter un musée, suivre un cours, faire du shopping, etc. Et l’expérience sera encore plus immersive grâce aux casques de réalité virtuelle, qui permettent de se passer d’écran ».
Pour opérer tout ce qui d’être décrit, les utilisateurs créeront des avatars, leurs doubles et représentants dans le monde virtuel des metavers. Ce sera un enjeu économique important puisque le metaver est décrit comme la suite naturelle d’internet. Les entreprises sont concernées au premier chef. Mais, ce sera aussi un enjeu culturel, social, voir politique.
C’est le thème qui est abordé ici.


 Poutine est-il un avatar ? premier épisode

 

Pour aujourd’hui, on a choisi de mettre en scène un personnage qui « fait l’actualité » : Vladimir Poutine. On l’a mis en situation. La Russie et l’individu lui-même, paraissent fonctionner sur une autre planète tant leur interprétation de ce qui se passe dans leur monde diverge de celle qui a cours dans les pays occidentaux.
La vérité est que la Russie est un gigantesque metavers fonctionnant avec une logique (le « code » : « code is law », disent les membres de la secte) qui lui est propre. Vladimir Poutine s’efforce d’en convaincre les dirigeants occidentaux. Ne sont-ils pas eux-mêmes enfermés dans quelques metavers peut-être moins aboutis que ceux de la Russie ? Ceci expliquerait toutes les mésententes et incompréhensions entre tous ces metavers et les avatars qui s’y déploient.
 
Vladimir Poutine est passé sur un registre moins agressif que d’habitude. Il a prévenu les Occidentaux. « L’Ukraine » leur a-t-il répété « est un immense metavers en cours d’installation. Les exactions dont la Russie est sans cesse accusée n’y ont aucun sens. On ne peut pas saigner, ni se décomposer dans ce metavers tel qu’il est paramétré (et il a insisté sur le fait que les paramètres étaient installés sur une blockchain n’acceptant que des preuves de travail (« proof of work »)

Il a prévenu ! « On peut imaginer que des avatars hostiles soient introduits dans ce vaste metavers, ils n’auraient pu qu’être « effacés » au moyen d’intervention dans les codes ennemis. Mais pas torturés. Un avatar n’est somme toute qu’un avatar, le double virtuel d’une entité réelle. L’avatar, ne se promène pas la fleur au fusil (s’il s’agit d’un militaire) dans n'importe quel monde qu’il soit virtuel (s’il n’a pas les codes utiles) ou réel (puisque justement, l’avatar est virtuel).

C’est pour les convaincre de la pure virtualité de l’Ukraine que Vladimir a invité les chefs de gouvernement occidentaux à venir le rejoindre en Russie, ce metavers « open », humaniste et spritualiste.

Nombre d’entre eux n’ont pas voulu se déplacer, par ignorance, pensant être obligés de franchir des milliers de kilomètres, alors que, justement, par nature, le metavers efface les distances physiques (les Russes, dit-on, auraient fait des progrès significatifs dans l’effacement des dimensions temporelles). Aux autres, ceux qui ont fait l’effort de comprendre la distinction entre virtuel et réel, il a proposé de partager un moment dans son metavers personnel, « son metavers préféré » : le metaver dit de « la Sainte Russie » dans lequel on ne peut entrer qu’avec son accord et où ne se croisent que des avatars triés sur le volet. (On dit que Vladimir sait aussi trier de jolies avatars). On remarquera à cette occasion que la technologie employée par Vladimir est au top : il a inauguré les « metavers dans les metavers ». (on dit aussi que la recherche russe n’est pas loin d’avoir maîtrisé les metavers en abîme. « Ce serait », nous ont murmuré les conseillers technos du Président, « une preuve exceptionnelle d’un passage praticable entre les deux mondes, le réel et le virtuel puisque les metavers en abîmes ne sont ni plus ni moins que l’équivalent virtuel des « poupées russes », délicats symboles de la fragilité du réel ».
  

A  suivre dans la prochaine livraison d'Humeur

 

 

Poutine est-il un avatar ? deuxième épisode

 

Les Russes sont très en avance

 

« Les Russes, ont-ils ajouté, sont très en avance, et montrent à l’ensemble des mondes virtuels et réels qu’ils sont capables d’ajouter de l’âme et de la poésie dans des domaines sèchement technologiques ou froidement politiques »

Vladimir a interpelé ses homologues : « Venez et vous verrez, et même vous sentirez que nous autres Russes avons su donner à la technique du metaver une vraie dimension sociale et éthique à l’opposé des businessmen occidentaux qui n’y voient que sources de plaisirs, d’amusements et de balades dans des lieux imaginaires (l’Ukraine, par exemple) ou effacés (Alep). Ils y ajoutent sans compter des rencontres avec des avatars voyous trompant le monde en prenant la figure de combattants de la paix et de tous les « no pasaran » imaginaires plus souvent virtuels que réels ».  

Il a insisté : « Venez dans la Sainte Russie et je vous montrerai que la vérité est une réalité virtuelle. Vous comprendrez que vos sens égarés vous donnent une vision erronée de la bataille que je mène en Ukraine. Vladimir, s’est alors dirigé vers la porte d’entrée (c’est une métaphore) du metaver « Ukraine ». Depuis quelques temps, il a commencé à le redessiner et à le débarrasser des vieilleries militaires que des avatars au design soviétique continuent à exhiber. Avec l’aide de quelques oligarques, les opportunités de l’immobilier virtuel sont massivement gérées et mises sur le marché par les techno-gestionnaires de « Sainte Russie » en charge de l’Ukraine ?

Ayant perçu quelques sourires condescendants chez ses invités, il leur a fait cette déclaration : « lorsque vous aurez accédé à mon metaver, vous constaterez par vous-mêmes que les Russes ne laissent pas la Vérité toute nue. Dans le metaver Sainte Russie, nous savons qu’en hiver il fait très froid. Laisser la vérité errer dans les rues, même si elles sont virtuelles, tremblant de froid et risquant d’en mourir, n’est pas dans l’esprit des Russes autour de vous, qui sont aussi vrais que la vérité. Nous avons passé des accords avec des entreprises de vêtements, (et parmi elles des firmes occidentales). Elles ont signé des « smart contracts » avec les oligarques pour installer des lieux de vente dans le multiver Ukraine. C’est facile pour nos concitoyens-avatars d’essayer et, satisfaits, de commander les vêtements qui leur conviennent. C’est ainsi que la Vérité a pu trouver ce qu’il lui fallait pour être chaudement vêtue. Elle n’a cependant pas attendu la livraison dans ce monde abimé et sale que vous nommez réel. Elle a décidé de les porter sans délai, y compris un manteau taillé dans la fourrure virtuelle d’un animal imaginaire : Sainte Russie n’est-il pas un multiver bienveillant ? La vérité n’a pas de raison de ne pas être choyée. Personne, avatars compris et dans la vie réelle aussi, n’y formulera d’objection ».

Quelques chefs de gouvernement ont donné leur accord pour que leurs avatars rejoignent Vladimir dans son metaver, rassurés qu’ils avaient été par ses propos pacifiques. 

Ils ont été cependant prévenus contre les risques qu’il y a à se promener les mains nus et l’esprit détendu dans un metaver spécialement quand ce metaver ou ses « mêmes » ont été conçus par les équipes poutiniennes.

Il n’y a pas longtemps une start-up dans le domaine « metaver » a lancé le slogan : « Tout le monde a besoin d’un flingue dans le metaver ». De fait, la police de certains états occidentaux s’est inquiétée de la dérive des comportements dans cet univers soi-disant virtuel : « quelques rapports ont été rédigés relevant des infractions parfois très graves dont celle-ci :  dans le métavers, il y a déjà eu des agressions sexuelles ». D’où l’idée de munir les visiteurs de moyens de défense sous la forme de « non-fungible tokens » reproduisant des armes. La start-up mentionnée plus haut a d’ores annoncé qu’elle « minterait » 30000 d’AK -47.

Poutine a été rassurant, « dans le metaver Sainte Russie, les armes ne peuvent rien contre les avatars, qu’ils soient des avatars de pauvres ou de riches, de malheureux ou de puissants. Pour ce qui concerne mon avatar, il est protégé des tentatives de jeux hostiles. Le metaver Sainte Russie est ainsi codé que mon avatar ne pourra pas être approché à plus de 10 mètres par un quelconque autre avatar sauf permission de ma part. Quant à ceux qui voudraient s’en prendre à moi dans ce que vous appelez le monde réel, il faudrait arriver à m’y trouver ! et porter atteinte à la blockchain et aux codes sur lesquels mon avatar et le monde auquel il appartient s’appuient. Ce serait autrement plus difficile que de couper quelques kilomètres de câble porteur de réseaux internet ».

« Croyez-moi, les avatars que j’ai acceptés dans mon metaver sont à l’abri de quelques tanks ou avions. Comme moi, vous n’avez rien à craindre. Venez ! Je suis sûr que nous pourrons utilement et sans danger nous promener dans le metaver Ukraine et débattre de son existence, maintenant que nous sommes en passe d’avoir effacé les avatars nazis hostiles qui s’y trouvent ».

Poutine, rassurant a emmené avec lui ceux qui sont portés par l’optimisme des nouvelles découvertes. Ils sont entrés dans le metaver Ukraine, reconfiguré par les équipes russes, laissant leurs « moi réels » dans un hôtel sous la garde des équipes spéciales du Kremlin. On ne les a pas encore revus.

 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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