Soliloques sur le vaste monde, mai 2025

Faut-il faire bouillir les délinquants?

Notre ministre de la Justice, devant des sénateurs, aurait proposé de supprimer l’argent liquide pour lutter contre le trafic de drogue. Il a estimé que cette « mesure assez simple» compliquerait la vie des dealeurs.

On ne s’appesantira pas sur le côté « assez simple » de la mesure. Mais on ne s’étonnera pas que, lancés dans la lutte pour la défense des libertés publiques, certains partis politiques se rebiffent : les narco-trafiquants ne sont-ils pas des commerçants comme les autres et à ce titre ne doivent-ils pas bénéficier de la protection des lois de la république. Reconnaissons aussi que le trafiquant ne peut exister sans son client. On pourrait sans grand risque philosophique juger que ce dernier est carrément à l’origine du commerce illicite des stupéfiants. Alors ? Dans ces conditions, ne doit-on pas approuver la mesure répressive proposée par Monsieur Darmanin. « Sans liquide », nous dit-il avec raison, « le trafic coulerait ».

Qu’il nous soit permis, partant de ces propositions inspirées par le désir de bloquer dans l’œuf le commerce des stupéfiants, de les prolonger sur la question, toujours passionnante, de la punition qu’il s’agisse des narco-trafiquants, des trafiquants du sexe, des violeurs, des pédophiles etc. On s’interrogera donc sur la punition en général, ses procédures et son rôle dans la société.

Je serai aidé dans cette noble tâche par la Bretagne et les Bretons.

Récemment, une affaire odieuse et inquiétante a attiré l’attention des médias : on pouvait lire dans le Figaro : « La fin d’une entreprise florissante. Un trafic de fausse monnaie a été démantelé entre la Bretagne et la Normandie ».

Écroué, le fautif a reconnu les infractions et s’est vu condamné à une peine de deux ans d’emprisonnement intégralement assortie d’un sursis probatoire. Il devra aussi effectuer 105 heures de travail d’intérêt général.

En d’autres termes, on lui a fait de paternelles remontrances. De nos jours, en Bretagne, imiter les billets de banque a tout de la farce de potache. Dans le passé, l’ancien droit pénal breton ne plaisantait pas avec les infractions de ce genre. Pour preuve, il était édicté que « Les faux-monnayeurs seront bouillis, puis pendus ». On notera que la peine capitale était également applicable aux :

« Traîtres, meurtriers, guetteurs de chemins pour voleries, assassins, brûleurs de maisons » (art. 632) ; « Rapteurs de femmes non publiques » (c’est-à-dire : « non prostituées », art. 623) ; Auteurs de coups et blessures ayant entraîné la mort dans un délai de quarante jours (art. 620) ; Voleurs, en cas de circonstances aggravantes : vols commis avec effraction, ou de nuit, ou par guet-apens (art. 626) ; il en va de même du vol de chevaux, bœufs ou autres bêtes de somme (art. 627).

Dans de nombreux rapports sur « la sanction pénale et son exemplarité » il est avancé que les sanctions n’ont jamais incité à ne pas commettre les fautes. Ce qui laisserait à penser qu’il est vain de punir.

Dans d’autres rapports, on s’appesantit sur les modalités de la sanction si on ne peut pas s’en passer : « la punition doit être éducative » Dans cet esprit, son déploiement s’inscrit dans un univers de bonté et de respect humain. Chacun sait qu’à défaut, les bénéfices de l’éducation sont perdus.

D’autres rapports, les moins nombreux il faut le reconnaitre, posent qu’une bonne sanction doit être fermement administrée.  « Bouillir puis pendre » sont, sûrement, de nos jours, à prendre de façon métaphorique mais l’idée est nette : « une peine de deux ans d’emprisonnement intégralement assortie d’un sursis probatoire » n’est pas une sanction, c’est une petite tape sur les doigts avec la recommandation paternelle « Ne le refais plus » !

Quant à moi, je ne suis pas loin de penser que faire « bouillir » les pédophiles permettrait de remettre de l’ordre dans notre société. Par extension, on inclurait à juste titre les violeurs (rapteurs en vieux français).

 

Quand Vladimir bégaie

 

Ce n’est pas nouveau. Les bègues sont nombreux dans l’univers politique. On dit qu’à force d’apprendre à contrôler leurs flux oratoires depuis leur plus tendre enfance, les hommes politiques bègues, sont magnifiquement armés pour faire croire qu’ils parlent vrai.

Dans les lignes qui suivent, ce ne sont pas des hommes politiques bègues qu’il s’agit, c’est de l’homme politique qui se prend pour un héros, un démiurge, celui qui emplit la scène politique à tel point qu’il fait taire tout le monde. Comme Vladimir Poutine. Ce dernier remplit parfaitement toute les cases de l’homme politique historique. Mais, bégaie-t-il, au sens du handicap bien connu ? De toute évidence, la réponse est négative. Vladimir ne bégaie pas, c’est l’histoire qui bégaie. Et quand un homme politique se prend pour l’histoire en marche, il y a de forts risques qu’il se mette à bégayer.

Car l’homme politique qui se prend pour l’histoire en marche est victime d’un handicap tout aussi grave que le bégaiement : il ne peut s’empêcher d’en appeler à l’histoire de l’histoire, il ne peut s’empêcher de battre le rappel de l’histoire et de ses grands moments. C’est alors qu’il tombe dans le fameux piège : « l’histoire ne se répète pas, elle bégaie ».

Qu’est-ce à dire lorsque c’est de l’homme politique providentiel, l’homme historique, qu’il s’agit ? c’est dire qu’à force d’en appeler à l’histoire, celui-ci, ne se rend pas compte que ce qu’il serine et répète, n’est qu’une caricature des évènements historiques. L’histoire contrairement à l’opinion commune n’est pas figée. Elle évolue, elle change, elle se transforme. S’en remettre à elle c’est prendre le risque d’une promenade dans un marécage. Recourir à l’exemplarité d’un moment historique est aussi aléatoire que de faire rouler un vieux char romain dont les roues à force de centaines d’années seraient devenues carrées. Le temps n’est pas l’ami des faits historiques.

Vladimir, qui en appelle à l’histoire pour raconter comme la Russie fut grande et sa lutte contre l’hydre nazie incessante, bégaie comme l’histoire.

Quelques esprits occidentaux le suivent laissant à penser que l’histoire et le déroulement d’un match de football ont beaucoup en commun ! Il n’en est rien de toute évidence. On peut décider de recommencer le match, mais on ne peut pas proposer de recommencer l’histoire. Quand un match est perdu on peut suggérer de recommencer la partie. Quand, un évènement historique est clos, une guerre par exemple, il est clair qu’on ne peut pas le rejouer.

Vladimir Poutine qui ne cesse de proclamer que la victoire sur l’hydre nazie doit beaucoup si ce n’est essentiellement à la Russie (on ne dit pas URSS) et que le combat qu’il mène est un combat contre les nazis ukrainiens (et les nazis occidentaux), s’acharne à rejouer une histoire qui s’est depuis longtemps échappée vers des avenirs technologiques, sociologiques et démographiques sans rapport avec le rêve passéiste du président russe.

Il est certain qu’on ne peut pas laisser de côté les millions de soldats russes morts au combat ! Mais, si on veut mobiliser l’histoire au service de leur cause, il faut en remonter le cours vers les sources elles-mêmes : massacres perpétrés lors de la révolution Soviétique, millions de morts ukrainiens lors de l’holodomor, (famines orchestrées par la même union soviétique en 1932 et 1933), grands procès, qui ont désorganisé l’armée soviétique par suite de l’élimination de 14 des 16 généraux d'armée, les 9/10e des généraux de corps d'armée, les 2/3 des généraux de division, plus de la moitié des généraux de brigade, 35 000 officiers.

L’effondrement de l’armée soviétique et les millions de morts qui s’ensuivirent face à l’offensive allemande fut la conséquence de 20 ans de massacres menés par l’union soviétique sur sa propre population et ses élites.

Vladimir Poutine essaye de récupérer l’histoire de la « grande guerre patriotique » et prétend en répéter les hauts faits à l’occasion d’une « opération spéciale » qui patauge. Cette opération de police du type « Budapest » ne fait pas penser aux gigantesques offensives soviétiques de 1942 et 1943. Elle n’est rien d’autre qu’un bégaiement comme l’histoire aime à les répéter.

Il a de la chance, le président russe : si l’histoire se répétait vraiment, il serait mort, fusillé, comme des millions de Russes, au nom de la Grande Révolution.

 

 

Casse-toi, Lafayette

 

C’est sûr, Donald qui se fâche souvent, saura retrouver qui nous sommes. Alors, il nous sourira et l’Amérique reviendra sûrement dans le cœur des Français.
Pourtant, quelques cinquante années plus tard, l’amour des Français pour les Américains demeure : preuve qu’en dépit de la déception, l’illusion demeure bien accrochée.

Nos libérateurs ont, à cette époque, prétendu tout libérer…  Quelques soulèvements coloniaux auraient certainement pu être épargnés à la France durant cette courte période achevée en 1960. Quant à lui, lucide, le Général de Gaulle prit ses distances vis-à-vis de l’ami américain et rompit quelques liens sentimentaux.

On n’insistera pas sur le retard à l’allumage des Américains lors de la seconde guerre mondiale. Pas davantage relèverons nous que le mépris du président américain pour la France était mal dissimulé par son hostilité quasi permanente vis-à-vis du Général de Gaulle. Pourtant, les Français ne cessaient de s’imaginer que Lafayette ayant beaucoup fait pour les Etats-Unis, on pouvait continuer à les aimer. Surement, un jour, ils se poliraient.

Du passé on ne fait pas si facilement « table rase » : de nos jours 20% des Américains se voient germaniques.

Il est vrai que nourrissant une sorte de rapport familial avec nos anciens ennemis allemands, ils étaient tiraillés ! Les Français, tout à leur vision idéalisée de l’Amérique, avaient oublié que les émigrants européens aux Etats-Unis venaient massivement d’Allemagne. En 1910, les parents d’un américain sur quatre, étaient nés de parents eux-mêmes nés « hors-Amérique », en Allemagne ! On comprend pourquoi les Etats-Unis demeurèrent si longtemps en retrait.

N’était-ce pas, de notre part, la preuve d’une certaine incapacité à quitter un amour-propre mal placé. Nos amis américains ne voulaient-ils pas nous obliger à quitter le XIXème siècle et nous inviter dans le vrai nouveau monde, celui de l’économie, de la technologie et de la Science. Par pure affection pour la France qu’ils étaient censés tant aimer.

Atterrissons pourtant et interrogeons le diplomate-poète, Paul Claudel, ambassadeur de France aux Etats-Unis au lendemain de la première guerre mondiale qui constata avec quel dédain pour la soi-disant fraternité « lafayettienne » nos « amis » américains piétinèrent la position de la France, de concert avec leurs autres amis, les Anglais. Finalement, il en vint à penser que les vraies victimes de ce conflit gravissime n’étaient pas les Français, mais bien au contraire les Allemands que les premiers malmenaient injustement.

Or, avant de faire comme si la belle Amérique arrivait au secours de la liberté (française), nos concitoyens auraient dû se souvenir qu’à deux reprises au moins, à peine un quart de siècle après leur déclaration d’indépendance, ( Lafayette, où étais-tu) les Etats-Unis ont failli déclarer la guerre aux Français. Erreurs de jeunesse argumenteront les américanophiles. De minimis non curat… diront les hommes de gauche,  les Américains, n’ont-ils pas été une terre hospitalière pour bon nombre de Français fuyant la Terreur et ses massacres. Il faut se souvenir des mots de Chateaubriand qui atterrit aux Etats-Unis dans des moments difficiles, heureux de se sentir sauvé mais qui modéra néanmoins son enthousiasme : « Ce fut une esclave qui m'accueillit sur la terre de la liberté. »

Prenons la France, par hasard, et par exemple : il faut entendre encore, dans les trémolos canardisant des vieux films d’autrefois que les Américains c’est « Lafayette, nous voilà ». Probablement l’illusion la plus amoureusement entretenue par nos concitoyens qui ne peuvent y penser sans un pincement dans le cœur et des larmes qui perlent, mal retenues, dans un coin de l’œil.

Il faut pourtant affronter une autre face de la réalité : les pays européens qui étaient perdus en admiration amoureuse vis-à-vis de leur protecteur ultime voient les prises de position de Donald Trump tout brouiller dans leurs têtes et faire tomber sur eux la tristesse d’une rupture si peu attendue.

Bien sûr, quelques esprits mesquins soutiendront que l’affection portée à l’égard d’un grand-frère costaud, les Etats-Unis, et disposant de quelques solides moyens économiques reposait plus sur des intérêts financiers et monétaires bien compris que sur une forme irénique d’amour porté par quelques beautés un peu niaises et puériles (les nations européennes) pour le beau gars viril (les Etats-Unis).

L’amour que l’on porte à quelque personne, idée, ou même objet, encourt, on le sait, deux risques : celui de l’illusion et celui de la déception. Reconnaissons que le second est d’une certaine manière l’enfant du premier et que dans bon nombre de cas, l’erreur qui a été cause d’illusion conduit naturellement à la tristesse de la déception. Ces quelques bribes de philosophie appliquée sont là pour introduire les amours déçus des Européens à l’égard des Etats-Unis.

 

Mens insana in corpore insano

 

Les locutions latines ont le mérite de se prêter à tous les jeux de langage: il y a beau temps qu’on ne sait plus trop bien ce qu’elles voulaient vraiment dire. Alors, ne nous gênons pas et, considérant la France et aussi l’Europe, interrogeons-nous sur ce rapprochement osé entre la mauvaise santé des corps et l’insanité des esprits.

Cette interrogation peut s’appuyer sur les micro-évènements qui, par définition, ne frappent jamais les esprits éclairés et sur leurs dérives qui sont toujours lentes, véhiculant des micro-faits comme les cours d’eau érodant leurs lits emportent dans leurs écoulements des débris, des algues ou des morceaux d’animaux morts.

Quels sont ces micro-faits qui se déversent tranquillement et qui parce qu’ils sont « micro », ne marquent pas vraiment ni l’esprit, ni le regard ? Récemment dans un port de plaisance de Corse, plusieurs bateaux ont flambé. Cela n’a pas fait la une des journaux et je ne pense pas que Sandrine rousseau et sa copine Marine Tondelier y ont consacré une milliseconde d’attention. Seuls les édiles corses ont été un peu émus qui semblent avoir découvert à cette occasion que dans l’ile de beauté, les indigènes se plaisent à mettre le feu ou à faire sauter des choses deci delà. Dans d’autres ports, toujours en France, on avait eu droit à ce type de manifestations. On brûle aussi les automobiles, depuis longtemps en France et cela ne fait plus bouger un cil chez les observateurs amateurs et professionnels. Les mini-faits, prennent de l’allure quand ce sont des manieurs de kalach qui tirent au hasard pour montrer qu’ils sont là et qu’ils entendent y rester. Tirs ici sur une supérette, là sur un HLM « ennemi ».

Et ainsi, les mini-faits prennent une autre dimension : magasins dans lesquels on vient se servir et on part, décontracté, sans payer parce que c’est « tous des salauds qui doivent rendre l’argent » et qui ne peuvent compter sur la police, ou la population pour se défendre : ce n’est pas médiatique. Les mini-faits prennent de drôles d’allures quand dans une manifestation dite du premier mai, des participants se font casser la figure, au pire, ou virer de la manifestation, au mieux car ce sont des pourris de socialistes complices du capitalisme. On n’insistera pas sur les occupations illégales de terrains par les gens du voyage .

Pourquoi s’intéresser à ce mini-faits ? Tout simplement parce qu’ils sont les marqueurs de dérives. Leur accumulation et leur aggravation aboutissent à créer des sentiments d’insécurité et inversement à donner confiance à tous ceux qui rêvent d’un grand soir, ou d’un renversement politique.

C’est bien à ce stade que les dérives deviennent des phénomènes sociaux incontrôlables et finissent comme les rivières mal récurées par conglomérer des entassements de déchets mentaux, psychologiques, intellectuels, via la montée des communautarismes ou des extrémismes.

Les dérives viennent créer le désordre jusque dans les constructions politiques bâtie pour faire le bonheur de ses citoyens : progressivement, autres mini-faits, d’une autre ampleur, la construction européenne se délite. Les pays sauvés de l’oppression soviétique prétendent que les libertés rassemblées sous les couleurs européennes ne sont qu’une nouvelle forme d’oppression. La Hongrie, dont les petits Français savent qu’elle se montra héroïque face aux troupes d’occupation russes, se considère comme victime de l’excès d’attention libérale de Bruxelles. La Roumanie est en passe de basculer Russophile et la Tchéquie manifeste son amitié pour le nouveau tsar Poutine et le soutient dans sa lutte contre le nazisme européen.

L’Europe partirait en morceaux comme les banquises éclate sous les ardeurs du soleil ? la démocratie serait-elle menacée en France à raison de la montée de plus en plus intense des attentats à l’ordre public ?

Tous ces mini-faits, ne sont pas le reflet de positions politiques cohérentes : on n’entend actuellement personne revendiquer un éclatement de l’Europe, mais on voit bien que l’enthousiasme européen s’érode, dans les anciens pays dits « de l’Est », on voit bien aussi que la société de protection et d’intégration à la française peine de plus en plus à se déployer.

Lorsque les membres d’un corps sont en souffrance, ne faut-il pas s’inquiéter de sa santé mentale. Si la démocratie finit par se transformer en passoire face à ses agresseurs, est-ce parce que dans un corps malsain, l’esprit ne peut plus qu’être, lui aussi, malade ?

 
 


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