Soliloque sur le Vaste Monde , avril 2024

Intelligence artificielle : Sommes-nous les causes ou les effets ?

Que faire des enfants?

La route du fer est coupée

Les ailes des papillons

Tuez les tous

Intelligence artificielle : Sommes-nous les causes ou les effets ?

Où sommes-nous ? Y sommes-nous ?

 
En 1725, Basile Bouchon, un Lyonnais, mit au point le premier système de programmation d’un métier à tisser grâce à un ruban perforé. En 1728, Jean-Baptiste Falcon, inventait une série de cartes perforées reliées entre elles. Enfin, Joseph Marie Jacquard lia le tout dans un métier à tisser qui fut adopté dans le monde entier à partir de 1801.

Reprenons avec l’aide de Wikipédia : « Au début des années 1960, les premiers moniteurs d'ordinateur travaillant en « mode texte » comportaient 80 colonnes par ligne afin d'être compatibles avec les cartes perforées ». Plus tard : « Les programmes en langages Cobol, Fortran et PL/I s'écrivirent sur des lignes de 72 caractères au maximum pour pouvoir être perforés sur cartes. »

C’est dans Wikipédia, donc c’est indiscutable. On peut en déduire que l’ordinateur dans sa réalité pratique nous vient de héros français de l’innovation. De cette invention française conçue pour améliorer le sort du genre humain, les anglo-saxons firent une belle occasion d’améliorer le sort de leurs portefeuilles.

Si, au nom du bonheur et de la prospérité de l’humanité, les cartes perforées n’avaient pas été inventées par nos héros français, Turing, l’homme dont on fait tout descendre en informatique, en aurait été réduit à manier l’abaque ou le boulier chinois.

Une bonne part des récentes découvertes en informatique, nommément celles qui entourent ou fondent l’IA (intelligence artificielle) viennent donc de très loin et reposent sur une idée de l’homme avant que d’être des progrès « scientifiques ».
Cela simplifie-t-il la question ? Pour ce qui me concerne : absolument pas. Je n’ai toujours pas compris comment, en maniant des cartes perforés, on pouvait animer des machines à tisser ou des ordinateurs. En France, cette question purement technique a toujours été occultée par des prises de position philosophico-politiques : tout bon Français vibre en pensant aux premières révoltes ouvriéristes contre la mécanisation du travail, accompagnées de destruction de matériel. En vérité, ces révoltes, dites des canuts, ont été inventées à la fin du XIXème siècle par des idéologues socialistes. Les vraies révoltes eurent lieu en Angleterre où des ouvriers brisèrent les métiers mécaniques. Ils furent suivis en cela par des ouvriers allemands en Silésie. Les canuts français vivaient en parfaite harmonie avec des machines dont ils étaient propriétaires pendant que le capitalisme anglais trouvait dans l’exploitation scientifique de l’homme, la recette de la fabrication des plus-values.

Cette digression conduit à une série de remarques et, par cette série de remarques, à l’intelligence artificielle. Tout débat social qui s’auto-décerne le qualificatif de scientifique est un débat philosophique qui se dissimule. Le meilleur moyen de faire taire une objection n’est-il pas d’énoncer que « c’est simple comme deux et deux font quatre ». Le meilleur moyen de rendre indiscutable la solution qui va modeler le monde de demain est de la placer sous la protection de la science. Autrefois, on abusait des principes de la thermodynamique pour expliquer que le monde avance nécessairement et que c’est nécessairement tonitruant. Aujourd’hui, l’ombre de Turing hante les débats sur l’intelligence artificielle. Cet homme au destin tragique a participé au mouvement qui a jeté une grande incertitude sur la place du genre homo sapiens dans le monde et sur son rang de plus brillante réussite de l’évolution de l’univers. Pour caricaturer la mise en danger de ce statut d’exception, suivant un célèbre philosophe allemand, on a envie de s’exclamer : « on ne peut pas se contenter de faire descendre le singe des arbres pour faire ensuite descendre l'homme du singe descendu ».

Le soi-disant déferlement scientifique dont nous sommes les témoins (et les victimes ?) est le produit d’un questionnement philosophique à la formulation angoissante : « Sommes-nous des êtres pensants vivant dans un monde que nous avons pensé ou vivons-nous dans un monde qui nous pense ? ». A peine s’est-on interrogé sur la capacité des machines à s’interroger que l’esprit vacille sous le coup de la remise en cause des fameux « oui-non », « 1-0 », par le biais de la pensée quantique ? A peine s’est-on remis de la fameuse expansion de l’univers qu’on découvre, avec l’intrication quantique*, que tout est dans tout et que l’avenir tranchera après qu’on aura parcouru quelques millions de parsecs**. A peine, a-t-on trouvé une solution, une formule, qu’une autre solution, une autre formule débarquent… qui viennent, sous le prétexte de science, bousculer nos esprits.

A la fin il faudra bien répondre à cette question : « En sommes-nous les auteurs ou les produits ? ».

Et tout ça à cause d’une invention française au service de l’humanité, au début du XVIIIème siècle.

** parsec : (Astronomie) (Métrologie) Unité de mesure de distance équivalant à 3,26 années-lumière.

*pour se résumer sur l’intrication quantique : voir ci-dessous un état intriqué.

 

Les ailes des papillons

 

 Quand les ailes étaient rouges

 
Cela devait arriver. On sait que le battement des ailes d’un papillon au-dessus de Hyde Park peut provoquer un cyclone à la Jamaïque. On ne savait pas que l’inverse était possible : les ailes du Moulin Rouge ne seraient-elles pas tombées en raison d’un phénomène dramatique survenu quelque part sur le globe ou dans l’immensité glacée de l’espace intergalactique. Les inondations en Chine du Sud, par exemple, un trouble digestif inopinément survenu lors d’une belle rasade de vodka au kremlin. Trop de liquide pour frein dans le breuvage ? ou la collision improbable de deux trous noirs inconnus.

Il n’en reste pas moins cette idée essentielle : il est des évènements possibles mais imprévisibles. La possibilité de la chute des ailes du Moulin Rouge était inscrite depuis que le Moulin Rouge était moulin. En revanche, la probabilité de la chute ne l’était pas.

A l’inverse, la chute d’Icare était prévisible. Icare n’avait-il pas été conseillé lors de la confection de ses ailes faites de cire ? N’aurait-il pas dû suivre les conseils de son père ? En d’autres termes, n’avait-on pas été très clair quant aux risques de la navigation en haute altitude. La chute d’Icare était probable compte tenu de son comportement désinvolte, elle était donc prévisible.

C’est facile à dire, car nous ne connaissons pas vraiment ce qui a conduit Icare à prendre les risques dont il avait été instruit. Ceci met à nouveau en lumière le drame permanent de la pensée humaine: si nous savons souvent expliquer pourquoi un évènement est survenu, nous ne savons que très rarement, pour ne pas dire jamais, prévoir cet évènement, même lorsqu’il est non seulement possible mais aussi probable.

On m’objectera que la belle histoire d’Icare inscrite parmi les plus beaux mythes de l’antiquité, ne peut pas être comparée avec la chute d’un décor de music-hall. Ce serait comme si on mettait à égalité l’essentiel et le superflu !

Pourtant, je tiens à cette comparaison et je reviens sur les quelques lignes ci-dessus : Les ailes du Moulin Rouge sont tombées sans que personne n’ait pu le prévoir quand, à l’inverse, il n’était pas difficile d’imaginer que les ailes d’Icare fondraient sous l’effet des ardeurs du soleil. Cet évènement n’est pas sans signification pour le monde moderne. Icare fait penser à cet abruti qui au début du XXème siècle, eût l’idée saugrenu de tester un parachute de son invention en se jetant du haut du premier étage de la tour Eiffel. Personne ne lui avait crié « A faire l’imbécile, tu cherras et en mourras » alors que c’était une évidence.

La chute des ailes du Moulin Rouge ne ressort d’aucune évidence : elles étaient arrangées de sorte que le vent ne pouvait les faire bouger. Elles ne pouvaient s’user, elles ne tournaient pas. En est-il ainsi de toutes les ailes faites pour tournoyer ? La chute des ailes du Moulin Rouge était imprévisible car, contrairement à toutes les ailes tournoyantes, (les ailes de moulin, dans la majorité des cas sont justement des ailes tournoyantes) elles ne tournaient plus. D’où la question : « si les ailes qui ne tournent pas peuvent choir, alors que dire des ailes qui tournoient ? »

Vous avez compris qu’ici on quitte le plaisir de comparer des destins antiques avec des accidents sur la voie publique : les ailes que nous introduisons dans notre argumentation sont celles qui poussent au haut des collines de notre beau pays et lui confèrent une nouvelle dimension : celle du mouvement. Elles nous font signe et nous parlent de l’antique dieu Eole, devenu un moderne générateur d’électricité.

Et nous voilà avec la question du début : la chute de leurs ailes est-elle prévisible, possible, et finalement probable ? On aura noté que celle des ailes du Moulin Rouge n’ont fait aucun dégât. Peut-on sans crainte de se tromper affirmer que la chute des ailes des éoliennes contemporaines, qui ne cessent de tourner quand il y a du vent, serait aussi inoffensive.

Pour conjurer le sort, il y aurait des solutions : par exemple, utiliser l’IAD (Intelligence Artificielle Dégénérative) celle qui permet de connaître à l’avance, le chaos, les désordres, en bref tout ce qui va se casser la figure.

D’autres ont proposé qu’on essaie de tromper le destin. Le moyen le plus fréquemment évoqué : peindre les ailes des éoliennes en rouge.

 

Que faire des enfants?

 

 

 

Nous avons affligé nos parents ; nos enfants nous désespéreront.



L’habit fait-il le moine ? L’uniforme fait-il le bon élève comme l’écriture appliquée ou comme le fait de se lever à l’entrée du professeur dans la classe ? Le bon élève ? Ne s’agit-il pas là de l’engeance que nos maîtres en liberté dénoncent depuis les glorieux évènements de mai 1968, depuis la divine surprise de l’élection de « François ».

Il y a bien longtemps que les élèves n’entrent plus dans leurs classes, deux par deux, équipés de leurs blouses réglementaires et de leurs cartables en carton bouilli. Ça c’était quand la France était encore pauvre et, malgré les disettes budgétaires, devait faire face à l’explosion du nombre des enseignés. Puis, progressivement, sont venus les relations détendues avec les maîtres (et même, disent les libéraux avec gourmandise, "certains ne sont pas plus vieux que leurs élèves"). Sont venues aussi les libertés vestimentaires, d’autant plus indispensables que dans les écoles, les collèges, puis les lycées devenus mixtes, la question du ramage est devenue cruciale. Comment séduire si on n’a pour ressource que de tristes blouses et de lourdes galoches ? On sait bien que l’intelligence n’y suffit pas et que sans accoutrements rigolos ou provocateurs les boutonneux sont désavantagés. Il faut aussi pouvoir ranger commodément les couteaux.

« Remarques faciles sur des postures de temps anciens » dira-t-on. Le monde a changé. La liberté a diffusé. Les inégalités du « genre » sont en passe d’être abolies. L’enfant, autrefois quasi « res nullius », est devenu un être à part entière qui a des droits. Pleins de droits. Droits d’être enseigné, sans violence ni brutalité, ("vous serez gentils d’apprendre la leçon pour demain"). Droit de ne pas être brusqué par les parents quand il en y en a ( « c’est vrai monsieur le juge, mon papa m’a donné une « baffe » (comme il dit) soi-disant que j’avais mal parlé à ma mère . Il n'a pas droit de me battre, c'est écrit" ); droit de les faire convoquer par l'école et par la police si leur comportement n’est pas compatible avec le respect des droits d’enfants, de tous les enfants; droit aussi de s’amuser comme il le veut et quand il le veut. Il est interdit d’interdire. Et les écrans, petits et grands, sont devenus les symboles de cette inviolable liberté.

Il faut dire que ce malheureux enfant n’est pas rendu heureux par le monde qui l’environne.  L’explosion des divorces bousille ce qu’on nommait autrefois les liens familiaux. Et quand il y a un nouveau couple qui suit le premier, le lien n’est plus tout à fait là … La liberté des enfants en serait confortée ? On pourrait s’imaginer que les enfants étant souvent confiés aux mères, on assisterait à un retour du matriarcat. On assiste surtout au retour de l’esclavage de la femme, puisque c’est elle qui fait « famille monoparentale » le plus souvent. La mise en coupe réglée de mères aboutit à en faire les serviteurs de leurs progénitures. C’est qu’ils ont des droits, que des droits, et tous les droits ( ce n’est pas leur faute, c’est la société qui, étant mal faite, les déforme et leur met de vilaines idées dans la tête) . Et, puisque dans une famille monoparentale, il n’y a qu’un seul parent, c’est-à-dire la femme, (voir plus haut) les enfants-mâles se prennent pour des hommes. Et, comme les hommes, ils jouent du couteau « je veux jouer à l'assassin » disait la petite fille de Prévert. On ne hait même plus les familles : elles ont explosé. On ne sait plus où elles sont. Il faudrait parler de familles à l’état gazeux.

Sauf que, tout ceci n’est pas normal. La liberté des enfants, cela a été un grand moment maoïste. Après quelques millions de morts ou quelques dizaines de milliers de suicidés, il faut retrouver les vrais enjeux. Remettre d’aplomb des valeurs de base : l’enseignant ne doit plus être perçu comme le laquais de la société, mais comme un de ses piliers, il doit en être de même pour les élus, qu’ils soient locaux ou nationaux.  Il faut effacer toutes ces soi-disant créances sociales que les enfants prétendraient détenir contre la société, contre ses représentants, contre tout le monde ! Créances sans dettes ! L'enfant moderne, ne devrait rien, on lui devrait tout. 

Reconstruire le lien familial suppose un nœud principal, père ou mère ou les deux, pour faire de la famille un lieu où s’enracine la vie en société.
Alors, il faudra réapprendre aux adultes le rôle et les fonctions dont on les a dépossédés au prétexte d’une soi-disant liberté de leurs enfants.

La route du fer est coupée

 

Ils ne passeront plus

 

Est-il si loin ce temps où il ne faisait pas bon naviguer dans les eaux de la méditerranée occidentale ? On avait, il y a quelques temps, raconté que l’insécurité y était si grave, menaçant le transport des personnes et des biens, que plusieurs pays avaient dû se livrer à quelques expéditions et démonstrations de force. Qui se souvient de l’intervention navale et terrestre des Etats-Unis contre le Pacha de Tripoli en 1801, rééditée en 1805, puis en 1815. La liberté de naviguer garantie par les Ottomans n’était pas respectée par leurs protectorats du Maghreb et de la Tripolitaine. Les Etats-Unis créèrent une flotte spéciale pour répondre aux menaces et aux attaques, précédant la guerre barbaresque, menée par l’Angleterre et la France, précédant les opérations françaises en 1830.

Cent ans plus tard, le principe de la liberté de navigation était acquis. Plus tard, viendrait le temps de l’aviation. On revenait en quelque sorte à la création des infrastructures publiques de l’empire romain concrétisé par un réseau de routes principales et secondaires dont on n’a pas encore complètement saisi l’ampleur.

Pour rassembler les hommes, il fallait libérer leur circulation. Il y avait toujours des limites à ce principe : des territoires entiers restaient fermés, Russie, Chine etc mais cela avait quand même été un grand progrès. On avait fait des canaux pour faciliter la circulation, on avait creusé des ports, étalés des pistes de décollage et d’atterrissage, érigé des ponts et tracé des autoroutes…

Cette idée de route s’était ensuite répandue sous des formes nouvelles, téléphones, communications internet…et l’espace !

Or, voilà que ce qui était perçu comme une conquête de l’humanité, disparait petit à petit. L’idée que des Etats participent à cette conquête garantissant, chacun à leurs niveaux, que l’accès en sera libre et garanti, est en passe de sombrer. La piraterie avait été éradiquée, disait-on ! On la voit renouer avec les errements du passé. On entend de belles âmes expliquer que quand des malheureux voient passer à leur portée des navires emplies de richesses sous toutes formes, il est bien normal qu’ils aient envie de participer à la fête. « Laisser passer » serait rater une occasion. Ils ont le droit d’attaquer : on ne leur a pas demandé leur permission pour passer à côté d’eux dans l’indifférence pour leurs malheureuses situations.

Ce ne serait que ces quelques malheureux, peut-être trouverait-on à les entendre ! Mais, il y a bien pire, le commerce des hommes, disait-on, est la condition primordiale de leurs rapports pacifiques. Le meilleur moyen de montrer que les rapports pacifiques n’ont plus lieu d’être n’est-il pas d’empêcher toute circulation, de l’insécuriser et de faire des routes, des voies et des canaux des lieux dangereux ? L’Iran et ses fidèles houthis montrent, attaques de bateaux de commerce à l’appui, que c’en est fini de la sécurité des transports maritimes. On entendra ici ou là que ce n’est pas grave et qu’en définitive la seule conséquence est le rallongement des trajets par mer. Mais il ne s’agit pas que de l’histoire de navires détournés ou volés. Parmi les nouveautés du piratage, il faut compter les voies aériennes. Au traditionnel détournement d’avion s’est substitué le dérèglement des systèmes GPS, qui porte atteinte à la capacité des appareils à s’orienter.

Quant à la sécurité des systèmes de communication, elle est de plus en plus polluée par les actions de piratages, hacking et autres manœuvres de blocages…
Plus de deux cents ans après, faudra-t-il à nouveau appeler les Américains au secours…
 

 

Tuez les tous


Confutatis maledictis

 
Comment comprendre qu’un musulman s’en prenne à d’autres musulmans, dans la rue, en France, pour le motif qu’ils boivent de la bière ? Comprendre ? Soyons réalistes, ce genre d’évènement, confinant à la caricature ou au kafkaïen, ne stimule pas du tout, ou pratiquement pas, les efforts intellectuels : une majorité de personnes vivant en France réagira négativement, d’instinct. L’auteur de ces agressions, doit être puni, éliminé, renvoyé et il doit en être de même pour tous les gens de cette « espèce ». La réaction sera d’autant plus nette et violente, qu’il s’agit clairement d’une forme de conflit religieux. Or, en France, existe une franche aversion à l’égard des conflits et des guerres de religion qui sont pris pour une des plus caricaturales manifestations de l’esprit humain. Elle est toujours vivace, plus de trois siècles après qu’elle a été prononcée, cette incantation de Voltaire : « Ecrasons l’infâme ! ». Infâme étant mis pour Dieu.

 A l’inverse, on devine qu’il sera difficile d’essayer d’interpréter, de justifier et évidemment de soutenir l’auteur de cette agression, de lui trouver de bonnes raisons et de justifier son geste. Essayer de comprendre ?

Dans la circonstance, l’auteur de l’agression vient d’un pays où sa religion est pratiquée avec un maximum de rigueur. Est-il en France parce qu’appartenant à une ethnie hostile au pouvoir d’une autre ethnie ? Ou plus simplement parce que la France étant un pays riche, il est préférable d’y vivre plutôt que de risquer mourir de faim ailleurs. Dans les deux cas, peut-on en conclure qu’ayant quitté son pays, il l’a renié ?

Difficile à croire. Il est beaucoup plus probable qu’il est parti en l’emportant à la semelle de ses souliers et dans sa tête. Il n’a pas quitté ce qui l’a fait homme et membre d’une société. Il n’a pas jeté aux ordures ses convictions d’enfant, ses attachements familiaux, le plaisir qu’il avait de communier avec ses proches dans une même croyance. Il n’en a, en aucune façon, renié ses exigences, ses enseignements, ses combats.

Imaginons alors comment il peut vivre en France, lui qui, quittant son pays, a emporté comme une bulle culturelle protectrice, étanche et imperméable au monde, au sein de duquel il vit sa religion. Vivant au sein de l’accessoire parce qu’il faut bien manger, il a gardé ses attaches à l’essentiel dont il est convaincu de représenter les vraies valeurs, celles qui sont à l’abri dans la bulle, celles auxquelles il doit sa raison d’être.

S’il rencontre en chemin des personnes peu convaincues ou désinvoltes dans la foi dont il se sent porteur, c’est une triple trahison qui le frappe : celle qui l’a conduit dans ce pays étranger, celle de repères spirituels menacés et celle des tièdes et des apostats.  Alors, ayant peut-être résisté longtemps à l’appel de ses convictions, un détail critique, deux bières, déclenchent un appel à la vengeance, la plus stricte, celle qui est réservée aux hérétiques.

Encore une fois, comment pourra-t-il vivre en France, sans que son parcours ne soit jonché de soi-disant mécréants massacrés au nom de la pureté des convictions ? Il n’y a pas beaucoup de solutions.

Pensons à celle qu’on trouve dans Orange Mécanique : dans le but de sensibiliser à l’insupportable de la violence et du meurtre l’un des voyous dont le film raconte les aventures, on l’attache à un siège et, des heures et des heures durant, on l’oblige de regarder des scènes atroces où se succèdent meurtres ignobles, tortures immondes et massacres en tous genres. Il n’en sort évidemment pas très frais.
Ou bien, on mobilise la compassion sociale, assortie des moyens dont la psychanalyse appliquée abonde. Se déchaineraient ensuite l’amour du prochain, la rémission des péchés et l’appel à la générosité divine.
Ou bien, on renvoie l’intéressé dans son pays d’origine…

Et, comme le disait Prévert « tout fut à recommencer »

 


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