L'avenir des petits pays

Combien de temps faudra-t-il aux politologues, aux acteurs de la politique, aux meneurs partisans pour comprendre que certaines structures étatiques ne sont pas jouables ne serait-ce que par leur taille ou du fait d'une population trop réduite? Combien de temps faudra-t-il aux organisations internationales qu'elles soient gouvernementales ou non pour comprendre que toutes les revendications à l'autonomie ou à l'indépendance ne sont ni honorables, ni justifiées, c'est bien pire, par l'intérêt des citoyens concernés?

 

L'Islande, pays minuscule, qui se pousse du col, ne doit son existence qu'à son éloignement de tout et ses velléités d'indépendance à ce qu'elle n'intéresse personne. L’Érythrée, plus populeuse ne peut pas en dire autant et constate tous les jours comme la Somalie, que l'indépendance prend la forme de la domination des mafias qu'elles soient confessionnelles ou franchement pirates. 

 

 

 

 

Il est des mots pleins d’ambiguïtés. Ainsi du mot « union »: quand on parle d’union monétaire à un Allemand, il ne comprend pas la même chose qu’un Grec! Pour autant sont-ils porteurs d’avenir ces mots d'ordre "localistes" : " l'argent des pays riches, aux pays riches" «nous voulons vivre entre nous !"?

Il y a deux cents ans, Michelet, l’historien follement amoureux de la France, craignait pour son unité en ces termes :« Les extrémités sont opulentes, fortes, héroïques, mais souvent elles ont des intérêts différents de l’intérêt national ; elles sont moins françaises ». Ces années que vit l’Europe lui donnent raison. La quête d’universel s’effiloche mute en aspiration au « local » et « au chacun chez soi ». Le « localisme » est à l’honneur, théorisé par des spécialistes de la conduite «retro » (voir ma critique « comment se débarrasser de l’euro ? »). Ce mouvement vers le moins d’universel et le plus de particulier devient politiquement dominant dans certaines parties d’Europe.

 

Voici quelques articles qui viennent mettre les pieds dans un grand nombre de plats.

 Dans les colonnes qui suivent, on trouvera:

 

 

Et si, de la Catalogne à la Flandre, les riches ne voulaient plus payer?

- La Catalogne: un Etat-confetti en préparation

- Les petits Etats ne sont pas viables

- Parva insana est

- Les Finlandais ne veulent plus jouer l'Euro

- Faut-il s'inquiéter de la montée du localisme?

- L’individualisme au niveau des Etats : disloquer les grands ensembles ?

- L’Europe minée et mitée par les petits pays.  On se demandait qui était le tendon d'Achille de l'Europe ?

 

La Catalogne : un Etat-confetti en préparation

28 septembre 2015.

La Catalogne, peut-être? L’Ecosse, possiblement? Et pourquoi pas bientôt, la Wallonie et la Flandre ? Décidément, les petits pays ont la cote. Aller contre ce goût qu’ont les peuples à se gouverner eux-mêmes, c’est aller à l’encontre de belles pensées politiques et morales. Défendre cette idée que les petits pays n’ont pas d’avenir et leurs citoyens avec, c’est se mettre au ban des penseurs de la modernité. C’est se faire l’ennemi des idées qui montent : le «peer to peer», la suppression des intermédiaires, surtout quand ils sont gros et puissants. En d’autres termes, c’est mépriser le désir de liberté le plus élémentaire.

Peu importe ! Ces tendances à l’émiettement n’ont rien à voir avec la grandeur de l’âme des peuples.  Les risques qui accompagnent ce goût nouveau pour les pays «à taille humaine», pour ces désirs de vie «entre soi», de repli sur le village, la communauté, ne sont jamais mis en valeur ! Ils sont pourtant considérables.

Les Grands sont méchants

Il ne manque personne pour montrer que le gigantisme est l’ennemi de l’humain, que les grandes organisations broient l’individu et que la mondialisation et la globalisation vont générer des uniformités dramatiques. N’en appelle-t-on pas sans cesse au charme des petits ensembles, à la dynamique créatrice des entreprises petites, à la nécessité de fournir à l’individu de la proximité, du contact, de l’écoute?

Les banques, si elles avaient été plus petites et non pas ces monstres multinationaux employant 200 000, 300 000 personnes et plus, dans des dizaines de pays, manipulant des centaines, des milliers de milliards de dollars, n’auraient-elles pas été plus prudentes? Si Volkswagen n’avait pas cherché par tous les moyens à être le premier constructeur d’automobiles du monde, elle n’aurait sûrement pas sombré dans la manipulation, le mensonge et la tricherie?

Si les Etats-Unis n’étaient pas l’économie-monde dont les cycles économiques définissent ceux de l’ensemble des pays qui les entourent, ces cycles seraient-ils moins violents? Rappelons-nous cette célèbre formule française : quand Renault éternue, la France s’enrhume. La Chine, dont l’économie prend elle aussi des allures d’économie-monde, a attrapé froid et le monde n’est pas loin de tomber gravement malade.

En astrophysique, les corps de petite taille à courbent à peine l’espace. En extrapolant ces observations au fonctionnement des agents économiques on doit en déduire que les grands effets viennent donc de grandes causes et que l’échec d’un petit ne peut être qu’un petit échec. La crise islandaise ou la chypriote? Une barcasse qui fait eau et pas un Titanic sombrant.

L’indépendance de la Catalogne : un tour de passe-passe !

Les petits ne peuvent pas être menaçants aussi bien parce que ce sont des candidats à la victimation par les grands que parce qu’un petit ne peut pas faire de mal à une mouche. Tout le monde pense encore que «petit c’est charmant», «parva sed pulchra». Les petits, peut-être même les minuscules, ne peuvent pas ne pas être du côté du vrai, du bon et du beau.

Au-delà de ces belles idées, quel intérêt y-a-t-il à rechercher une indépendance quand les ingrédients de l’autonomie sont absents? Pourquoi tant de vigueur dans la recherche de l’indépendance de la Corse, par exemple, tant il est clair qu’elle ne disposera jamais des moyens d’une véritable indépendance politique ou même d’une simple autonomie économique et technologique. Que penser aussi de cette incroyable quête d’une indépendance complète menée par les Inuits du Groenland? Par respect humain, on ne parlera pas des micro-états du Pacifique dont Nauru, 20km2 et désastre économique et financier.

L’indépendance de la Catalogne n’est-elle donc qu’un slogan ou un tour de passe-passe? Que signifie cette indépendance sans capacité à se défendre contre les agressions de l’extérieur ? Comment est-il encore possible que des peuples se retrouvent animés d’un patriotisme de pacotille et produisent des entités politiques pareilles à ces Etats confettis qui naquirent des traités absurdes suivant la Grande guerre. Ils eurent bonne mine les Etats nés de l’Empire Habsbourgeois éclaté devant les appétits des grandes nations voisines ! Quelle belle indépendance que celle des Etats baltes de l’entre-deux guerres !

La question de la protection contre les menaces extérieures serait dépassée? Le monde n’est-il pas en paix? La Catalogne, là où elle est ne risque rien : avant de s’en prendre à elle, il faudrait passer sur le ventre de la France et de l’Espagne (version réduite). Evoquons alors la question de la souveraineté. La justice par exemple. Dans un petit pays, comment assurer que la justice sera efficiente face à des entreprises multinationales infiniment mieux équipées en juristes et en techniques de dissimulations. Les tricheries de Volkswagen auraient-elles été détectables dans un pays qui n’aurait pas eu les moyens technologiques d’investigation requis faute de ressources financière. Un petit pays peut-il financer les instruments de réponses aux menaces venant de pays plus importants mais aussi et surtout de macro-centres de décisions: firmes multinationales en tête.  Questions surannées? La souveraineté ne relèverait pas de soucis d’arrière-cuisine?

Les fausses indépendances et les vraies menaces

Alors, il faut aller chercher là où cela fait déjà très mal aux souverainetés, y compris dans des pays qui ne sont pas si petits que cela. Les mafias en tous genres ont pris une place et acquis une capacité à agir considérables. Dans le dernier quart de siècle leur puissance économique s’est développée de façon vertigineuse. Elles sont capables, en Sierra Leone, de renverser un pouvoir politique, dans d’autres pays, en Amérique Latine, dans l’ex-Yougoslavie, elles sont au pouvoir, purement et simplement.

Le PIB de la mafia en Italie ou de la drogue dans le monde? Pour les uns, c’est un chiffre d’affaires de l’ordre de 100 milliards d’euros, 53 milliards pour la seule mafia Calabraise! Pour les autres, les pessimistes, il s’agit des bénéfices! Rude constat, en effet : 100 milliards est supérieur au PIB Marocain et dix fois supérieur au PNB albanais. C’est la moitié du PIB de la Catalogne. Pour les cartels colombiens, il s’agit de 40 milliards de dollars, soit autant que le PIB du Luxembourg. Le chiffre d’affaires mondial de la drogue atteindrait entre 300 et 500 milliards de dollars. Autant que les PNB de la Suisse, de la Suède et de l’Indonésie. Deux fois celui de la Catalogne. Evidemment ces chiffres ne sont pas scientifiques et ne bénéficient pas de la limpidité de comptes audités et certifiés !!!...

Il fut un temps où il était question de bonheur des peuples par la suppression des oppressions, coloniales politiques, idéologiques, culturelles. Les désirs d’indépendance revêtaient la toge des grands philosophes, discouraient avec la passion des révolutionnaires français, s’incarnaient dans la praxis des partis uniques populaires et paysans. Aujourd’hui, il faut reformuler la question sous une autre forme : quels sont les intérêts qui ont intérêt à la recherche des indépendances de café du commerce ? Contentons-nous de retenir cette question simple. Il serait temps en effet de comprendre que derrière les belles idées qui les portent, les petites nations n’échappent pas à des manœuvres plus sordides encore que les plus grandes. « Parva sed inapta ».


Les petits Etats ne sont pas viables

 

Ceci est la réponse à un contradicteur qui essentiellement me traitait de naîf pour avoir pu penser que la mission des Etats et des Gouvernements était d’essayer d’approcher du plus près possible le bonheur de leurs peuples. Il ne s’agit pas d’un texte structuré comme un article ou une contribution. C’est une réaction à chaud, sur le moment, à l’égard de quelqu’un, qui, comme beaucoup de nos contemporains font profession de scepticisme à l’égard des pouvoirs même lorsqu’ils sont élus démocratiquement. Un vrai citoyen français sait ce qu’il faut penser de « tous ceux qui sont au pouvoir et de leur clique»… Alas, Poor Yorick »

 

 

 

Cher Monsieur B,

 

J'ai bien reçu votre commentaire :

 

Comme le dit fort bien Maurice Godelier, à la différence des animaux qui vivent éventuellement en société, l'homme produit de la Société pour vivre, c'est le reflet de son statut ontologique et c'est en ce sens qu'il est "le défi" par excellence.

 

Au service de l'homme dans cette construction qui lui permet de s'affirmer comme l'Etre par excellence, il y a des moyens parmi lesquels « la politique ». Ils sont constitutifs et garants de sa capacité à lutter contre les déterminismes darwiniens et à les contrecarrer. Le but de la politique est de produire une des modalités de l'homme dans le monde et, en particulier, celles qui règlent sa vie concrète, on a envie de dire "de tous les jours". C'est aussi d'organiser la société que produit l'Homme. Si cela relevait de la science et de sa prétention à la justesse (et non pas justice) et à la Vérité, on n'en parlerait pas, mais comme il s'agit d'un produit de l'homme, il évolue au gré de sa production. Un des objectifs à la fois les plus simplistes et les plus complexes qui est assigné à la Politique est d’organiser ce qu’on nomme le bonheur qui n’est, dans la société qui se produit, qu’une mise en œuvre de l’échappée de l’homme par rapport aux forces dites naturelles. La politique est donc conduite non seulement à penser le bonheur mais à le mettre en œuvre.

 

L’Europe est le fruit d’une volonté politique au sens le plus profond : l’homme produit de la société pour survivre, l’Europe est une production de l’homme et vise nécessairement l’établissement du bonheur. Que cela fasse rire ou non. L'Europe est un univers démocratique, la France parmi les européens est un univers tout aussi démocratique. Là aussi, on peut s’esclaffer au non du "réalisme" et moquer un idéalisme de benêt. Pourtant, c’est bien la réalité telle que les Français l’ont construite et non pas telle qu’elle nous aurait été donnée.

 

L’Europe n'est pas venue par hasard, ni par les forces de la nature, ni par l'effet des structures primaires de la société, ni par les mécanismes liées aux forces économiques et sociales: en tant qu'infrastructure, elle vient d'un acte de volonté.

C'est un acte de volonté démocratique qui s'est déroulé sur un demi-siècle déjà, ce qui en soi est la preuve qu'il y avait là derrière de la volonté et de la détermination.

 

Venant de pays démocratiques, c'est une volonté et une détermination démocratiques bien loin de tous les fascismes, bleus, rouges, verts ou jaunes. La France ne s'est pas construite autrement que par l'exercice continu d'une volonté appuyée sur la vision que lui donnait une langue et une culture puissante.

 

Les petites nations, qu'elles soient européennes ou autres, n'ont aucune chance de survivre dans le monde contemporain, sauf à être la proie des mafias, des clans et des extrémismes religieux. Seule est concevable la création d'ensembles forts, fondés sur une vision claire et puissante de ce que l'homme signifie et de ce que son bonheur suppose d'efforts et de volonté. Ceux qui veulent s'affranchir de ces grands ensembles font penser à des romains qui n'imaginaient pas qu'on pouvait franchir le Rubicon: à les écouter, la civilisation romaine n'aurait été qu'une farce agreste et les Romains des paysans mal dégrossis. Ceux-là qui chantent les vertus du repli, catalans, basques, écossais, flamands et tous les autres sont les mêmes que ceux qui ont fait naître des poussières de nations en Europe, sur la base de jargons érigés en langues. Un Français célèbre a dit sur la division de l'Allemagne, "plus il y a d'Allemagne plus j'aime l'Allemagne". Si l’Europe rompt on n’assistera pas simplement à une rupture dans la création de l'Europe, les pays qui la constituait s’éparpilleront en une collection de confettis ballottés au rythme des dévaluations, des nationalisations, des nationalismes et des corporatismes en tous genres, le champ sera laissé libre et ouvert aux mafias et aux terrorismes...

 

Je ne sais pas ce qu’est un « délocalisé » qui traînerait, malheureux sur les terres européennes. En revanche tout le monde sait que l’Europe en tant que projet a réussi à fabriquer de la paix et qu’y vivent les gens les plus riches de la terre. Elle renferme parmi les principes les plus essentiels de la production de l’homme.

 

Vous pouvez le communiquer à qui vous voulez et en serbo-croate, surtout. Zone où il est absolument temps que l’homme produise de la société et non pas une caricature de vie à plusieurs.

 

Merci d'avoir eu l'amabilité de commenter mon article, 

Les Finlandais ne veulent plus jouer l'Euro

Paris , le 11 octobre 2011

 

Mes remarques sur la Finlande sont désagréables, c'est ce qu'on me fît comme commentaire sur l'article que j'ai fait paraître dans les Echos: De la Catalogne à la Finlande, les riches ne veulent plus payer!  .  J'en conviens bien volontiers. Parfois, il faut frapper fort pour être entendu. Sinon, ceux-là qu'on entendra, ce sont les ouvriers de la dernière heure, les Finlandais, les Slovaques ou ceux qui se félicitent de n'être pas parmi les ouvriers de l'Europe, les Tchéques, les Islandais, voir les Anglais....

 

L'attitude des Finlandais, je la connais, pour en avoir discuté pendant deux heures avec des Finlandais vivant à Paris et qui m'ont fait comprendre que la Finlande savait ce que pauvreté voulait dire et de quel prix l'indépendance se payait. Leur conclusion: ces pauvres minus de Grecs, incapables de gérer correctement un pays, n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes, et s'ils ne peuvent pas se barrer, il n'est pas question tout simplement que les bons Finlandais, qui se tiennent propre sur eux, paient un kopek (pardon ça m'a échappé!)

 

Premièrere remarque : ou bien la Finlande avait remarqué qu'en Europe, il y a des pays comme la France, l'Italie, la Grèce etc. ou bien ça ne l'avait pas frappée. Dans le premier cas, si elle le savait, de quoi se plaint-elle? Et finalement n'aurait-elle pas mieux fait de ne pas venir! Dans le deuxième cas, qui est la preuve d'une incompétence dramatique et d'un manque de curiosité coupable, elle n'a qu'à se taire ou bien s'en aller pour prendre un peu de temps et réfléchir. 

 

Deuxième remarque: la Finlande n'a pas, depuis longtemps, pris l'habitude de travailler à plusieurs, en coopérant. Les Finlandais ne savent que très accessoirement qu'il y a des gens différents autour d'eux avec qui il faut composer. Dans leur histoire, les autres, les étrangers, les non-finlandais, basiquement ce sont des ennemis! Donc, le mental d'un Finlandais ne peut pas être orienté "coopération, compréhension". les Finlandais sont contre: les Suédois puis les Norvégiens (ou l'inverse). Peut-être, les Polonais. Les Russes, évidemment.  Les Soviétiques, non moins. Et les Samé, ceux que nous autres gens du Sud nommons les Lapons. Ceux-là, les Finnois qui étaient les plus forts, ils les ont virés! C'était eux les occupants de la Finlande. Pas de chance, les Finlandais sont arrivés. Les faibles et les pauvres, on les vire. Les Same, ils ont été virés au Nord, le plus au nord possible. Aujourd'hui, on dirait déportation et on obligerait les Finlandais à de la repentance.  Le sujet n'est pas là! La conclusion de tout ceci est que pour travailler avec des gens qui ne sont pas les mêmes qu'eux...les Finlandais manquent sérieusement d'entraînement.

 

Troisième remarque: Tous ces pays du nord dont on chante les vertus sont des pays de rentiers à 20 ans de distance; ici, je renvoie à plusieurs de mes écrits pour rappeler que la France, à la différence des autres pays, surtout ceux du Nord, fabrique des consommateurs quand les autres se sont spécialisés dans les vieillards. C'est facile d'avoir un taux de chômage faible quand votre population active décroit. Facile d'équilibrer un budget quand il y a de moins en moins d'enfants à enseigner.

 

Quatrième remarque: l'absence de menace rassure et les premiers à pousser un soupir de soulagement, ce sont les vieux... donc, la Finlande comme l'Allemagne n'iront pas dépenser leurs sous dans des aventures extérieures. Genre libération de la Libye ou défense de la Démocratie.
Le beurre, l'Euro, l'argent du Beurre, un Euro sous-évalué, l'argent de la crémière, un marché intérieur florissant, les Finlandais ont compris la leçon que leur ont donné les Allemands .

 

Cinquième remarque: si les Russes, se réveillant pensait un peu trop à la Pologne et à l'Allemagne de l'Est, je suis sûr que je me sentirais concerné. Que les Finlandais ne se rassurent pas! Si le sort de la Grèce les laisse indifférent, leur sort à eux, dans le cas où les Russes voudraient renouer de façon très étroite, ne m'intéresse pas.

L’individualisme au niveau des Etats : disloquer les grands ensembles ?

 

La Catalogne a voté et les résultats laissent imaginer que le cheminement vers l’indépendance ne serait plus ni escarpé ni long. Allons ! Indépendance ? Comme vous y allez, «Confédération», ne serait-il pas le mot le plus approprié ? Et peut-être avant ce mot pourquoi ne pas essayer le mot «Fédération».

Il y en a partout des fédérations, ne serait-ce qu’en Europe de l’Ouest ! La Suisse est une confédération et tous ceux qui pensent que c’est une aimable plaisanterie n’ont qu’à se promener là où elle est alémanique et là où elle est francophone pour constater que les cantons sont vraiment autonomes, limite indépendants. Et en Autriche, aussi, il y a une fédération. Comme d’ailleurs en Allemagne. La Grande-Bretagne ? C’est un Royaume Uni ! Dans lequel, la Nation Écossaise dispose d’attributs de plus en plus souverains (dont la monnaie) et le pays de Galles aussi, tous deux avec Parlements incorporés.

Les fédérations a-t-on souvent entendu dire sont plus proches des populations. Elles permettent une administration plus humaine, les citoyens se sentent davantage concernés et les dépenses sont mieux gérées.  Les Etats centralisés, comme la France, pour prendre cet exemple, sont bien vite hors de tout contrôle démocratique, l’Etat plane au-dessus des individus comme les potentats d’autrefois, Rois ou Empereurs. Le citoyen y est écrasé. L’administration y est reine.

Les fédérations, c’est le peuple au pouvoir, et ce sont les libertés respectées ! Les régions ou les pays dont sont composées les fédérations ou confédérations deviennent comme de petits pays ou de grandes familles, comme on voudra, c’est la même chose n’est-ce pas ?

« L’union fait la Force », on le met où ce slogan ?

C’est une plaisanterie littéraire, du type Alexandre Dumas : « tous pour un et un pour tous » ? La Catalogne qui veut se prendre en main et veut que son énergie vitale ne soit plus siphonnée par l’hydre castillane, se rêve-t-elle unie, ou se revendique-t-elle désunie ? En fait, on comprend qu’elle ne veut plus payer pour les autres ! Elle hurle dans toute l’Espagne qu’elle est  la partie la plus peuplée et la plus riche et qu’elle commence à en avoir assez de financer les sous-développés de l’Andalousie. Peut-être même qu’un Catalan à un look plus européen qu’un Andalou… demeurés sous la domination arabe pendant prés de mille ans !!! Et puis, il faudrait aussi qu’elle puisse récupérer son droit à contrôler ceux qui s’installent chez elle. Elle a trop d’immigrés. Comparés aux autres. Pourquoi, elle en a tant ?  Elle est riche, alors elle attire. Elle attire les africains qui fuient leurs pays en ruine et les autres Espagnols qui essayent de rejoindre une zone où le taux de chômage est moins élevé. Elle attire aussi le fisc de l’Etat espagnol qui veut prendre aux riches pour distribuer aux feignants.

Les Catalans n’ont pas la puissance humoristique des Belges. Rappelez-vous ! Alors que les téléspectateurs qui viennent de suivre les actualités à la RTBF, s’apprêtent à regarder l’émission qui suit, celle-ci est interrompue par son présentateur qui annonce à un public ébahi que la Flandre a déclaré son indépendance.  En quelques instants, la nouvelle fait le tour de la Belgique créant l’émotion qu’on devine, sans que pour autant les Belges soient totalement traumatisés et se mettent à fuir en masse, les uns la Wallonie, les autres la Flandre, comme aux beaux temps d’Orson Welles. Un Flamand qui prend son indépendance ce n’est pas tout à fait un martien qui attaque.

Dans les faits, la Belgique, dont la devise est justement  « l’Union fait la force », est un pays quasiment confédéral, mais là où le fédéralisme tchèque s’appuie sur 8 régions, la Belgique n’en a que trois, si Bruxelles peut être considéré comme telle. Les raisons de ce fédéralisme qui tend vers l’indépendance sont les mêmes que pour ce qui concerne la Catalogne : les Flamands qui sont riches, ne veulent pas payer pour les autres. Cela se double évidemment d’un sentiment national, un peu comme les Irlandais à l’égard des Anglais. Comme toutes les provinces qui estiment avoir été victimes d’une domination quasi coloniale, ils se vengent. Convaincus qu’ils ont une belle langue et non pas un dialecte paysan un peu amélioré, brimé et écrasé sous l’arrogance d’une langue dominante. Ils ne sont pas loin d’imaginer qu’il y aurait eu chez eux des gens pour écrire de belles choses, en Catalan, en Flamand, en Irlandais, en Tchèque et en Styrien….

Et de quoi se vengeraient-ils les Irlandais ?

Des Anglais ? C’est douteux, ils ont conquis leur indépendance au siècle dernier.

Les Irlandais ont à se venger d’une autre forme d’anglais. Ceux qui veulent la mort de l’Irlande, qui en veulent à son indépendance, à sa neutralité, à ses richesses, ce sont tous les jaloux européens. Il est vrai qu’on ne peut pas être impunément un des pays les plus riches du monde (Revenu par habitant), avec le Luxembourg et vivre paisiblement au milieu de la tourbe et de la populace européenne.

Dans cet esprit, l’exemple de l’Islande est emblématique. Elle aussi, était devenue un des pays les plus riches du monde par tête d’habitant.  Elle aussi, il y a un quart de siècle traînait une misère bucolique et marine. Elle aussi s’est fait elle-même, comme l’Irlande, à la force du poignet avec l’aide de tout le monde, il est vrai, mais, à l’inverse de l’Afrique et de tous les autres du même genre dans le monde, elle n’a pas dilapidé cette aide. Elle en a bien profité. Et puis, comme tous les grands pays, elle a développé un beau secteur bancaire. Quand il y a des flux monétaires par milliards de dollars on peut en grapiller. C’est comme avec les harengs et les baleines : on prélève ce qu’on peut sur les milliers de tonnes de viande qui passent sous votre nez. Et il a fallu qu’il y ait une crise pour mettre à bas ce beau travail de conquête de la richesse et du premier rang dans la richesse par habitant.

L’Irlande c’était exactement la même chose. Mais elle, c’était encore pire que l’Islande. L’Islande était un pays libre. Elle avait tenu l’Europe à l’écart, au bout de la Gaffe à baleine. Elle avait dit « non » aux sirènes de l’euro. Alors que l’Irlande… bonne fille, elle avait dit « oui ». Parce qu’elle était à coté de tout le monde, parce qu’aussi les Anglais ne voulaient pas aller en Europe et ne voulaient pas de l’euro non plus… L’Irlande s’était fait avoir, elle avait dit « oui » à l’Europe. Elle avait accepté qu’on lui remplisse sa sébile, mais attention, hein, attention, « sans baisser les yeux, en regardant droit devant elle, sans un instant se sentir humiliée». Elle avait accepté aussi l’Euro. Parce qu’il fallait bien qu’il y en ait pour jouer le jeu. Et puis, les Anglais ne l’avaient-ils pas refusé!  Elle avait accepté..  mais pas tout ! il ne faut pas croire qu’elle avalait tout ce qu’on lui proposait : quand il n’y avait franchement pas de raison d’accepter, elle savait refuser et dire non. L’Irlande c’était cela : l’indépendance poussée à son maximum, l’esprit de liberté toujours en alerte. Elle a su dire non ! Non au traité de Nice. Non au traité de Lisbonne.  Pas longtemps. Mais juste ce qu’il faut pour que ceux, qui en Europe pensait que les Irlandais étaient des serpillières, aient le goût du sang dans la bouche à force de se mordre les doigts et de se ronger les ongles. A la fin, les Irlandais, ont dit « oui », à ces traités. On a su les convaincre. Et les gens qui se moquaient de la sébile posée par terre ont du faire amende honorable.

Les Irlandais sont sortis dans les rues : le Samedi 27 novembre 2010, ils étaient cent mille à défiler « vers la Poste centrale de la capitale irlandaise, où les patriotes irlandais avaient déclaré en 1916 leur indépendance de l’Empire britannique ». Aujourd’hui, « … après des siècles de famines et de souffrances coloniales, la nation irlandaise n’entend plus être violée par l’empire monétariste de la City de Londres et de ses affidés continentaux. « Nous ne sommes pas des sujets, mais des citoyens. Nous voulons le retour de notre république ». Et ils ont dit non, aux bureaucrates de Bruxelles, non aux Prussiens d’Angela, non aux traitres visqueux d’une France hypocrite. Ils disent…

Mais qu’est-ce qu’ils ont tous ces gens à vouloir tout faire péter ?

Les Irlandais, franchement, ne se moquent-ils pas du monde ? Voilà des gens qui ont reçus des milliards d’Euros de la part de la communauté européenne d’abord, puis de l’Union Européenne pour rebâtir une économie moderne. Voilà des gens qui ont pratiqué le dumping fiscal pendant des dizaines d’années, se permettant quelques pieds de nez un peu amusés à l’encontre des « pays fondateurs » du marché commun. Voilà aussi des gens qui, il y a peu, expliquaient que l’Europe n’était qu’une accumulation insensée de réglementation stupide et que les grands frères américains montraient sans aucun conteste possible la voie, la vraie voie, celle de la dérégulation intégrale, celle de la finance triomphante, la voie que l’Islande avait prise, elle qui n’avait pas de compte à rendre aux « gnomes de Bruxelles », la voie de la richesse sans se salir les mains.

Les temps nouveaux seraient donc au « un contre tous », aux « uns malgré tous » ? La Catalogne qui proclame que c’est terminé, elle ne veut plus payer pour les autres. La Flandre qui hurle qu’elle en a assez de pays pour ces minus de Wallons, ne ressemblent-ils pas comme des sœurs, à l’Irlande qui se drape dans les replis de son histoire, qui en appelle à la fureur libératrice de ses martyrs pour protester contre les cures d’austérité.

Donc ce « un contre tous », ce « non les riches ne paieront pas ! » ça marche toujours dans l’univers international, surtout quand il s’agit de pays qui se séparent, qui se « libèrent ». Dans l’ordre intérieur, qu’est-ce que cela donnerait ? les 10% plus riches citoyens d’un pays qui proclameraient « foin des impôts, dont on nous accable. Nous ne séparons, nous nous retranchons sur notre Aventin. Nous faisons sécession sociale. A la Flamande, à la Catalane, à la Corse.

A l’autre bout de l’échantillon ce serait, « nos sébiles ne sont pas posées par terre pour les chiens et elles n’y sont pas non plus pour que nous vivions comme des chiens. Elles sont là pour que vous y mettiez de l’argent. Une fois ceci fait, circulez, il n’y a rien à voir. Nous sommes des pays indépendants qui avons chèrement payé pour cette indépendance. Nous sommes des pays pauvres mais méritants et pas des assistés. Ceux qui payent pour nous, le font parce qu’ils devaient le faire et pas pour nous coloniser. »

Tout ceci nous conduit à une double constatation inquiétante :

Un phénomène de rétrécissement des esprits sur base de halte aux grands ensembles, retrouvons nous entre nous, et respect messieurs les grands et les gros.

Et un phénomène d’illusion politique : oui, nous pouvons être heureux entre nous, nous n’avons pas besoin de vous, des autres et du grand large pour être heureux. Nous avons la capacité à l’être tout seuls. Et celle-là est grave car elle laisse planer l’idée qu’il n’y a pas de taille critique pour l’indépendance, l’autonomie, et qu’une fois la décision politique acceptée en interne et par l’environnement extérieur, la vie en famille peut s’organiser entre chaleur dans le cantou et berceuse chantonnée à la marmaille qui piaille.

Et si, de la Catalogne à la Flandre, les riches ne voulaient plus payer?

"L'histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté."  nous dit Hegel, par delà les Siécles. La Catalogne a voté. Les résultats laissent imaginer que le cheminement vers l’indépendance ne serait plus ni escarpé, ni long. Indépendance ? Allons ! Indépendance ! Comme vous y allez ! « Confédération » ne serait-il pas le mot le plus approprié ? Et peut-être avant ce mot pourquoi ne pas essayer le mot « fédération ».  L’idée c’est de trouver un nouvel endroit où écrire le mot « liberté ». Maintenant, les Catalans disent « çà suffit » ! On ne veut plus être sous la coupe des Espagnols.

 

« Liberté, liberté chérie ! » se sont-ils écriés en Catalan.

 

Juste à cet instant, un esprit franchouillard débarque. Les Catalans, libérés des fers et des chaines de l’oppression espagnole ? La Catalogne serait-elle une sorte de pays d’Amérique latine qui aurait mis deux cents ans de plus que les autres pour s’apercevoir qu’elle n’était pas espagnole. Les Catalans, n’auraient-ils été que des marranes  pendant des siècles, faisant les espagnols au dehors, craignant Madrid et ses Hidalgos, craignant le Grand Inquisiteur peut-être, et jouant les Catalans à l’intérieur, dans leur intime, au sein de quelques replis corticaux, rêvant qu’une littérature catalane aurait pu sûrement exister si les brutes madrilènes n’avaient pas imposé leurs borborygmes, cherchant dans quelques grimoires les chants des troubadours, dont tout le monde sait qu’ils se baladaient principalement en Catalogne… les Catalans, il y a quelques jours, ont hurlé : « marre de jouer les marranes, on veut être nous-mêmes ».

 

Ce ne serait que les Catalans, on se dirait que les jeunes nations sont comme çà, un peu soupe au lait, un peu passionnées, quoi ! Nous, en France, on se souvient de ces farceurs de Vendéens et de leur juvénile « non à la révolution, vive Dieu et vive le Roi ! ». L’Espagne, à certains égards, est une jeune nation. Elle était vieille jusqu’à Franco et puis, tout à coup, elle est devenue jeune.  Aujourd’hui les Catalans disent « nous aussi, on veut être jeunes ! ».  Les petits pays ce sont de grandes familles ou l’inverse, comme on voudra. Les Catalans veulent rester entre eux.

 

Alors « L’union fait la Force », on le met où ce slogan ? C’est une plaisanterie littéraire, du type Alexandre Dumas, « tous pour un et un pour tous » ? La Catalogne qui entend se prendre en main et s’oppose à ce que son énergie vitale soit siphonnée par l’hydre castillane, se veut-elle unie, ou se veut-elle désunie ? En fait, on comprend qu’elle ne veut plus payer pour les autres ! Elle hurle dans toute l’Espagne qu’elle est  la partie la plus peuplée et la plus riche et qu’elle commence à en avoir assez de financer les sous-développés d’Andalousie. Et il faudrait aussi qu’elle puisse récupérer son droit à contrôler qui s’installe chez elle. Elle a trop d’immigrés. Comparés aux autres. Pourquoi, elle en a tant ?  Elle est riche, alors elle attire. Elle attire les Africains qui fuient leurs pays en ruine, les autres espagnols qui essayent de rejoindre une zone où le taux de chômage est moins élevé. Elle attire aussi le fisc de l’Etat espagnol qui veut prendre aux riches pour distribuer aux feignants.

 

La Sagrada familia n’est pas un tableau de Fernand Léger.

 

Ce qui se passe en Catalogne est très intéressant ! Mais ce n’est pas drôle. Un peu à l’image de la Sagrada familia. Un Européen normalement constitué y voit une cathédrale revisitée par un succube de Huysmans ou une fusée d’un genre baroque tel que dans les planches dessinées de Druillet. Les Catalans y voient une cathédrale ! C’est dire que le pire est à craindre pour l’unité espagnole !

 

C’est moins drôle qu’en Belgique ! Rappelez-vous ! Les téléspectateurs viennent de suivre les actualités à la RTBF et s’apprêtent à regarder l’émission qui suit. Celle-ci est brutalement interrompue par son présentateur qui annonce que la Flandre a déclaré son indépendance.  En quelques instants, la nouvelle fait le tour de la Belgique « créant l’émotion qu’on devine ». Pour autant, les belges « savent raison garder » ne fuient pas en masse,  les uns, la Wallonie, les autres, la Flandre, comme aux beaux temps d’Orson Welles. C’est la preuve qu’un Flamand qui prend son indépendance ne ressemble pas du tout à un martien qui attaque. Les Flamands ont deux jambes comme tous les sapiens-sapiens et non trois comme tous les martiens. Ils n’ont pas plus d’ADN pithécanthropien résiduel que leurs congénères wallons.

 

Il n’en demeure pas moins que les Flamands le font en Belgique, comme les Catalans le font en Espagne. Ils évoquent les années d’oppression, les chaînes et les fers, dans lesquels les Wallons les ont fait vivre des siècles durant. Ils ne peuvent pas réfréner un sanglot à l’idée que si ces salauds de wallons n’avaient pas écrasé leur belle culture flamingante à coup de français, une littérature nobélisable serait née, là-bas, du côté de Knokke le Zoute . Et puis, à la fin, les plus riches dans ce pays, c’est qui ? Et bien justement ! Ce sont les flamands ! Ah ! Ah ! Ah ! Donc les plus riches, en Belgique, feraient comme les plus riches en Espagne !

 

Le sage chinois n’a-t-il pas dit : « quand chacun en a sa part, tous ne l’ont pas tout entier » ?

 

Cela commence à faire beaucoup dans cet univers de l’Union Européenne dont tous les participants se veulent convergents et unionistes. Y a-t-il d’autres cas ? Et si l’Irlande….

 

Là, non ! Stop ! On arrête le délire ! L’Irlande, il y a beau temps qu’elle s’est séparée de son oppresseur, l’Angleterre.  Ah bon ? Ils n’ont plus d’oppresseurs ? Pourtant, ne viennent-ils pas tous de défiler dans les rues de Dublin ?

 

Les Irlandais sont sortis dans les rues, Samedi

27 novembre 2010. Ils étaient cent mille à défiler « vers la Poste centrale de la capitale irlandaise, où les patriotes irlandais avaient déclaré en 1916 leur indépendance de l’Empire britannique ». Aujourd’hui, « … après des siècles de famines et de souffrances coloniales, la nation irlandaise n’entend plus être violée par l’empire monétariste de la City de Londres et de ses affidés continentaux. Nous ne sommes pas des sujets, mais des citoyens. Nous voulons le retour de notre république ». Et ils disent non, aux bureaucrates de Bruxelles, non aux prussiens d’Angela, non aux traitres visqueux d’une France hypocrite. Ils disent…

 

La crise leur a fait mal aux irlandais. Ils étaient riches. Ils avaient presque le plein emploi. Ils faisaient venir les polonais par bateaux entiers (2000 hommes, 100 chevaux). Aujourd’hui, les Irlandais luttent contre une autre oppression. La pire ! Celle qui repose sur de bons sentiments. « Tous pour un », « en étant unis, nous vaincrons la pauvreté  et nous bâtirons un monde radieux ». Ils luttent justement contre les intégrateurs. Ils ne veulent pas faire les Catalans et vivre en marrane, pendant des siècles. Ils luttent contre ceux qui veulent la mort de l’Irlande, qui en veulent à son indépendance, à sa neutralité, à ses richesses. Ils luttent contre tous les jaloux européens. Il est vrai qu’on ne peut pas être impunément un des pays les plus riches du monde (Revenu par habitant), avec le Luxembourg et vivre sereinement au milieu de la tourbe et de la populace européenne avec le portugais Barroso, à leur tête.

 

On ne pourra plus entendre « vous êtes le plus riche, Monsieur ! Et vous pleurez ! »

 

Et l’Allemagne dont on dit qu’elle ne veut plus payer pour les autres. L’Allemagne ne paiera plus ? J’imagine les restes d’Aristide Briand, de Clemenceau et de Poincaré se retournant dans leurs tombes. J’imagine venant du ciel ce cri de désespoir « ils recommencent ! ».

 

Non ! Il n’est plus nécessaire d’accumuler les exemples. Il suffit. L’Europe, lieu par excellence de l’universalité, se disloquerait. Les temps nouveaux seraient donc au « un contre tous », aux « un malgré tous » ? La Catalogne qui proclame « c’est terminé, elle ne veut plus payer pour les autres ». La Flandre qui hurle « assez payé pour ces minus de Wallons » ne ressemblent-ils pas comme des sœurs, à l’Irlande qui se drape dans les replis de son histoire, qui en appelle à la fureur libératrice de ses martyrs pour protester contre les cures d’austérité. Ne font-ils pas penser aux Inuits, au Groenland, qui ont décidé de larguer les amarres avec le Danemark pour profiter dans leur coin de leurs gigantesques ressources naturelles ?

 

Ce  rétrécissement des esprits sur fonds de grands ensembles est-il pérenne ? Sont-ils durables ces « retrouvons-nous entre nous » et « respect ! Messieurs les grands et les gros » et encore, « tout ce que nous voulons, c’est entre nous, vivre, entre chaleur dans le cantou et berceuse chantonnée à la marmaille qui piaille » ?

 

Donc ce « un contre tous », ce « non ! les riches ne paieront pas ! » sont de retour dans l’ordre international.

Et dans l’ordre intérieur, qu’est-ce que cela donnerait ?  

 

C’est une bonne idée. Cauchemardons un peu. Les 10% plus riches citoyens d’un pays proclameraient « foin des impôts, dont on nous accable. Nous nous séparons de vous tous, foule paresseuse et assistée, incapable comme des wallons, avide comme des espagnols castillans, castratrice comme Barroso et sa clique.  Nous nous retranchons sur notre Aventin. Nous faisons sécession sociale. A la Flamande, à la Catalane, à la Groenlandaise et ne paierons plus ces impôts etc. etc.

 

Serait-ce un phénomène d’illusionnisme politique ?  Promouvoir l’idée que les riches peuvent dire à la face de la société : « nous pouvons être heureux entre nous, nous n’avons pas besoin de vous, des autres et du grand large pour être heureux. Nous avons la capacité à l’être tout seuls ». Ces propos sont graves et nous renvoient à cet avertissement de Paul Morand, dans son livre : La paix dans les esprits. «  Bien peu ont les yeux ouverts sur le mal des riches ».

 

Jusqu’où les riches pourraient-ils aller ? Peut-on essayer d’imaginer une nuit du 4 août à l’envers ? Un de ces moments forts dans l’histoire d’un pays, qui voit une catégorie sociale, « prendre d’assaut toutes les citadelles ».

 

Qui seraient les aristocrates et le clergé de nos jours ? Nous avions proposé que les avatars de ces deux catégories sociales soient les retraités et les fonctionnaires. Ceux-là diraient qu’ils ne veulent plus jouer aucun jeu d’austérité et de prélèvements complémentaires. Comme ils auraient la majorité politique, ils pourraient démocratiquement prendre le pouvoir et mener une politique d’isolement.

 

Ils  travailleraient à bâtir une vraie fiscalité. Ils modifieraient l’impôt direct pour le mieux répartir sur l’ensemble de la population.  N’est-il pas en effet choquant que son poids soit concentré sur une minorité ? Ils renforceraient le rôle de la TVA dans le financement de l’Etat. Voilà un impôt neutre, assis sur la seule consommation, qui ne défavorise pas les pauvres lesquels consomment peu, et, au contraire, frappe les riches quand ils s’oublient à consommer à proportion de leurs revenus. Ils proposeraient sûrement de ne pas brusquer les rentiers et les retraités dont la multiplication serait source de nouveaux emplois pour les jeunes et les pauvres.

 

Les fonctionnaires renforceraient leurs protections statutaires et demanderaient la création d’une règle de recrutement appuyée sur les dédoublements des quartiers. Comme sous l’ancien régime, où il fallait présenter des preuves de noblesse, les fameux «  quartiers », l’idée, ici, serait de combiner des quartiers de francité avec des critères d’ascendance publique. Ainsi, les fonctionnaires pourraient-ils vraiment rester entre eux, l’accès à leur métier dépendant, et de l’origine nationale, et d’une continuité familiale dans le service de l’Etat.

 

Peut-être, à cet instant, tout ceci n’est-il qu’une rêverie morose ? « Je m'éloignais de toi et tu laissais faire ». Les confessions de Saint Augustin savent nous dire la détresse qui sourd là où la distance se creuse.

 

Nous laissons-nous trop influencer par le vote catalan ? Notre analyse de la recherche par les plus riches d’un isolement et d’une distance par rapport aux autres n’est-elle pas si scientifiquement démontrée ? Peut-être n’est-elle pas démontrable ?

 

La preuve, les Corses qui cherchent à être indépendants, ils ne sont pas riches…. Mais çà, c’est une autre histoire.

 

 

Parva insana est

Octobre 2009

 

La Lettonie perd chaque jour des milliers de jeunes et se plaint du pillage de ses étudiants. Angleterre, Danemark, Suède et Norvège y vont faire leurs emplettes. Trop petite pour les ambitieux ?

A défaut de rente pétrolière ou de compétences industrielles à exploiter, l’Islande avait choisi le Poker de la financiarisation et de la richesse qui se crée sur du vent. Pourquoi les Islandais seraient-ils restés à l’écart ? Les progrès considérables dans les communications, le rôle grandissant d’internet, l’abolition des frontières financières et monétaires, la libre circulation des capitaux enfin, permettaient de rêver d’une bonne pioche. Plusieurs Etats confettis avaient montré le chemin de « l’industrie » de la finance, le Luxembourg, le Liechtenstein, les Iles Vierges…

La stratégie de l’Islande était bancale. Les Etats qu’elle avait pris pour modèle vivaient dans l’ombre ou sous l’ombrelle des grands. Il y a beau temps que les Luxembourgeois ne revendiquent aucune Université ! Ils avaient même renoncé à toute monnaie aux temps anciens où l’euro n’existait pas.

A l’ombre des grands ?

On voudrait oublier que l’Islande s’est inventée indépendante en 1945 se libérant de la tutelle Danoise! On voudrait qu’elle oublie l’indépendance jalouse du Non à l’Europe ! Et du Non, à l’Euro ! L’Islande n’est-elle pas depuis toujours un Oui, au grand large ! Sentinelle solitaire face aux glaces dérivant du pôle.

Et si, l’indépendance de l’Islande toute seule, ne tenait qu’à son éloignement ?

La sentinelle solitaire, indépendante et autonome à l’écart des courants de circulation aériens et maritimes, tout là-haut dans le nord serait-elle capable de rester splendide et farouchement seule si elle était transportée, d’un bout de la planète à l’autre, si on la plantait au débouché des grands passages maritimes, la mer de Chine, la mer Rouge ?

Ne serait-elle pas mise à l’épreuve des nouveaux pouvoirs qui quadrillent le globe ajoutant aux anciens jeux de la politique internationale, leurs combats pour la domination du monde ou la victoire de telle ou telle ethnie, religion, faction ?

Dans ces conditions, il n’y aurait donc plus beaucoup de différences entre l’Islande et le Puntland ?

La comparaison entre des pays aussi différents est une absurdité ? Peut-on comparer des bandes armées de pirates à des banquiers dûment enregistrés à la City et formés dans les grandes écoles de la finance Anglo-saxonne ? Un pays sillonné par les violences ethniques et religieuses est-il comparable à un pays dont l’homogénéité de la population et la solidité de valeurs si anciennement partagées garantissent l’unité ?

Pourtant, les bandes de pillards de Somalie qui détournent une partie du trafic maritime considérable passant à portée de leurs côtes ne sont-ils pas les frères rustiques des banquiers d’Islande qui espéraient grappiller les flux monétaires et financiers passant à portée de leurs ordinateurs? Sans ressources naturelles que faire d’autre sinon pécher ? Et pêcher n’est ce pas se faire le prédateur de la nature ? Prélever sur les bancs de poissons, prélever sur les bancs de bateaux, prélever sur le banc des changeurs de monnaie pour ne pas rester à coté de la richesse du monde. La seule différence entre le Puntland et l’Islande, entre la violence déchaînée des bandes de pillards et le calme public de citoyens pécheurs de baleine, tiendrait donc dans leurs positions géographiques?

Et si l’indépendance est un leurre, pourquoi la rechercher ?

Etre proche de toutes les influences, de tous les marchés et de tous les échanges par la géographie et les réseaux de communication c’est être soumis à toutes sortes de forces et de volontés de pouvoir antagonistes au risque du démantèlement de la société et de l’Etat.

Forces centrifuges d’une part, qui font de l’espace public, géographique et institutionnel un lieu d’accaparement et de violences, forces centripètes, d’autre part, qui n’équilibrent pas naturellement les premières, en accroissant sociabilité, esprit de collectivité et discipline du dissentiment. Quand cet équilibre vient à manquer les conséquences sont connues : les fonctions étatiques sont détournées, vendues, mises à l’encan et démantelées par les clans, les tribus, les chefs religieux et les bandes de pillards.

L’indépendance ou la recherche d’une simple autonomie d’entités à faible envergure ne serait donc qu’une entreprise hasardeuse à moins d’être aidée par la géographie?

Pourquoi, tant de vigueur dans la recherche de l’indépendance de la Corse, par exemple ? Tant il est clair que jamais, la Corse ne disposera des moyens d’une véritable indépendance politique ou même d’une simple autonomie économique et technologique.

Que penser aussi de cette incroyable quête d’une indépendance complète menée par les Inuits du Groenland ? Par respect humain on ne parlera pas de ces micro-états du Pacifique, et moins encore l’un d’entre eux, de Nauru, 20km2 et désastre économique et financier. Quel intérêt y-a-t-il à rechercher une indépendance quand même les ingrédients de l’autonomie sont absents ?

Et si on reformulait la question sous une autre forme ? Quels sont les intérêts qui ont intérêt à la recherche d’indépendances de ce genre ? N’allons pas plus loin et contentons nous de retenir cette question simple !

Et si le désir d’indépendance n’était pas pur ?

Il fut un temps où il était question de bonheur des peuples par la suppression des oppressions, coloniales, politiques, idéologiques, culturelles. Les désirs d’indépendance revêtaient la toge des grands philosophes, discouraient avec la passion des révolutionnaires français, s’incarnaient dans la praxis des partis uniques populaires et paysans.

Il est, aujourd’hui, un temps nouveau où de nouvelles formes d’exercice ou de centres de pouvoirs sont apparues.

Les mafias, en tout genre, ont pris une place et acquis une capacité à agir considérables. Dans le dernier quart de siècle leur puissance économique s’est développée de façon vertigineuse. Leur vulnérabilité s’est réduite grâce à la mise en place de véritables bases territoriales soit sous la forme de zones interdites aux pouvoirs des Etats, soit sous la forme de possession de centres économiques vitaux. Elles sont capables, en Sierra Leone, de renverser un pouvoir politique, dans d’autres pays, en Amérique Latine, dans l’ex-Yougoslavie, elles sont au pouvoir, purement et simplement.

Rude constat que d’aligner les chiffres sur l’activité de la mafia en Italie ou de la drogue dans le monde ! Pour les uns, c’est un chiffre d’affaires de l’ordre de 100 milliards d’euros. Les autres, les pessimistes, disent qu’il s’agit des bénéfices ! Rude constat, en effet : ce chiffre est supérieur au PIB Marocain et dix fois supérieur au PNB albanais.

Pour les cartels colombiens, il s’agit de 40 milliards de dollars, soit autant que le PIB du Luxembourg. Le chiffre d’affaires mondial de la drogue atteindrait entre 300 et 500 milliards de dollars. Autant que les PNB de la Suisse, de la Suède et de l’Indonésie….. Evidemment ces chiffres ne sont pas scientifiques et ne bénéficient pas de la limpidité de comptes audités et certifiés !!!....

Vanité de l’indépendance : 23 pays ont un PIB inférieur à 1 milliard de dollars.

Et si on revenait à la question : quels sont les intérêts qui ont intérêt à la recherche de l’indépendance de petites collectivités ?

Et si ces conflits n’avaient rien à voir avec les purs combats contre l’oppression et pour la liberté ? Et si ces conflits étaient financés comme on aligne des millions pour créer un accès à un marché ? Eliminer des compétiteurs ? Récupérer un maximum de valeur ajoutée. Et surtout, récupérer un territoire et sa souveraineté légitime.

Ces questions font litière de la vérité et de la force des mouvements d’opinion ? Les peuples se feraient manipuler? L’argent serait roi ?

Assimiler des rebelles luttant pour de nobles causes à des représentants de mafias, c’est hurler à la figure du « Che » qu’il n’était, en dernière analyse, qu’un bataillon d’avant-garde au service des barons de Medellin et que Lumumba, pire que son ennemi Tshombé,  cassait l’Etat colonial belge pour que quelques mafieux tribaux ou multinationaux puissent s’en mettre plein les poches ?

L’Islande est bien à l’abri au milieu des eaux glacées de l’océan atlantique à l’écart de tous ? Le Groenland, 5 fois moins peuplé, 20 fois plus grand que l’Islande, si loin de tous, plus loin encore que l’Islande, surmonté par de gigantesques glaciers, devrait être, autant que l’Islande, à l’abri des passions, des querelles et des pillages du monde ? À l’abri de ces fameuses forces centrifuges, protégé qu’il est par la géographie et sa fantastique culture Inuit, remarquable force centripète.

Un pays, peut-il être à l’abri lorsque son sous-sol regorge de ressources considérables en pétrole et en gaz ? Que pourront-ils les héros du Groenland libre, le parti indépendantiste d’extrême gauche Init Ataqutigiit, dans un pays où l’or et les matières premières sont présentes en abondance ? Que pourront-ils face au déchaînement des désirs de richesse, au creusement des mines, aux forages…aux milliers de travailleurs qui viendront mettre en valeur ces ressources. Aux milliers de trafiquants qui se déverseront pour satisfaire les besoins de tous ceux qui voudront oublier l’ennui des nuits d’hiver, la violence des éléments et l’éloignement de tout. La Ruée vers l’or du Groenland…et un Inuit déguisé en Charlot.

Et si les désirs d’indépendance d’il y a cinquante ans, puissants et lyriques mouvements de libération des peuples, n’étaient plus aujourd’hui que le masque des mafias, de l’argent, de la Religion et du crime?

 

 

Faut-il s'inquiéter de la montée du "Localisme"?

Pascal Ordonneau

Paris,

15 octobre 2011 

 

J’utilise cette expression depuis quelques temps pour éviter d’avoir à user des mots grandiloquents que sont « régionalisme », « nationalisme », « indépendance des peuples » etc.

Je l’utilise beaucoup pour fustiger et guerroyer et polémiquer. Le «Localisme» n’est pour moi qu’une de ces nombreuses manifestations de repentirs des hommes dits « de progrès ». Ce dernier terme autrefois se définissait par … l’universalisme doublé d’œcuménisme et triplé de bons sentiments.

 

Quand l'universalisme triomphait.

 

Les passionnés de l’universalisme se recrutaient dans les milieux évolués, intellectuellement ouverts et économiquement généreux. Ils agissaient positivement pour que le monde, dans son ensemble, tout le monde donc, soit le plus heureux possible. Ils prônaient le partage et donc l’ouverture, la disparition de frontières, des bordures, des barrières et la libre circulation des hommes et des idées (les marchandises aussi, pourquoi pas, mais quand même on n’est pas des commerçants !….). Prendre un peu aux riches c’était donner beaucoup aux pauvres. Les Etats riches disait-on s’enrichiraient de l’enrichissement des pauvres tant il est vrai que l’inverse produit et la « science économique le montre bien, l’écart qui s’agrandit entre pauvres et riches annonce qu’inéluctablement les riches s’appauvriront….

 

Ils agissaient aussi négativement. Ils dénonçaient les restes de nationalisme, de racisme et d’égoïsme qui trainaient de-ci de-là, dans les bas-fonds des sociétés bourgeoises. Ils conspuaient les tentatives de donner un sens positif aux colonialismes et étendaient ce concept haïssable à l’ensemble des situations ou un groupe, une collectivité, une nation prétendait apporter sa conception du bonheur à d’autres. Ils vomissaient toute real politik et tout recul dans l’éthique qui devait contraindre le riche et le puissant vis-à-vis du faible et du dominé. Ils applaudissaient à la repentance des riches, des colons.. des nations occidentales.

 

Le "Localisme, enfant des déçus de l'Universalisme. 

 

Le «Localisme», ce sont les mêmes qui en reviennent et cisèlent maintenant en formules ampoulées que, somme toute, il est encore temps, dans certains cas justifiés, de faire une pause, de ne plus bouger et éventuellement de faire machine arrière. Les mêmes qui chantaient que « demain sera le genre humain », racontent les mérites du Felibre et des langues régionales, de la nécessité de se retrouver et de reconnaître sa famille dont on ne doit pas oublier qu’elle est proche et chaleureuse. Est-il étrange de voir les mêmes qui autrefois en appelaient à l’ouverture des riches aux peuples pauvres, à leurs œuvres, à leurs hommes et à leurs idées (y compris religieuses) chanter maintenant les vertus du Cantou, des cantilènes et du quant-à soi ? Les « Localistes » expliquent qu’il faut revenir vers les noyaux durs des populations.

 

Ils inventent, copiant en cela le monde bancaire, le concept de « Core Tier one » culturel. Pour que le noyau soit dur et solide, il faut rassembler qui se ressemble, évacuer ce qui diffère, et puis ainsi, de proche en proche, autour des noyaux se mettront à tourner des particules, se feront des atomes, qui s’associeront en molécules, puis des amas d’étoiles et des galaxies dans le cosmos. Les « Localistes » revendiquent, pour que les peuples se sentent bien entre eux, qu’on introduise un peu de protectionnisme, qu’on ferme un peu les frontières et que l’argent des collectivités riches n’aille plus autant se dissoudre dans les poches des collectivités pauvres. En tout cas, lorsqu’une collectivité s’en prend à l’unité d’un ensemble, elle ne le place pas sur le terrain du refus des autres mais sur celui de la discipline qui doit s’appliquer à tous.

 

Virage dangereux: comme les Dreyfusards...

 

L’aspect le plus glauque du «Localisme» est son appartenance à ces mouvements qui ont fulminé de belles idées, dont les thuriféraires ont caracolé conduisant le bon peuple dans la sarabande humaniste, tout en invectivant leurs opposants sur le thème de l’égoïsme, du sectarisme et de la fermeture et qui, un peu plus tard, découvrent que le bon peuple ne suit plus.

 

Alors les mêmes vont chanter que la terre ne ment pas, que le retour sur soi est une étape sur la marche de l’Humanité vers le progrès et que, s’il faut penser au cosmos des bonnes idées et du bonheur, il ne faut pas oublier qu’existent aussi l’énergie noire et l’antimatière. Darth Vader n’est pas loin et me fait souvenir d’un livre qui faisait le compte des Dreyfusards passés complices de Vichy, collaborateurs convaincus et actifs des occupants et, pire encore, propagandistes d’idées insanes.

 

 L’Europe minée et mitée par les petits pays.

 

 Le tendon d’Achille de l’Europe n’est ni Chypre, ni la Grèce, ni le Portugal…. C’est la dilution de l’espace européen en une multitude de micro-Nations, soit disant souveraines et indépendantes, et qui sont pour la grande majorité d’entre elles des Etats dont la consistance est à peu près aussi élevée que ceux qui furent issus du démantèlement de l’Empire Austro-Hongrois.

 

L’Europe s’est voulu un rassemblement des pays libres, démocratiques, ouverts sur le vaste monde et promoteurs d’une idée de l’homme et de la société, équilibre entre le modèle US (dictature de l’argent) et le modèle soviétique (dictature de la force). Ce fabuleux rassemblement confine maintenant au ramassis.

 

Ce qualificatif est violent ? Quelle est cette Union qui met sur un pied d’égalité des pays dont l’origine est contestée comme Chypre et un des quatre plus puissants du monde comme l’Allemagne ? La réponse est simple : ceux qui ne la voulaient plus « puissante et unie », ceux qui voulaient voir apparaître un projet de civilisation fondé sur le refus des conflits qu’ils soient « héréditaires ou non », ont été subvertis par les tenants d’une Europe marchande : réduite à un marché, libre et concurrentiel. Un marché où l’activité essentielle des organismes communautaires est devenu d’émettre des normes et de traduire en autant de langues de l’Union un corpus de plus en plus technocratique de normes censées défendre l’harmonie du « grand marché ».

 

Le talon d’Achille de l’Europe a été de laisser l’idée européenne se diluer, sous prétexte des souffrances des pays ex-Comecon, en les acceptant sans trop y regarder. Que faire…. Une révolution peut-être. La présidence de l’Union Européenne est une caricature : tenue pour six mois par des hommes parfois incapables de penser au-delà de leur province, elle a conforté les pratiques de moins en moins démocratiques d’une technocratie irresponsable.

 

Qui maintenant va oser parler d´Union Européenne ?

 

Ceux qui ont eu le culot, le courage et la volonté de la construire. C’est-à-dire les 7 du départ. Pas l’Angleterre qui n’y a vu qu’un moyen de se faire de l’argent (et qui n’en a même pas tiré le profit qu’elle aurait pu).

 

Ceux qui oseront accepter des abandons de souveraineté en Faveur d’un ensemble qui les transcende. C’est-à-dire tous les Etats confettis qui se sont multipliés depuis l’effondrement de l’Empire Soviétique. Quelles indépendances pratiques, effectives, efficaces peuvent revendiquer des pays comme Chypre, la Slovénie, la Croatie, les Ex Etats baltes ? Peut-on imaginer qu’après le démantèlement de Tchécoslovaquie, l’Europe devrait accepter la multiplication des micro-états, la Flandre, la Wallonie, la Catalogne, le pays basque, l’Ecosse, issus d’autres démantèlements.

 

Ceux qui oseront poser que l’Union européenne est une union démocratique et que l’implantation de la démocratie étant récente dans bon nombre de pays de l’ex-Europe de l’Est,(dans la réalité aucun de ces pays n’a connu de véritable démocratie avant la chute de l’empire soviétique !!!) il n y a pas d’impasse à faire dans ce domaine : ceux qui n’ont que des comportements extrémistes, partisans, communautaristes, ou plus simplement corrompus, n’ont pas de place en Europe et doivent ne pas y être accepté ou en être chassés.

 

Qui osera parler de confiance ? Comment va-t-on faire tenir le château de cartes qu´est la Zone Euro?

 

La confiance ne se décrète pas, c’est bien connu. Le château de carte de l’euro, n’est devenu château branlant que du jour où en est venu à considérer que l’Euro était un produit de consommation courante, monnaie unique comme il existe un salaire minimum unique dans certains pays. Une monnaie à laquelle tout le monde aurait droit comme, en France, tout le monde a droit à la sécurité sociale.

Grave erreur au nom des Romantismes économiques les plus hallucinés. Que font des pays qui n’ont pas de consistance souveraine et encore moins économique dans le monde de l’Euro ? Dont les banques prétendent, comme toute banque normalement insérées dans un univers de monnaie de compte unique, battre « monnaie européenne » sur fond de crédit-bidons à des agents économiques dont la clarté n’est pas la plus grande des qualités.

 

Tant que l’Euro, progressivement, se dévoilera en tant que monnaie construite sur des créances douteuses, des crédits immobiliers qui légitiment la diffusion des comportements spéculateurs, par des banques bidouillant des relations d’affaires douteuses dans l’obscurité de leurs officines, la confiance, c’est-à-dire les dépôts ne reviendront pas….

 

En fait, soyons réalistes : les dépôts qui s’en vont… de Chypre, comme ils sont partis de Grèce et d’Espagne et comme il se pourrait bien qu’ils fuient l’Italie, ne vont, ni en Russie, ni en Chine, ni même dans l’or ou le dollar….ils vont en Allemagne et même en France (laquelle vient de placer des emprunts à très long termes dans des conditions incroyablement basses !).

 

Qui va convaincre les Russes de ne pas vendre leurs réserves en Euro ?

 

En fait, soyons réalistes : les dépôts qui s’en vont… de Chypre, comme ils sont partis de Grèce et d’Espagne et comme il se pourrait bien qu’ils fuient l’Italie, ne vont, ni en Russie, ni en Chine, ni même dans l’or ou le dollar….ils vont en Allemagne et même en France (laquelle vient de placer des emprunts à très long termes dans des conditions incroyablement basses !).

 

Alors que feront les Russes ? S’ils ne veulent pas de l’Euro, ils seront bien obligés de se reporter vers le dollar dont ils ne veulent pas, ou la Livre Sterling, qui sera ainsi confirmée dans son statut de support plus ou moins clair de transactions plus ou moins limpides avec des agents économiques plus ou moins fréquentables.

 


 Dans la bataille des monnaies numériques souveraines, la Chine fait la course en tête

 

 

 

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En collaboration: Institut de l'Iconomie

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