Soliloques sur l'Art, avril 2017

- Carnet de route

- SeungWoo Baek, From the Window, version en Coréen

- SeungWoo Baek, From the Window, version en Français

SeungWoo Baek, From the Window, version traduite en coréen et reprise par Next-Daily news Korea

 

 

Dans l'hypothèse (improbable) ou vous vous sentiriez plus à l'aise avec la version française, elle se trouve en dessous du texte coréen.

 

SeungWoo Baek, From the Window

Exposition jusqu'au 30 avril 2017.

11 rue d'Artois,

75008 Paris

 

BOA continue sa série des artistes et peintres coréens et montre le travail de SeungWoo BaeK, photographe hors du commun.

 

En effet, ses œuvres sont presque totalement prises en référence au thème de la fenêtre. Il faut s’expliquer. Le travail de Seung-Woo Baek consiste à se saisir des fenêtres d’hôtels qu’il a traversés et à en faire le cadre d’une vision. La fenêtre joue alors son rôle d’ouverture au monde, intérieur vers extérieur, frontière fragile et transparente, mais aussi, de cadre à une « vue » qu’elle soit urbaine ou non. La fenêtre-ouverture se fait écran qui fait venir au regardeur un spectacle, des formes, des constructions, d’autres fenêtres, ailleurs, incrustées dans des immeubles « à l’extérieur », elle les fige en objets à regarder. Les photographies sont statiques essentiellement. Pas âme qui vive. Les fenêtres au lieu de faire « passer » les regardeurs d’un univers intérieur, l’hôtel, leur stress du voyage, la froideur élégante des chambres et des lobbies, vers un univers extérieur, les choses de la vie, les maisons et les gens qui les habitent, les bateaux qui sillonnent des fleuves et laissent des traces d’écumes, pose des formes et change ce qui bougeait et vivait en formes statique, en objet. Des formes sont posées devant les yeux des regardeurs. Les fenêtres ne laissent pas passer le regard vers l’extérieur ou la lumière du monde vers l’intérieur. Elles affichent des formes, immobiles, saisies peut-être dans un mouvement que plus rien ne laisse deviner.

 

Les formes ont-elles un mouvement en elles ? Peut-être : on voit un bateau tout en bas d’un hôtel, on voit un avion s’envoler ! Sans bouger. Sans laisser de traces. Pareilles à toutes les formes immobiles. Pareilles à des secondes qui auraient été figées. Des formes sont posées qui sont des maisons, des gratte-ciels, des bouts de campagne sous la neige ou des feuilles et des fleurs. Ces dernières apportent une illustration de ce qu’on peut penser de ces fenêtres qui n’ouvrent pas sur le monde mais invitent le regard à se poser, à plat, sur des formes abstraites de tout mouvement.  Les feuilles ou les fleurs encadrées par les fenêtres ne sont pas une expression de l’ouverture qu’en principe elles offrent au regardeur. Au lieu d’une ouverture, le photographe montre que les fenêtres peuvent être des obstacles au regard et imposer des objets là où le regard doit s’arrêter.

 

La fenêtre, ouverture, est aussi cadre. Contradiction ? Elle libérerait et en même temps contraindrait ? Que dire alors quand le cadre lui-même devient acteur dans la photo : le cadre de la fenêtre se fait moyen pour le photographe d’organiser sa vision, de la scander, de lui donner un rythme. Le cadre, n’encadre plus, il découpe la scène principale en pièces de puzzle ou en fait des diptyques et des triptyques. Jusqu’au moment où le cadre devient lui-même l’objet à montrer et se mue en acteur à titre principal.

 

Et aussi, le cadre éloigne le regardeur et en fait un observateur de passage de même qu’en tant qu’occupant de l’hôtel, il est dans un univers de transit. Comme on est en transit dans une salle de cinéma. Le regardeur devient spectateur. Le photographe assigne sa place au regardeur et l'éloigne souvent de la fenêtre. Il le place comme on placerait un spectateur dans une belle salle de cinéma. La fenêtre devient alors totalement l'écran sur lequel vont être projetées des images immobiles. Le regardeur est installé pour voir des choses, des paysages comme disposés sur le rectangle « en portrait ou en paysage ». La fenêtre est devenue un écran sur lequel se montre « l’extérieur », l’« au-delà ».

 

Le projet de Seung-Woo Baek a ceci de passionnant : toutes ces fenêtres ne laissent rien filtrer, elles sont pas des passeurs, elles ne proposent pas des « ailleurs » comme tant de photographies prises à partir de fenêtres ou qui donnent aux fenêtres le rôle traditionnel et très riche de la « vedutta ». Ce qu’on voit, n’a rien de grandiose, même si les montagnes sont magnifiques, même si les champs de fleurs sont splendides. Par "rien de grandiose", il faut entendre que le photographe ne nous livre ni leçon sur l’humanité, ni considérations sur la fragilité des choses. Il indique au regardeur que son regard par la fenêtre, ne porte en lui aucune question sur l’homme, le temps ou les Dieux. Un regard par le fenêtre d’un hôtel n’est pas une occasion de s’échapper pour aller vers d’autres temps ou d’autres lieux. Un regard par la fenêtre est un instant en suspension, un passage incomplet entre le monde du dedans et celui du dehors. Quand il s’agit des fenêtres d’un hôtel, l’impression est encore plus forte. L’hôtel moderne qui est le cadre des photos de Seung-Woo Baek, est l’instrument par excellence d’une mise des clients et visiteurs dans un état de suspension. Par lui-même, le grand hôtel à plusieurs étoiles modernes est un lieu abstrait où rien de personnel n’est possible quel que soit le luxe et les « aménités » déployées.

 

 

Les fenêtres, par lesquelles le spectacle que propose le photographe se donne à voir, protègent le regardeur. Ouvertures certainement. Elles créent une vraie distance. L’artiste joue de toutes ces ambiguïtés et propose de regarder lentement et sereinement, des images de passages sans mouvement, d’univers impersonnels et de présence suspendue.  

Carnet de route

Marie Rudniska
Marie Rudniska
liliie berry
liliie berry
Kasia Grabowska
Kasia Grabowska

Carnet de route

Galerie fait et cause,

Rue Quincampoix

 

Je pense que c’était la seconde fois que je mettais les pieds dans la galerie Fait et Cause. J’y étais rentré après une visite à la galerie Agnes B où Bernard Plossu et Marc Cohen étaient magnifiquement exposés.

 

J’en avais un bon souvenir. Je ne sais plus de quoi. Je ne me rappelais pas ce que j’y avais vu. Il y avait de bonnes ondes. C’est plus simple de le dire comme ça. Et donc, j’y avais remis les pieds. Immédiatement, instinctivement, j’avais senti ces ondes. En poussant la porte, le regard attentif, déjà à l’affût d’images, j’avais su que je serais sous le choc et sous le charme.

 

L’accrochage avait tout ce qu’il fallait pour créer ce sentiment. Accrochage ? En fait, tout au long des murs du premier espace de la galerie étaient accrochés, punaisés de petits fascicules, moitié d’une feuille A4 et à côté de chaque fascicule, une photo. Pas plus grande qu’une grande carte postale. Extraite des fascicules ? Il fallait  feuilleter chaque fascicule accroché au mur pour comprendre que l’image parlait pour toutes les images dont il était composé.

 

Tous ces fascicules et leur image jointe parlaient de la même chose, en montrant des images, en montrant aussi des écrits sur les images, à côté, en dessous. Ils racontaient des morceaux de vie, des parcours, des dérives, des joies aussi. Ces images, ces photos, les montages, les pages, cahiers d’écoliers sur lesquels elles étaient collées, ces mots, qui suivaient parfois fidèlement les traits des cahiers d’écoliers ou, au contraire, qui les débordaient, les contournaient, les niaient et disaient des histoires de femmes.

 

Contes, comptines, mauvais comptes, contes à dormir debout, des récits avec leurs titres, leures auteures, qui ont été « rédigés » en 2012, 2015, 2013, par Marie Rudnitska, Kasia Grabowska, Bahia Aidli et tant d’autres.

 

En règle générale, je n’aime pas parler d’œuvres en évoquant des contextes, des origines, des sources, des racines toutes ces choses qui font qu’on discourt élégamment ou savamment. Je pense que les œuvres seules peuvent parler et que l’auteur disparaît toujours si l’œuvre est grande. Et ici, je ferais une exception ? Il faut faire une exception car ces fascicules sont le fruit d’un travail des artistes sur eux-mêmes, sur leur contexte, leurs origines, leurs sources etc. Le cadre de ce travail : une association « Pour Que l’Esprit Vive » fondée en 1932 dans le contexte économique et social de la grande crise des années trente pour aider les artistes et intellectuels qui vivaient dans des situations de précarité proche de la misère. Plus tard son action consistera tout autant à apporter des aides matérielles qu’à soutenir la création artistique : organisation de concerts, d’expositions et de prix.

 

La Galerie FAIT & CAUSE, créée en 1997 a pour mission de favoriser la prise de conscience des problèmes sociaux et environnementaux où qu’ils se présentent. Elle a choisi de privilégier le médium qui se prête le mieux à la dénonciation des injustices et des inégalités : la photographie

(extraits de la présentation de l’Association et de la Galerie sur internet).

 

Les travaux que la galerie donnait à voir ce jour où j’y entrai venaient d’ateliers animés par Sarah Moon et José Chidlovsky. Je ne sais pas ce qu’il faut entendre par « ateliers ». Peu importe d’ailleurs ; ce que j’ai compris : comme tout mode d’expression, la photo a ses règles et, voudrait-on s’en passer, il faudrait être très fort, capable de sublimer ce que d’autres ne voient qu’en tant que carcan. Je pense que ces ateliers ont permis aux auteurs des fascicules de se retrouver dans leurs images, dans les deux sens du terme. Se retrouver eux-mêmes, leurs douleurs, solitudes, sentiments d’abandon et de pertes de sens, mais aussi de se retrouver dans un fouillis, une masse et une très grande diversité d’informations, pour aboutir à un discours, fort parce que structuré, soutenu d’images et de textes, de crayonnages et de surpeintures, de grandes perspectives et de cadrages microscopiques.  Et bon nombre de ces fascicules étaient tout simplement des moments artistiques très forts.

 

Je pensais en les regardant à cette magnifique exposition au BAL sur Stéphane Duroy. Exposition ? Accrochage ? Un photographe exceptionnel qui en vient à discourir sur les photos de ses photos et qui transforme le regard et le matériau qui lui est soumis. Je pensais, inévitablement à l’Art brut, cet art des fous, art du regard direct, sans intermédiaire ou le moi est en risque d’anéantissement. Je pensais aux titres des fascicules : Chat alors, Moi Blandine, Partout Personne.

 

Je pensais qu’il aurait été merveilleux de montrer des tas de photos. Mais comment faire ? Une bonne dizaine d’auteures : comment montrer ce qu’elles font sans asséner ou couper leurs discours. Quelques unes? En préliminaire de cette chronique. Le plus simple: il faut aller voir. Tout est beau et frappant.

 


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