Soliloques sur l'Art, Septembre 2019

- David Jiménez, chez Vu , Liminal

- Sigmar Polke au BAL : peut-on exposer les brouillons ?

- Eloge de la Gravure : Beuchat à la fondation Taylor

- Nils Udo, lumineuses gravités

- Lionel Estève : Texturologie en folie

David Jiménez, chez Vu , Liminal

 

13/09/19 au 26/10/19

 

« Alors qu’une importante exposition rétrospective vient de lui être consacrée par PhotoEspaña, David Jiménez, l’un des plus importants photographes espagnols de sa génération, rejoint la Galerie VU’ »

Une exposition dans la lignée « éditoriale » de Vu. La galerie avait montré, longuement, une fois n’est pas coutume le travail de Marina Blake. Elle montre en parallèle, (en complément ?) une série de très belles photos de Ricard Terré.

 

David Jimenez est un photographe du Rien… au sens, où l’image qu’il prend ne lui est pas connue avant qu’il fixe son objectif. Il ne cherche pas à montrer ce qu’il a vu. Il montre ce qu’il découvre et qu’il donne à voir sans avoir cherché ni le sujet, ni le moment, ni le regardeur idéal.

 

Ce ne sont pas des traces, mais de vraies images ; ce ne sont pas des prétextes mais des trouvailles, des découvertes ; ce ne sont pas des représentations mais des formes, en l’état plus ou moins complet d’achèvement.

 

Parmi les photos, celle frappante d’humanité d’une tête de cheval !!! c’est idiot de lui affubler ces mots « frappante d’humanité » !!!! mais de fait, c’est dans l’humanité de l’homme qu’on plonge, en regardant cette tête, cet objet, ce regard magnifique.

 

Rencontres improbables avec l’univers, ces très belles photos d’orage sur la mer ou de plénitude marine. Ici le noir et le blanc, rythment l’image et jouent sur le temps qui se déploie en éclats de foudre ou qui s’anéantit en mer immobile.

Vols d’oiseaux qui s’accumulent, se télescopent et donnent le sentiment qu’ils viennent s’agréger sur la pellicule. Femme luminaire, ou femme illuminée mais son visage est effacé par la lumière qui en émane ou la lumière qui y rebondit ?

 

Très belle exposition à voir vite. 

 

Eloge de la Gravure : Beuchat à la fondation taylor

 

1 rue de la Bruyère,

 

Les artistes graveurs font des miracles, selon moi. Je n’ai de cesse de dire mon admiration pour les purs dessinateurs. Les graveurs sont des dessinateurs en « pire » ou pour dire les choses en moins dramatique, ce sont des dessinateurs d’un autre monde.

 

Ici, à la fondation Taylor, comme il est de coutume, le mois de Septembre, est l’occasion de trois expositions en une seule, un peintre, un sculpteur, un graveur ou dessinateur.

 

Beaucoup des graveurs que j’aime sont à la fois des poètes, des rêveurs et des conteurs. Ils ont en commun cette capacité à faire émerger des mondes qui nous sont familiers, mondes de nos peurs, de nos angoisses devant l’avenir, devant la mort, mondes aussi qu’il nous montre tels que lui-même les a découverts, tels qu’ils sont nés sur la plaque de métal.

 

Ce sont ces foules qui se penchent massivement sur ce qui devrait être un puits gigantesque et qui tout à la fois se retiennent d’y tomber tant la lumière qui en émane est attirante et de s’y précipite malgré tout sans espoir d’y trouver rien.

 

Mais, aussi, colonnes pareilles à celles, romaines, qui font serpenter le long de leurs fûts, des armées, ou des processions, et qui, perdent, des personnages, chutant dans leur progression, comme auraient chuté des feuilles à l’automne, comme tombe la peau mutante de quelque animal.

Désolations lumineuses, couloirs obscurs, nuits, une très belle œuvre.

 

 

Lionel Estève : Texturologie en folie

Galerie Perrotin

Jusqu’au 21 septembre

 

Jean Dubuffet n’y avait pas pensé, ou bien sa vision de l’humanité et du monde en général, de la terre, des sous-sols et des soubassements, des couches géologiques et des empilements tectoniques étaient tout à la fois trop technique et peu portée à la douceur de vivre ?

 

Lionel Estève a repris le thème des texturologies. Il a revisité les tréfonds de la croûte terrestre. Il a redonné des couleurs à des entassements qui faute de lumière ne pouvaient montrer leur gaieté, leurs vibrations chromatiques et aussi leur fantaisie.

Pourquoi, la terre serait-elle uniquement colorée de marrons, de gris, de fer et pierres noires ? Lionel Estève a abordé le thème que Jean Dubuffet avait eu le courage de développer, laissant apparaître ce qui est dessous, trop négligé par un narcissique « dessus ». Mais en creusant, changement de techniques, nouvelles façons d’analyser les couches sédimentaires et géologiques, il a fait émerger une autre façon d’être des Texturologies.

Une façon gaie, colorée, amusante, légère. Oui, il est possible de voir de la légèreté dans ces couches de terrain et de roches qui nous portent, nous si lourds, si graves. 

Ce sont donc, des accumulations de graviers, multicolores, qui maintenus à plat dans un cadre transparent laissent à voir des formations magiques ; entassements roses ou jaunes, qui forment des strates géologiques fantastiques et fantaisistes, pierres noires supportées par des sables multicolores, écoulements de rubans colorés et translucides qui réinventent des terres gorgées d’eau….

La terre revue dans son épaisseur amusée et heureuse.

Sigmar polke au BAL : peut-on exposer les brouillons ?

 

Sigmar Polke a été un des grands artistes peintres allemands. Œuvre riche tant au point de vue de la création artistique qu’au point de vue de la finalité de l’art, son sens, ses raisons d’être et le rôle de l’artiste dans la société.

 

Il a usé de toutes les techniques possibles pour bâtir une œuvre originale où l’égotisme de l’artiste n’était pas de mise : il a réalisé des œuvres en association avec d’autres artistes allemands, dont Gerhard Richter.

 

Bon nombre de ses travaux relèvent des techniques mixtes où sont associés dessins, collages, reprises de publicité et photographies.

 

L’exposition du Bal insiste sur son activité de photographe. Il est dit dans la présentation de cette exposition que les photos n’ont pas été exposées de son vivant et que c’est grâce à son fils que cette partie de l’œuvre de Sigmar Polke est venue à la lumière.

 

Le titre de l’exposition est accrocheur : « infamies photographiques ». Pour moi, l’impression qu’elle laisse est mitigée. Je ne suis pas sûr que Sigmar Polke ait voulu faire œuvre de photographe (ce qui ne veut pas dire qu’il n’aimait pas la photo !!!). Je veux dire qu’il n’est pas impossible que, par la photo, par un usage faussé, détourné, abimé de la photographie, Sigmar Polke ait surtout cherché à nourrir sa peinture, quitte à sacrifier une image au profit d’une autre plus complexe, plus volontaire au sens où la création n’est pas hasardeuse.

 

L’exposition montre des photos dans diverses état de la photographies, des photos ratées, des photos avec beaucoup d’humour, des photos de rien, mais franchement, pas une d’entre elles est porteuse d’une intention artistique.

 

Ses photos étaient stockées à l’écart, elles étaient presqu’oubliées. Parce que c’étaient des accessoires à la peinture, comme on ne sait plus ce qu’on a fait de tel ou tel pinceau, comme on a oublié un croquis, dont le seul mérite aurait été d’être collé sur une toile pour être ensuite recouvert de jaune fluo ou de rouge sang. Et effacé. Et oublié.

 

 

 

Nils Udo, lumineuses gravités

 

Galerie Pierre-Alain Challier

Jusqu’au 16 novembre

 

Entre peinture et photographie, Nils Udo expose des œuvres inédites ainsi que des travaux très récents.

 

La nature est le fonds commun de toutes les œuvres exposées. Normal! L’auteur n’est-il pas un des grands artistes reconnus du Land Art ?

 

Mais aussi, la nature est réinterprétée et Nils Udo aime à lui faire prendre des poses poétiques, à faire émerger des images rêveuses et à perdre parfois le regardeur dans de sombres forêts.

 

L’artiste est-il surréaliste ou, artiste simplement qui fait venir à ses yeux et aux nôtres une nature ensemencée d’esprit, de sagesse et d’humour ? Le Land-art est-il une façon de rendre sa grandeur à la nature ou une recherche d’une réalité nouvelle, autre, qu’on ne doit pas à la seule manifestation de nos sens et de nos modes traditionnels de perception.

 

On dit souvent que « perception vaut réalité ». Ne devrait-on pas dire que la réalité va bien au-delà de nos sens ? Plus précisément, il appartient à l’artiste d’aller « au-delà ». Un au-delà qui est celui de Lewis Carroll, qui ne se surajoute pas, qui ne surréalise pas mais qui construit une nouvelle étape dans notre perception du monde.

 

Perception poêtique que ces photographies de la mer à partir d’une grève empanachée et que l’auteur rythme au fur et à mesure des mouvements de la marée. Surgissements floraux sur un fonds de foréts, ouvertures vers ce monde du « beyond » où des colliers rose, tranchent sur un vert profond. Perception lumineuse aussi, couleurs franches, nettes, et délicates quand il le faut

 

La peinture peut être légère, elle est sombre aussi, dans les forêts, et on en vient à se souvenir d’œuvres très allemandes.

 


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