Soliloque sur l'Art , Mai 2025

Le dernier Sacre, aux Gobelins

C’est une exposition reposante : quand je m’y suis rendu, il y avait vraiment peu de monde et parfois je me suis trouvé seul face au décorum reconstitué du sacre de Charles X.

 

Qu’est-ce qui avait bien pu me pousser à aller voir cette exposition « historique » ? peut-être ai-je eu envie d’installer des images mentales pour compléter la lecture d’un bouquin admirable : « L’été des quatre rois » de Camille Pascal. Pour la précision de l’histoire, le « dernier sacre » se situe au début du règne de Charles X, quand le livre de Camille Pascal, en raconte la fin.

 

 

Curieuse histoire que celle du sacre de Charles X : il faut, pour s’en convaincre, aller voir cette exposition qui raconte tout autant qu’elle montre. Quant à ce qui est montré, il est passionnant de voir à quel niveau de compétence et de talent se situait l’artisanat d’art français. Il est aussi passionnant de noter que ce sacre fut loin d’être illuminé d’or et de pierreries et que le carton-pâte et les peintures sur draps donnent le sentiment d’un décor de théâtre, dans une cathédrale gothique.  

 

Cette exposition montre comme le temps malmène l’histoire et la tristesse des rêves inaboutis. Je me souvins du récit de la visite de Châteaubriand à Charles X en exil dans un château près de Prague et surtout ses dernières lignes  : «  Charles X restait enfermé dans les masses noires que je quittais : rien ne peut peindre la tristesse de son abandon et de ses années ».

Georges Mathieu à la monnaie de Paris

 

Comment parler de celui qui fut pendant une vingtaine d’année le représentant, presqu’officiel, de l’art « en avance », de l’art abstrait à la française, de l’action painting parisienne, de l’art symbole de l’art… ?

 

Était-ce un monstre sacré, une icône, devant laquelle les représentants de la République venait se confondre en excuses pour leur ignorance crasse de la peinture moderne ?

 

Comment pourrait-on dire de Mathieu, qu’il a été, au mitan du XXème siècle, ce que les peintres pompiers ont été au beau milieu du XIXème ? devrait-on alors soutenir qu’il fut un pompier moderne en toute simplicité ? Bien sûr, pas de personnages héroïsés, pas de « Napoléon parmi les malades de la Peste » mais…. « Lothaire se démet de la Haute Lorraine… » mais, « Hommage au Maréchal de Turenne » et, encore, « la libération d’Orléans par Jeanne d’Arc » etc… en somme des idées pompiers, au service d’une peinture « sonnerie de trompettes pour avènement d’une grande Vème république ».

 

Toutes ces remarques reviendraient à se moquer d’un artiste flamboyant et portant avec bonheur et gaité la spontanéité dans l’exercice de l’art. Il éclatait dans ses tableaux et ses tableaux éclataient face aux regardeurs. Peut-être n’a-t-on pas assez regardé Mathieu ? On a peut-être trop cru aux déambulations d’André Malraux cherchant dans l’œuvre de l’artiste des messages qui n’y étaient pas, au regards « charbonneux » de Georges Pompidou, portant les enthousiasmes officiels (plouc, par définition) et les traduisant en commandes publiques.

 

Fallait-il lire George Mathieu comme on se plonge dans l’étang des Nymphéas, rechercher dans ses figures des souvenirs de Matisse qui serait devenu fébrile avec l’âge ?

 

Il aurait mieux fallu se demander si Mathieu n’a pas été comme Pollock, comme Rothko, ce que je nomme, un passeur. Auteur d’une peinture qui n’enferme pas le regardeur dans une contemplation à la limite de l’oraison, mais, qui au contraire, s’efface progressivement dans l’esprit du regardeur au profit d’un passage vers lui-même ou vers le « beyond » de Lewis Carroll. On a sûrement trop regardé l’œuvre de Mathieu comme lui-même inconsciemment ou non le souhaitait : il a tout fait pour qu’on « voit » son œuvre et lui-même se mettant en scène au service d’une œuvre en cours d’émergence, a contribué à en faire un objet pour le regard et non pas un passage pour l’âme et le rêve.

Peintre plus graphique et illustrateur que classique au service des lois de la perspective, Mathieu conviait les regardeurs vers des ailleurs, que son talent d’affichiste savait opportunément exalter.

 

 

L’exposition qui couvre toutes les périodes de création permet de lever une sorte de voile, ou de filtre : les éclatements, les explosions de peinture, les entassements de matière et les tissus de couleurs, ont trop été regardés comme on regard des tableaux quand elles étaient finalement des messages dont la diversité répondait à la diversité des amateurs d’art, messages pour l’au-delà de soi-même pour aller jusqu’au bout de la rêverie.

 

Poliakoff, rue du fg saint honoré

Poliakov

Une petite exposition s’est achevée, début mai, charmante comme toutes ces expositions des vieux maîtres disparus.

 

De Poliakov le maitre de la couleur et des puzzles abstraits mais chromatiques que peut-on dire si ce n’est que c’était un indéniable coloriste. Qu’il savait associer les couleurs et leur attribuer parfois des vertus spatiales, dans le plus pur style des théoriciens de la couleur, (certaines couleurs occupent et dilatent l’espace quand d’autres au contraire…

 

L’artiste a d’ailleurs sur peindre en grand et en format plus modeste sans se départir de sa maitrise de la couleur et des assemblages qu’on peut en faire.

 

Avec plus de génie, il aurait pu faire partie de ces peintres que je qualifie de passeurs, les Pollock, Rothko. Je ne peux pas résister au plaisir de me citer moi-même sur ce sujet :

« En ce sens il est une parenté entre sa technique picturale et celle d’un petit maître du colorisme : Poliakov. Leur différence ne réside pas dans l’expression d’une sensualité débordante, d’une recherche sur la chair et l’âme, sur le frisson et la raison. Au contraire ! On pourrait dire pour l’un comme on pourrait le faire pour l’autre que leur sensualité est débordante et qu’elle dégouline par toutes les couleurs qu’ils combinent en couleurs nouvelles, qu’ils associent en mosaïques ou en bandeaux….

 

La vraie différence est qu’il n’y a rien d’énigmatique ou de fascinant chez Poliakoff. Son talent est celui d’un montreur de couleur. Celui de Rothko, montreur d’âme ! »

 

 

Quelques images et d’autres commentaires sont disponibles en suivant ce lien. 


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