Albert Renger-Patzch: les choses

 

Jeu de paume jusqu’au 21 janvier 2018

 

Ce photographe est Autrichien et a vécu la grande période de la photographie des années de l’entre-deux guerres. Puis, jusque dans les années 1950-60.

 

L’exposition de son œuvre est très complète et rend bien de ce que l’artiste a voulu réaliser.

Son travail est, depuis le début jusqu’à la fin, marqué par une idée ferme, forte, incontournable : ce qui nous entoure est passionnant et il est possible d’en rendre compte sans l’enjoliver, ni faire comme font les peintres qui assujettissent la nature. Il est aussi possible de taire les misérabilismes, les postures sociales et les déferlements de subjectivité.

 

Dit de cette façon, on comprendra vite, tout au long du déroulement de l’exposition, que les photos exposées présentent un rapport sujet-objet simple et définitif. Le photographe ne s’interroge pas sur sa « vraie » place et ne cherche pas dans le sujet des traces de sa propre subjectivité, pas davantage n’appelle-t-il la photo à témoigner de ses états d’âme et sa sensibilité.

 

On a montré comme Irving Penn a su créer une extraordinaire distance entre ce qu’il photographiait et le photographe. On a montré à quel point, il s’agissait d’une véritable stratégie, touchant hommes, femmes et objets. Albert Renger a adopté une position identique quoique moins marquée si ce n’est qu’il défrichait un terrain où les pictorialistes et les photographes subjectivistes étaient encore bien retranchés.

 

L’objectivisation du monde n’est pas celle d’Irving Penn. En fait, toute sa vie, Albert Renger-Patzsch va montrer qu’on peut regarder tout ce qui passe dans le champ de la vision et que ce « tout » peut être non seulement un sujet d’intérêt mais aussi l’objet d’un travail sur le regard, sur la construction de la vision, sur l’expression des formes pures débarrassées de tout événement, de tout détail qui pourrait introduire le temps et ses ravages, de toute dramatisation.

Si les images du photographe peuvent être dites belles, jolies, justes, il ne faut pas l’attribuer à un « désir d’art » chez lui mais bien plutôt au désir de mettre en lumière des choses, les gens, les constructions et de construire. Cela explique l’extrême largeur de ses champs d’intérêts : depuis les fleurs ou les plantes jusqu’aux usines sidérurgiques, depuis les campagnes et leurs chemins qui se perdent tout au loin jusqu’aux voies ferrées qui foncent droit devant elle ou bien qui bifurquent.

 

Les formes tourmentées du « hêtre tortillard » renvoient à la photo de la « galène », les irrégularités sont enchanteuses, ou bien au « porphyre dans le val d’Ega ». Tout est donc à montrer tout autant que ces magnifiques « forêts de pins en hiver » aussi hiératiques et distants que des poutrelles d’acier. Parfois, un détail dit tout d’une photo. Mais alors, ce n’est pas un détail : peut-être un trait d’humour qui fait d’un réverbère le sujet principal d’une photo, comme par inadvertance. A la mise en scène finement orchestrée de roues dentées, de vis et de formes métalliques en une sorte de « nature morte » répondent des fils de fer barbelé griffant l’image d’une maison de banlieue. La cheminée gigantesque qui émerge d’une rangée de réservoirs, pure, simple expression de puissance abstraite, a pour pendant un déballage désordonné de pompes à essence, sorte de commentaires à part d’une peinture de Hopper ! Les images de fleurs annoncent de bien loin les transparences des verreries.

 

 

Mises au jour nettes et précises des images du quotidien, les photos d’Albert Renger-Patzsch, s’inscrivent dans l’éternité : l’instant est figé. La photo l’a installé dans un temps toujours présent qui se suffit à lui-même. Pas d’avenir, peu de passé. Encore une fois, l’instant. Les champs de ruine des villes allemandes après la guerre seraient l’expression d’un passé que le présent a écrasé. On nous en montre peu. En revanche, en 1947, les forêts parlent encore avec des accents quasi-heideggeriens : Abfuhrweg im Fichtenwald. 

 

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