Paul Graham au BAL

Voir, montrer et vivre

 

Paul Graham, figure montante de la photographe anglo-saxonne, est né en 1956, en Angleterre. En 2009, il a reçu le prix de photographie de la Deutsche Börse et, en 2012, celui de l’ Hasselblad Foundation International. Venu du photojournalisme, il a cassé pas mal de code et s’est bâti une solide réputation de montreur de situations difficiles et de conteurs d’histoires urbaines. Si on voulait faire une comparaison ironique on dirait que les dimensions de ses photographies ont grandi avec sa réputation ainsi que les prix de ses œuvres.

 

Le BAL a proposé, il y a peu, une exposition des œuvres de Paul Graham sous deux aspects : le premier correspond à un de ses premiers albums. Une série nommée Beyond Caring : pur photojournalisme en couleur à une époque où la couleur n’était pas encore « d’usage » dans ce genre photographique. C’est ainsi que les très belles photos de Kris Killip sont toutes en noir et blanc. Paul Graham et Kris Killip ont travaillé au même moment et se sont attachés à représenter l’Angleterre des années Thatchérienne, les conséquences dramatiques de la politique qui conduisit à l’effondrement du système « welfare » et à un chômage considérable. Paul Graham, lui-même demandeur d’emploi, a multiplié les prises de vue dans les locaux d’accueil des agences pour l’emploi et de tous les organismes destinés à traiter les problèmes du chômage et des chômeurs. Beyond Caring n’est pas composé de photos aimables ou au contraire frappantes. Il n’y a pas de mise en scène dramatique, ni de portraits « intéressants ». Au contraire. Les photos ne sont jamais, ou bien rarement, cadrées car elles ont été prises à l’arraché dans les locaux des antennes pour l’emploi, sans autorisation d’opérer. Les cadrages sont donc erratiques. L’appareil de Paul Graham étant le plus souvent posé à côté de lui, ou sur ses genoux, le photographe « cliquant » non pas tant une scène ou un personnage que ce qui est devant lui, devant l’appareil sans savoir trop bien ce que l’appareil va prendre.

 

Ce sont des univers confinés, sans aucune dramaturgie, à l’inverse de Kris Killip dont les photographies portent sur des scènes ou des personnages à l’extérieur des maisons ou des zones de travail ou d’administration publique. Paul Graham montre des lieux sans intérêts, éclairés par de gigantesques rampes de néon. Lumières crue et dure sur des personnages aux visages sans regards ou aux regards perdus. Photographie de l’attente et du non-évènement dans des lieux impersonnels, froids, étrangers. Lieux hostiles moins par l’intention que par une présence si neutre et si distante que seuls froideurs et déprimes peuvent en sortir quelle que soit la lumière qui les éclaire. Couloirs longs et étroits comme des coursives. (Interview cubicles et Porte fermée, de Dole office (1984)). L’attente d’hommes comme les autres, sans passions, sans émotions, faisant leur boulot d’hommes à qui on demande d’attendre : « c’est bientôt votre tour ! ».

 

Le second volet de l’exposition portait sur des œuvres de la Série «The Present ». Hymne à New York, cette série est à l’opposé de la précédente dans sa conception et dans son exécution. Autant « Beyond Caring » est une photographie d’intérieur. Sans prise de vue organisée. Photos volées par excellence puisque Paul Graham filmait sans autorisation et, par conséquent, sans aucune possibilité de cadrer, de mettre en scène et de faire poser. Photos statiques autant en raison de la contrainte évoquée plus haut qu’en raison des situations : personnages affalés, prostrés sur des chaises ou accoudés à des comptoirs ou bien assis pour un échange avec « un conseiller ». Au contraire, les photos prises pour la série « the present » le sont en « extérieur ». Dans les rues de New York. Les acteurs de ces « scénes newyorkaises » sont les passants, qui vont et viennent, arrivent vers le photographe et le dépassent, sortent d’une agence bancaire, d’un café ou d’un immeuble de bureau, croisent un policeman, chargés des porte-documents ou de bretzels, ou d’un plateau de hamburger à livrer. Le mouvement est roi dans tous les sens du terme car, les personnages de New-York sont pris en pleine action de se déplacer, comme le font tous les gens dans une grande ville, à moins qu’ils ne soient « sans domicile fixe » ou « marchands de tout et n’importe quoi », de hot-dogs, croque-monsieur, de saucisses et de pains au cumin. Le mouvement est roi aussi par le choix de la duplication des photos qui constitue l’œuvre à part entière. Paul Graham dans ces nouvelles séries propose à chaque fois pour une même œuvre deux photos prises de la même façon, selon le même angle, dans la même rue, au même moment, à quelques secondes d’intervalle. Ces deux photos sont, l’une celle de l’avant, l’autre celle de l’après. Les personnages qui vont dans une photo s’en vont dans l’autre ou, au contraire, s’en viennent, continuant leur déplacement dans la direction du photographe. On peut imaginer un ou des personnages principaux, qui s’inscrivent dans un plan, dans une aventure pendant qu’autour d’eux, des figurants ou des personnages secondaires vont s’animer, disparaître ou se détourner. L’idée de mouvement est aussi amplifiée par certains partis pris d’accrochage : plutôt que d’installer les photos l’une à côté de l’autre sur un mur, Paul Graham, les place en angle, forçant l’apparition d’une quatrième dimension venant soutenir et renforcer l’illusion du temps qui passe.

 

Le jeu de la couleur, le parfait traitement de l’espace viennent à leur tour impeccablement animer ces mises en scène spectaculaires. Couleurs du jour new yorkais, peu de pluies dans les photos de Paul Graham (je n’en ai pas vu exposées), couleurs de tous les passants, des voitures, couleurs des publicités et surtout couleurs vives et étranges, de New-York. L’ombre à New-York est massive autant que le sont les gratte-ciels. La lumière est coincée entre deux mastodontes. Les ombres, surgissent tout soudainement dans une rue, sur une place où sur le parvis d’un grand immeuble découpant les visages, les trottoirs et les entrées des buildings brutalement, d’un coup. Jouant dans certaines photos de ce rapport très fort de entre ombre et lumière, Paul Graham fait surgir des personnages ou les fait disparaître, les places sous le soleil et les inonde de lumière ou bien leur confère l’ambiguïté d’être tout à la fois dissimulés dans l’ombre et d’être éclatant de couleurs vives et rayonnantes.

 

Maintenant plus américain qu’anglais, le style de Paul Graham renvoie davantage aux grands photographes « coloristes » de New York.

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