Auguste Herbin, au musée de Montmartre

 

 

Belle exposition au musée de Montmartre. Je suis impressionné par le travail muséographique que déploie ce musée : la précédente exposition qui portait sur Steinlen avait été remarquable de justesse et d’ampleur.

L’exposition que donne le musée de Montmartre sur le peintre français Auguste Herbin est remarquable à tous les points de vue et particulièrement sur celui de l’évolution du travail d’Herbin dans le temps.

De même qu’on avait pu le remarquer pour Hélion, Herbin a été comme plongé dans une mer indocile, où vague après vague, tout l’art se construisait et se déconstruisait. Après les coups de boutoir du quatuor des génies : Monet, Cézanne, Van Gogh, Gauguin qui avaient mis l’art du quattrocento à bas, il avait fallu tout refaire, réinventer, remontrer.

 

La destruction de la vieille peinture n’avait pas voulu dire destruction du goût pour la peinture, la mise en cause de la production traditionnelle de l’art n’avait pas voulu se faire sur fond d’éradication de la peinture et des peintres. Un monde nouveau était apparu qui appelait des représentations nouvelles pour des regards nouveaux.

 

C’est ainsi que pendant un demi-siècle, tout étant à reconstruire, les initiatives se sont multipliées qui se répandirent sous le couvert des fameux « ismes », fauvisme, expressionnisme, cubisme, futurisme etc. C’est ainsi que des peintres, se trouvèrent aussi les uns ballotés, les autres surfant sur la crête des vagues du modernisme, tous se cherchant, et cherchant ce qu’il fallait dire, et comment et aussi, pourquoi !

Faut-il alors s’étonner que les styles se renouvelant, successivement et parfois simultanément, les acteurs de cette révolution se sont trouvés eux-mêmes traversés par ces flux montants et descendants. Faut-il en faire grief aux auteurs, peintres, sculpteurs, graveurs qui, participant à ces mouvements, ont pu donner le sentiment qu’ils « s’accrochaient » à un mouvement non pas conviction artistique mais parce que « ça marchait », entendre « c’était vendeur ». Faut-il reprocher aux artistes d’avoir eu l’idée de « suivre les tendances du marché » c’est-à-dire de se soumettre au diktat des regardeurs plutôt que d’œuvrer, héroïques et solitaires, dans le silence de leurs ateliers et d’avancer vers l’œuvre (avec un grand O ) sans considération pour tous ceux qui les entourent, acheteurs, critiques, autres artistes, pouvoirs publics etc.

 

Ce serait une erreur que de reprocher à un artiste, les essais et erreurs qu’on pardonnera à un scientifique. Certes la peinture n’est pas un lieu où se fabriquent les certitudes et où la réalité se donne à voir. Mais justement, la peinture est aussi ce moment, rare au sein de l’humanité, où s’entrainent les regards, où se testent des images et où se posent diverses lumières sur des formes et des couleurs jusque-là inconnues.

Ces longs prolégomènes pour dire qu’un peintre comme Herbin, comme aussi Picasso de façon trop caricaturale et trop médiatisée, a fait partie de cette troupe d’audacieux qui ont voulu expérimenter, tester, tâter de nouvelles visions, de nouvelles perspectives et de nouveaux messages.

 

Le Jeune Herbin sera donc post-impressionniste. « What else? », quand on a 20 ans et qu’on est un brillant jeune artiste. Il appartient aussi aux artistes de prononcer la fameuse formule : « pour voir plus loin, il ne faut pas hésiter à monter sur les épaules des géants » … Il y sera brillant mais passera vite « à l’ennemi ». Il aurait fait de mauvaises rencontres au bateau Lavoir. On sait que s’y trouvaient des gens peu fréquentables comme Picasso ou Georges Braque. Juan Gris n’était pas loin, et aussi Metzinger et Gleizes…. Le jeune Herbin fut conquis et n’hésita pas à exposer de concert avec toute cette bande.  Pour y renoncer quelques années plus tard et s’attacher à une expression proche de Léger.

Un peu plus tard : rencontres avec les représentants de l’abstraction. Pour faire bref, il poussera très loin cette forme d’expression, inventera un « alphabet » des couleurs, des sons et des formes et poursuivra sa carrière sous le signe de l’abstraction géométrique.

 

Son parcours, si riche, n’a pas toujours été compris. L’artiste qui a trouvé une façon de montrer le monde et qui satisfait certains regardeurs ne fait pas plaisir quand il change de point de vue et donc de style ; Herbin n’a pas été félicité par les critiques et les regardeurs à l’occasion de ses changements, c’est le moins qu’on puisse dire.

 

Il demeure au-delà des différents moments de son travail quelques grandes caractéristiques essentielles : un sens de la lumière et un goût pour l’assemblage des couleurs qui traversent toute son œuvre. Une vraie science de la peinture, cadrages impeccables, compositions qui sont toujours remarquablement construites, quelque soient les supports et la taille des œuvres.

 

Il reste qu’Herbin était un artiste jusqu’au bout des ongles.

 

Une exposition à voir absolument. 

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