Mona Hatoum, au Centre Georges Pompidou, je n'ai rien compris!


Il faut profiter des moments où les foules s’absentent des grands musées et des expositions paradigmatiques pour interroger l’Art. On a le temps. Rien ne presse. L’Art aussi a le temps. Il n’est pas sous pression médiatique et populaire. Il peut s’asseoir. Prendre un verre de bière si le cœur lui en dit. Il peut aussi se poser sur un trépied au-dessus de vapeurs délétères et, en transe, lâcher ce qu’il faut penser de ce qui se fait, de ce qui se passe et de ce qui se montre.

 

 

J’ai donc profité d’un de ces moments rares où pendant que tout le monde s’entassait pour découvrir Le Corbusier, au même étage du Centre George Pompidou, un grand espace vide appelait les regardeurs de ses vœux. Il disait en mots voilés que l’Art comme la Nature a horreur du vide et que pour bien profiter des fraîcheurs de l’air conditionné, les salles désertes ont des atouts puissants.

 

 

Donc, je cédai et m’en fus me promener au milieu de la présentation sur des centaines de m2 des œuvres contemporaines et rétrospectives de Madame Mona Hatoum.

 

 

A ce stade de mon propos deux voies s’offrent à mon choix rédactionnel. Ou bien je me laisse aller à une critique vigoureuse. Ou bien, Candide parmi les candides, j’avoue mon innocence et, partant, mon ignorance et je fais appel, à vous autres, mes lecteurs pour me dire ce qu’il faut penser, où il faut regarder, ce qu’il faut voir, s’il n’est pas préférable d’écouter et ce qu’il y a à voir et à manger.

 

 

Banco, je choisis la version Candide. Plus reposante. Je ne m’oblige pas à penser devant tant d’énergie dépensée. Je me contente de recueillir les réflexions des autres. Dans un premier temps, sachant que mes lecteurs ne savent pas encore la détresse dans laquelle je suis plongé, je me suis attaché à suivre les pas de gens qui se sont mis dans ceux de Mona Hatoum.  

 

Et là, j’ai reçu une grande leçon. Et j’ai conçu à quel point j’avais eu raison d’adopter cette attitude modeste et respectueuse. Je ne parvenais pas à saisir l’œuvre de Mona Hatoum parce que je n’avais pas compris à quel point elle était stratosphérique. Il faut écouter ce qu’on dit dans le centre Pompidou de l’artiste (dont on rappellera rapidement qu’elle est d’origine Libanaise, mais on s’en fiche complètement parce que c’est une grande dame d’un univers multicultiralisé. By the way, on ne remerciera jamais assez l’Organisation Mondiale du Commerce OMC pour avoir favorisé l’expansion des échanges multinationaux dans tous les domaines).

 

Voici donc ce qu’on entend quand on veut bien tendre l’oreille et s’en servir.

 

 

« Dans notre monde mû par des contradictions, des tensions géopolitiques, des esthétiques diversifiées, Mona Hatoum nous offre un œuvre qui atteint une universalité inégalée, un œuvre devenu « modèle » pour de nombreux artistes contemporains. L’artiste britannique, d’origine palestinienne, est l’une des représentantes incontournables de la scène contemporaine internationale. Son œuvre s’impose par la justesse de son propos, par l’adéquation entre les formes et les matériaux proposés, par la pluridisciplinarité de son travail et finalement par sa relecture originale et engagée des mouvements d’art contemporain (performance, cinétisme, minimalisme) ».

Je me suis arrêté de souligner en rouge car, au rythme où Mona Hatoum est exceptionnelle tout le texte aurait été passé au minium… ou au mercurochrome.

 

 

Quand on est Candide, comme je me suis décidé à l’être, on se dit que ces propos une fois tenus, il n’y a plus qu’à ajouter « circulez, il n’y a plus rien à voir ! ». Mona Hatoum c’est « L’ARTISTE ABSOLUE ». Et voilà. Elle n’a même pas besoin d’un requin dans un aquarium ou d’un ballon gonflable en aluminium de trois mètres de haut pour qu’on remarque son œuvre exceptionnel (on notera d’ailleurs que le mot œuvre a été mis au masculin : chacun sait qu’œuvre au masculin, c’est autre chose qu’œuvre au féminin. Comparer l’un à l’autre, c’est comme si on mettait le penseur de Rodin en balance avec le travail des dentellières du pays Bigouden).

 

En tant que Candide par choix, c’est-à-dire, non naturel, je me devais d’insister. Il ne m’était pas possible de faire l’âne et de me contenter d’une avoinée de louanges et de couronnes de feuilles d’olivier.

 

 

« Mona Hatoum explore des installations influencées par le cinétisme et les théories phénoménologiques, ou d’autres installations qu’on pourrait définir comme postminimalistes, utilisant des matériaux trouvés dans le monde industriel (grilles et fils de fer barbelé) ou dans son propre environnement (cheveux). Certaines de ses installations et de ses sculptures, engagées pour la plupart, sont orientées par le féminisme. Autour d’elles gravitent des objets plutôt surréalistes, des travaux sur papier réalisés avec des matériaux du quotidien inhabituels ou des photographies prises lors de voyages, et en lien avec d’autres œuvres de l’exposition ».

 

Là, j’ai surligné en bleu pour conjurer le sort que le précédent surlignage m’avait réservé. Pas de chance, vite, j’ai été obligé de m’interrompre. Tout le texte serait devenu bleu et le surlignage n’aurait plus eu de sens.

 

Le Candide que je suis n’a cependant pas pu s’empêcher de prendre quelques distances avec le texte qui précède. Réduire la production industrielle à « des grilles et des fils de fer barbelés » mais parait très surprenant pour une artiste «ABSOLUE». Il y aurait de belles choses à tirer de produits industriels comme les pistolets mitrailleurs israéliens, les fusils mitrailleurs russes et les chars panther allemands. Mais aussi, un peu étonné, j’apprends que l’œuvre est fort (masculin de « œuvre ») et riche des matériaux trouvés dans l’environnement de l’«ARTISTE ABSOLUE» ! Quels matériaux ? On cite des cheveux. Et rien sur les ongles, les crottes de nez. Rien sur les poils pubiens et les gouttes d’urine (mentionnées pourtant dans un cartouche commentant la composition d’une œuvre). J’en suis venu à me demander si le chroniqueur arrivait à se mettre au diapason de «L’ŒUVRE» et de son «ABSOLUITE». Le simple fait de soutenir que l’«ARTISTE ABSOLUE»  est orientée par « le féminisme » montre la nature d’un clivage dangereux entre le commentaire et l’objet du commentaire. La bonne expression aurait dû être : «les idées du féminisme, la politique féministe, la volonté féministe» ou bien «la féminisme» et non pas « le ». Au surplus, on sent que le commentateur est gêné par les audaces de « L’ARTISTE ABSOLUE ». Un exemple : on ne nous dit pas si parmi les matériaux se trouvait du sang cyclique par peur justement de passer les bornes alors que l’ARTISTE est depuis longtemps au-delà de toutes limites.

 

Mais surtout, en tant que Candide, je décroche dans ce moment assez étonnant d’un commentaire qui prétend me conduire par la main vers là où il faut penser et regarder.

 

 

« Au sein des grandes installations, qui peuvent être assez imposantes en surface, le spectateur fait peu à peu corps avec l’espace et les éléments formels de l’œuvre, afin d’expérimenter un sentiment d’instabilité ou de menace par exemple. Concernant les sculptures et en particulier lorsqu’elles prennent la forme d’objets domestiques et de mobilier le spectateur peut projeter son propre corps sur une œuvre et s’imaginer en train d’en user. Le fait que ces œuvres aient été transformées en objets inutilisables et menaçants nous pousse à remettre en cause la sécurité du monde dans lequel nous vivons ».

 

Alors là, Candide ne suit plus. D’abord je demande à l’ARTISTE ABSOLUE d’avoir l’amabilité de s’essuyer les pieds quand elle vient chez moi. Ensuite, les objets domestiques, comme le personnel de maison n’ont pas pris les formes qu’elle dit. Ils sont parfaitement utilisables et n’ont rien à voir avec des ceintures d’explosifs, des cuillers en plutonium enrichi ou des fours à massacrer les gens qui n’ont rien fait de mal.

Mes lecteurs comprendront à quel point la situation est confuse. Mona Hatoum est-elle « ARTISTE ABSOLUE » ou bidouilleuse de génie ?

Vite des idées ! Candide hésite. Il s’interroge sur la voie choisie. Il est au bord de faire un bout de chemin en arrière pour retrouver le carrefour et l’autre chemin qui lui tendait les bras. 

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