Susan Paulsen, souvenirs de Wilmot (Arkansas) à la MEP

 

 

 

Susan Paulsen. Wilmot et moi. Un exemple de l’accumulation en Art. Maison Européenne de la photo. Jusqu’au 13 janvier 2013.

 

 


J’ai eu quelques mots durs sur l’exposition « la photographie en France 1950-2000 ». Je n’y ai vu qu’une improbable collection de photographies où les organisateurs ont joué à un jeu étrange sur les mots « la photographie en France ». S’agissait-il des photographes Français ? Mais alors que venaient faire dans cette petite galère, les Hamilton, Klein, Helmut Newton… (J’ai envie de dire : etc.) ? S’agissait-il de parler de la photographie en France ? Que faisaient donc, dans cette aventure, les photos de Budapest et de Prague ? On va dire qu’il y a là une exigence de cohérence à la « comptable »… et on n’ira pas plus loin, cela finirait par passer pour de l’acharnement.


En revanche, j’ai été surpris par une coïncidence étonnante : celle provoquée par la présentation simultanée des œuvres de Susan Paulsen, de Sarah N. et des photos de Boltanski, ces dernières  couvrant un mur ou presque dans l’exposition « la photographie en France… ».


Les faits, tout d’abord. Les photos de Susan Paulsen se voient en premier si, en rendant dans les salles d’exposition de la MEP, on décide de commencer par le commencement c’est-à-dire, l’exposition la plus immédiatement offerte à la contemplation des regardeurs. C’est ce que j’ai fait. J’ai visité l’exposition « Susan Paulsen » avant les autres expositions et, surtout celle de la « photographie en France »  fort importante par la mobilisation de deux étages entiers …


Susan Paulsen. Que dire de Susan Paulsen ? La présentation de son œuvre nous annonce qu’elle a toujours eu l’ambition de raconter (en photo) le cadre de vie de sa famille et, by the way de ceux qui les ont précédés dans un lieu particulièrement perdu, la ville de Wilmot, dans un Etat perdu des Etats-Unis, l’Arkansas. Ici, à cet instant, je vais faire un effort sur moi-même. Je m’abstiendrai de toute ironie facile du type « pourquoi pas un village perdu de la Creuse » ? Pourquoi pas un reportage photo sur la vie passionnante d’une famille de libraire dans une charmante petite ville du Morvan ? je ne ferais pas non plus d’humour sur la tentation qui saisit les gens qui n’ont pas d’histoire parce qu’ils sont heureux et qui les pousse à démontrer qu’on peut avoir vécu quelques petites choses gaies ou tristes, sans éclat mais sans inexistence, au bord du grand fleuve de l’histoire du monde ou d’un de ses affluents, l’histoire du monde occidental, ou d’une des rivières qui s’y joignent, l’histoire des Etats-Unis. Ce ne serait ni juste, ni sympathique, ni même cohérent avec les tendances de la photographie. Si on peut, sans faire rire photographier, des rochers parce qu’ils font penser à des dieux ou des poteaux télégraphiques «  parce qu’il y a du moderne totem là-dedans », si on peut faire de la micro-photographie, car il y a des univers qui se cachent derrière les particules…alors pourquoi barguigner la photographie à Wilmot de la vie rêvée de Susan Paulsen et de ses ancêtres.


Susan Paulsen a aimé Wilmot. Une des façons modernes d’aimer, c’est de l’exprimer « à la paresseuse » : on shoote. Des milliards de photos sont shootées tous les ans (des dizaines de milliards ?). Les gens shootent parce qu’ils veulent garder un souvenir et montrer à leurs amis et connaissances combien ils ont été heureux de voir des choses ou pour montrer que même dans des endroits grandiose, ils ont surtout voulu se montrer petits mais heureux. Susan Paulsen, a choisi de photographier les gens, les lieux et les charmes de Wilmot. Elle-même a vécu longtemps à Milwaukee. Pourquoi pas ? Il y a bien des gens qui sont nés, ont vécu et sont morts à Châteauroux et cela n’a choqué personne !


Elle a tant aimé Wilmot, Susan Paulsen, que maintenant qu’elle vit à New York, le passé « rosy old days » lui revient. En France, pays compassé et étriqué, un peu d’eau chaude et une petite madeleine font sourdre une source qui devient un filet d’eau limpide. Aux Etats-Unis, la contemplation des gratte-ciels inhumains, déclenche des print-photso par centaines, un fleuve riche et charriant le limon de l’art.


Susan Paulsen a aimé Wilmot, Arkansas. Elle y avait de la famille. Pas des familles comme dans « autant en emporte le vent ».  Pas de ces maisons qui font penser à des châteaux. Pas un monde d’élégance un peu française, un peu surannée. Des gens simples. Des épiciers en gros ou en petit. Qui ont continué leur business jusqu’à nous. Ces gens simples vivaient et vivent simplement mais pas comme des barbares ou des rustres. A Wilmot on pouvait prendre des cours de peinture, des cours de danse et des cours d’un peu n’importe quoi…


Susan Paulsen n’a pas voulu laisser passer ce petit moment de bonheur. Elle a photographié et photographié et encore et encore. La MEP ne nous montre donc qu’une petite part de son travail. Celui d’une personne qui a tant aimé sa petite ville familiale qu’elle a shooté tout ce qu’elle trouvait sur son passage.


Voilà.


Si vous avez tant aimé une petite ville où que ce soit. Avec des centaines de photos (surtout des milliers) alors, prenez contact avec la MEP. Il est possible que vous soyez retenu. Ou dans un autre musée de la photo. Dites simplement que vous avez été très impressionné par le travail de Susan Paulsen. Que vous aussi vous avez tant aimé la petite ville dont votre famille est originaire. Que vous avez un portefeuille de photos d’une dimension sidérale. La qualité ? L’intention ? La recherche ? Répondez à des questions qui sentent le coincé en montrant la taille de votre fichier plusieurs teraoctet et deux ou trois disques durs pour sauvegarder l’ensemble. Dites que les milliers de photos que vous avez prise sont indexées en sorte qu’on puisse faire des tris sur les tailles de nez, sur les lancers de balles d’enfants et sur les longueurs des piscines, sur le vert des arbres mais aussi le vert des gazons ou des haricots verts sortis par une maman ou un grand-maman ou une mamie lors de repas d’été à la campagne pour accompagner n’importe quoi et même sur le vert d’haricot vert en salade au bord de la mer (47 photos), celui des haricots que Jean aimait tant (268 photos).  Une accumulation incroyable ? Prendre tant de photos ? Des milliers ? C’est évidemment constitutif d’un acte artistique ! Dites aussi que vous avez créé un logiciel de « picturisation » qui peut faire des murs de photos en combinant des tailles de photos différentes, des ambiances, et même de façon aléatoire, capable de faire des murs de photos à la Boltanski !


Donc, si vous n’êtes pas un photographe hors-pair, un qualitatif, c’est que vous êtes un photographe quantitatif, vous pratiquez la photo comme d’autres la culture extensive : une différence cependant : vous êtes très attentifs à la qualité du matériel. Donc pas d’araire, ni de faucille, pas de marteau, ni de charrue. C’est bien grâce à la qualité de votre matériel que vous pouvez shooter en rafale.


Dites aussi que la différence entre votre art et les photos en famille ou devant la tour Eiffel ou avec un espadon empaillé à leurs pieds,  réside dans le nombre : eux, ne font qu’ajouter des grains de sable les uns à côté des autres. Vous avez passé le cap du tas de sable et même du château. Vous êtes au stade de l’Art.


Comme Boltanski ! ou Sarah N.


A lire dans la prochaine livraison.

 

 

 

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