Patrick Alphonse à la galerie François Mansart

 

Galerie François Mansart

 

5 rue Payenne 75003, jusqu’au 29 septembre

 

L’essentiel augmenté de quelques gouttes de silence

 

Impressionnant. Je pense que c’est le premier mot qui est venu accompagner mes premiers pas dans la galerie François Mansart. Et puis, cet « impressionnant » ne m’a plus quitté. Suivant les murs d’accrochage, je n’ai pas cessé d’être impressionné. Des photos qui ne viennent pas à l’œil, à la conscience ou à l’intelligence, des photos qui impressionnent l’esprit, s’y installent et prennent leur place, et, par ce jeu de l’impression font basculer le regard et l’aspire, l’arrache et le font entrer dans le monde du photographe, dans sa conception de la photographie.

La technique de l’héliogravure y est certainement pour beaucoup. Elle est présentée avec force détail. On comprend que ce n’est pas une technique facile à manier. On comprend surtout qu’elle est de plus en plus confidentielle, technique des temps anciens, qui a connu ses années, ses décennies de gloire, elle est maintenue vivante par quelques passionnés dont l’artiste. Le résultat est tel qu’on ne peut que lui souhaiter longue vie…

La photographie que pratique Patrick Alphonse est celle du recueillement, moment intime où le regard est convoqué pour ne dire et présenter que ce qui est nécessaire au dire et à la présentation. Rien d’inutile. Rien d’excessif. Rien de trop qui ferait verser le regard vers une émotion mouillée. Rien de « pas assez » où l’œuvre deviendrait une démonstration de géométrie photographique.

La recherche de l’artiste est bien sévère parfois et force le regard dans ses derniers retranchements : à ne pas le disperser en subtiles effets « argentiques » elle l’appelle, et l’attire et le contraint. Austérité compensée légèrement par les effets du papier japon. Les aspérités délicates du support viennent à point pour adoucir, les traits, les points, les lignes, dont se nourrit l’image.

Parmi les premières images : l’envol d’un oiseau dans ce moment où les ailes sont déployées et annoncent un mouvement puissant. La forme de l’oiseau, fixée dans la photo prend un sens hiératique et renvoie à quelques sculptures égyptiennes. Moment magique de l’attente, figé dans l’éternité d’une seconde, annonce de l’instant qui doit survenir et qui se fait espérer.

Un peu plus loin, une construction pure, géométrique et doucement humaine, où un escalier se découpe pur en une alternance de l’ombre et de la lumière sur un horizon blanc. C’est à Bénarès, au bord du fleuve ? Rien d’autre ne devrait se passer. Si ce n’est que l’artiste, justement, a posé en haut des marches, comme en haut d’une sellette, l’ombre d’un enfant. Il se passe quelque chose qui est que la silhouette de l’enfant vient compléter la rude géométrie formée par les marches et leur alternance d’ombre et de lumière. Ce n’est pas une métaphore de l’humain et du non-humain, du sensible et de l’insensible, de la forme incertaine et fragile contre la pure structure qui impose sa logique et sa matière. Ce serait une métaphore du temps pas même suspendu. Du temps qui n’est pas. Rien ne se meut dans cet univers. Un mystère attire le regard.

Patrick Alphonse aime la poésie des grands paysages qui émerveillent, des espaces qui inquiètent. A la manière de quelques peintures ou calligraphies japonaises ou chinoises. L’image d’une mer de nuages (ou est-ce un lac, perdu en montagne derrière sa matière brumeuse ?) qu’enserrent le noir des roches toutes proches et la masse des montagnes au loin, ne lui suffit pas. Il lui faut attendre pour compléter la photo. Elle ne se suffit pas en elle-même. Il en sera de même pour cette vue nocturne des pyramides, traces noires dans la nuit qu’une lune brumeuse rehausse d’ombres et de clartés éphémères. Patrick Alphonse ne se satisfait pas de ces grands monuments pas plus qu’il ne se satisfait du lac de montagne, ni des nuages qui forment vagues et écume. Il attendra.

Ce qu’il attend devant ces grands paysages, c’est la trace, ne serait-ce que ténue, faible, minuscule, de l’homme. Une caravane vient de passer devant les pyramides, des chameaux noirs, si petits dans le coin droit de la photo, qu’ils laissent à penser qu’ils ne sont plus qu’un souvenir ou l’idée d’une caravane. Elle avance dans le silence le plus total et s’apprête à disparaître. L’artiste a attendu qu’un pécheur ou un paysan viennent à passer juste au droit la mer de nuages. Il n’y a donc rien de naturel sans que l’homme soit présent. En silence, infime, essentiel.

L’enfant joue-t-il, acrobate, en ombre chinoise, à lancer plusieurs balles en l’air ? Sont-elles jetées ces balles ou viennent-elles d’interrompre leur course en l’air, lancées hauts et droits. En contrepoint, des oiseaux, signes minuscules posés sur un esquif, une branche flottant derrière l’enfant. Boules en formes d’oiseaux, elles sont figées. D’autres viennent de se déployer et s’envolent. Les deux groupes, les oiseaux en ligne posés sur l’eau, l’enfant debout devant ses boules. Construction impeccable qui attire le regard. On ne peut pas demeurer étranger à ces formes dont ne sont montrées que les parties nécessaires. Rien de trop. Tout au rythme de l’Humain.

Chacune des photos pourrait être montrée de la sorte et chaque fois serait mise en valeur l’économie de moyens, la pureté des contrastes, l’équilibre des alternances de noir et de blanc. Patrick Alphonse est de cette lignée de photographes qui cherchent à se passer de ce qu’on voit et qui encombre et s’efforcent de réduire le champ des images aux signes et aux formes les plus nécessaires, les plus suffisantes. Le temps est tout entier saisi par l’image, le silence intime de renoncer au mouvement.

 

 

 

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