Pizzi Cannella, Or, Vous, ma Muse Sombre

 

 

Deuxième visite de la rentrée, dans l’excellente galerie animée par Bernard Vidal. Il y montre des œuvres sur papier, technique mixte sur carton de Pizzi Cannella, sur panneau, papier, sous le titre Nero d’Avora (noir d’ivoire).

Curieux titre quand on sait que les deux tiers des œuvres présentées ne sont pas noires… mais pourraient bien être « ivoire ». Titre pourtant pas si étrange quand on considère le travail de Pizzi Cannella, où le noir est là, concurremment avec l’or souvent et le blanc…ivoire.

 

Pour preuve, il faudrait se reporter sur la chronique que j’avais écrite en Août dernier sur l’Oro, un très grand tableau de Pizzi Cannella, « rencontré » au hasard d’une promenade qui m’avait conduit rue Chapon. Le noir était là à ce point qu’il emplissait la galerie, à peine éclaircie de l’or des bijoux qui en émergeaient.

Ici, beaucoup des thèmes qui viennent de façon récurrentes hanter, puis habiter les toiles du maître Italien.

 

Un mot sur les œuvres exposées. Elles participent de ces travaux d’approche où l’artiste teste une formule, une idée, un dessin, une mise en forme ou en texte. On est loin du dessin, on n’est pas encore du côté de la toile, elle viendra d’ici, ou bien elle ne viendra pas, l’idée n’est pas encore mûre, le thème est déjà trop utilisé. Peu importe. On a souvent dit que les esquisses parlent de la liberté de l’artiste, il peut être lui-même sans prendre de risque : après tout, il n’œuvre pas encore, il cherche, il travaille, il accumule. Cela explique à la fois que ce que nous montre la Galerie Vidal-Saint Phalle est souple, léger, souriant quand les œuvres terminées se poseront, sérieuses ou laissant au regardeur ce sentiment d’achevé et de mouvement fixé. Les tableaux finis ne se laissent pas voir, ils s’offrent aux regardeurs, complaisamment pour les plus prétentieux, avec cet air de « l’ai-je bien descendu » pour les plus malins.

Donc des œuvres agiles et vives, comme des idées qui se découvrent, bondissent et ne se laissent pas encore prendre. Des robes et des éventails, symboliques de la femme et de l’amour, de la légèreté d’aimer et de la présence de la femme, subtile, délicate, tout à la fois transparente et lumineuse. Le thème de la robe, est magnifiquement traité par le moyen de deux œuvres précisément : « Cuore Moi 3 » et « Lei » l’une, robe noire sur fonds d’or, étant l’inverse de l’autre, robe d’or sur fond noir. C’est ici que le talent de Pizzi Cannella se montre le plus clairement, allusions, métaphores, illusions, traces qui dessinent un symbole, l’image raffinée d’une idée ou d’une passion. J’ai toujours éprouvé à l’égard de ce grand artiste un intérêt mêlé de doutes. Je le trouvais parfois trop « intelligent » dans ce travail qui vient effacer toutes les impressions premières et secondes, ou ne les laissent subsister que comme des sortes de sédimentation, pour n’en venir qu’à montrer l’impression ultime, épurée, nettoyée des épiphénomènes, pure donc, essentielle. « Lei » a cette force du noir, si prégnante chez Pizzi Cannella, et la légèreté de l’or sous la double espèce de la robe et de l’éventail. « Lei », c’est le « tu » de politesse, comme il existe, en français et en italien un « vous » de politesse. Le tableau rend compte d’un hommage selon que l’on voudra voir que l’éventail est proposé, selon qu’on considérera que robe et éventail disent tout de la femme que l’on honore.

 

Parmi toutes les œuvres accrochées aux cimaises de la Galerie, trois m’ont frappées particulièrement. L’une qui m’a parue pareille à un Fautrier qui aurait perdu son éponge, ou son épaisseur, qui aurait été vidé de son « centre » et dont il ne serait resté que les alentours…. « Girotondo 3 » : magnifique travail de couleurs et de traces, où on hésite entre un ciel que les oiseaux orneraient d’une couronne noire et une épure, abstraite, indiquant un mouvement pur et abstrait où la couleur verte seule donne l’idée d’une présence. « Ombra d’artista » en deux tableaux, salamandres noires vues de haut qui courent entre des formes noires, obstacles, fossés ? À plat, stylisées et pourtant en mouvement les salamandres sont l’ombre de l’artiste ? Nourrie de feu, dans le feu, mortelle quand le feu s’éloigne, aussi froide que le feu est chaleur, tel serait l’artiste courant partout, ici et là, nécessairement animé par l’ardeur d’une passion, à ce point enflammé que la fille du feu qu’est la Salamandre ne pourrait être à lui qu’une ombre, ou bien la Salamandre serait ce qui reste de l’artiste quand il ne peut brûler passionnément et vivre intensément son art. La dernière œuvre que j’ai envie de citer est celle très simple et qui pourtant appelle beaucoup de pensées et de sentiments « Gioia o gioiello » « joie ou joyau». Coup de chance, l’allitération fait le même sens en italien et en français. A voir ce travail et son titre, l’œuvre est self explanatory !!!!

Pour certains auteurs, les titres ont si peu d’intérêt que « sans titre 10 » est la seule qualification possiblement attribuable à telle pièce de leur travail. Pour d’autres, tout est dans le titre de l’œuvre, qui peut en une lecture anéantir l’image qui est proposée ou plus directement en subvertir le sens. Chez Pizzi Cannella, les titres font partie de l’intelligence de l’œuvre.

 

J’ai proposé cette idée que le travail de Pizzi Cannella est « intelligent », je le répéterai au sens où intelligence revient initialement à comprendre, œuvrer dans le bon sens, appréhender l’évènement jusqu’en son tréfonds, aller au-delà de l’apparence pour saisir ce qui la sous-tend. A lire les titres des œuvres, on pénètre plus profondément encore dans cette intelligence de la création.

 

Belle exposition, passionnante, à voir.

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