Kieffer, Paris, décembre 2015

Commenter Kieffer?

1 Commenter Kiefer ? Une introduction

 

Commenter Kiefer ? Dire quelque chose, quelques mots, quelques idées ? Ou tout d’abord, reprendre son souffle, apprendre à respirer à nouveau comme après une plongée au plus profond de la mer, en apnée... ?

 

Avant de prendre du recul : se souvenir de ce qu’on a vu, des sentiments qu’on a vécus, de la submersion des sens et de la raison ; se dire qu’il y avait une forêt et qu’on a eu une impression de terrible soumission venue de son pouvoir d’attraction ; se souvenir qu’il fallait accepter de se perdre dans cette forêt, condition première pour pouvoir se retrouver soi-même.

 

Une forêt ou des plaines sans fin. Une forêt où la vue est bornée par les arbres resserrés les uns contre les autres, comme on dit qu’étaient resserrées les colonnes des temples Égyptiens, comme sont étroitement posés les uns à côté des autres les barreaux des cellules de prison. Quand les forêts s’ouvrent, elles encadrent les chemins qui les percent, qui, lorsqu’ils ne mènent pas nulle part, laissent à voir l’infini des perspectives. Aux forêts répondent alors les plaines désolées des landes prussiennes et les champs que les labours ont sillonnés : l’horizon s’échappe au loin et laisse derrière lui l’illusoire infini des perspectives.

 

Kiefer, facilite la démarche des regardeurs: ses toiles gigantesques sont à la fois la représentation des portes qu’il dresse à l’entrée des mondes qu’il faut accepter et à celle des univers qui s'offrent au regard, à la plongée, à l’immersion totale. Peut-on rester sur le pas des gigantesques volées de pierre peintes-sculptées-écrites par l’auteur ? Les œuvres de Kiefer ne sont pas des embarcations pour nous porter d’un bord à l’autre des enfers. Impossible de s’imaginer en Dante ou en Virgile traversant le Styx. Rien ne peut nous faire penser ni à l’Achéron, ni au Léthé, à aucun de ces fleuves, ni à l’enfer lui-même. Nous sommes bien sur terre et, si nous suivons Kiefer, nous retournerons sans cesse sur cette terre, qui est notre fait, dont nous sommes faits et que nous ne voulons pas voir. Il nous faudra bien gravir ces volées de marche ou bien, allongés, attendre la mort du corps ou celle de l'esprit. 

 

C’est en sens que le projet de Kiefer n’a rien à voir avec la pure peinture. Il s’agit de restaurer les mondes que nous avons effacés de notre mémoire et qui, pourtant, lui sont devenus plus présents qu’ils ne l’ont jamais été. Mais aussi, de les remodeler, en usant de tous les matériaux que nous connaissons depuis des temps immémoriaux et que nous ne pouvons prétendre avoir oubliés, la terre, la paille, la cendre, le plomb, le fer. Le projet n’est pas de nous faire haïr et rejeter un monde dont nous ne voudrions plus, il n’est pas de dénoncer un univers où nous ne verrions plus que les souffrances qui s’y sont déversées, il n’est pas de griffer, ni d’arracher à ce monde les souffrances, les injures faites à l’humain, ni de torturer les apparences pour leur faire recracher des âmes hideuses.

 

Le projet de Kiefer, c’est tout le contraire de la terreur qui fait fuir, des hurlements qui affolent et des couleurs qui hurlent. Les nuits de Kiefer ne sont pas nécessairement sinistres, les étoiles n’en sont pas absentes, ni le chant des poètes. Les paysages de Kiefer ont la couleur des temps d’automne et d’hiver, plaines désolées ou champs lourds de labours encore frais parce que la vie n’est pas faite de fleurettes aux couleurs délicates et de cieux doucement bleutés. Les tableaux de Kiefer ne mettent pas en scène une nature qui parlerait d’elle-même comme dans un dernier moment de chamanisme post-moderne où arbres, murs, plaines et plantes nous raconteraient notre triste destinée pour nous émouvoir et nous faire pleurer. Ils montrent la terre et les bâtiments comme nous les avons faits et comme nous préférons les oublier. Ils nous les montrent pour nous rappeler qu’ils sont bien de nous et que nous les hantons encore. Ils nous disent que nous ne sommes pas des ombres glissant sans bruit et sans frein au milieu de ruines, de brouillards et de couleurs maléfiques mais des êtres de chair et d’os se préférant spectres plutôt que de s’accepter hommes.

 

Dans la trame des paysages : des arbres, des sillons.

Dans les réseaux du construit : des boîtes et des pyramides

Et ce qui ne peut se dessiner, ni se sculpter, alors il faut le dire et le lire.

Et pour cela, Kiefer convoque les poètes.

 

A suivre, si vous en avez la patience, dans les méandres d’autres commentaires.

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