Christine Spengler, L'opéra du Monde

Christine Spengler

L’Opéra du Monde

Maison européenne de la photographie mai 2015

 

Dernière Chronique de la série de trois, sur le thème de la photo-reportage et du photo-journalisme, remarquablement mis en valeur par la Maison Européenne de la Photographie. Peut-être est-ce l’accrochage qui m’a le plus impressionné de tous les trois.

 

Christine Spengler a été présente sur la plupart des « théâtres d’opération » du dernier quart du Vingtième siècle. Guerres civile, guerres de religions, guerres sales et guerres propres (si le mot existe). Elle a photographié, rendu compte, mis en lumière, restitué à la vue sans cesse. Certaines de ses photos sont devenues des icônes. Toujours, elle a déployé la même passion de faire émerger à la vue et de montrer. Talent de photographe, talent aussi de visionnaire, talent rare qui n’appartient qu’à ceux qui savent être là où il faut au moment où il faut, parce qu’ils se sont cesse exposés et parce qu’ils se sont sans cesse préparés à la survenance de l’événement, d’un événement, ils ne savent pas quel événement, ils ne savent pas quand, mais il est sûr qu’ils n’hésiteront lorsqu’il surgira, ils le reconnaîtront aussitôt.

 

Christine Spengler est de ceux-là qui savent être là où il faut pour interrompre le temps, pour faire cracher au présent ce qu’il a dans la gorge et qu’il s’efforce de vite transformer en passé, pour que plus rien ne puisse être fait. Elle a lutté pour que l’impuissance à faire ne soit pas excusée par les dérobades du temps.

 

Photos chocs. Cette petite fille, 8 ans, 10 ans, à Londonderry. Debout, drapeau en main. Un regard lourd qui s’adresse au regardeur. Derrière elle, une barre de soldats en armes. Simplicité de l’exposé. Noirs et blancs de la photo qui donnent le ton, sale, d’une guerre sale. Qui dépeignent une petite fille sale, elle aussi, mais l’époque n’est pas aux ablutions savonneuses et aux longues séances de coiffure. La petite fille a peut-être des poupées, mais le moment n’est pas celui où on joue au « papa et à la maman ».

 

Bombardement à Phnom Penh. Un univers de cauchemar. Jeronim boch s’y retrouverait. Une peinture de la mort qui saisit une ville et la cache à ses propres habitants, fumées, fumerolles, incendies. La photo est si poignante et si précise qu’on peut sentir l’odeur de mort, les vapeurs de poudre et la chimie mortelle des armes modernes et efficaces.

 

Cimetière des martyrs en Iran. Incroyable photo où deux femmes en niquab noire se pressent au milieu d’une forêt de poteaux sur lesquels sont indiqués les photos et les noms de ceux qui sont morts pour la révolution.

 

Et puis, il y a aussi, le moment où la photographe devient non plus le « reporter » de son temps mais une artiste qui déploie tout son art pour de l’art, pour chercher de nouvelles visions, pour faire revenir d’anciens souvenirs, de vieilles images et les installer dans un monde où les regardeurs ne sont pas à éduquer mais à convoquer pour réfléchir.

 

Ce sont des photos en couleurs récentes. Elles disent que le présent s’en est allé, que l’intense obligation de le figer n’est peut-être plus aussi obsédante ; et puis, la force de faire et d'agir qui s’évade ; et puis le passé qui revient par bouffée. Qui se fait plus présent. Qu’il faut saisir avant que lui aussi, définitivement ne bascule dans le gouffre du temps.

 

Photos en couleurs qui enserrent parfois des photos en noir et blanc. Surimpressions de couleurs sur des photos anciennes. Portraits définitivement saisis et mutés en icônes ; ou lèvres pareilles à celles de Max Ernst ; autoportrait en rouge ; ou image de la douleur.

 

Photos d’autant plus frappantes qu’on ne les attend pas dans une œuvre qui s’était refusée à tout imaginaire ni à toute expression de sentiments personnels. Une autre vie, d’autres visions.

 

Une oeuvre extraordinairement riche.

 

 

 

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